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DES Ordres Mineurs.

C'EST par le sentiment de l'Eglise et des Saints, qu'on doit juger de l'excellence des Ordres mineurs, et c'est peut-être pour ne les pas assez estimer, et pour n'en avoir pas reçu la grâce et l'esprit, que plusieurs ecclésiastiques s'acquittent si mal de leurs fonctions: car les vertus et la grâce propre à chacun de ses Ordres, sont d'un grand usage pour l'administration du sacerdoce; ainsi qu'il paroîtra par le détail que nous en ferons dans la suite.

On doit donc les regarder comme des degrés ecclésiastiques, et des Ordres qui donnent rang parmi les ministres du sanctuaire. Dans les premiers siècles, l'Eglise croyoit beaucoup récompenser la vertu de ceux qui avoient confessé la foi devant les tyrans, en les faisant portiers ou lecteurs; comme saint Cyprien le témoigne.

Nous avons dit ci-dessus que les quatre Ordres moindres, reçus dans l'Eglise latine, sont les Ordres de portier, de lecteur, d'exorciste et d'acolyte. L'Eglise grecque ne les a pas tous reconnus. On ne regarde pas ces Ordres comme un état permanent où l'on doive passer le reste de ses jours, mais comme une épreuve pour se préparer aux Ordres supérieurs ; c'est pourquoi on n'y doit admettre que ceux qu'on juge pouvoir se rendre dignes d'être promus aux grands Ordres.

Il est rare aujourd'hui que ceux qui ont les quatre Ordres moindres en fassent les fonctions. Les portiers ne sont plus chargés de la garde des portes de l'Eglise et du soin des cloches. Il n'y a plus de fonctions particulières aux lecteurs; les prêtres, les diacres, les sousdiacres, les simples clercs même, lisent les leçons à IPoffice, et font les autres fonctions qui pourroient regarder les lecteurs. Les prêtres bénissent le pain et les ́ fruits nouveaux; c'est à eux qu'on réserve, dans l'oc

casion, l'exercice du ministère des exorcistes. Les clercs et même les laiques remplissent souvent les devoirs des acolytes.

Néanmoins l'Eglise a toujours voulu conserver les quatre Ordes moindres, comme des monumens précieux de l'ancienne discipline; afin d'apprendre à ceux qui aspirent aux Ordres sacrés, la nécessité qu'il y a de s'éprouver avant que de s'y présenter, et combien l'on employoit de temps, dans la primitive Eglise, à cette épreuve, qui ne se faisoit que par degrés et par intervalles. Elle leur fait aussi par-là connoître, que, bien loin qu'il y ait dans l'Eglise aucun emploi bas et abject, ils sont tous respectables, puisqu'il a fallu passer par tous ces exercices pour arriver au sacerdoce, qui est la dignité la plus relevée dont l'homme puisse être revêtu. Le concile de Trente auroit bien voulu rétablir l'ancienne discipline, selon laquelle ceux qui avoient les Ordres mineurs avoient des fonctions particulières; il a même marqué souhaiter avec ardeur, qu'ou les exerçât avec la même exactitude que dans les premiers siècles. Si cela étoit, l'office divin se feroit avec plus de révérence, de piété et d'édification, pour le clergé comme pour le peuple; les ecclésiastiques se disposeroient avec plus d'application aux Ordres supérieurs; en faisant une espèce de noviciat dans l'exercice des moindres; et les évêques choisiroient avec plus d'assurance ceux qu'ils voudroient élever aux Ordres sacrés.

Du Portier.

L'ORDRE de portier est celui qui donne la puissance d'ouvrir et de fermer les portes de l'Eglise, pour y admettre ceux qui en sont dignes, et en exclure ceux qui en sont indignes, comme les hérétiques et les excommuniés dénoncés, avec obligation de prendre soin de tout ce qui y est renfermé. Les portiers avoient au

trefois la fonction de veiller à ce que le peuple n'approchât trop près de l'autel pendant la célébration du saint sacrifice, et de prendre garde qu'on n'interrompit le prêtre qui l'offroit.

L'évêque en conférant l'Ordre de portier, fait toucher aux ordinands les clefs de l'Eglise. L'archidiacre leur fait ensuite sonner une cloche, en la leur présentant ; pour lenr dire que leur fonction est de sonner les cloches, afin de marquer aux fidèles les heures de la prière.

Le portier doit avoir un grand zèle pour le bon ordre et la décence dans les églises. Ce qui doit faire sentir aux ecclésiastiques l'obligation d'instruire souvent les peuples du respect qui est dû aux églises; de s'opposer avec discrétion aux irrévérences qui s'y commettent; et pour le faire plus efficacement, d'être eux-mêmes un exemple de modestie et de retenue dans les saints lieux, pénétrés de la majesté de Dieu qui y réside; enfin d'avoir soin que les églises, les autels et les vases sacrés, les ornemens, les linges soient propres, et généralement tout ce qui sert au culte divin.

L'évêque recommande au portier, dans l'ordination, de tâcher par la régularité de sa conduite et par sa piété, d'ouvrir à Dieu les cœurs des hommes qui sont sa maison, et de les fermer au démon; ce qui fait voir qu'il doit avoir un zèle ardent du salut des âmes, sans lequel tout eccclésiastique n'est proprement qu'une idole et un corps inanimé.

Du Lecteur.

L'ORDRE de lecteur donne par office, la puissance de lire l'Ecriture sainte dans l'église, pour l'instruction des peuples; l'on peut en faire utilement les fonctions, en enseignant les élémens de la foi et de la doctrine chrétienne aux simples et aux enfans dans les caté–

chismes. Les fonctions des lecteurs étoient autrefois de lire à haute voix les livres de l'ancien et du nouveau Testament, à l'office qui se faisoit la nuit. Lorsque l'évêque devoit prêcher, ils lisoient au peuple l'histoire de l'Ecriture sainte que l'évêque devoit expliquer. Ils avoient en garde les livres de la sainte Ecriture. Ils bénissoient le pain et les fruits nouveaux. Ils enseignoient aux catéchumènes et aux enfans les premiers élémens de la foi.

Les vertus propres du lecteur, sont une foi vive des vérités de l'Evangile et des maximes de Jésus-Christ, pour être plus en état d'en convaincre les autres; du goût et de l'assiduité pour la lecture de l'Ecriture sainte et des livres de piété, afin d'y apprendre la science des Saints, tant pour sa propre utilité, que pour la communiquer aux autres, et un grand zèle pour faire le catéchisme, afin d'instruire les simples et les enfans des grandes vérités de la Religion.

On doit regarder cette dernière fonction, comme une des plus importantes du ministère: car l'ignorance cause la perte de bien des âmes, qui périssent, faute de trouver des personnes qui leur rompent le pain de la parole d'une manière qui soit à leur portée. Combien voit-on de paroisses dont on pourroit dire: parvuli petierunt panem, et non erat qui frangeret eis? C'est pourquoi on ne peut trop recommander aux curés de ce diocèse, d'avoir soin que le catéchisme se fasse exactement. Ils emploieront pour cela leurs secondaires et leurs clercs, lorsqu'ils ne pourront le faire par euxmêmes. Ils ne peuvent que s'estimer honorés d'une fonction que les apôtres même de Jésus-Christ n'ont pas dédaigné de faire : car ils instruisoient familièrement; et Jésus-Christ assure qu'il a été envoyé pour enseigner les pauvres et les simples.

DE L'Exorciste.

DE l'Exorciste.

L'ORDRE de l'exorciste donne la puissance de chasser les démous des corps des possédés, par l'invocation du nom de Jésus-Christ. Si l'on trouvoit aujourd'hui dans les jeunes exorcistes, l'innocence des premiers temps, on pourroit les employer à cette fonction; mais aujourd'hui elle est ordinairement réservée aux prêtres, qui doivent même pour cela être commis spécialement par l'évêque. Pour s'en acquitter, il faut une extrême horreur du péché, sur-tout du péché mortel, une grande pureté de cœur et de corps, une humilité profonde, l'esprit de mortification et de prière: hoc genus non ejicitur nisi per orationem et jejunium.

Comme l'eau bénite est particulièrement destinée contre les démons, il est du soin de l'exorciste de préparer tout ce qu'il faut pour la bénir; d'assister le prêtre quand il la fait; de prendre garde que les bénitiers soient propres, et qu'elle ne manque pas à l'entrée de l'Eglise.

DE l'Acolyte.

L'ORDRE de l'acolyte donne les fonctions d'allumer et

de

porter les cierges dans l'Eglise, de préparer le vin et l'eau pour le sacrifice, et d'y servir à l'autel. Toutes ces fonctions sont encore en usage, et ceux qui ont reçu cet Ordre, doivent tenir à grand honneur de les

exercer.

Dans les premiers siècles, les acolytes portoient les lettres que les évêques s'écrivoient les uns aux autres, sur les affaires de l'Eglise. Ainsi, on exigeoit qu'ils Jussent prudens, pour se garder des surprises des Paiens, qui tâchoient par toute sorte de moyens de découvri

Tome II.

L

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