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Manuscrit venu de Sainte-Hélène.

Voici, au reste, l'avertissement que l'éditeur anglais a mis en tête du manuscrit :

«

This work, which is equally distinguished by its spirit and its ingenuity, was given to the Publisher, with an assurance of its being brought from St. Helena, though an air of mystery was affectedly thrown round the mode of its

conveyance.

Whether it be really written by Buonaparte, or by some confidential friend, is a matter that must be left entirely to conjecture. It bears some resemblance to his style, more to is manner, and is altogether just what the ostensible Author, or and able apologist under his name, might be expected to say of his opinions, motives, and actions.

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L'INDUSTRIE

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DISCUSSIONS politiques, morales et philosophi ques, dans l'intérêt de tous les hommes livrés à des travaux utiles et indépendans; par H. SAINT-SIMON, tome 2 (vol. in-8°, de ·346 pages.)

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Nous avons rapporté dans notre précédent volume le prospectus de l'ouvrage de M, de Saint-Simon. L'auteur avait donné, dans ce prospectus, une idée générale de l'objet de son entreprise. Dans le volume qu'il vient de publier, cet objet est déterminé d'une manière plus précise. « Les hommes livrés à l'industrie, et dont la collection forme la société légitime, n'ont qu'un besoin, c'est la liberté; la liberté pour eux, c'est de n'être point gênés dans le travail de la production, c'est de n'être pas troublés dans la jouissance de ce qu'ils ont produit.

» L'homme est naturellement paresseux : un homme qui travaille n'est déterminé à vaincre sa paresse que par la nécessité de répondre à ses besoins, ou par le désir de se procurer des Cens. Europ. Toм. III.

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jouissances. Il ne travaille donc que dans la me sure de ses besoins et de ses désirs. Mais, dans l'état de société, les jouissances qui le sollicitent étant très-multipliées, et beaucoup plus nombreuses que ses facultés productives, il est forcé de donner une partie de ce qu'il peut produire en échange de certains produits qu'il n'obtient pas directement de son travail. Cette nécessité (qui s'est convertie pour lui en une source de richesses) est la seule qu'il reconnaisse, la seule à laquelle il consente de se soumettre ; c'est-à-dire l'homme industrieux, comme tel, n'est véritablement soumis qu'à une seule loi, celle de son intérêt.

que

» Mais il y a autour de la société, il circule dans son sein une foule d'honimes parasites qui, ayant les mêmes besoins et les mêmes désirs que les autres, n'ont pu surmonter comme eux la paresse naturelle à tous, et qui, ne produisant rien, consomment ou veulent consommer comme s'ils produisaient. Il est de force que ces gens-là vivent sur le travail d'autrui, soit qu'on leur donne, soit qu'ils prennent en un mot, il y a des fainéans, c'est-à-dire des voleurs.

» Les travailleurs sont donc exposés à se voir privés de la jouissance qui est le but de leur travail. De ce danger résulte pour eux un besoin

d'une espèce particulière, lequel donne lieu à un travail distinct des autres, celui qui a pour but d'empêcher la violence dont l'oisiveté me+ hace l'industrie.

» Aux yeux de l'industrie, un gouvernement n'est autre chose que l'entreprise de ce travail. La matière du gouvernement, c'est l'oisiveté ; dès que son action s'exerce hors de là, elle devient arbitraire, usurpatrice, et par conséquent tyrannique et ennemie de l'industrie ; il fait le mal que son but est d'empêcher. Puisqu'on tra vaille pour soi, on veut travailler à sa manière, Toute les fois qu'une action supérieure et étrangère à l'industrie se mêle à la sienne et prétend la gouverner, elle l'entrave et la décourage. L'action de l'industrie cesse dans la proportion exacte de la gène qu'elle éprouve (1); si les industrieux sont susceptibles d'être gouvernés, ce n'est pas en tant qu'industrieux.

» L'action du gouvernement étant jugée un service utile à la société, la société doit consentir

à payer ce service. Pendant que le navigateur les mers, il ne cultive pas

'parcourt

les champs;

(1) Si l'industrie a fait depuis l'affranchissement des communes de continuels progrès, c'est que l'action du gouvernement s'est de moins en moins exercée sur elle.

pendant que celui qui gouverne veille à la sûreté de ceux qui produisent, il ne produit pas. Mais le navigateur, aussi bien que celui qui gouverne, paient leur part de travail utile. L'un et l'autre méritent leur part dans les produits; celle du navigateur s'apprécie facilement par la concurrence; celle du gouvernement, que doit-elle être ?

» La solution de ce problême est sur toute chose ce qui intéresse l'industrie; car si elle ne fait pas les sacrifices nécessaires, le service languirá, et la sûreté dont elle a besoin ne sera pas complète. D'un autre côté, si, faute de données suffisantes pour apprécier la valeur du ̧service, elle le paie beaucoup plus qu'il ne devrait l'être, il en résulte pour elle un double inconvénient. D'abord elle retire à ses occupations productives une partie des capitaux dont elles ont besoin pour prospérer; et, de l'autre, elle donne au gouvernement un excès de force et d'action qui ne peut manquer de s'étendre jusqu'à elle, et de s'exercer à son détriment.

» L'industrie a besoin d'être gouvernée le moins possible, et pour cela il n'est qu'un moyen, c'est d'en venir à être gouvernée au meilleur marché possible.

» Qu'on cherche dans la société industrielle

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