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teur du cap Fréhel. Le lendemain, cette division, après avoir repoussé les canonnières gardes-côtes, s'était approchée de Saint-Quay, et se disposait à un débarquement, quand le général Valletaux, avec ses grenadiers et les habitants de la côte levés en masse, se porta rapidement sur les points menacés, et arrêta ainsi les projets que les agents nationaux Barbedienne et Pohaër, des districts de Port-Brieuc et de Pontrieux, présentaient comme concertés entre les chefs de bande et les suspects récemment sortis de prison (1).

Quoi qu'il en fût de leurs assertions, il est bien constant, si l'on rapproche ce fait des révélations récentes que le comité de salut public venait de transmettre à ses collègues dans l'Ouest,

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(1) Un arrêté du district de Pontrieux prescrivit, à ce sujet, l'appel en cette ville et la mise en surveillance provisoire de tous les gentilshommes récemment sortis de prison. Hoche, qui se rendit sur les lieux, nous apprend, par sa correspondance, que 400 chouans s'étaient portés au bruit du canon, pour favoriser le débarquement de l'ennemi; mais que la bonne contenance des troupes et l'empressement de certaines communes à se présenter armées de faulx et de fourches, pour soutenir les républicains, décidèrent la flotte anglaise à se retirer.

qu'il y eût eu incurie, aveuglement, à ne pas prendre, dès ce moment, toutes les mesures qui devaient garantir le pays des attaques de l'émigration.

Mais ceux-là qui viennent de se soumettre et de garantir de leur signature la paix du pays, se sont-ils franchement ralliés à la république, et doit-on compter qu'ils resteront désormais étrangers aux tentatives de l'Angleterre et des émigrés réunis à Jersey? Encore une fois, nous ne devons rien préjuger; mais voici ce qui se passa.

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Le 1. floréal (20 avril 1795), comme nous

l'avons dit, les actes de la pacification avaient été souscrits à la Mabilais. Une proclamation des représentants annonça cet heureux résultat, et les chefs de l'armée catholique et royale souscrivirent, de leur côté, une déclaration de soumission portant: Que les causes qui avaient donné naissance à la guerre de la Vendée ayant cesse....., ils se soumettaient à la république française une et indivisible, reconnaissaient ses lois, et ne porteraient jamais les armes contre elle (1).

(1) Cette déclaration est signée de : Cormatin, So

Cette pièce fut imprimée avec la proclamation des représentants, et elle en était, en quelque sorte, la confirmation. Mais, dès le lendemain, 2 floréal, les mêmes chefs de l'armée catholique, étant rentrés à leur quartier-général de la Prévalais, y rédigèrent une proclamation aux habitants des campagnes, dont les termes sur la paix à établir, sur les échanges qui ne devaient plus être faits que de gré à gré, sur l'attente d'un gouvernement stable, qui devait rendre le bonheur à la France, etc., etc., nous semblent empreints de réticences que les faits ultérieurs ne manqueront pas d'expliquer.

Je suivrai l'ordre des dates: c'est d'abord M. Louis de Frotté que les représentants ont autorisé à se rendre dans la Basse-Normandie, afin de préparer à la pacification les populations insurgées. Il écrit de Domfront, 2 floréal, aux représentants qui sont à Rennes, et il leur dit :

« Dix ou douze malheureuses victimes ont été assassinées depuis quinze jours. La terreur est répandue

lihac, Boishardy, Moulé de la Raitric, Busnel, Bellevue, Geslin, Gourlet, Guignard, Jarry, Terrien, Lefaivre, De Meaulne, De Silz aîné, L'Hermite, Lambert, Lantivy, De Nantois, Gaubert de la Nourais, Dufour.

dans les esprits faibles, et l'indignation dans les autres. Les buveurs de sang s'agitent en tous sens pour faire manquer les mesures sages que vous prenez afin de rendre la paix à la France. »

Et, à quelques jours de là, ayant eu connaissance des actes du 1." floréal et de leur ratification il ajoutait, dans une deuxième lettre signée de lui et de M. de la Roque aux administrateurs du district de Domfront, que c'était avec le plus grand étonnement qu'ils voyaient l'arrivée des nombreuses troupes annoncées de l'ar-. mée du Nord.- Ils terminaient en disant que si la présence de ces troupes avait pour objet la sûreté du pays, les administrateurs devaient s'empresser de les éloigner, pour rassurer les habitants, au lieu de les surcharger par de nouvelles réquisitions.

Mais continuons: j'ai sous les yeux une première lettre du vicomte de Scepeaux, général en chef des insurgés de la Mayenne et du Mans. Elle est adressée au commandant de la force armée de Ségré, et datée du 27 avril 1795 (8 floréal an III):

« La paix est enfin signée, dit-il, et il faut trouver les moyens de la consolider. Les réfugiés des campagnes en ville (ceux des patriotes qui n'avaient pu rester parmi les insurgés) désirent rentrer dans leurs foyers,

et leurs désirs me paraissent bien fondés. Cette réintégration dans leurs propriétés ne peut toutefois avoir de solidité auprès de nos soldats, que lorsque vos cantonnements auront évacué le pays. Cette opération terminée, je puis leur promettre sûreté et inviolabilité à leurs personnes et à leurs maisons, pourvu que ces réfugiés rentrent dans le pays sans armes.... »

Et, s'adressant dans le même sens aux administrateurs du district de Sablé, sous la date du 10 floréal, il faisait dire par le prêtre Pilard, porteur de sa dépêche : qu'il avait été doux pour lui de plaider la cause des malheureux qui demandaient à rentrer dans leurs demeures, et de leur accorder une grace qu'il sollicitait depuis long-temps.

Cependant, d'après ce que nous apprend Bancelin lui-même, récemment arrivé de Rennes avec les chefs insurgés qu'il avait accompagnés aux conférences de la Mabilais, ceux de ces chefs qui s'y sont trouvés sont mal accueillis, méconnus par leurs anciens compagnons d'armes, repoussés même; et, bien qu'il y ait, dans ceux qui les rejettent, bon nombre de chefs comme Coquereau, qui avaient accepté la pacification dans les réunions préliminaires dirigées par Le Bley et Bancelin, ce n'est que par des instances réitérées et par le concours de quelques prêtres,

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