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D'ARTOIS ET DE PICARDIE

GÉNÉRALITÉ D'AMIENS

RECUEIL OFFICIEL DRESSÉ PAR LES ORDRES DE LOUIS XIV

1696-1710

PUBLIÉ D'APRÈS LES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHÈQUE IMPÉRIALE

ET SUIVI D'UN NOBILIAIRE DE FLANDRE ET D'ARTOIS

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PREFACE

La science héraldique faisait autrefois partie du cours d'éducation des jeunes gens, même des demoiselles. L'auteur de la Nouvelle Héloïse, voulant donner une juste idée de la brillante instruction de son héroïne et de la satisfaction que son père en avait éprouvée, faisait dire par Julie : « Au blason près, qui lui a paru négligé, il a été fort content de tous mes talents. >> Quels changements depuis que Jean-Jacques Rousseau écrivait ces lignes.

La loi du 28 mai 1858 sur les titres et les distinctions honorifiques a donné aux armoiries une vitalité nouvelle. Avant sa promulgation, on parlait encore quelquefois du blason par vanité, sans le connaître et au risque de tomber dans de grossières erreurs. Mais ce danger n'entraînait pas de grandes conséquences; puisque, aux yeux de la législation alors en vigueur, les armoiries n'étaient qu'une futilité, qu'un objet de luxe, dont elle ne reconnaissait pas l'existence officielle et qui pouvait tout au plus donner lieu à une revendication civile entre deux parties qui se disputaient la possession d'un écu héraldique comme celle d'un meuble.

Aujourd'hui les questions nobiliaires, depuis la loi de 1858 et le rétablissement du conseil du sceau des titres, ont acquis une importance réelle. Tout le monde s'en occupe, on les discute, mais peu de personnes se donnent la peine de les approfondir. Le blason surtout est une matière dont chacun croit qu'il est permis de parler, sans même connaître ses règles les plus élémentaires.

Dans un procès tristement célèbre, l'accusé, interrogé sur l'origine du titre de comte qu'il avait quelquefois porté, prétendit qu'il y avait droit, parce qu'il y avait une couronne de comte sur son écu. Il produisit à l'appui un dessin et une description de ses armes qui lui avaient été délivrés neuf ans auparavant, en 1855. Il faut être complétement étranger aux plus simples notions héraldiques pour croire que la couronne de comte placée sur l'écu implique le droit au titre lui-même.

Les journalistes, chargés de rendre compte des débats judiciaires, se laissèrent entraîner par leurs préventions contre la noblesse et par l'esprit de parti, qui leur fait oublier trop souvent les règles de l'équité et même de la bonne foi. Soit ignorance, soit aveuglement, ils dénaturèrent le caractère

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de la pièce produite, qui ne portait en tête aucun intitulé, en lui attribuant faussement pour titre ces mots : Diplôme de comte délivré, etc.

Celui qui avait remis cette copie ayant voulu réclamer et rétablir la vérité dans tout son jour, fut cité comme témoin'. Il protesta contre les assertions des journalistes et ceux-ci s'en vengèrent en dénaturant et tournant en ridicule sa déposition. Mais laissons là ces discussions pénibles pour ne nous occuper que du côté scientifique, du droit de timbrer un écu héraldique.

Ce serait une erreur grossière que de croire que le port d'armoiries ait jamais été la propriété exclusive des nobles. Dès les premiers temps où le blason commença à avoir des règles certaines, nous voyons que des roturiers possédaient des armoiries; mais ils n'avaient que l'écu proprement dit, et ne pouvaient le timbrer, c'est-à-dire placer au-dessus de lui des casques et des couronnes. Aussi, lorsque Charles V, par ses lettres patentes du 9 août 1371, conféra aux bourgeois de Paris quelques-uns des priviléges réservés à la noblesse, il y comprit celui de porter leurs armoiries timbrées. (Chérin, Abrégé chronologique, p. 20 et 21.) L'édit de Charles IX, du mois de janvier 1560, article 110, et celui de Henri III, du mois de mars 1585, défendirent expressément, sous peine d'amende, à toute personne non noble de timbrer ses armoiries. Ces prescriptions, il est vrai, ne furent point, dans la pratique, mises à exécution, et on trouverait difficilement un exemple de leur application. Les usurpations continuèrent de se propager d'une manière si flagrante, que, lors des États généraux de 1614, la noblesse, par le huitième paragraphe de ses cahiers de remontrances, demanda que défense fût faite aux non nobles de prendre la qualité d'écuyer et de timbrer leurs armes sous quelque prétexte que ce fût. Le roi Louis XIII, par son édit du mois de janvier 1634, renouvela les défenses portées contre ceux qui usurpaient le titre de noblesse, prenaient la qualité d'écuyer et timbraient leurs armoiries, à peine de deux mille livres d'amende. Cette fois encore la mesure resta sans effet, et le roi Louis XIV fut obligé de la décréter de nouveau dans sa déclaration contre les usurpateurs de noblesse du 26 février 1666.

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Il est à remarquer que dans toutes ces défenses, le port des armoiries timbrées est seul interdit; cela implique donc naturellement que les roturiers ou non nobles avaient le droit d'avoir des armes, pourvu qu'elles ne fussent pas timbrées. Si l'on en veut une dernière preuve, on n'a qu'à jeter un coup d'œil sur l'édit de Louis XIV du mois de novembre 1696, relatif à l'enregistrement des armoiries. Il y est dit formellement que les bourgeois

1 On lui objecta qu'il avait écrit au prévenu: Monsieur le comte, en tête d'une lettre dans laquelle il lui disait : Vous n'avez aucun droit à ce titre. Mais n'était-ce pas un simple devoir de politesse auquel obtempèrent les gens bien élevés; et la franchise de la lettre n'était-elle pas le blâme le plus amer de cette usurpation? Lorsque l'Annuaire de 1862 (page 270) annonça le mariage du prévenu, la date du 7 août, lui avait-il donné le moindre titre ?

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