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qui lui nuisit encore plus à leurs yeux, ce fut son expédition de Portugal, entreprise à l'insu de ses compatriotes, et sa convention avec don Pedro. Une fois maître de Lisbonne, le duc de Bragance refusa les fonds nécessaires pour le transport et l'équipement des Polonais; et cette expédition, pour laquelle on n'avait guère pu réunir qu'une poignée d'hommes, finit par avorter entièrement, et donna même lieu à un exalté d'attenter aux jours du général. La balle partie s'arrêta dans sa poche, sur une pièce de monnaie. Bem retourna seul auprès de dona Maria et se rendit ensuite à Madrid, sans pouvoir réus

ni par l'Espagne. Retourné à Paris, il y fonda un journal polytechnique qui cessa bientôt de paraître, faute de moyens pécuniaires. Bem s'occupe, depuis, de répandre la méthode polonaise de mnemotechnie due à Jajninski.

X.

BEMBÉCIDES. Famille d'insectes de l'ordre des hyménoptères, section des porte-aiguillons, établie par Latreille, et comprenant les genres bembex, monédule et stize.

d'artillerie à cheval. Bien jeune encore il fit en qualité de lieutenant toute la campagne de 1812, d'abord sous les ordres de Davoust, puis sous ceux de Macdonald, avec lequel il se trouva dans Dantzig, lors du siége de cette place. Après la capitulation, il fut forcé de retourner en Pologne, et se retira chez son père, qui avait une propriété près de Kielcé. Après la création du nouveau royaume de Pologne, M. Bem reprit du service; mais il ne tarda pas à offrir sa démission. Cependant, pressé par le grand-duc Constantin, il consentit à rester. Fait capitaine en 1819, il fut placé comme aide de camp auprès du général Bontemps et nommé professeur danssir à faire accepter ses services par le Portugal une école d'artillerie nouvellement organisée à Varsovie. Ce fut alors qu'il s'occupa d'introduire dans l'armée polonaise les fusées à la congrève. Bientôt, ne voulant plus rester attaché à l'école d'artillerie, il sollicita son remplacement: cette demande parut un acte d'insubordination. M. Bem fut mis hors d'activité, amené devant les conseils de guerre, et condamné à la reclusion. Après sa détention, Bem fut envoyé à Kotzk, et placé sous la surveillance de la police. Après la mort de l'empereur Alexandre il parvint enfin à obtenir sa démission et se rendit à Léopol en Galicie. Là il s'adonna entièrement aux sciences; il avait commencé un ouvrage sur les machines à vapeur, lorsque la révolution de 1830 éclata. A la première nouvelle de cet événement, Bem vola à Varsovie. Il fut nommé major; puis on lui confia le commandement d'une batterie de l'artillerie à cheval. Après les batailles d'Iganié et d'Ostrolenka, Bem fut fait général et chef de toute l'artillerie. A Plotzk, dans des circonstances difficiles, son nom fut prononcé d'une voix presque unanime, et l'on convint de remettre entre ses mains et les rênes du pouvoir et le sort du pays. Il refusa. On le vit tenter sous Varsovie et puis à Praga un dernier, mais inutile effort, et étonner encore les Russes même par son courage et son sang-froid.

Quand tout fut perdu et que les débris de l'armée polonaise se furent retirés sur le territoire prussien, tous, officiers et soldats, tournèrent les yeux vers le général Bem, plaçant en lui leur dernier espoir; et quand ses compagnons d'armes demandèrent à se rendre en France, il n'est point d'efforts qu'il n'ait tentés, point de négociations dans lesquelles il ne se soit entremis pour leur en ouvrir le chemin.

En France, son hostilité contre M. Lelewel, alors président du comité national à Paris, lui | attira le mécontentement et presque la haine de la jeunesse, dont Lelewel était l'idole; mais ce

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BEMBO (PIERRE), noble Vénitien, né dans le XVIe siècle, eut l'insigne honneur d'étre secrétaire du célèbre Léon X, à qui l'Europe dut la renaissance des arts. Il passait alors pour un des meilleurs écrivains de l'époque; mais cette renommée ne paraît pas lui avoir longtemps survécu. On a de Bembo douze livres de l'histoire de Venise, des lettres politiques et familières, des poésies latines et un poème érotique intitulé les Azolins. Ses critiques lui reprochent d'avoir trop et trop mal latinisé sa langue maternelle. Ce sont cependant ceux qui au lieu de le nommer Bembo l'ont traduit en Bembus, sous lequel il est uniquement connu dans leurs écrits. Toutefois, il remarquent avec raison que Bembo avait tort d'écrire au pape: Fiez-vous aux dieux immortels dont vous êtes le vicaire sur la terre, et de donner le nom de déesse à la vierge Marie. Cet écrivain paraît avoir pris assez philosophiquement le ministère sacré dans lequel il s'était engagé, ainsi que la carrière des grandeurs ouvertes à sa position; car il écrivait à un de ses amis, en parlant des épîtres de saint Paul, de ne pas les lire de peur de gâter son style, et il dit à un autre : Laisse ces niaiseries, elles ne conviennent pas à un homme grave. Il eut aussi le dessein de refuser le cardinalat; il préférait en homme sage et éclairé la retraite et la culture des lettres à toutes les pompes mondaines. « Je ne donnerais pas, écrivait-il, la connaissance que j'ai des langues pour le marquisat de Mantoue. »> On sait qu'il était aussi versé dans la pratique de la lan

Nous reviendrons à l'article NOTATION sur l'emploi de ce signe, peu compréhensible pour quiconque ignore son origine.

Lorsqu'il y a nécessité de baisser une note d'un ton entier (ce qui arrive dans de certaines modulations où l'oreille, devant conserver la sensation du ton primitif, il n'est pas indifférent d'employer la note placée au degré inférieur), on emploie le signe redoublé qui se figure ainsi þþ et qui prend le nom de double bémol. E. FÉTIS.

gue grecque que dans celle de la langue latine, | intervalles qui les séparent étant occupés par Il avait écrit avec succès des poésies dans la les notes ayant entre elles la distance que l'on langue d'Homère, qu'il avait apprise pendant est convenu d'appeler un ton, on dut avoir retrois ans à l'école de Constantin-Lascaris, à cours, pour compléter le système de notre tonaMessine. Bembo avait composé son poëme les lité moderne, à des signes supplémentaires qui Azolins à l'âge de 26 ans, dans le château baissassent ou élevassent ces notes de l'interd'Azolo, pendant le temps qu'il passa avec son valle qu'on nomme demi-ton; tels sont le bépère à la cour du duc de Ferrare. Ce poëme, ou mol et le dièze. Les notes ainsi modifiées prirent plutôt ce recueil de discours, de conversations le nom du signe qui leur était joint, et l'on dit d'amour, eut une vogue prodigieuse. On reprocha ut bémol, ré bémol, etc., quoique l'intonation à cet ouvrage une grande licence, ce qui n'em- qui résulte de l'addition du bémol au signe pripêcha pas Bembo de le faire réimprimer depuis mitif en fasse un son entièrement nouveau et son élévation à la pourpre romaine. Scaliger cite que l'ut bémol ressemble aussi peu à l'ut naturel en effet les deux premiers vers d'une élégie la- | qu'au ré ou à toute autre note. tine de Bembo dont la licence ne peut être dissimulée. Mais en regard de cette pudeur littéraire de ses critiques, aucun ne lui reprocha alors de vivre, comme saint Augustin, en concubinage avec une belle femme, dont il eut deux fils et une fille, laquelle épousa un noble Vénitien de la famille de Gradenigo. Bembo était beau, bien fait, spirituel, savant, et fut secrétaire de Léon X et de Paul III, qui lui succéda. Il devait avoir naturellement tous les succès attachés à tant d'avantages et exciter les jalousies des témoins de sa fortune. Toutefois, la supériorité de sa position, à laquelle il préférait toujours l'étude et le commerce d'une vie privée, ne ferma jamais son âme aux sentiments de la famille. On les oublie souvent dans les grandeurs, où l'on finit par être son seul parent à soi-même. Il n'en fut | pas ainsi de Bembo à la mort de sa mère il écrivait à son père une lettre qui à elle seule suffirait pour l'immortaliser, tant pour la beauté du style que pour les regrets et les hommages qu'il consacre à la mémoire de sa mère et à la douleur de son père. Les mêmes sentiments se retrouvent encore et avec la même énergie dans d'autres lettres, où il déplore la mort de son frère, enlevé jeune et dans la force de l'âge et des talents à sa tendre amitié, tandis que le ciel laissait vivre cent ans ses deux aïeules. Dans une requête au magistrat de Venise, il implore sa protection en faveur d'une sœur chérie, dont un mari dépravé rendait la vie malheureuse. Le cardinal Bembo, honoré de l'estime et de l'affection des plus grands personnages de son temps, a laissé loin de lui, par ses qualités peut-être plus que par ses ouvrages, les critiques obscures et pédan-péens demeurent à Sécrole et dans d'autres lieux tesques dont il a été l'objet.

J. NORVINS.

BÉMOL. On appelle ainsi, dans le langage si incomplet et si peu rationnel de la musique, un signe ainsi figuré b, auquel on a donné la faculté de baisser d'un demi-ton, de l'aigu au grave, la note qu'il précède, Les lignes de la portée et les

BÉNARÈS, dans le Bengale, ville vénérée par les Indous qui la regardent comme assise sur la pointe du trident de Siva. Elle est construite en amphithéâtre sur un plateau granitique au bord du Gange. Ses maisons élevées et serrées les unes contre les autres, ses pagodes et ses chapelles, ses mosquées et ses palais, présentent un coup d'œil imposant. C'est un lieu tout saint; on y compte près de 7,000 brahmes et l'on y voit partout des pagodes et des oratoires. Des taureaux consacrés à Siva et des singes consacrés au dieu Hunimaux parcourent la ville; des nuées de fakirs, de mendiants, de lépreux y demandent l'aumône; 40,000 à 50,000 personnes y viennent en pèlerinage chaque année; des dévots y terminent leur vie en se jetant dans les eaux sacrées du Gange. Bénarès sert aussi de retraite à une foule de familles indoues et musulmanes, en partie très-riches. Les rues sont étroites et sombres. On remarque le Vidalaya ou collège indou, où 200 élèves sont instruits par 10 maîtres dans le sanscrit, les mathématiques, etc. La mosquée d'Aurengzeyb est le principal monument érigé par les anciens vainqueurs de l'Inde. Les Euro

d'alentour. Bénarès a de grandes maisons de commerce et des fabriques de châles, de brocarts et de soieries; les boutiques de joaillerie offrent les diamants tirés des mines de l'Inde. On a beaucoup exagéré la population de Bénarès, en la portant, avec Hamilton, à 632,000 âmes. On

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sait maintenant qu'elle n'atteint pas le chiffre les XII se retira après la bataille de Pultawa. de 200,000.

DEPPING.

BÉNÉDICITÉ. Comme ce mot n'est plus de notre siècle, qu'il n'était déjà plus de la dernière moitié du siècle dernier, il faut bien en faire connaître la signification à nos petites-maîtresses, à nos élégants, à nos riches parvenus, à

BENDAVID (LAZARE), philosophe et mathématicien, naquit de parents juifs, à Berlin, en 1762. Il fit lui-même son éducation. Après avoir gagné sa vie à polir le verre, il se rendit à l'université de Gættingue et étudia sous Lichtenberg | tant de gens, jeunes et vieux, qui l'ignorent. et Kæstner les mathématiques, avec tant de zèle, que ce dernier professeur donna le témoignage que Bendavid était capable de remplir toute chaire de mathématiques, excepté celle de Gœttingue, tant que lui-même vivrait. Il fit à Vienne des cours sur la philosophie critique que Kant venait de mettre en vogue. Des persécutions le forcèrent de revenir à Berlin où, par ses discours et par ses écrits, il n'a cessé de se rendre utile. Il se montra habile écrivain dans la rédac- | tion d'un journal qu'il publia pendant le séjour | des Français en Allemagne. Directeur de l'école libre des Israélites, il s'acquitta de ses fonctions avec le plus grand désintéressement et avec un zèle au-dessus de tout éloge. Il a publié une foule d'écrits philosophiques et un travail re-d'Occident, étendre ses ramifications dans l'Eumarquable sur le calendrier juif. Bendavid est mort en 1832. CONV. LEX. MOD. BENDEMANN (ÉDOUARD), né à Berlin le 3 décembre 1811, est regardé comme un des premiers peintres allemands. Fils d'un riche banquier, il put s'adonner librement à l'art pour l'art même et se mit sous la discipline de G. Schadou à Dusseldorf. A l'âge de 21 ans, après avoir visité l'Italie, il se produisit pour la première | fois en public et excita vivement l'attention par un tableau représentant les Juifs pleurant au bord de l'Euphrate, ouvrage qui a été repro- | duit plusieurs fois par la gravure en taille-douce et sur bois et par la lithographie. Ce début eut lieu à Berlin en 1832. L'année suivante Bendemann montra ses Deux Filles à la fontaine, produclion pleine de grâce et de naïveté. Le prophète Jérémie sur les ruines de Jérusalem compléta bientôt la réputation du jeune artiste et montra, | dans tout son développement, ce talent élevé et sévère. Les autres productions capitales de Bendemann sont : Les Moissonneurs (1836), et les Arts puisant à la source de la religion. Cet artiste est depuis 1858 professeur à l'Académie et membre du conseil académique à Dresde, et il est chargé de peindre dans le château royal de grandes fresques représentant des scènes tirée de la vie du roi Henri l'Oiseleur. V. H. BENDER, ville de la Russie d'Europe, capitale de la Bessarabie. Sa population actuelle est de 10,000 âmes. Elle appartient aux Russes depuis la paix de Boukarest en 1812. C'est là que Char

| Chez les Romains, tout chef de maison, en se
mettant à table, prenait une coupe pleine de vin,
en répandait quelques gouttes à terre ou dans
le foyer, et, par ces libations, rendait hommage
à la Divinité. Cet usage s'est conservé longtemps
en Provence, depuis l'établissement du christia-
nisme, mais seulement à la collation de la veille
de Noël. Le bénédicité a remplacé chez les chré-
tiens la libation quotidienne des païens; c'est
la prière qu'on adresse à Dieu avant le repas,
qui se terminait aussi par une prière d'actions
de grâces.
H. AUDIFFRet.
BÉNÉDICTINS. Ce fut vers le commencement
du vie siècle que naquit cet ordre célèbre, qui
devait attirer dans son sein tous les monastères

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rope entière, et, plus tard, jusque dans le nouveau monde. Benedict ou Benoît, son fondateur, après avoir parcouru quelque temps l'Italie avec une troupe de moines, se fixa en 529 sur le mont Cassin, en Campanie. Le monastère qu'il y construisit devint le chef-lieu de la grande société à laquelle il donna son nom; et dans le même temps, à quelques milles de là, sainte Scolastique, sa sœur, fondait, pour les personnes de son sexe, le monastère de Plombarcole, qui devait aussi servir de modèle à tous les couvents de bénédictines. La règle à laquelle les bénédictins furent astreints par leur fondateur était simple et édifiante. Elle n'ordonna ni macérations ni abstinence trop rigoureuses. Au lieu d'exposer l'imagination de ses adeptes aux écarts du mysticisme contemplatif, saint Benoît leur prescrivit, outre la prière, le travail des mains, l'étude et l'instruction de la jeunesse, sources de vertus, de charité et de bonheur. Il assujettit aussi les adeptes aux trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance. L'administration de chaque communauté et le soin de la discipline furent confiés à un abbé, ou père, élu dans le sein de la société par le libre suffrage des moines. Et c'était là une grande innovation, car jusqu'alors les associations religieuses avaient toujours été placées sous l'autorité et la protection de l'évêque diocésain. - Le pape saint Grégoire, prévoyant les services que le nouvel ordre pouvait rendre à la religion, lui accorda, en 595, la sanction apostolique, et lui permit d'avoir dans cha

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