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REVUE

NATIONALE

Paris. Imprimerie de P.-A. BOURDIER et Ce, 6, rue des Poitevins.

NATIONALE

ET ÉTRANGÈRE

POLITIQUE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE

TOME VINGTIÈME

Kliphi
theek
Hilger.

PARIS

AU BUREAU DE LA REVUE NATIONALE

28, QUAI DE L'ÉCOLE, 28

1865

Réserve de tous droits

JEANNE

I

Le vrai nom de Samla1 était Siegfried Loewenherz, c'est assez dire qu'il était d'origine allemande. Une vieille tradition conservée dans sa famille donnait à ce nom une origine à la fois illustre et douteuse que semblait confirmer le blason dont quelques ancêtres de Siegfried firent usage dans des circonstances publiques; ces armes étaient de gueules à trois léopards d'or chargés d'une barre des mêmes componée de six pièces alternant à l'écu. C'était là, en réalité, les armes parlantes d'une descendance illégitime mais directe qu'elles désignaient clairement. En effet, selon la légende, Richard Cœur de Lion à son retour de Palestine, jeté par la tempête à Aquilée, sur les côtes autrichiennes, enlevé près de Vienne par ordre de Léopold, duc d'Autriche, livré par celui-ci à l'empereur Henri VI sous la promesse d'une somme de soixante mille marcs d'argent qui ne furent jamais payés, enfermé à Mayence, à Worms, au château de Triefel, se lia, dans cette dernière prison, avec la fille d'un de ses gardiens, et en eut un fils qui, après que le roi Richard conduit à Haguenau en présence des états de l'Empire eut enfin recouvré sa liberté en échange d'une rançon de cent cinquante mille marcs, resta en Allemagne avec sa mère, et devint la souche de la famille des Loewenherz, dont le nom consacrait pour toujours la royale extraction. Quelque chose d'inquiet, de violent, de tumultueux, d'inassouvi, pour ainsi dire, agita toujours les membres de cette lignée issue d'un des hommes les plus impétueux et les plus rusés de l'histoire, jusqu'à Siegfried qui fut son dernier représentant. On eût dit que, pour toute cette race, le sang avait gardé l'indomptable chaleur qui poussait son aïeul aux combats de la Terre sainte, aux mons

1. Voir Vasilissa, dans la Revue du 10 janvier.

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