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L'auteur, tout en exaltant l'esprit industriel et en condamnant l'esprit guerrier, c'est-à-dire l'esprit d'envahissement, sait rendre justice au courage avec lequel les Français, dans les premiers temps de la révolution, repoussèrent les ennemis qui venaient envahir le territoire.

« A l'approche des armées étrangères, dit-il, le Français fit entendre, sur tous les points de la France, le cri: Aux armes! aux armes!

Mais l'armée régulière était désorganisée; tout était dans le trouble et la confusion. Déjà plusieurs places fortes étaient au pouvoir de l'étranger; le nord et le midi étaient également menacés. Sans troupes, sans armes, sans munitions, sans argent, sans pain, la France semblait ne pouvoir échapper à la conquête..... Mais que ne peut l'exaltation d'un peuple naturellement courageux

!

» Au même instant, tous les ateliers, toutes les places publiques se transforment en arsenaux; le sol des souterrains se convertit en foudre; tout fer devient un glaive, tout Français est soldat, et huit cent mille guerriers semblent sortir tout armés de dessous terre.

Partagés en quatorze armées, par-tout ils font tête à l'ennemi, opposant au courage et à la discipline, le courage et l'enthousiasme; ils combattent et meurent en chantant.....

208 L'industrie ou discussions, etc..

Cette grande impulsion étant l'effet d'une passion, l'on vit régner alors, dans les armées françaises, ce désintéressement généreux qui excuse et anoblit jusqu'à l'erreur.

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Croyant combattre pour la patrie et pour la liberté, le Français bravait la mort et quittait la vie sans regret.

» D'infàmes délateurs traînaient-ils à l'échafaud un général victorieux? nul ne balançait à lui succéder, et pourtant nul alors n'osait être ambitieux.

» Ce dévouement, cet enthousiasme se manifestaient dans tous les combats des armées de et jusqu'au sein des flots qui engloutissaient le vaisseau le Vengeur (1) »

terre,

Que les temps sont changés!..... Pourquoi, plus tard, n'avons-nous pas trouvé en France le même dévouement? C'est qu'on ne s'y battait plus que pour soutenir un despote et gagner des cordons.

(1) Le 13 prairial (1794), le vaisseau français le Vengeur, après un combat sanglant contre une flotte anglaise, percé de toutes parts, aima mieux couler bas que de se rendre, et ses milles marins s'ensevelirent dans les flots, aux cris de vive la liberté! en présence de la flotte anglaise, forcée d'admirer tant de courage et de dévouement.

ACTES DE GOUVERNEMENT.

GOUVERNEMENT DE FRANCE.

De la loi de 1817, sur les finances.

DANS tout pays où il n'y a point d'esclaves, dans tout pays où le gouvernement ne peut exiger de services gratuits d'aucune classe d'individus, le despotisme ne peut s'exercer qu'au moyen des finances. Les hommes en possession de l'autorité, dans un tel pays, ont beau jouir d'une immense prérogative, ils ont beau cumuler tous les pouvoirs, s'ils n'ont pas en même temps celui de faire contribuer le public, tous les autres leur manquent par cela même, toute leur puis

sance se réduit à une vaine dénomination. C'est peu que d'avoir le droit de s'entourer de soldats, de commis, de prévôts, de gendarmes; il faut encore avoir celui de prendre dans les revenus Cens. Europ. Tóм. III. 14

des particuliers de quoi faire vivre tout ce mondelà; sans quoi le droit de s'en entourer serait certainement fort illusoire. Or, si le gouvernement ne peut puiser dans les revenus des particuliers que de leur consentement, s'il est obligé de solliciter de leur libéralité les fonds dont il a besoin pour exercer ses pouvoirs, il est manifeste que, malgré tous ces pouvoirs, il se trouve véritablement dans leur dépendance.

>> Le roi d'Angleterre, dit de Lolme, a bien, il est vrai, le droit de lever des armées et d'équiper des flottes, mais sans le concours de son peut parlement il ne peut les entretenir. Il donner des places et des dignités; mais sans son parlement il ne peut en payer les appointemens.

II peut déclarer la guerre ; mais sans son parlement il lui est impossible de la soutenir. En un mot, la puissance royale, quelque grandes que soient ses prérogatives, destituée, ainsi qu'elle l'est, du pouvoir des impositions, est un grand corps qui n'a point en soi le principe de son mouvement : c'est un vaisseau complétement équipé, si l'on veut, mais auquel le parlement peut, quand il veut, retirer les eaux et le mettre à comme aussi le remettre à flot en accordant des subsides. »

sec,

Un peuple qui jouit véritablement de la fa

tulté de voter ses impôts, et qui est doué d'assez de bon sens et de fermeté pour user convenablement de ce droit, a, par cela seul, le moyen de paralyser le despotisme le plus robuste, le moyen de détruire, jusqu'à la racine, tous les abus qui le font pâtir. Ce peuple trouve-t-il I que son gouvernement entretient un nombre désordonné de soldats? il a un moyen infaillible de le forcer à les licencier, c'est tout simplement de lui refuser les moyens de les nourrir. Trouvet-il qu'une institution quelconque est plus nuisible à son industrie qu'elle n'est utile à sa sûreté? il peut toujours, en définitive, obliger l'administration à la supprimer, en lui retirant les fonds qu'il lui accorde pour l'entretenir. En un mot, il n'est point un il n'est point un abus, pour si enraciné qu'on le suppose, qu'il ne puisse facilement extirper, à l'aide du seul droit de voter l'impôt, car il n'en est pas un qui ne soit entretenu avec les fonds qu'il octroie à son gouvernement, et qu'il est absolument maître de lui refuser.

» Nous voyons, dit encore de Lolme, que, depuis l'établissement de ce droit qu'ont les représentans du peuple anglais d'accorder ou de refuser des subsides à la couronne, leurs autres priviléges n'on fait que croître. Quoique origi nairement ils ne fussent admis dans le parlement

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