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Seigneur, de ne pas se demander à lui-même, étonné de la prodigieuse libéralité de son Dieu: que puis-je offrir à mon souverain bienfaiteur, pour tant de biens quid retribuam? En reconnoissance de ses bontés pour moi, je boirai sans répugnance le calice qu'il me présente, et je le trouverai très-doux, puisqu'il me vient de sa part: calicem salutaris accipiam. Que n'ai-je mille vies à vous donner, pour les biens innombrables que vous m'avez faits, ó Dieu infiniment bon! Je me sens prét de vous les sacrifier toutes, par la raison seule que vous m'avez sacrifié la vôtre. Je n'ai qu'une vie, Seigneur; et encore est-elle à vous par tous les titres imaginables; mais quand elle seroit à moi, que je vous l'offrirois volontiers, pour satisfaire en quelque sorte aux obligations infinies que je vous ai!

C'est par de pareilles dispositions, qui doivent être encore plus vives et plus ferventes pendant la maladie, et qu'il est important de nourrir dans son cœur, durant le temps de la santé; c'est, dis-je, par de pareilles dispositions, qu'un chrétien parviendra à se faire peu à peu une heureuse habitude de sanctifier sa mort, et qu'il s'adoucira le passage inévitable de cette vie à l'éternité, Lorsque le moment de la mort sera en effet venu pour lui, il l'envisagera sans s'émouvoir; il s'épargnera la douleur amère de tant de chrétiens, qui meurent comme des victimes forcées, sans rendre au Seigneur l'hommage qu'ils lui doivent, et qui perdent le fruit de leur mort: il aura, au contraire, la consolation de mourir dans le baiser du Seigneur, et d'aller chanter dans le ciel ses miséricordes infinies.

Les curés et les confesseurs pourront encore tirer de l'ancien et du nouveau Testament, et des exemples des Saints, un grand nombre de manières de consoler les malades, en accommodant ce qu'ils leur diront, aux moeurs, au génie, à l'âge, à la condition, au sexe et à la portée des malades.

Enfin, pour les porter à la piété, ils pourront leur

dire quelques versets des psaumes suivans, lesquels ils leur expliqueront.

Pour leur inspirer de véritables sentimens de pénitence, ils se serviront utilement des psaumes de la pénitence.

Pour exciter leur foi, des psaumes 18. Cæli enarrant. 32. Exultate, justi. 91. Bonum est confiteri. 92. Dominus regnavit. 94. Venite, exultemus. 99. Jubilate. 115. Credidi.

Pour ranimer leur espérance et leur confiance, des psaumes, 7. Domine, Deus meus, in te speravi. 15. Conserva me, Domine. 26. Dominus, illuminatio mea. 30. In te, Domine, speravi. 117. Confitemini Domino. 141. Voce meá ad Dominum clamavi.

Pour les porter à l'amour de Dieu, des psaumes 17. Diligam te. 41. Quemadmodum desiderat. 72. Quàm bonus Israel Deus! 83. Quàm dilecta. 114. Dilexi, quoniam exaudiet Dominus.

Pour leur donner du courage et de la force d'esprit, des psaumes 22. Dominus regit me. 26. Dominus illuminatio mea. 119. Ad Dominum, cùm tribularer clamavi. 120. Levavi oculos meos in montes.

Pour les soutenir contre les tentations du démon 2 des psaumes 3. Domine, quid multiplicatisunt. 12. Us– quequò, Domine. 34. Judica, Domine, nocentes me. 53. Deus, in nomine tuo salvum me fac. 90. Qui habitat in adjutorio Altissimi.

Pour les soutenir contre la langueur et l'abattement d'esprit et de cœur, des psaumes 35. Dixit injustus. 39. Expectans, expectavi. 40. Beatus qui intelligit. 54. Exaudi, Deus, orationem meam. 70. In te, In te, Domine, speravi. 76. Voce meá.

Pour les pénétrer de sentimens d'actions de grâces, des psaumes 33. Benedicam Dominum. 102. Benedic, anima mea, Domino. 117. Confitemini Domino. 123. Nisi quia Dominus. 135. Confitemini Domino. 137. Confitebor tibi. 144. Exaltabo te, Deus meus rex.

Pour

. Pour les porter à l'amour des biens éternels, des psaumes 16. Exaudi, Domine, justitiam meam. Dixit injustus. 41. Quemadmodùm desiderat. 83. Quàm dilecta. 121. Lætatus sum in his. 136. Super flumina Babylonis, auxquels on peut ajouter le cantique de Tobie (Tob. 13.), la prière de Jésus-Christ, après le Souper qu'il fit avec ses apôtres la veille de sa mort (Joan. 17.), et la description que saint Jean, dans son apocalypse (cap. 21 et 22.) fait de la nouvelle Jérusalem.

Pour demander à Dieu sa grâce et son secours, des psaumes 5. Verba mea auribus percipe. 11. Salvum me fac, Domine. 21. Deus, Deus meus. 42. Judica me, Deus. 53. Deus, in nomine tuo. 55. Miserere mei, Deus, quoniam. 58. Eripe me. 68. Salvum me fac,

Deus.

Il y a encore plusieurs autres psaumes dont on peut se servir pour exciter, daus les malades, les mêmes sentimens que leur inspireront ceux que nous avons indiqués. Il faut toujours, en leur récitant ou paraphrasant les différens endroits, se souvenir de le faire brièvement. Afin de les employer utilement, et avec onction, les curés et les confesseurs feront bien de lire ces psaumes en leur particulier, attentivement; de les apprendre par cœur, et de s'en remplir dans la méditation, pour être en état d'en appliquer les versets à propos, et de faire faire aux malades, en les leur disant, des réflexions proportionnées à leurs besoins.

Les curés et les confesseurs se souviendront qu'ils ne doivent pas s'ingérer de parler aux malades de leurs affaires temporelles, si ce n'est autant qu'il est nécessaire pour les aider à mettre ordre aux affaires de leur conscience; par exemple, pour les avertir de pourvoir au paiement de leurs créanciers, à l'exécution de leurs engagemens, aux restitutions dont ils sont tenus, et à toutes les choses auxquelles ils sont obligés par la justice et l'équité.

Tome II.

D

La première visite, qu'un curé rend à un malade ne doit être ordinairement qu'une visite de charité et de politesse; il est bon d'attendre à une seconde visite à leur représenter leur devoir, et à leur rappeler les sentimens que la Religion doit exciter en eux. Ce premier ménagement sert à gagner la confiance d'un malade, qui pourroit se rebuter, si l'on ne cherchoit, par ces premières attentions, à s'insinuer peu à peu dans son esprit, et à se mettre en état de lui parler utilement de ses besoins spirituels. Cependant, si la maladie étoit dangereuse, et qu'il n'y eût pas de temps à perdre, il faudroit, dès la première visite, le faire rentrer en fui-même, en lui rappelant de penser à ce qui regarde sa conscience et son salut.

Lorsque le grand nombre des malades d'une paroisse empêche un curé de les visiter assidûment, il doit se faire suppléer par d'autres prêtres, si cela se peut; ou, au défaut d'ecclésiastiques, par des personnes pieuses et charitables, en les chargeant de visiter, le plus souvent qu'ils pourront, les malades; de les consoler, de leur parler de Dieu; mais il ne doit pas s'en reposer tellement sur eux, qu'il n'aille au moins de temps en temps les visiter. Il doit sur-tout une attention particulière à ceux qui manquent de tout secours, pour leur procurer, ainsi que nous l'avons déjà dit, ou par luimême, ou par d'autres personnes, de quoi fournir à teurs besoins.

Il est bon, dans les visites qu'on fait aux malades, de joindre la prière aux exhortations, et même de commencer par-là. On trouvera, dans le Rituel de ce diocèse, les prières marquées pour la visite des malades.

De l'Assistance des Malades à l'extrémité.

LES Les curés et les secondaires, après avoir administré aux malades le Sacrement de Pénitence, le saint viatique et même l'Extrême-Onction, ne doivent pas croire, ainsi que nous l'avons déjà remarqué, avoir rempli tous leurs devoirs envers eux. Les fidèles n'ont jamais plus besoin de leur assistance qu'aux approches de la mort ; et les pasteurs ne doivent pas oublier qu'ils sont obligés alors, à titre de charité et de justice, de les visiter plus assidûment, pour les soutenir dans ces précieux momens qui doivent décider de leur éternité.

Ils se persuaderont facilement de l'importance de ce devoir, s'ils considèrent avec les yeux de la foi, l'extrémité à laquelle se voit ordinairement réduit un chrétien souffrant et épuisé de maladie, qui touche de près à cette dernière heure qui doit être pour lui la fin du temps, et le commencement d'une éternité heureuse ou malheureuse. Il se trouve alors entouré de ses biens, de ses parens et de ses amis, qu'il se voit obligé de quitter; les remords de sa conscience et le souvenir de ses péchés le troublent et l'agitent; la vue des jugemens de Dieu l'effraie et le consterne; ses douleurs augmentent; son esprit, accablé sous le poids d'un corps qui se corrompt, s'appesantit et s'énerve cependant le démon le tente et l'attaque avec une nouvelle fureur. En un mot, un malade a à combattre alors contre les horreurs de la mort, contre le péril de l'enfer, contre la crainte de la justice divine, contre les douleurs de la nature, contre la malice et les ruses de Satan; et il ne faut qu'un instant pour perdre Ou sauver cette âme rachetée du sang de Jésus-Christ. Les curés doivent donc prendre un somn très-particulier des personnes mourantes, les visiter le plus souvent qu'ils pourront, pour connoître l'état et les dispositions

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