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mais la pudeur oblige presque toujours de l'omettre à l'égard des femmes. On ne peut pas oindre, au lieu des reins, une autre partie du corps, ni aux femmes, ni aux hommes, lorsqu'ils ne peuvent recevoir cette onction commodément. Aux prêtres, l'onction des mains se fait en dehors, parce que le dedans a déjà été consacré dans leur Ordination.

Si le malade manquoit de quelqu'une des parties sur lesquelles on doit faire les onctious, il faudroit la faire à la partie la plus prochaine, à moins qu'on ne pût la découvrir sans incommoder le malade, ou sans blesser la modestie; par exemple, on pourroit la faire au poignet, s'il n'avoit pas de main.

On ne doit pas non plus omettre aucune des onctions sur les personnes qui n'ont jamais fait usage de quelque sens tels que sont les avengles, les sourds et muets de naissance; parce qu'encore qu'ils ne se soient jamais servis de la vue, de l'ouïe, ou de la langue pour pécher, ils ont pu désirer d'en avoir l'usage, pour prendre quelque plaisir illicite.

On ne manquera jamais de faire les onctions susdites, à moins que le malade ne parût dans un danger de mort si pressant, qu'on eût lieu de craindre de n'avoir que ne le temps nécessaire, pour en faire une seule : car, dans ce cas, il faudroit omettre les cérémonies et les prières préliminaires accoutumées, et se contenter de faire cette ouction unique sur un seul organe, en disant : per istam sanctam unctionem, et suam piissimam misericordiam, indulgeat tibi Dominus quidquid per omnes sensus deliquisti. On pourroit encore, si l'on croyoit en avoir le temps, ne faire qu'une onction pour toutes, en passant promptement sur un ceil, une oreille, une narine et les lèvres, une main, un pied, sans faire aucun signe de croix, et prononcer une fois la forme, en y exprimant tous les sens, en cette manière : per istam sanctam unctionem, et suam piissimam misericordiam, indulgeat tibi Dominus quidquid per visum, auditum

odoratum, gustum et locutionem, tactum et gressum deliquisti. Et c'est ainsi qu'on doit en user en temps de peste, ou autre maladie contagieuse. On doit même, en ce dernier cas, se servir de la spatule pour faire les onctions, afin, d'une part, que les pestiférés ne soient pas privés d'un Sacrement dont ils ont un très-grand besoin; et que de l'autre, les prêtres qui le leur administrent, soient moins exposés à prendre mal. On peut aussi, si l'on croit en avoir le temps, après avoir omis les prières et les cérémonies accoutumées, faire d'abord et diligemment les onctions à chaque sens avec la forme ordinaire. Dans tous ces cas, si le malade survit, on dit sur-le-champ les prières qui auront été omises.

Si le malade expire avant qu'on ait achevé les onctions, il faut les cesser. Dans le doute s'il vit encore, on doit les achever, se servant de cette forme conditionnelle : si vivis, per istam sanctam, etc. de laquelle il faut pareillement user, lorsqu'on est appelé pour administrer l'extrême-Onction à quelque personne, qui ne donne, à la vérité, aucun signe de vie, mais qu'on a lieu de croire ou de douter n'avoir pas encore expiré.

La forme de ce Sacrement est la prière que fait le prêtre, en faisant les saintes onctions. Cette prière est contenue dans ces paroles dont use l'Eglise romaine: per istam sanctam unctionem, et suam piissimam misericordiam, indulgeat tibi Dominus quidquid per (marquant le sens sur lequel l'onction se fait ) deliquisti. Amen.

On ne prononce qu'une fois la forme sur les organes qui sont doubles, tels que les yeux, les oreilles, les mains et les pieds; mais on y fait deux onctions, commençant par le côté droit; et l'on ne doit achever de prononcer la forme, qu'en finissant la seconde onction.

Les onctions doivent toujours se faire en forme de croix. L'onction sur la bouche, aux personnes affligées

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de la rage, peut être faite sur la joue, quand il du danger de toucher leur salive.

y a

DE ceux auxquels on doit administrer le Sacrement de l'Extrême-Onction.

Il n'y a que les fidèles baptisés, malades en danger de. mort, ayant actuellement, ou du moins ayant en autrefois l'usage de la raison, qui soient capables de recevoir l'Extrême-Onction. C'est des chrétiens malades que parle saint Jacques: infirmatur quis in vobis ; et le principal effet de ce Sacrement, qui est d'ôter le reste des péchés, et de donner des forces contre les tentations de la mort, suppose qu'on a atteint l'âge de raison.

Ainsi on ne peut l'administrer à ceux qui ne sont point baptisés, ni à ceux qui ne sont point malades, quoiqu'ils soient sur le point de mourir, comme les criminels qu'on va exécuter; à ceux qui sont prêts à faire naufrage; aux gens de guerre qui vont monter à l'assaut, ou donner une bataille. Tout autre danger de mort, qui ne vient pas de maladie, n'est pas une raison suffisante pour administrer ce Sacrement. On ne doit pas non plus le donner à ceux qui, quoique malades, ne sont point en danger de mort, comme ceux qui ont le mal de dents ou des fièvres ordinaires. Nous y ajoutons même les femmes qui sont dans le travail de l'enfantement, auxquelles, selon le quatrième concile de Milan, sous saint Charles, on ne doit pas donner ce Sacrement; à moins que les douleurs ne les aient tellement affoiblies, qu'on ait tout lieu de craindre leur mort dans peu de temps. On doit néanmoins le donner aux vieillards qui sont tellement décrépits, qu'ils semblent, à toute heure, devoir mourir de foiblesse et de défaillance, quand même ils n'auroient aucune autre maladie.

On doit administrer l'Extrême-Onction aux personnes affligées de la rage, attaquées de la peste, blessées à mort, à celles qui sont en grand danger de mourir pour avoir avalé du poison, quoique toutes ces personnes paroissent robustes, si l'on prévoit qu'en la leur differaut, on pourra perdre l'occasion de la

leur donner.

C'est une erreur très-dangereuse, de croire qu'il fille attendre qu'un malade soit à l'extrémité, pour lui faire recevoir l'Extrême-Oaction: car ce remède est beaucoup plus salutaire, et pour l'âme, et pour le corps, quand il est appliqué de bonne heure. Quand on le reçoit trop tard, et sans connoissance, on se prive de beaucoup de grâces; et il semble que ce soit en quelque façon tenter Dieu, que de lui demander la santé du corps par ce Sacrement, quand le malade est à l'agonie; au lieu que, lorsque la maladie n'est pas désespérée, on peut, sans tenter Dieu, joindre aux remèdes naturels, un Sacrement qui pourra leur donner Fefficace et la vertu.

Il ne faut pas croire que le nom d'Extrême-Onction soit donné à ce Sacrement, parce qu'on le reçoit à l'extrémité de la vie. Il est donné pour marquer que c'est la dernière onction que le chrétien reçoit. Il reçoit la première au Baptême, la seconde, à la Confirmation; si c'est un prêtre, il reçoit la troisième à l'Ordination, et il reçoit enfin la dernière onction dans sa maladie. Quand on a l'usage entier de sa raison, on peut plus facilement recevoir ce Sacrement avec les dispositions convenables, et par conséquent mieux profiter des grâces qu'il confère, en suivant le prêtre dans toutes les prières et cérémonies qu'il fait en l'administrant, prières et cérémonies qui sont belles et touchantes.

On doit donner ce Sacrement aux insensés et aux frénétiques, qui auront eu autrefois l'usage de la raison, pourvu qu'il n'y ait aucun danger d'irrévérence. On

ne doit pas l'administrer aux furieux qui n'ont pas de bons intervalles, parce qu'il y a sujet de craindre qu'ils ue commettent quelque irrévérence contre ce Sacrement; s'ils ont de bons intervalles, il faut les attendre pour leur administrer ce Sacrement. A l'égard de ceux qui ont toujours été insensés, ils n'en sont pas capables, non plus que les enfans, avant l'âge de raison. Quand néanmoins ces derniers ont atteint cet âge, que l'on peut fixer ordinairement à sept ans, et qu'ils ont assez de discernement pour pouvoir pécher, il est ordonné, dans ce diocèse, de le leur administrer, quoiqu'ils n'aient pas encore fait leur première communion; et même dans le doute s'ils ont assez de raison, il faut le leur donner, pour ne pas hasarder le salut d'une âme qui peut-être, sans ce remède, périroit éternellement.

On doit refuser l'Extrême-Onction aux hérétiques, aux excommuniés dénoncés, aux duellistes et autres pécheurs publics et scandaleux, quand ils n'ont donné aucune marque de repentir, soit qu'ils aient encore la connoissance, ou qu'ils aient perdu l'usage de la raison; à ceux qui meurent dans un état notoire de péché mortel; par exemple, à ceux qui, étant ivres par leur faute, tombent en apoplexie, et meurent sans avoir recouvré l'usage de la raison. Les hérétiques et les excommuniés, qui auroient témoigné du regret, ne pourroient mêmey être admis qu'après l'absolution. On doit refuser aussi ce Sacrement à tous ceux qui sont obstinés dans leur crime, et qu'on sait certainement ne s'en être pas repentis avant de perdre connoissance: nous disons, certainement : car, pour user de cette rigueur envers eux, il faut être assuré de leur impénitence. Dans le doute, il faut présumer en faveur du malade, et conférer le Sacrement.

A plus forte raison doit-on l'administrer à ceux qui, après l'avoir demandé ou donné des marques de contrition, auroient perdu la connoissance. On ne doit pas en priver non plus, ceux qui, ayant vécu chrétien

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