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levant en même temps leurs sabres sur lui, La nourrice a conservé assez de présence d'esprit pour répondre que l'enfant n'était pas à lui, et cette réponse a empêché ces Messieurs d'exécuter leurs menaces.

Pendant la foule s'acheminait vers la caque serne, un grenadier de la garde nationale aperçoit deux officiers Vendéens; il marche à eux; les deux officiers se sauvent dans une maison voisine; leur adversaire les suit, et la porte se ferme sur eux. Bientôt on entend le cliquetis des sabres; le Lillois était entré sans armes; on tremblait pour ses jours, et l'on allait enfoncer la porte, lorsque tout à coup elle s'ouvre, et le Lillois en sort avec les armes de deux officiers Vendéens.

On était particulièrement irrité contre Messieurs Malet, et Charette, fils du fameux partisan de ce nom; on va leur proposer un cartel, leur laissant le choix des armes; ces Messieurs ré-. pondent qu'ils ne savent pas se battre.

Y.

Dernièrement, dans une commune des environs de Rheims, il avait été fait un vol de blé. La personne volée s'en va faire sa plainte au maire de la commune, le marquis de F... M. le marquis, en sa qualité d'officier de police judiciaire, se met à faire des perquisitions; et un individu lui étant désigné comme soupçonné d'avoir commis le vol, il se présente au domicile de cet individu, escorté de gendarmes. L'inculpé n'était point chez lui; mais son fils, âgé de quatorze ans, s'y trouvait, et le maire veut savoir de cet enfant si son père n'a pas commis le délit dont il recherche l'auteur. Il lui demande ce que son père a fait du blé qu'il a volé. L'enfant prétend ignorer que son père ait volé du blé. Le maire insiste. L'enfant persiste dans sa réponse. Le maire fait des menaces. L'enfant devient tremblant; mais il sévère : il ne sait ce qu'on lui demande. De quoi penserait-on que s'avise alors l'officier public? Qu'eût fait, dans les meilleurs temps, un familier du saint office, pour obtenir d'un homme accusé, l'aveu de quelque grand crime? Il n'eût, à coup

per

sûr, imaginé rien de semblable à ce que fait M. le marquis pour forcer un enfant innocent à accuser son père qu'il ne sait point, dit-il, être coupable. Il enferme l'adolescent sous un baquet, meuble destiné à la lessive; il charge cet étouffoir d'un fardeau assez lourd pour rendre vains les efforts que le petit malheureux pourrait faire pour se dégager, et il lui dit qu'on le laissera là jusqu'à ce qu'il ait parlé. La nuit arrive, et l'enfant n'avait encore fait aucune révélation. On le laisse dans sa prison. Le lendemain, le maire envoie pour savoir si l'enfant consent enfin à parler. On l'interroge; il ne répond point. On soulève l'étouffoir, et on le trouve haletant à peine, et prêt à rendre le dernier soupir. On appelle un officier de santé, on met l'enfant dans un lit chaud; mais il était trop tard le malheureux expire à la première impression de la chaleur.

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Un aussi cruel abus de pouvoir devait-il rester impuni? Cela paraît avoir été l'avis de beaucoup de monde. Les autorités du pays où le fait a eu lieu, n'ont pas cru qu'on dût donner suite à une affaire d'aussi peu d'importance. Le bruit de l'événement est venu jusqu'à Paris. M. le ministre de l'intérieur en a eu l'oreille frappée; il a averti le garde-des-sceaux. Celui-ci a ordonné

qu'on informât. Le procureur général a transmis ses ordres. Trois lettres consécutives, écrites à ce sujet par ce fonctionnaire, sont restées sans réponse. Le garde-des-sceaux a eu une conférence avec le procureur général. Un rapport a été fait à la chambre d'accusation, qui a évoqué l'affaire et ordonné l'instruction devant un de ses membres. Une commission rogatoire a été envoyée aux autorités locales; des informations ont eu lieu, et elles ont été faites avec un tel soin que le père de l'enfant n'a pas même été entendu. Les autorités locales ont rendu un témoignage éclatant des sentimens politiques et du zèle de M. le marquis. Elles ont pensé qu'on ne pourrait le punir sans décourager le zèle des fonctiontionnaires et sans enhardir le crime. Un arrêt de la chambre d'accusation est intervenu, et par cet arrêt, qui est du mois dernier, il a été décidé qu'il n'y avait pas lieu à poursuivre, faute de charges suffisantes.

M. le ministre de l'intérieur a pensé qu'il y avait des charges suffisantes pour enjoindre au préfet du département de destituer, sans délai, M. le marquis. Tout autre acte de justice était hors de ses attributions.

D...

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OUVRAGES

ET

ÉCRITS NOUVEAUX.

HISTOIRE DES DEUX CHAMBRES de Bonaparte depuis le 3 juin jusqu'au 7 juillet 1815, contenant le détail exact de leurs séances avec des observations sur les mesures proposées, et les opinions émises pendant la durée de la session; deuxième édition, revue et augmentée du projet de constitution de la chambre des représentans, et précédée de la liste des pairs et des députés; par F. T. D. (Un vol. in-8°. de 355 pages.)

La session de la chambre des représentans et de la chambre des pairs, qui a eu lieu pendant les cent jours du dernier règne de Bonaparte, est, sans contredit, la partie la plus curieuse et la plus intéressante de ce règne ; et l'écrivain qui a entrepris de nous en donner l'histoire, ou, pour parler plus exactement, qui a réuni en un seul volume les procès-verbaux de leurs séances, a pu se flatter que son ouvrage serait accueilli du pu

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