DES HOMMES ILLUSTRES Traduites en François, avec des Remarques Nouvelle Edition, revue & corrigée. A PARIS, M. DCC. LXII. Avec Approbation & Privilege du Roi. G.n. 9.17.080 REGIA SERTORIUSCESSES IL n'eft peut-être pas fort furprenant, que dans le cours infini des fiecles, la Fortune étant toujours inconftante & indéterminée, le hazard ramene fouvent dans le monde les mêmes accidens. Car, foit que le nombre des événemens qui doivent arriver foit infini & fans bornes, la Fortune trouve dans la fécondité de la matiere une riche fource d'accidens tout pareils; foit que leur nombre foit déterminé & fixe, c'eft encore une néceffité que les mêmes cas arrivent fouvent, puifqu'ils font produits par les mêmes causes & par les mêmes combinaisons. Il y a des gens qui prennent plaifir à faire des recueils de tout ce qu'ils ont lu ou entendu dire de ces aventures que la Fortune a ramenées fur ce grand théâtre du monde, & qui font fi femblables, qu'elles paroiffent l'ouvrage de la raifon & de la providence. Par exemple, ils remarquent qu'il y a eu deux hommes de grande naiffance, l'un Syrien & l'autre d'Arcadie, a tous deux • Tous deux appellés Attis, & tous deux dévorés par un fanglier.) Dans les Achaïques de Paufanias on lit qu'un certain Attis, ou Attes, fils de Calaus de Phrygie, né hors d'état d'avoir des enTome VIII. A fans, alla en Lydie; que là il enfeigna les cérémonies & le culte de la mere des dieux, & qu'il fut fi aimé & fi honoré de cette déeffe, que Ju. piter indigné envoya en Lydie un monftrueux fanglier qui |