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générale et plus satisfaisante. M. Favard de Langlade parle en faveur du projet. M. Donadieu pense, au contraire, qu'il n'atteint pas le but qu'on se proposoit; il est incomplet, et ne remplit aucune des conditions de justice qu'il devoit renfermer. L'orateur voudroit que` l'on commençat par secourir ceux qui ont tout perdu, ainsi, la soili̟citude du gouvernement devroit s'attacher principalement à ceux qui ont de petites dotations gagnées en défendant leur pays. M. Donadieu. parle ensuite en faveur des émigrés, dont le patrimoine a profité à l'Etat. L'Etat ne doit-il pas quelqu'indemnité à ceux dont les biens ont servi à son existence ? C'est une dette qu'il faut acquitter; le re-' pos de l'avenir en dépend.

M. Etienne propose un amendement ayant pour but de répartir les fonds des dotations, à mesure des extinctions, entre les donataires, en commençant par les militaires amputés. M. Foy reproduit quelquesuns des argumens du préopinant, et, après quelques digressions, il propose divers amendemens; s'ils sont rejetés, il votera contre la loi. M. Sappey vote l'adoption de la loi. M. Clausel de Coussergues attaque le projet du gouvernement et les conclusions de la commission. Voter ce projet, ce seroit donner raison à ceux qui, à Grenoble, ont arboré le drapeau tricolore. M. Clausel de Coussergues présente plusieurs articles qu'il propose de substituer au projet.

Le 23, M. de Kergorlay lit le procès-verbal de la séance précédente. M. de Saint-Aignan somme M. Clausel de Coussergues de s'expliquer sur le passage de son discours où il a dit que les assassins de Mgr. le duc d'Enghien, étoient portés sur la liste des donataires auxquels le projet de loi conserve leurs dotations, et de nommer les individus qu'il a voulu désigner. Cette assertion, ajoute l'honorable membre, ne m'étonne pas de la part d'un homme accoutumé à la qualification de calomniateur. Vive interruption, et cris à l'ordre. M. le président rappelle M. de Saint-Aignan à l'ordre pour s'être servi d'une expression injurieuse pour un membre. M. de Kergorlay dit qu'il n'y a aucune rectification à faire au procès-verbal. M. Manuel parle pour que la phrase dont il s'agit soit supprimée. M. Dudon est d'un avis contraire; cette phrase, dit-il, est le cri de toute la France contre ceux qui ont consacré leur infamie dans un acte judiciaire trop fameux, et l'on ne sauroit être taxé de calomnie pour l'avoir répétée à la tribune. La rectification du procès-verbal est mise aux voix et rejetée.

On reprend la discussion sur le projet de loi relatif aux dotations. M. Labbey de Pompières prononce un discours en faveur du projet. M. le ministre des affaires étrangères répond à un passage du discours de M. Clausel de Coussergues qui paroissoit inculper les ministres actuels, lesquels ont occupé des places sous l'usurpateur; puis il donne quelques explications sur l'esprit du projet de loi, et conclut à son adoption. On a dit, ajoute l'orateur en finissant, qu'il y avoit d'autres infortunes à réparer, d'autres dédommagemens encore plus légitimes à accorder. Nous serons heureux, Messieurs, de demander d'autres soulagemens quand ils pourront être proposés. Mouvement de satisfaction au côté droit. M. Clausel de Coussergues déclare que M. Pasquier

lui a attribué des sentimens qui ne sont pas les siens; il a cru, điț l'orateur, que j'avois voulu insinuer que les hommes qui avoient servi sous un autre gouvernement que celui de la légitimité, ne pouvoient servir le Roi; il s'est trompé : j'eusse alors parlé contre moi-même, puisque j'ai été membre du corps législatif et conseiller à la cour impériale; il est vrai que nous n'avons pas rempli de fonctions pendant les cent jours; mes réflexions ne s'appliquent qu'à ce seul cas.

M. Duplessis-Grénédan combat le projet de loi par des motifs déjà exposés par plusieurs membres du coté droit. L'orateur y ajoute des considérations plus particulières. Si maintenant l'on parcourt la liste intitulée : Etat des donataires qui ont droit à l'indemnité fixée par la loi présentée aux chambres, quels noms y trouvera-t-on ? Toute la maison civile et militaire de Buonaparte, toute sa cour, la plupart des hommes désignés dans l'ordonnance du 24 juillet 1816, les juges du duc d'Enghien, des conventionnels. M. Duplessis-Grénédan passe successivement en revue les noms des généraux le Fevre-Desnouettes, Decaën, Hullin, Clausel, Miollis, Vandamme, Lamarque, Piré, etc.

M. André d'Aubières propose plusieurs modifications au projet de Ioi. M. de Vaublanc repousse quelques-uns des argumens de MM. Foy ét Etienne, et fait l'éloge du discours de M. Clausel de Coussergues. L'orateur vote contre la loi en elle-même à cause du caractère particulier qu'elle présente, mais en laissant au Roi le droit d'user du domaine extraordinaire pour récompenser des services; il conçoit l'espérance qu'on y verra figurer en plus grand nombre les militaires de l'armée des Princes et de l'armée de l'ouest, et qu'enfin le principe de l'indemnité duc aux émigrés sera reconnu. M. de Kergorlay parie contre le projet, et propose un amendement pour que le domainé extraordinaire cesse de faire partie du domaine de l'Etat, et soit remis à la disposition du Roi.

Le 24, la lecture du procès-verbal ne donne lieu à aucune réclamation. M. Dussol, nouveau député, prête le serment d'usage, et prend place au centre gauche. La chambre accorde des congés à MM. de Montaignac et Rodière.

On reprend la discussion sur le projet de loi relatif aux dotations. M. Manuel prononce un long discours, dans lequel il entreprend de répondre aux adversaires du projet, et particulièrement à M. Duplessis-Grénédan; il appuie l'amendement de M. Labbey de Pomprères. M. le ministre des finances donne des explications sur le projet de loi, qu'il présente comme un des moyens de fermer les plaies encore saignantes de la révolution. M. de Castelbajac repousse que!ques-unes des assertions de M. Manuel, et parle en faveur de l'amendement de M. de Kergorlay. M. de Bourrienne rectifie une allégation de M. Manuel, qui le concerne.

M. le lieutenant-général comte Dupont appuie le projet de loi avce des amendemens presque semblables à ceux de la commission. M. de Saint-Aulaire combat successivement les opinions de MM. DuplessisGrénédan, de Vaublanc, d'Aubières et de Kergerlay, et prétend qu'elles renferment des germes féconds de dissentions. L'orateur conclut à l'adoption du projet de loi, et au rejet de tous les amendemens.

Ce discours a donné lieu à de fréquens murmures de la part du côté droit, et MM. de Vaublanc et d'Aubières accusent M. de Saint-Aulaire d'avoir mal présenté leurs sentimens, et mal rendu leurs discours.

On demande la cloture. Très-vive opposition à gauche. M. Manuel parle contre la cloture. Elle est mise aux voix, et prononcée à une foible majorité. M. le marquis de Bouthillier, rapporteur, discute les motifs qui ont déterminé le rapport de la commission, et annonce qu'elle persiste dans son amendement.

Si on a vu avec douleur que la discussion sur le clergé, qui a eu lieu dernièrement à la chambre, a donné occasion à quelques orateurs d'avancer bien des erreurs, ou de lancer contre la religion et ses ministres des traits d'une violence affligeante, on a eu du moins la consolation d'entendre, dans cette même discussion, des députés animés d'un autre esprit faire entendre sur cette matière le langage d'une raison éclairée, et repousser des agressions passionnées. Nous avons donné en entier le rapport de M. de Bonald, et nous avons offert quelques extraits du discours de M. de Marcellus. Celui-ci vient d'être imprimé en entier; nous aurions bien désiré pouvoir le faire entrer en totalité dans un de nos numéros. Les sentimens de foi, de religion et de loyauté qui y dominent, auroient sans doute charmé nos lecteurs; mais l'étendue de ce discours, et la succession des matériaux qui nous arrivent journellement, nous interdisent de revenir sur une discussion qui déjà s'éloigne de nous. Nous regrettons surtout de ne pouvoir citer ici le morceau où M. de Marcellus plaide pour l'établissement d'un siège à Marseille; le souvenir de M. de Belzunce a inspiré ici à l'orateur un morceau fort heureux et fort touchant.

Un autre orateur du côté droit, M. de Roux, député des Bouches-du-Rhône, avoit aussi composé sur le même sujet un discours qu'il n'a pu prononcer, mais qu'il vient de faire imprimer, et qui méritoit d'être connu. M. de Roux, en appuyant les amendemens de la commission, plaide la cause de la religion en homme qui en apprécie les bienfaits; il s'étonne qu'on vienne invoquer ici les libertés de l'église gallicane, quand on semble ne pas même vouloir qu'il y ait d'église gallicane. Il insiste surtout sur l'établissement d'un évêché à Marseille, et il donne pour cela des raisons qui méri teroient bien d'être prises en considération : l'antiquité de ce siége, le vœu de la ville, sa grandeur, son immense popu

lation, la nécessité de pourvoir aux besoins spirituels d'une réunion si nombreuse, la facilité d'y créer des établissemens ecclésiastiques pour la perpétuité du sacerdoce. M. de Roux développe ces considérations et ces motifs d'une manière aussi plausible qu'intéressante, et nous nous joignous bien sincèrement à lui pour souhaiter qu'une grande cité recouvre tous ses honneurs, et que le vertueux Belzunce ait un suc

cesseur.

Enfin nous aurions voulu aussi parler avec quelque étendue du Résumé présenté, par M. de Bonald, dans la séance du 18 mai; ce Résumé, qui n'est pas moins étendu que le premier rapport, puisqu'il forme 35 pages in-4°., est destiné à justifier les amendemens de la commission. L'orateur y établit que ces amendemens sont dans l'esprit de la loi, et ne tendent ni à priver la chambre de ses droits véritables, ni à donner au Roi un pouvoir exorbitant. M. de Bonald y joint, suivant son usage, à d'excellentes raisons, des traits ingénieux et des aperçus profonds, dignes d'un observateur si judicieux, et d'un politique vraiment inspiré par la religion. Malheureusement ce Résumé se refuse à l'analyse, et nous ne pouvons qu'indiquer ce discours, comme les précédens, à l'attention des lecteurs, curieux de suivre ces sortes de débats, et qui aiment à se reposer sur des productions de ce genre, de l'ennui et du dégoût que leur causent tant de déclamations inspirées par l'ignorance et la mauvaise foi.

La troisième livraison de la Bible, traduction de M. Genoude, pr roit en ce moment; elle se compose des tomes ler. et IX (1), qui renferment, l'un la Gnèse, et l'autre le livre de l'Ecclésiastique. Le premier est accompagné de Prolegomènes du Pentateuque, et le second de Dissertations diverses. Nous rendrons compte de ces deux volumes.

On a publié en même temps une seconde édition du Voyage dans la Vendée et dans le midi de la France, par le même auteur (2). Cette édition est imprimée dans un caractère plus commode que la première, et augmentée de détails et de notes propres à donner un nou̟vel intérêt à l'ouvrage.

· (1) 2 vol. in-8o. ; prix, pour les souscripteurs, 10 fr. et 12 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Méquignon fils ainé; et chez Ad. Le Clere, au bureau de ce journal.

(2) 1 vol. in-8°.; prix, 3 fr. 60 cent. et 5 fr. franc de port. A Paris, chez les mêmes.

(Mercredi 30 mai 1821.)

(No. 710.)

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Les Prétres et le Sacerdoce; par M. D***.

L'importance du ministère ecclésiastique et l'influence du sacerdoce chrétien pour le bien général de la société, sont démontrées aux yeux de tous les bons esprits; il ne faut pour s'en convaincre que considérer tout ce qu'ont fait des prêtres dans les différens siècles et dans les divers pays en faveur de la morale, de l'ordre et de l'humanité. C'est à eux, c'est à l'esprit de charité dont ils donnoient le précepte et l'exemple que sont dus ces établissemens pieux ces institutions utiles, ces fondations bienfaisantes dont plusieurs ont survécu aux ravages de la révolution. Ce sont eux qui, depuis tant de générations, inculquent à l'enfance des préceptes de vertu, enseignent à chaque condition ses devoirs, entretiennent dans la société des habitudes de religion, forment le lien entre l'autorité et les sujets, soutiennent l'indigence, consolent la vicillesse et le malheur. Dépositaires des traditions antiques, gardiens des vérités morales, ils protègent à la fois l'Etat, et les peuples, et les individus; et, tandis qu'ils prêchent aux grands la modération et la bonté, aux peuples l'ordre et l'obéissance, aux individus l'amour de Dieu et de leurs semblables, ils travaillent plus efficacement à l'har

(1) Brochure in-8°.; prix, 2 fr. et 2 fr. 50 cent. franc de port. A Meaux, chez Dubois-Berthault; et à Paris, chez, Ad. Le Clere, au bureau de ce journal.

Tome XXVIII. L'Ami de la Relig. et du Ror. F

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