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SUR

LA DESTRUCTION DES SANGLIERS,

ADRESSÉE à la Chambre des Pairs, par plusieurs communes de l'arrondissement de

Senlis.

29 janvier 1817.

Nous avons déjà fait observer qu'il existe dans les sociétés une certaine espèce d'hommes qui ayant conservé dans la vie civile les habitudes de la vie sauvage, ont toujours eu un grand mépris pour les occupations industrielles, et un grand respect pour tout ce qui tient aux occupations des peuples barbares (1). Lorsque nous avons fait cette observation, nous étions bien loin de penser que les faits se présenteraient en foule pour la con

firmer.

En 1814 on a dit : La noblesse ancienne reprend ses titres, la nouvelle conserve les siens, Peu de temps après une chambre d'introuvables a rempli toutes les administrations de gentilshommes, et au même instant les campagnes voisines des forêts ont été ravagées par des sangliers.

(1) Censeur Européen, tom. ier., pag. 10 et suiv. Cens. Europ. Toм. II,

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Si ce fait paraissait douteux, voici une pétition qui ferait disparaître les doutes.

« Les soussignés, habitans et propriétaires des communes de Beaurepaire, Verneuil, Fleurine, Villers-Saint-Francbourg, Ivillé, Pompoint, les bontés pa

par

Pont Ste.-Maxence, invités ternelles du Roi pour tous ses sujets, et persuadés que toute réclamation, fondée sur la justice, est accueillie favorablement de la chambre des pairs, s'adressent à elle avec confiance. Ce n'est point sur un abus sans conséquence, mais sur une calamité qui menace de leur enlever, avec leurs propriétés, tous leurs moyens d'existence, qu'ils appellent votre attention.

» Situées sur les bords et dans l'intérieur des forêts d'Alate et de Chantilly, ces communes voient leurs champs et jusqu'à leurs jardins en proie aux ravages d'une prodigieuse quantité de sangliers. Tous les efforts sont impuissans pour les écarter. Le découragement se répand partout. On se rappelle avec effroi, qu'il y a trente le pays était devenu inculte par la même cause. En 1789, on permit aux habitans de détruire eux-mêmes ces dangereux animaux, et quelques semaines suffirent pour en purger tout le territoire. Depuis huit ans environ ils ont reparu, et depuis trois ans sur-tout, ils multi

ans,

plient d'une manière effrayante. Cette année même, où la cherté du grain le rend si précieux, on a plus à souffrir encore de leurs dévastations: ils ont déjà détruit tous les seigles qui ont été semés. Les chasses du prince, à qui ces forêts sont réservées, n'y sont d'aucune utilité. Ceux-là seuls qui ont intérêt à lutter contre ce fléau peuvent le détruire. Déjà, à diverses époques, des pétitions ont été adressées aux autorités locales. Les unes sont demeurées sans effet; les autres ont été suivies de mesures insuffisantes.

» Dans cette triste situation, les communes pétitionnaires implorent la bienveillance de la chambre des pairs, pour obtenir, par leur entre mise, la permission de repousser elles-mêmescette dangereuse invasion. Elles pensent qu'il ap-i partient aux chambres de provoquer toutes les mesures nécessaires pour leur aşsurer, comme à tous les Français, l'inviolabilité des propriétés, garantie par la Charte, et plus encore par la justice

éclatante du Roi.

» Nous avons l'honneur d'être, avec un profond respect, etc. >>

(Suivent 146 signatures légalisées par les maires des communes pétitionnaires.): Cette pétition a été renvoyée aux ministres avec recommandation.

PÉTITION

SUR

LA DESTRUCTION DES LOUPS,

Adressée à la Chambre des Députés, par M. DESRIVIÈRES.

« DEPUIS vingt-sept ans, on a négligé de détruire les loups qui se sont tellement multipliés, qu'ils dévastent tout, dans le voisinage des forêts; dans les pays des bocages, ils mangent les chevaux, les poulains, les veaux de lait, les moutons et même les chiens, jusques dans nos cours; de sorte que, pour notre propre conservation et celle de nos bestiaux, nous sommes obligés d'avoir quantité de forts chiens qui consomment beaucoup de vivres, endommagent souvent nos récoltes, et contribuent à la cherté de toutes espèces de denrées, et à l'extrême pénurie que nous éprouvons maintenant, et qui n'existerait pas si on eût, depuis long-temps, mis à exécution mon projet pour la destruction des loups. >> Nos pays de bocages, où, avant la révolu

tion, nous faisions beaucoup de beaux et bons élèves en chevaux, maintenant ne nous produi sent que des rosses de la plus chétive espèce, et encore en très-petite quantité; parce que, pour empêcher qu'ils ne soient mangés par les loups, nous sommes obligés de les faire renfermer tous les soirs, et de les nourrir à la crèche en tout temps; ils nous coûtent plus à nourrir qu'ils ne valent quand ils sont parvenus à l'âge de servir, ce qui dégoûte les cultivateurs d'élever des chevaux, et de faire couvrir les jumens. La plupart même des cultivateurs font boucler les matrices de leurs jumens, pour qu'elles ne puissent se laisser couvrir par des étalons de rencontre; et souvent, quand une jument a mis bas, on délibère en famille si on élevera ou si on tuera le poulain.

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Depuis trente mois, les loups ont fait des ravages affreux dans différentes parties de la France; ils ont, dans un seul, jour, détruit entièrement des troupeaux nombreux de bêtes à laine, sans en laisser un seul vivant; ils ont même, en certains endroits, étranglé les chiens et les bergers qui les gardaient; il y en a eu d'enragés, tant dans le midi que, dans l'ouest de la France, qui ont dévoré les animaux de toutes espèces, ainsi que les hommes, les femmes et les

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