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Que si les loups étaient détruits, ils pourraient laisser parquer, pendant les nuits, leurs troupeaux dans les pièces qu'ils doivent ensemencer en grains, et ce parcage et ce parcage suffirait pour les engraisser mieux, et les faire plus rapporter que les engrais qu'ils y mettent. >>

Le second certificat signé des membres du collége électoral du département de l'Orne, est

conçu en ces termes :

« Les soussignés, membres du collége électoral de l'Orne, certifient et attestent à tous qu'il appartiendra, que l'énorme quantité de loups qui existent maintenant dans les forêts et bois de leur voisinage est telle, qu'on ne peut plus laisser coucher, pendant les nuits, dans les herbages clos, aucuns bestiaux, sans s'exposer à les voir dévorer par les loups; que les boeufs même ne peuvent rester pendant les nuits à paître dans les herbages, sans être gardés par des hommes et par de forts chiens; que malgré l'observation des précautions d'usage et la vigilance la plus assidue, les loups mangent ou étranglent une grande quantité de veaux, poulains, moutons et oies.

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Que les cultivateurs n'osant laisser, pendant les nuits, en aucune saison de l'année, dans leurs herbages clos, leurs jeunes bestiaux

et troupeaux de bêtes à laine, ils en éprouvent une perte immense, tant par la consommation de leurs fourrages, que par la perte des engrais qui tombent dans les chemins et sont perdus, tant en allant dans les herbages qu'en en re

venant.

» Que si les loups étaient détruits ils pourraient laisser parquer, pendant les nuits, leurs troupeaux dans les pièces qu'ils doivent ensemencer en grains, et ce parcage suffirait pour les engraisser mieux et les faire plus rapporter que les engrais qu'ils y mettent.

C'est pourquoi ils desirent ardemment que le projet de batuuc générale dans la portion du royaume enclavée entre la route de Paris à Orléans, la Loire, la mer et la Seine, présenté par M. Gérard des Rivières, soit mis à exécution avant l'hiver prochain, parce que c'est le meilleur moyen pour détruire spontanément les loups, sans qu'il puisse en résulter aucun danger ni inconvénient; et que l'exécution de ce projet est très-facile, et que si on ne détruit pas, avant l'hiver, une grande portion de loups qui ravagent nos contrées, on doit prévoir que, si pendant son cours il survient de fortes gelées et que la terre soit long-temps couverte de neige, l'existence même des voisins des forêts et bois sera en

grand danger d'être anéantie par ces voraces animaux (le plus grand fléau de l'agriculture.)

» Ils prient MM. les membres de la députation de l'Orne, qu'ils viennent d'élire, de vouloir bien prendre en considération leur réclamation, et de l'appuyer auprès de Son Excellence le ministre de l'intérieur. »

Il résulte du troisième certificat, signé du maire de la commune de Mesnil-Tove, canton de Juvigny, qu'un loup enragé, après avoir commis de grands ravages dans les communes environnantes, est entré dans la commune de Mesnil-Tove; qu'il y a mis en pièce une femme qui est expirée sur-le-champ; que dix autres personnes ont été mordues sur le nombre desquelles sept sont mortes de leurs blessures; que parmi les personnes qui ont péri, se trouvent cinq mères de famille, dont les enfans étaient presque tous en bas âge; que le même animal a fait périr des bœufs, des chevaux ou d'autres bêtes pour plus de 10,000 fr.

Le pétitionnaire n'a point obtenu ce qu'il demandait. M. Becquey a répondu, le 20 mars 1817, pour les ministres, qu'on ne permettait des battues que sur la demande des autorités administratives, et pour une commune rondissement, un département. Le pétitionnaire demandait une battue pour douze départemens.

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270 Pétition sur la destruction des loups, etc.

On exige donc, pour autoriser des citoyens, des cultivateurs à détruire les animaux qui menacent leur vie ou ravagent leurs propriétés, que les autorités administratives en fassent la demande. Mais qu'importe aux autorités administratives la destruction des loups et des sangliers? Qu'importe à un préfet que les habitans d'un village vivent dans la terreur, pourvu qu'il vive, lui, dans une profonde sécurité? Certes, il sait bien que ce n'est pas dans sa préfecture que les loups et les sangliers viendront l'attaquer. Et quel serait donc le refuge des habitans des campagnes, des cultivateurs, si les administrateurs se croyaient intéressés à multiplier les animaux malfaisans pour se donner le noble plaisir de la chasse. On nous assure que de braves gentilshommes, spécialement chargés de détruire les loups, achètent des louvetaux, crainte qu'on ne les détruise, et les lâchent dans les forêts, pour se procurer le plaisir de les chasser, quand ils seront devenus plus gros.

Les propriétaires n'ont qu'un moyen de faire cesser ces abus, si réellement ils existent; c'est d'envoyer à la chambre des députés, des hommes intéressés à s'y opposer. S'ils y envoient des marquis au lieu d'y envoyer des cultivateurs, ils ne devront se plaindre qu'à eux du mal qui en sera la suite.

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UN des plus grands malheurs des gouvernans est de ne pas savoir combien ils sont faibles quand l'opinion publique les abandonne. Tant qu'ils ont à distribuer des honneurs et des pensions, et qu'ils peuvent largement payer, aux dépens du public, les hommes qui les entourent, on leur répète de toutes parts que leur puissance est inébranlable, que tous leurs subordonnés, que les peuples mêmes qu'ils gouvernent, sont prêts à verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour les défendre. Mais les sueurs du peuple ne peuvent-elles plus remplir le trésor public et fournir aux largesses? aussitôt les louanges cesles applaudissemens se transforment en

sent,

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