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trichiens; seulement il eût été plus prudent en pareil cas de ne pas parler de ce qu'on ignore.

-La ville d'Albi vient de perdre un prêtre vertueux, M. Mondot, curé de Sainte-Cécile d'Albi, mort, le 16 ntars, à l'âge de 78 ans. Curé plus de vingt ans avant la révolution, il se fit estimer dans tous les emplois qu'il occupa. La révolution le força de passer en Espagne ; mais il rentra en France dès 1795, et recommença l'exercice de son ministère, malgré la difficulté des circonstances. Les émissaires du directoire se saisirent de lui; mais son adresse et son sang-froid le firent échapper de leurs mains, sans cependant s'être prêté à aucune des soumissions successivement demandées. En 1803, il fut nommé à la cure de Vabres, et, en 1811, à celle de Sainte-Cécile d'Albi. Il s'y distingua jusqu'à la fin par son zèle et sa charité, et a mérité les regrets de toute la ville, et particulièrement des pauvres. Ses obsèques ont été remarquables par la présence du clergé des environs et de toutes les autorités; M. le préfet luimême a voulu, malgré l'éloignement, suivre le convoi jusqu'au cimetière, et cet hommage rendu à la mémoire de M. Mondot fait assez voir l'estime qu'il avoit su inspirer.

-Les grands-vicaires et le secrétaire de l'évêché de Gand ont été acquittés, le 25, à la cour de Bruxelles; nous donnerons dans le numéro prochain les détails de cette intéressante affaire.

Nous avons gémi plusieurs fois sur l'état précaire et sur la viduité de la plupart des grandes églises d'Allemagne, qu'on a non-seulement dépouillées de leur temporel, mais qui restent, depuis nombre d'années, sans pasteurs. Les princes qui ont envahi le civil laissent dépérir le spirituel; et les négociations qui avoient été entamées pour remédier à cet état de choses n'ont pas eu, il s'en faut, tout le succès désiré. Le Concordat avec la Bavière n'a pas encore

reçu son entiére exécution; la déclaration concer tée à Francfort n'a point été admise à Rome, où elle a paru rédigée dans des vues peu favorables à l'Eglise (1). On assure aujourd'hui que le prince de Hardenberg, premier ministre en Prusse, a, dans son dernier séjour à Rome, terminé les négociations sur les affaires ecclésiastiques des Etats prussiens. Il y auroit, dit-on, dans le nouveau plan, deux métropoles, et huit siéges en tout. A l'est, Gnesne, ancienne métropole et primatiale de toute la Pologne, mais qui a perdu une partie de ses droits depuis l'érection de Varsovie en archevêché et le démembrement du royaume, auroit pour suffragans Breslaw, Emerland et Culm; il paroit que l'évêché de Posen ou Posnanie seroit réuni à Gnesne. A l'ouest, Cologne, qui seroit établi comme métropole, auroit pour suffragans Trèves, Munster et Paderborn; Aix-la-Chapelle, avoit été créé en 1801, seroit réuni à Cologne. Ces qui diocèses seroient circonscrits à peu près comme ils sont aujourd'hui. Les huit chapitres qui seroient formés de nouveau auroient le droit d'élire leurs évêques, et ceux-ci seroient confirmés par le Pape, après

(1) Nous avons donné le texte de cette déclaration dans notre numéro 562, tome XXII. On sait qu'elle fut portée à Rome par M. le baron de Schmitz-Grollembourg et M. de Turkeim, le premier catholique, et le second protestant. Ils avoient ordre de ne pas entrer en négociation avant que le Pape eût donné son assentiment au projet, et ils devoient déclarer tout d'abord que, s'il y avoit à négocier, ce ne pouvoit être que sur des choses de forme ou de rédaction. Les princes annonçoient d'ailleurs l'intention de passer outre en cas de refus. Les deux envoyés arrivèrent à Rome en 1819; on leur fit beaucoup d'objections contre le projet, et on se plaignit entr'autres de la forme d'élections par le clergé du diocèse, et de la manière insolite dont on prescrivoit au Pape de donner l'institution. L'article des dispenses fut aussi un sujet de discussion. On dit que M. de Schmitz mit beaucoup de roideur dans ses relations diplomatiques, et que M. de Turkeim, quoique protestant, étoit bien plus traitable.

Quoi qu'il en soit, on ne put s'entendre, et, au bout de six mois, Les députés quittèrent Rome sans avoir rien conclu. A leur retour à

un examen préalable. La puissance civile reconnoîtroit la juridiction ecclésiastique, et s'engageroit à doter en biens fonds les évêques et les chapitres. On ne peut que désirer que cet arrangement vienne mettre fin à l'état d'abandon où languissent de grandes églises, si dignes d'exciter la sollicitude des deux puissances.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, s'est rendue, le 24 mai, à Dreux, pour visiter l'église qu'y fait construire Mme, la duchesse d'Orléans. L'auguste Princesse a visité également l'hospice de Dreux, et elle y a laissé des preuves de son inépuisable bienfaisance.

Le Roi, à l'occasion du baptême de S. A. R. Mr. le duc de Bordeaux, a nommé M. l'archevêque d'Aix officier de la Légion-d'Honneur, et M. l'évêque de Valence membre du même ordre.

-M. le marquis de Barthélemy, vice-président de la chambre des pairs, ne pouvant plus remplir les fonctions de cette charge, à cause de l'état de sa santé, est nommé vice-président honoraire. M. le marquis de Pastoret le remplace, dans la vice-présidence de la chambre des pairs..

Francfort, la commission ecclésiastique se réunit de nouveau, et s'occupa d'un nouveau travail. On convint, dit-on, que pour la première fois, comme il n'y avoit ni chapitres ni évêques, les nominations aux cinq siéges seroient faites de concert entre le Pape et les gouverne mens; les évêques une fois nommés formeroient leurs chapitres. Cependant il ne paroit y avoir rien eu de décidé; la commission a perdu quelques-uns de ses membres, et les princes ont mis moins de chaleur a cette affaire, qui avoit été long-temps dirigée par l'influence d'un parti bien connu,

Cependant les églises restent vacantes, et tout est en souffrance. La population catholique des différens Etats représentés à Francfort est à peu près de 1,500,000, sur lesquels Bade en a 700,000, Wurtemberg 400,000, Hesse-Cassel 100,000, Darmstadt 145,000, Nassau 100,000, et les autres moins.

Nous avions déjà donné la plupart de ces détails il y a quelques années; il nous a paru utile de les réunir pour faire connoître l'état actuel des choses.

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Le prince Charles de Hesse-Rothenbourg, connu en France sous le nom de Charles Hesse, et qui avoit joué un rôle si étrange parmi les jacobins pendant notre révolution, est mort, à Francfort, le 1er. mai dernier.

-Le duc Adolphe-Frédéric de Mecklenbourg est mort, le 8 mai, à l'âge de 36 ans.

-L'infante Charlotte, épouse de l'infant D. François de Paule, frère du roi d'Espagne, est accouchée heureusement d'une princesse, qui a reçu le nom d'Isabelle.

-En Espagne, la loi d'exception contre les malheureux que les révolutionnaires désignent comme suspects, est en pleine vigueur. Dans toutes les villes il n'est question que d'arrestations et de déportations. On a transporté à la Corogne un grand nombre de ces victimes, et elles sont restées : entassées dans une étroite prison; puis, après les avoir laissées, pendant plusieurs jours, dans l'attente d'un sort cruel et exposées aux menaces du peuple, on les a déportées aux Carteries, au nombre de quarante-trois; la plupart sont des ecclésiastiques. On a ouvert à Barcelonne une souscription en faveur des patriotes napolitains et piémontois qui s'y sont réfugiés. Le fameux général napolitain Guillaume Pépé est à Madrid. La gazelle du gouvernement a annoncé que le roi avoit sanctionné le décret des cortes qui défend d'envoyer de l'argent à Rome pour l'expédition des bulles. Ce prince a refusé de sanctionner le décret des cortès sur les sociétés pa triotiques.

Le gouvernement russe a adressé de Laybach une dépêche circulaire, du 10 mai dernier, aux légations de l'em-pereur de Bussie dans l'étranger. Cette pièce renferme les motifs qui avoient déterminé ce monarque à faire marcher des troupes sur Naples; c'étoit uniquement pour favoriser le rétablissement de l'ordre dans ces contrées. Aucune charge ne devoit résulter du passage de ces troupes, ni de leur présence momentanée. Le gouvernement russe repousse aussi les bruits que la malveillance avoit répandus au sujet de l'événement de la Russie et des troubles de Moldavie. On assure que l'Autriche a expédié une circulaire du même genre à tous ses agens diplomatiques près les cours étrangères.

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Le patriarche grec de Constantinople, qui avoit lancé, il y a quelque temps, l'excommunication contre Ypsilanti et les autres rebelles, a été arrêté, le 25 avril, jour de Pâ

que, et penda aux portes de son église; ce prélat s'appeloit Grégoire. Cet horrible événement a répandu la consternation parmi les Grecs. Tous les autres prélats grecs du synode, au nombre de huit, qui avoient pourtant signé l'acte contre l'insurrection, ont été jetés dans les cachots ou mis à mort, aiusi qu'un grand nombre de Grecs de distinction.

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CHAMBRE DES PAIRS.

Suite de l'affaire de la conspiration du 19 août.

Le 25, la cour a entendu successivement huit témoins, dont les dé positions, toutes relatives au passage de Maziau à Amiens, à Cambrai et à Valenciennes, n'ont rien appris de nouveau, à l'exception cependant de celle de l'épicier Jacob, qui dit que, le 17 août dernier, au soir, il rencontra deux militaires qui parloient de conspiration près d'éclater, de nouvelles reçues de Buonaparte par Lyon et par les Pays-Bas. Silot que la conspiration éclatera, disoient-ils, nous marcherons sur Paris. Le 25, il en entendit deux autres qui, parlant de la découverte du complot, disoient : Nous n'avons pas réussi, mais c'est égal; nous avons des cartouches, nous nous en servirons; on distribuera un franc à chaque soldat. Le témoin est confronté avec plusieurs accusés qui ont fait partie de la légion de la Seine; il n'en reconnoît aucur.

Le témoin Corona, ancien lieutenant de la légior de la Seine, rapporte ce que l'accusé Remy lui dit du complot: on devoit soulever la légion, enfermer les officiers supérieurs, et marcher sur Paris; on devoit commencer à agir, le 21 août, entre cinq et six heures. L'accusé Remy nie tout, et accuse Corona de calomnie. M. le chancelier avertit Remy de montrer plus de modération. M. le procureur-général trouve que les dernières déclarations de Remy paroissent contredire celles qu'il a faites devant la commission de la cour. Celui-ci répond que, lors de ses premières déclarations, il n'avoit pas la tête bien libre. On entend ensuite le lieutenant Campagne, qui parle des bruits qui circuloient à Cambrai au sujet de la conspiration; et le nommé Ligeret, qui déclare n'avoir eu connoissance d'aucun complot; il avoit, dit-il, seulement entendu parler d'un mouvement militaire, dont le but étoit de forcer le Roi à abdiquer, et de nommer MONSIEUR lieutenant-général du royaume. Ce témoin ne fait que des réponses peu précises aux interpellations de plusieurs pairs et du ministère public.

Le 26, on a continué l'audition des témoins. Presque toutes les dépositions faites dans cette séance ont été relatives à l'accusé Delamothe, ancien capitaine de la légion de la Scine. MM. Boissauné et Dutoya, anciens officiers de la légion de la Seine, disent que Delamotte les entretint plusieurs fois du complot, et exprima nette sa résolution d'y prendre part. L'accusé Delamotte nie le fait, et soutient qu'il n'a jamais parlé que des bruits qui circuloient dans Cambrai. On

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