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mal, et découvrir quels sont en lui les penchans qui ont aidé aux occasions et facilité ses chûtes; il prépare de loin les remèdes et les précautions nécessaires pour ne pas être de nouveau surpris; ainsi, il rentre dans ses fonctions muni de nouvelles armes; it y rentre avec moins de cette confiance qui précède toujours les chûtes, mais aussi avec plus de sûreté.

C'est au sortir du désert et de la retraite, que JésusChrist lui-même commença son ministère; c'est en se retirant de temps en temps seul pour prier sur la montagne, qu'il le continua. Il n'avoit pas besoin sans doute de ces précautions; mais il vouloit laisser à ses ministres des modèles de conduite, et leur dire à tous en la personne de ses apôtres : je vous ai laissé l'exemple, afin que vous fassiez un jour ce que vous m'avez vu pratiquer à moi-même.

Non sit inutilis, ac otiosa, et sine fructu eorum residentia, dit le concile de Tours, en 1583, en parlant de la résidence des curés; lesquels, pour être censés résider, sont obligés d'instruire leurs troupeaux, d'administrer les Sacremens, de visiter les malades, d'assister les moribonds, de prendre un soin particulier des pauvres, de consoler les affligés, de conserver et rétablir la paix dans les familles; de faire cesser, autant qu'il est en eux, les scandales; d'empêcher les superstitions, les abus et les désordres des pécheurs publics, comme concubinaires, usuriers, etc. de voir si la messe de paroisse est fréquentée; qui sont ceux qui ne satisfont pas au devoir pascal; de s'informer si toutes leurs brebis sont suffisamment instruites des vérités de la foi qu'elles doivent savoir, et des vérités nécessaires au salut; d'examiner par eux-mêmes si les enfans sont exacts à venir au catéchisme, si les pères et mères les élèvent chrétiennement, si les maîtres et maîtresses d'école en ont le soin qu'ils doivent en avoir; si les petits garçons et les petites filles ne sont point reçus ensemble dans les écoles publiques, ce qui attire sou

vent de grands désordres, et perd la jeunesse ; de soutenir le courage des foibles; de réprimer l'audace des libertius; en un mot, de pourvoir, autant qu'il est en eux, à tous les besoins de leurs brebis, et d'exercer par eux-mêmes toutes les fonctions pastorales.

Si un pasteur ne veille contre les surprises des loups, ses brebis sont toujours exposées à être dévorées, et sa résidence devient inutile. Saint Bernard dit qu'une paroisse est à l'égard d'un curé, comme une ville dont la garde est commise à sa vigilance, comme une épouse qu'il doit avoir soin de parer, comme un troupeau auquel il doit la pâture: civitas est, vigilate ad custodiam: sponsa est, studete ornatui: oves sunt, intendite pastui.

C'est donc une illusion que de croire qu'un curé réside comme l'Eglise le demande, s'il ne réside que corporellement; s'il passe les journées, les mois, les années entières dans une molle oisiveté, dans une inutilité criminelle, à boire, à manger, à se divertir, à jouer, à chasser, à mener une vie animale. Ce n'est pas garder la maison de Dieu, d'y être comme un chien muet, comme une sentinelle endormie, comme un serviteur paresseux, qui s'enivre et fait bonne chère des biens du maître, au lieu d'avoir soin de sa famille et de travailler fidèlement à l'œuvre qui lui a été confiée. Quid tu hic, aut quasi quis hic? doit-on dire à ce mauvais pasteur avec le prophète Isaïe: que faitesvous dans cette paroisse, ou quel droit y avez-vous? O pastor et idolum! derelinquens gregem, dit le Seigneur par un autre prophète : ô pasteur! ô idole! qui abandonnez votre troupeau; vous avez des venv Vous ne voyez pas; vous avez une bonel parlez pas vous avez des mai vous avez des oreilles, et vous êt troupean. O pauperes greges; Vous êtes à plaindre sous la conc Le bon pasteur, dit Jésus-Ch

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sa vie pour ses brebis ; les brebis entendent sa voix; il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors; et, lorsqu'il a fait sortir ses brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent parce qu'elles connoissent sa voix. Le larron ne vient que pour dérober, pour égorger et pour perdre les brebis. Le mercenaire et celui qui n'est point pasteur, à qui les brebis n'appartiennent pas, voit venir le loup, et il abandonne les brebis, et s'enfuit ; et le loup ravit et dissipe les brebis. Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se soucie pas des brebis. Ainsi, un bon pasteur se doit tout entier à son troupeau ; il lui doit son temps, son repos, sa vie. Tout est à vous, disoit saint Paul aux Corinthiens, en parlant de lui et des autres ministres évangéliques, Paul, Apollon, Céphas, tout est à vous. Ainsi doit être en droit de parler un pasteur à son troupeau. Mais pour cela, il faut que son unique affaire soit le salut de ses brebis; il faut que le soin des âmes qui lui sont confiées, soit son unique occupation, l'unique objet de ses inquiétudes, de sa joie, de ses délices, et qu'il puisse leur dire ce que saint Augustin disoit à son peuple: cordis nostri negotium semper estis. Il doit ne s'épargner en rien pour ses brebis; se sacrifier sans cesse pour elles n'avoir rien qu'il ne donne librement, jusqu'à sa personne même, pour leurs ámes. Il doit enfin continuellement sentir pour le moindre de ces enfans dont Dieu lui demandera compte, toutes les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que Jésus-Christ soit formé en eux.

pas

Enfin un pasteur qui néglige ses brebis, n'aime Dieu. C'est la leçon que Jésus-Christ donne à tous les pasteurs dans la personne de saint Pierre, en l'interrogeant trois fois sur l'amour qu'il avoit pour lui. Interrogatur amor et imperatur labor, dit saint Augustin.

On ne peut donc que condamner un curé qui, se

ux cris de votre

res brebis, qu pasteur!

d'un tel

Joan. 10.

do

voyant peu capable de remplir ses fonctions, ou craignant le travail et la peine, s'en repose sur son secondaire plus capable et plus zélé que lui. Saint Bernard dit qu'il ne doit s'attendre à aucune récompense du Seigneur: qui per vicarium inservit, per vicarium remunerabitur. Tous les conciles en parlant des obligations des curés, en ont parlé comme d'obligations personnelles. Si un curé n'est pas capable de s'acquitter par lui-même de son devoir, il doit quitter son bénéfice en se considérant comme un pasteur indigne; il doit faire pénitence et de s'être chargé de la conduite des âmes et de s'en être mal acquitté. S'il craint le travail, sa négligence est criminelle.

DE l'Instruction.

Nous avons dit que les curés sont obligés d'instruire leurs ouailles. Le concile de Trente leur ordonne (Sess. 5. cap. 2. de Reform.), et à tous ceux qui ont à gouverner des églises paroissiales, de pourvoir par eux-mêmes, ou par autres personnes capables, s'ils en sont légitimement empéchés, à la nourriture spirituelle des peuples qui leur sont commis, tous les dimanches et toutes les fêtes solennelles; leur enseignant ce qu'il est nécessaire à tout chrétien de savoir pour être sauvé. Ce concile leur ordonne encore (Sess. 24. cap. 7. de Reform.) d'expliquer tous les jours de fêtes, ou solennels, le texte sacré et les avertissemens salutaires qui y sont contenus; táchant de les imprimer, dans les coeurs de tous les fidèles, et de les instruire solidement de la loi de NotreSeigneur. C'est donc par lui-même qu'un curé doit instruire, au lieu de s'en reposer sur son secondaire. Les paroissiens écoutent ordinairement plus volontiers leur propre pasteur, quoique moins docte, qu'un autre prêtre même plus savant, pourvu que d'ailleurs ses moeurs soient sans reproche, comme elles le doivent être. Les paroles du pasteur portent plus aisément

l'onction dans le coeur des fidèles, par la bénédiction particulière que Dieu y donne ; et c'est pour cela que I'Eglise a toujours pris un soin particulier, de recommander aux pasteurs de distribuer exactement par euxmêmes à leurs ouailles, le pain de la parole divine. Le concile de Trente veut même que l'évêque contraigne le curé par les censures de l'Eglise à faire le prône, s'il le néglige pendant trois mois : ce qui suppose nécessairement qu'un curé pèche mortellement, en ne faisant jamais le prône, ou en ne le faisant que rarement.

Les synodes et les conciles provinciaux tenus en France depuis le concile de Trente, ont ordonné la même chose aux curés. Le synode d'Acqs, en 1585 dit: parochialis curæ munera atque officia non per alios, sed ipsimet parochi animarumve curatores obeant ac præstent ; nisi sint qui aliquá justá causâ ab episcopo approbatá impediantur, aut etiam prohibeantur; id nisi fecerint, tunc fructibus beneficii mulctentur, tum etiam aliis pœnis plectantur, arbitratu episcopi.

Cette obligation, dans la pensée du concile de Trente (Sess. 23. Cap. 2. de Reform.), est de droit divin. Cum præcepto divino mandatum sit omnibus quibus cura animarum commissa est, oves suas agnoscere, pro his sacrificium offerre, verbique divini prædicatione pascere. Or, l'obligation qu'ont les curés d'annoncer par eux-mêmes la parole de Dieu, doit s'entendre principalement des prônes, catéchismes et autres instructions publiques, qui se font pour toute la paroisse. Et il est nécessaire de remarquer, que ce concile, après avoir ordonné aux curés d'instruire par eux-mêmes leurs paroissiens les jours de dimanche et de fête, per se, ne leur permet de se faire suppléer par d'autres prêtres capables, que lorsqu'ils sont légitimement empêchés d'instruire par eux-mêmes; si legitimè impediti fuerint. Ainsi les secondaires ou vi

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