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Ces derniers n'ont absolument voulu consentir les au

à aucune des réformes et réductions que tres parlaient d'opérer sur les ministères d'état, le conseil d'état, les préfectures, les directions et administrations diverses, l'université, les cours royales, etc.-M. Dudon, ministre d'état, n'a pas pensé qu'il fût possible d'enlever leur traitement aux ministres d'état : « Ils ne reçoivent que 12 mille francs, a-t-il dit ; ce sont d'anciens serviteurs qui, pour la plupart,, n'ont pas d'autre ressource. Cependant ils iraient au-devant des sacrifices; ils seraient les premiers à vouloir renoncer à leurs appointemens; mais on leur a dit qu'ils étaient à la disposition du Roi, qu'ils étaient chargés des plus chers intérêts de l'état.»-M. Becquey, député-conseiller d'état, a soutenu que « supprimer le conseil d'état, ce serait porter une atteinte grave à la prérogative royale ; que le public a intérêt à ce qu'une autorité centrale surveille toutes les administrations, et qu'enfin il n'y avait jamais eu de monarchie sans conseil d'état. » Il a défendu aussi les préfectures et tout le système de l'administration concentrée dans les mains des ministres.-M. de Barante, conseiller d'état, a éloquemment défendu les mêmes institutions et les mêmes doctrines.M. de Saint-Cricq, député directeur des douanes,

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a pensé qu'on ne pourrait «< rien retrancher des 22 millions alloués aux douanes, sans priver le trésor d'une somme décuple de l'économie. » Il a trèsbien prouvé que d'autres directions, telles que celles des postes, des domaines, des droits réunis, étaient montées sur le pied le plus économique.-M. Pasquier, député-conseiller-ministresecrétaire d'état, a fait un pompeux éloge de Sully. Il a dit que le conseil du Roi se proposait de marcher sur les traces de ce grand ministre ; mais il a ajouté que des économies dans l'administration ne pouvaient s'opérer qu'avec lenteur; il a dit que le conseil d'état était de l'essence du gouvernement monarchique ; qu'il était composé d'anciens serviteurs qui avaient suivi le Roi dans son exil. Il a ajouté qu'il fallait attendre des temps plus convenables pour ordonner la réduction des cours royales et diminuer le nombre des tribunaux.-M. le baron de la Bouillerie, député-trésorier de la couronne, a démontré qu'il était impossible, dans les circonstances actuelles, de rien faire de mieux que le budget, et il en a voté en conséquence l'adoption. M. Lainé, ministre-député-secrétaire d'état, a regretté, en termes honorables, que les dépenses de son ministère se fussent accrues; mais il lui a été bien aisé de prouver la nécessité dec et accrois

sement. Il a établi, entre autres choses, qu'il était indispensable, pour l'établissement du crédit public, d'augmenter les dépenses des ministres du culte. Son raisonnement se réduisait à ceci : il n'y a point de crédit sans fidélité à ses engagemens, il n'y a pas de fidélité à ses engagemens sans religion, il n'y a pas de religion sans ininistres du culte, on n'aura de ministres du culte qu'en améliorant leur condition, on ne peut améliorer leur condition qu'en augmentant les dépenses qu'ils occasionnent: donc on ne peut avoir de crédit qu'en augmentant les dépenses du culte. M. Royer-Colard, députéprésident du conseil d'instruction publique, a prouvé la nécessité de conserver l'université, et par suite, celle de pourvoir à ses dépenses. « Cette institution, disait-il, qui ne le cède en importance et en dignité à aucune autre, a encore le' mérite d'être celle qui coûte le moins; l'appauvrir davantage serait l'anéantir.» Enfin, il n'y a pas une administration qui n'ait trouvé dans l'assemblée des députés-fonctionnaires publics pour la défendre contre les réformes que parlaient d'opérer sur toutes les administrations les députés de l'opposition ultra-royaliste.

Il serait beaucoup trop long de rappeler les efforts qu'ont fait, de leur côté, les membres de

cette opposition, pour s'opposer aux réductions qu'on proposait d'effectuer sur les budgets de la guerre et de la marine, auxquels ils prenaient un tendre intérêt. Des députés-lieutenans-généraux, maréchaux de camp, commissairesordonnateurs, chevaliers de Saint-Louis, offi→ ciers à la retraite ou en activité déguisée, etc., se sont obstinément refusé à toute diminution dans les dépenses de ces deux ministères. Ces nobles défenseurs des droits du peuple, ces hom→ mes qui faisaient un tableau si déchirant de sa détresse, ces éloquens apologistes de l'économie, aussitôt qu'il s'est agi d'économiser quelque chose sur les dépenses, ou seulement de prévenir les prodigalités des moins économes de tous les ministères, se sont montré les plus récalcitrans les plus intraitables de tous les hommes. Nous avons dit ce qu'ils avaient fait pour s'opposer à la centralisation et à la publicité des pensions. Ils ont opposé les plus vives résistances à l'économie de 16 millions proposée sur les dépenses de la guerre ; ils sont parvenus à la faire réduire à 4 millions; et lorsqu'il s'est agi de voter sur la réduction de 6 millions à opérer sur le budget de la marine, lorsqu'ils ont vu que la majorité des suffrages se réunissaient en faveur de cette économie, ils se sont presque mis en

256 De la loi de 1817 sur les finances.

insurrection pour l'empêcher : tandis que les uns sortaient de la salle, les autres se sont précipités à la tribune, en s'écriant avec force: Nous ne pouvons pas voter! nous ne sommes pas en nombre!

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C'est ainsi qu'une représentation formée d'hommes du Gouvernement a contrôlé et réglé les dépenses du Gouvernement. Trouverons-nous qu'ils ont répondu à notre confiance? qu'ils ont voté avec un grand désintéressement? que dans l'exercice de leurs fonctions de députés ils se sont bien détachés de leur qualité d'hommes en place? C'est à nous de voir et de juger : l'affaire nous regarde et elle nous importe si le gouvernement qui, depuis le dernier maire de village jusqu'aux sous-secrétaire d'Etat, dispose souverainement de tous ses fonctionnaires, peut encore disposer par eux de nos revenus; s'il peut nous faire représenter par eux, nous faire parler par leur organe, nous faire servir ainsi d'instrument contre nous-mêmes, et employer toute notre force à agir sur nous, nous demandons quel moyen il nous reste de nous défendre et ce que devient la liberté?...

D.....R.

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