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A M. AIMÉ VINGTRINIER

LA

TOURNÉE DU PETIT ARCHER

Marche dans ton sentier, une fleur à la main.

Alfred de VIGNY.

Quand avril rougit le pêcher,

Un petit espiègle d'archer,

Riant, sautant, se met en chasse.

Par les grands bois tout verts éclos,

Par la prairie et les enclos,
Libre et léger, partout il passe.

S'il voit « Chasse gardée! » inscrit,
Le petit moqueur, il en rit ;
L'enfant n'a pas peur des gendarmes.
Nargue des chiens et des verroux !
Que lui font les regards jaloux ;
Il se fait un jeu de nos larmes.

Cette poésie a mérité à M. Marius Grillet, professeur à l'Ecole Ozanam, à Lyon, une médaille d'argent que lui a décernée, pour le concours de poésie, la Société archéologique et littéraire de Béziers, dans sa séance du 22 mai 1879.

(Juillet 79).

Il est tout rose; il est tout blanc;
Son carquois d'or sonne à son flanc,
Rempli de flèches toutes neuves.
Mais depuis un long temps passé
Plus d'un cœur est encor blessé,
De ses traits conservant les preuves.

Les primevères, les lilas
Embaument chacun de ses pas;
Sur son front fleurissent les branches.
L'azur a des rayons dorés;
Les marguerites dans les près
Mettent leurs collerettes blanches.

Les petits oiseaux tout joyeux
Rossignolent à qui mieux mieux
Quelques charmantes amourettes.
Les blancs ramiers, les papillons,
Les fauvettes et les grillons
Viennent avec les violettes.

Comme éclate le bourgeon vert,
Le cœur aux baisers s'est ouvert :
Toute âme chante sa romance.
Le petit enjôleur d'Amour,
Ce printemps, fera plus d'un tour,
Car avril met tout en démence.

Sans savoir ce qu'il adviendra,
Le méchant va, par-ci par-là,
Lançant ses traits par les fenêtres.

L'arc se détend, la flèche part;

On crie. Hélas! Il est trop tard:

Des cœurs pris on n'est plus les maîtres.

N'allez plus dans le bois joli;
Ne chantez plus, doux bengali,
L'Amour vous guette, ô ma mignonne.....
Belle, vous ne m'écoutez pas;
L'enfant vous a blessée, hélas !
Et quand on aime on déraisonne.

Ne vous promenez plus le soir,
Rêveurs, n'allez plus vous asseoir
Sous les renaissantes charmilles.
Fuyez, colombes, par les cieux,
Fuyez, jeunes gens gracieux,
Fuyez, ô belles jeunes filles !

Aussi souple qu'un fin roseau,
Léger comme une aile d'oiseau,
Voici le messager céleste!
Le plus doux et le plus méchant,
Le plus petit et le plus grand,
Des dieux anciens le seul qui reste.

Dans les humbles petits logis,
Il entre: Bonjour, mes amis !
Tenez, voilà votre richesse.

L'amour est l'or des pauvres gens;
Les destins vous sont indulgents,
Prenez-en donc avec largesse.

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