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monie du corps social que toute la sévérité des lois et tout l'appareil de la force militaire.

Ainsi la société a subsisté long-temps par l'action insensible, mais journalière et persévérante, du ministère sacerdota!; et, lorsqu'elle a croulé, sa chute même, loin d'accuser le principe conservateur par lequel elle s'étoit maintenue si long-temps, est une nouvelle preuve de l'importance et des avantages du sacerdoce chrétien. C'est parce qu'on avoit tout fait pour dépouiller ce sacerdoce de son influence, que cette influence s'est trouvée impuissante à produire le même bien. Le génie du mal n'a rien omis pour ôter aux prêtres le crédit et la confiance; et la société, privée de son appui, et abandonnée à elle-même, n'a plus eu la force de résister aux passions conjurées contre son repos. Elle s'est trouvée dissoute lorsque les prêtres ont été proscrits; le corps politique a été frappé du même coup par lequel on vouloit abattre le christianisme et éteindre le ministère sacerdotal. Aujourd'hui même, qu'on cherche à replacer la société sur ses véritables bases, tous les hommes droits sentent la nécessité d'appeler la religion au secours de la politique, et de redonner aux pasteurs et aux prêtres une considération qui rende leur ministère plus efficace, et supplée à la foiblesse et à des lois. Ce dessein, à ne parler même qu'humainement, est aussi politique que moral, et son succès seroit aussi avantageux pour Tordre général et le repos public, que pour la paix des familles, la bonne conduite des particuliers, et la répression des passions et des vices domestiques.

Depuis quelques années des écrivains et des orateurs se sont exercés sur ce sujet; M. Bacalon,

dans un discours dont nous avons rendu compte (tome XVI), a traité de l'influence du ministère sacerdotal; et un orateur célèbre a, dans une de ses conférences, développé sur ce sujet des idées aussi justes qu'élevées. M. D. en a fait aussi la ma→ tière de l'écrit que nous annonçons. Il paroît que son plan étoit d'abord plus étendu, et qu'il a déta ché d'un ouvrage sur la religion un chapitre spécialement destiné à rappeler les services des prêtres. C'est ce qui a formé le présent opuscule, où l'auteur cite des faits honorables pour le sacerdoce, et rappelle des témoignages favorables d'écrivains non sus pects. Il répond aussi aux reproches de l'ignorance et de la légèreté contre les prêtres. L'auteur écrit avec simplicité; moins curieux sans doute de faire un livre que de communiquer les réflexions et les sentimens que lui suggère l'état actuel du sacerdoce, il s'occupe moins du soin de la diction, de l'enchaî nement et de la distribution des matières, que du fond même de son sujet et des pensées qu'il lui fait naître. On seroit donc peut-être en droit de lui reprocher quelques défauts de liaison et quelques digressions non motivées; mais on ne pourra qu'ap plaudir à la sagesse des vues du respectable ecclésiastique, et à la pureté des sentimens qui l'animent. Employé lui-même dans le ministère, il a vu de plus près les maux qu'il déplore, et a été plus à portée d'en connoître les remèdes.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le pélerinage que Mme. la duchesse de Berri vient de faire à Notre-Dame de Liesse a été pour tout

le pays une époque de joie comme d'édification. M. l'évêque d'Amiens avoit précédé la Princesse, le lundi 21; S. A. R. arriva, le 22, au château de Marchais, où elle devoit coucher. M. l'abbé Billaudel, curé du lien et supérieur du petit séminaire, eut l'honneur d'être présenté à la Princesse; elle annonça qu'elle se rendroit, le lendemain, en voiture, jusqu'au Calvaire ; que là elle descendroit, et suivroit la procession comme pélerine jusqu'à l'église des préparatifs avoient été faits pour rendre cette procession très-brillante; mais le mauvais temps fit manquer ce projet. Le mercredi matin, S. A. R. arriva avec son escorte, et fut reçue à la porte de l'église par M. l'évêque de Soisssons, à la tête de son clergé. L'église étoit décorée avec beaucoup de goût. La Princesse entendit une messe basse, qui fut célébrée par M. l'évêque d'Amiens, et elle y communia, ainsi que la rosière, ses parens, son futur et les Filles de la Congrégation. Après la messe, elle prit, avec les personnes de sa suite, un déjeuner qui avoit été préparé chez M. Billaudel, et retourna ensuite à l'église, assista au mariage de la rosière, et entendit la grand'messe, qui fut célébrée par M. l'évêque de Soissons le soir, elle assista encore aux vêpres et au salut. S. A. R. avoit compté faire à pied la procession de la fontaine; la pluie s'y opposa encore. La Princesse s'y rendit en voiture, entra dans la petite chapelle, et s'y mit à genoux. Sa voiture n'ayant pu arriver jusqu'au bout, les gens du pays avoient étendu des draps, afin que la Princesse put éviter la boue; elle montra d'abord quelque répuguance à profiter de ce secours, et ne céda que sur ce qu'on lui représenta qu'elle feroit de la peine à ces bonnes gens. Le jeudi 24, S. A. R. entendit la messe dans la chapelle du château de Marchais, et reçut les chapelets et les images qui lui furent présentés par M. Billaudel. Elle charma tout le monde par sa piété et son affabilité, accueillit

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les personnes les plus distinguées des environs, et se montra aussi fort sensible aux vœux des bons habitans des campagnes. Elle attacha de sa main une grande croix d'or au cou de la rosière, en lui disant: Priez Dieu pour moi. Oh oui! Madame, pour vous et votre garçon, répondit cette bonne fille. Ce mot fit sourire la Princesse. Pendant tout son séjour à Marchais l'affluence et les acclamations n'ont pas cessé. Le 24, la Princesse est allée coucher à Saint-Gobain, et, le lendemain, à Compiègne.

Le 28 mai a été posée la première pierre de la chapelle du couvent du Temple. M. le coadjuteur de Paris a béni la pierre qui a été posée, au nom de MaDAME, par Mme. la vicomtesse d'Agoult. M. l'abbé Frayssinous, qui est supérieur de la maison, a prononcé en cette occasion un discours. C'est Mme. la princesse de Condé qui fait les frais de la construction de la chapelle, monument destiné à servir d'expiation pour un grand crime, dans un lieu qui rappelle tant d'affligeans souvenirs.

Un député qui parle souvent sur la religion à la chambre, mais en qui on désireroit quelquefois plus de lumières ou de mesure sur un si grave sujet, a prétendu dernièrement, dans une sortie contre les missionnaires, que l'on ne donnoit pas de missions dans les campagnes, et que l'on se bornoit à paroître sur de grands théâtres, et à évangéliser, les villes qui avoient moins besoin de secours. I importe, et il est aisé de rectifier à ce sujet les idées de l'honorable membre. Il y a plusieurs sociétés de missionnaires qui se consacrent presque exclusivement à évangéliser les campagnes. Le diocèse de Meaux voit depuis quelques années les membres d'une congrégation respectable parcourir les villages, et y opérer de grands fruits; c'étoit à Crouy, dans une campagne, qu'eut lieu, il y a dix-huit mois, cette mission qui fit tant

de bruit. Dans le diocèse de Troyes, une autre société d'ecclésiastiques a donné, depuis un an, différentes missions dans des bourgs et villages. A Besançon, à Aix, il y a depuis long-temps des sociétés de missionnaires formées pour évangéliser les campagnes, et nous avons quelquefois entretenu nos lecteurs de leurs travaux. Les associations de missionnaires, établies plus récemment par les évêques dans plusieurs diocèses, visitent principalement les campagnes: on a pu le remarquer par ce que nous avons dit des missions dans les diocèses de Bordeaux, de Nantes, de Valence, de Saint-Flour, etc. Nos numéros ont offert souvent des détails sur des missions dans de simples villages. Il y a même des missionnaires isolés qui ne vont presque que dans ces sortes de lieux. On connoît dans plusieurs diocèses, sous le nom de M. Claude, un missionnaire qui, à la voix des évêques, va visiter les paroisses abandonnées, ou porter des secours aux pasteurs infirmes ou accablés de travail. Un autre missionnaire non moins connu, M. Reboul, a renoncé depuis assez long-temps aux douceurs d'une vie commode pour aller annoncer la parole de Dieu dans les campagnes; il passo six semaines et plus dans une paroisse, instruisant les peuples et rappelant les vérités de la religion, et se rend ensuite dans un autre village, où il rend le même service. Il a parcouru ainsi plusieurs cantons du diocèse d'Orléans et d'autres diocèses voisins. On peut donc conclure que les missionnaires ne délaissent point les campagnes, et qu'il y en a parmi cux qui s'appliquent spécialement à y rani mer la connoissance et la pratique de la religion. Nous souhaitons que ces détails parviennent à l'honorable membre que nous avons en vue. Militaire, il lui est arrivé de se tromper beaucoup sur un plan de campagne; il n'est donc pas étonnant qu'il n'ait pas mieux connu la marche des missionnaires que celle des Au

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