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blic, quel que fùt l'esprit dans lequel il l'eût composé.

Ces deux chambres avaient été formées sous le règne d'un homme qui a été déchu; elles ont été dissoutes par des hommes en puissance; leur historien est anonyme : voilà bien des raisons de croire qu'elles ont été traitées sans ménagement. L'esprit de l'auteur se montre dans l'épigraphe du livre. « Les imprécations qu'on faisait » contre cette assemblée usurpatrice, y est-il dit; la liberté que prirent les bourgeois dans » leurs familles de boire à la santé du Roi, con>> firmaient chacun dans l'opinion qu'on était à » la veille de voir cette révolution surprenante. » (Vie de Monk, pag. 136.)

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Dans la préface de son livre, l'auteur rappelle d'abord ce qui se passa au champ de mai; il observe que l'histoire ne manquera pas de caractériser cette dernière scène de nos révolutions; ensuite il ajoute qu'il restera à l'écrivain une autre tâche à remplir. « Ce sera, dit-il, de tracer le tableau de ces deux chambres sur lesquelles le tyran guerrier prétendit s'appuyer, et que sa chute a écrasées à leur tour; ce sera de peindre les efforts violens qu'elles firent pour se soutenir elles-mêmes, en cherchant à se placer sur de nouveaux fondemens, puisque celui sur

lequel elles reposaient venait de s'affaisser; instituées et convoquées par un usurpateur, elles ont voulu, quand cet usurpateur n'était plus, se maintenir à leur tour par l'usurpation.

« Elles ont voulu substituer à leur titre illégitime un titre plus illégal encore. Nommées au sein de la discorde et de la guerre civile par une minorité factieuse ou faible, elles ont prétendu donner des lois à la majorité du peuple qui les désavouait et les réprouvait. La constitution qui les `avait créées, ne leur avait attribué qu'une partie de la puissance législative; l'autre partie étant détruite, elles ont essayé de s'emparer de toute l'autorité. De simples législateurs qu'ils étaient, ces soi-disant représentans ont voulu être pouvoir constituant. Députés par une petite fraction du peuple, pour travailler, de concert avec la puissance exécutive, à la formation de la loi, ils se sont dits chargés par le peuple entier de la mission de le constituer de nouveau. Ils avaient juré la veille de maintenir la constitution qui les avait appelés ; et le lendemain, violant cette même constitution, ils ont travaillé à un nouveau code social. En un mot, ils n'étaient que les fauteurs et les soutiens d'un tyran, ils ont voulu être tyrans eux-mêmes.

» Comment, en effet, ces deux chambres

avaient-elles été formées ? De quels hommes Bonaparte avait-il composé sa chambre des pairs? Ceux des généraux qui avaient trahi le Roi, qui s'étaient armés contre la France et son gouvernenient légitime, qui avaient poussé l'armée à la révolte, et qui avaient levé l'étendard de la guerre civile ; ces parjures, ces traîtres figuraient en première ligne dans cette chambre. On y voyait ensuite ceux de l'ancien sénat, que Louis XVIII n'avait pu décemment créer pairs de France à cause de leur vote coupable; enfin, des hommes faibles ou ambitieux, ou partisans de Bonaparte, n'avaient pas craint d'être infidèles au Roi, ni de trahir leur serment, en acceptant, dans cette nouvelle chambre, une place qui était incompatible avec celle que Louis XVIII leur avait accordée sous son gouvernement. Tous ces hommes méritaient la confiance de l'usurpateur; mais la nation pouvait-elle compter sur leur zèle, sur leur intégrité pour la défense de ses droits? Non sans doute, et les événemens l'ont trop prouvé.

Nous avons rapporté ces passages uniquement pour faire connaître l'esprit et le style de l'écrivain. Nous examinerons plus tard si ces reproches sont bien ou mal fondés; et nous nous abstiendrons ici de toute réflexion, pour ne pas prévenir

le jugement de ceux qui liront cette histoire; elle nous semble mériter l'attention du public. Elle se vend à Paris, chez A. Egron, imprimeur de S. A. R. Mgr. le duc d'Angoulême, rue des Noyers, no. 37.

MÉMOIRE pour mademoiselle Sophie-Victoire - Reine de Beauvau - Tigni, contre le prétendu marquis de Beauvau- Tigni.-Ce mémoire de huit pages seulement, est fort curieux par les faits et par les reflexions qu'il renferme.

L'auteur, mademoiselle de Beauvau-Tigni, avait un frère qui mourut, dit-elle, en 1789. Dans la seconde guerre de la Vendée (en1799), un individu prit le nom de ce frère, et prétendit qu'une bûche avait été mise dans son cercueil. Pour se faire reconnaître, il provoqua une entrevue avec sa mère et sa sœur ; l'une et l'autre le méconnurent. Le frère prétendu n'insista point.

La guerre de la Vendée s'est rallumée en 1815; et le frère, vrai ou supposé, y a reparu avec son titre de marquis de Beauvau - Tigni. Il s'est présenté, le pistolet à la main, chez mademoiselle de Beauvau, qui s'est sauvée en sautant par la fenêtre. Il est revenu dans la nuit, a enfoncé les portes de l'appartement de celle qu'il appelait sa sœur, et l'a obligée de se réfugier chez un fer

mier. Il a ensuite commis des violences sur les domestiques et les ouvriers du château, s'amusant à les faire mettre en joue par sa bande, etc.

Mademoiselle de Beauvau a informé, dit-elle, M. d'Autichamp des tentatives de ce Vendéen. M. d'Autichamp n'a pas même daigné répondre. Aujourd'hui (c'est mademoiselle de Beauvau qui parle), l'aventurier dit hautement que mademoiselle de Beauvau a de grandes obligations à son humanité. Car je me suis, dit-il, abstenu de la pendre, quoique j'en eusse reçu l'autorisation de M. d'Autichamp. Ce misérable jette sur son chef tout l'odieux de son crime; ce chef le sait et il garde le silence! >>

Cependant le vrai ou faux marquis intente un procès à sa sœur prétendue, pour prendre part à la fortune de la famille. La soeur accourt au ministère de la guerre pour détromper le ministre : elle obtient une audience du marquis de la Fare, qui paraît indigné de l'effronterie des individus qui surprennent la religion des ministres, et qui lui promet sur tous les tons, une justice aussi prompte qu'éclatante. Le surlendemain elle revient au ministère; mais l'air du bureau était changé.

« On s'était, dit-elle', abouché avec certains chefs vendéens. On mit en avant les services

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