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DIDIER ET Cie, LIBRAIRES-EDITEURS

35, QUAI DES AUGUSTINS.

1857

Droit de traduction reserve.

BIBLIOTHLCA

REGIA

MONACENSIS.

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Le Gouvernement français fait donner aux puissances européennes des assurances pacifiques.- Raisons qui devaient déterminer la France à désirer la paix.-L'Europe elle-même avait intérêt à éviter la guerre.-La Grande-Bretagne, la première, reconnaît le Gouvernement français.-La Prusse et l'Autriche se montrent pleines de bienveillance.-Dispositions hostiles de l'empereur de Russie.- Motifs de cette hostilité.- Lettre de Louis-Philippe à l'empereur Nicolas, pour lui annoncer son avénement; réponse de Nicolas. -Le pape reconnaît le roi Louis-Philippe, et ordonne au clergé français de se soumettre. Le duc de Modène refuse de recevoir l'envoyé du Palais-Royal. -Projets de ce prince sur l'Italie; son alliance secrète avec les révolutionnaires italiens.-La France refuse à son tour de nouer des relations diplomatiques avec lui. Colères que la révolution française excite à la cour de Madrid.-Le roi Ferdinand VII protége les menées des royalistes français en Catalogne. Les libéraux espagnols réfugiés en France se préparent à rentrer en Espagne les armes à la main.-Frayeur de Ferdinand VII. — II accrédite un ambassadeur à Paris.- Les réfugiés échouent dans leur entreprise.-Le Gouvernement de Louis-Philippe est reconnu par toutes les puissances de l'Europe.

Comment allaient s'engager les rapports du Gouvernement de juillet avec les puissances de l'Europe? Grosse question, qui portait dans ses flancs la paix ou la guerre. Or, résolu à affronter la guerre si on lui en faisait une

T. II.

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nécessité, le Gouvernement français attachait, avec juste raison, un prix immense à la conservation de la paix.

Issue des entrailles mêmes de la nation, la dynastie nouvelle n'avait pas besoin de la guerre pour se faire accepter. D'ailleurs, le roi Louis-Philippe n'en était plus à faire ses preuves comme chef d'armée. Soldat de Jemmapes et de Valmy, il avait, dans sa jeunesse, noblement défendu de son épée le sol de la France. Il avait appris, sur le champ de bataille, ce qu'est et ce que coûte la guerre. Les pouvoirs nés de la ruse ou de la violence ont seuls intérêt à rechercher la guerre. Elle a pour eux le triple avantage de contenir la nation dont l'honneur est engagé avec ses armes, d'agir comme dérivatif sur l'opinion, de captiver l'armée. Mais ce sont là des ressources à l'usage de la tyrannie; et toute guerre qui aurait pu être évitée est un crime contre la nation et contre l'humanité.

Le Gouvernement français s'était donc empressé de donner à l'Europe des assurances pacifiques. Tel avait été le sens de ses premières communications aux membres du Corps diplomatique. A la condition qu'on reconnût le droit de la France de disposer d'elle-même, il promettait le respect des traités formant la base de l'ordre européen. Il ne faisait, en cela, que se conformer aux principes rigoureux du droit des gens. Il est de règle, en effet, et ici le bon sens est d'accord avec la règle, que les changements dans la forme ou dans les personnes des gouvernements ne détruisent pas les engagements internationaux. Une révolution n'est pas moins tenue, par la loi morale, d'exécuter les traités consentis par les gouvernements dont elle hérite, que de faire honneur à leurs dettes. Mais de quelques loyales intentions que fût animé

le roi des Français, la situation n'en était pas moins pleine d'incertitudes.

D'une part, le réveil de la révolution avait jeté l'épouvante chez les vieilles monarchies du nord de l'Europe. Les nationalités opprimées avaient tressailli; les trônes se sentaient menacés. Les rois n'avaient point oublié qu'une première fois déjà, ils n'étaient parvenus à refouler le débordement révolutionnaire qu'en abattant, on sait au prix de quels efforts, le drapeau tricolore. Allaient-ils tendre une main amie à Louis-Philippe, roi de par la révolution de nouveau maîtresse de la France et abrité sous les plis du drapeau tricolore ?

D'autre part, il y avait en France un parti peu nombreux, mais actif et bruyant, qui invoquait la guerre comme le couronnement obligé de la révolution. Suivant ce parti, le moment était venu de s'affranchir du joug des traités qui avaient consacré nos revers. Le peuple français, qui venait d'en déchirer un article, avait du même coup anéanti tous les autres. Par le seul fait de l'expulsion de Charles X et de sa race, la France avait jeté le gant aux puissances liguées contre elle à Waterloo. Il ne lui restait qu'à prendre au plus tôt l'offensive, en appelant comme auxiliaires contre les rois les peuples affamés de liberté. Ces idées de représailles et d'affranchissement des peuples, prônées avec chaleur et talent, séduisaient les jeunes imaginations. Elles avaient pour patrons un certain nombre des membres de l'ancienne opposition libérale. Après avoir fait retentir, pendant quinze années, la tribune de leurs doléances sur l'abaissement de la France devant l'étranger, et appelé la Restauration « une halte dans la boue1, » n'étaient-ils pas tenus

1 Ces paroles sont du général Lamarque.

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