Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

de condamnation, qu'en obtenant sa réhabi-naire auprès du prince régent d'Angleterre. En litation, qui seule peut lui rendre une vie nou- juin 1812, il revint à Cadix, et en 1813, après le velle. A. TEULET. départ des Français, il se rendit à Madrid; mais INFANT, INFANTE. Si nous recherchons l'ori-la junte lui intima l'ordre de quitter la capitale, gine de ce titre d'honneur, dont ne se servent comme un des chefs du parti des serviles. Alors plus aujourd'hui que les Espagnols, et qui ap- Ferdinand VII l'appela auprès de lui, le nomma partient aux enfants puînés du roi, l'aîné de ses président du conseil de Castille et le traita avec fils portant chez eux le titre de prince des As- une faveur toute particulière. Après le rétablisturies, nous verrons, d'après une lettre de l'é- sement de la constitution, en 1820, le duc de vêque d'Oviedo, Pélage, qu'il était déjà usité dès l'Infantado résigna ses fonctions et se retira dans le règne de Vérémond II, c'est-à-dire en 999. sa terre, près de Madrid, d'où il fut exilé à MaTout le monde connaît la plaisante méprise de jorque. En 1823, il fut appelé à la présidence ce Français qui, écrivant à un prince royal es- de la régence instituée à Madrid par les Français pagnol, terminait sa lettre par ces mots : « J'ai | pendant la guerre; et au mois d'août, conjointebien l'honneur de baiser la main de votre infan-ment avec son collègue le prélat Victor Saez, il terie. » DICTIONNAIRE de la ConverSATION. remit, à Puerto-Santa-Maria, le gouvernement INFANTADO (duc DE L'), grand d'Espagne de au roi, qui le nomma membre du conseil d'État. 1re classe et d'une illustre famille, en faveur de Le duc conçut alors le plan de l'organisation laquelle le duché fut érigé en 1475, et affecté à des régiments des gardes, et il employa son une seigneurie de la Castille qui prit le nom de crédit à trouver la somme de 100,000 florins l'Infantado, parce qu'elle avait été jadis un apa- dont Ferdinand VII avait besoin pour faire, en nage des infants d'Espagne. Le dernier titulaire | 1824, le voyage d'Aranjuez. L'année suivante, il naquit en 1773, et fut élevé en France sous les remplaça M. Zéa ou Cean-Bermudez à la tête du yeux de sa mère, qui était une princesse de ministère. Il transforma la junte délibérative de Salm-Salm. Dans la guerre de 1793, il leva en son prédécesseur en un conseil d'État; mais ayant Catalogne un régiment à ses frais, et son aver- à lutter contre les intrigues incessantes du parti sion pour le favori du roi Charles IV (voy. apostolique, il ne put réaliser ses projets de réGODOï) lui valut l'intimité du prince des Asturies forme, et se vit obligé, en 1826, de rentrer dans (voy. FERDINAND VII); mais, en 1806, Godor la vie privée, après avoir fait à son pays l'abanobtint contre lui un ordre d'exil, ce qui le lia don de tous ses traitements. Il vécut depuis à encore d'une manière plus étroite avec le prince. Madrid en simple particulier, mais toujours séFerdinand le désigna, en 1807, pour le poste de vèrement surveillé ; on ne lui permit même pas, capitaine général de la Nouvelle-Castille, en cas en 1850, de partir pour l'Italie. Cependant, après de mort du roi son père. Impliqué dans le procès la mort de Ferdinand VII, il a quitté l'Espagne, de l'Escurial, le procureur général du roi de- et s'est rendu en France. Depuis ce moment, il manda la peine de mort contre le duc de l'In- n'a plus été parlé de lui, CONV, LEXICON. fant ado et contre Escoïquiz (voy.); mais les sentiments connus du peuple et l'intervention de l'ambassadeur de France, Beauharnais, empê-| chèrent que cette sentence ne fût en effet prononcée. En 1808, le duc de l'Infantado accompagna Ferdinand VII à Bayonne, signa, le 7 juillet 1808, la constitution que Napoléon avait préparée pour l'Espagne, et entra comme colonel dans les gardes du roi Joseph. Mais il se démit bientôt de ses places, et appela la nation aux armes contre la France. Napoléon le proscrivit comme traitre, le 12 novembre 1808. En 1809, placé à la tête d'un corps d'armée espagnol, il fut battu deux fois par le général Sébastiani, et ayant, malgré sa bravoure, perdu son commandement avec la confiance de la junte supérieure, il se retira à Séville. En 1811, les cortès le nommèrent président du conseil d'Espagne et des Indes et le chargèrent d'une mission extraordi- 1 phases diverses.

|

INFANTERIE, L'étymologie de ce mot est incertaine peut-être faut-il le rattacher au mot allemand Fahne, drapeau, ou à l'italien fante, valet, en sorte qu'il aurait signifié primitivement valetaille. De fante, qu'on retrouve dans l'allemand Fant, serait venu le mot français fantassin, que d'autres dérivent du celtique fan, marche, fantair ou fantais, marcheur.

Quoi qu'il en soit, on donne généralement, dans les armées modernes, le nom d'infanterie à la totalité des troupes destinées, dans toutes les circonstances de leur service, à combattre à pied. Les dragons, qui mettent quelquefois pied à terre pour entrer en ligne comme infanterie, ont toujours été considérés comme troupes à cheval.

L'infanterie, comme tout ce qui tient aux institutions humaines, a eu ses vicissitudes et ses

Les vélites composaient l'infanterie légère des Romains: ils n'avaient point de place fixe dans la légion, ils se répartissaient sur le front et les flancs de la ligne, et, avec leurs armes de jet, escarmouchaient à l'instar de nos tirailleurs.

Les Grecs donnèrent les premiers l'exemple de | armes défensives le casque, la cuirasse, le boul'organisation d'une troupe à pied triomphant clier, et une bottine pour couvrir la jambe qu'ils par son instruction et sa tactique, non-seule- mettaient en avant dans le combat; et pour ment d'une multitude armée et brave, mais en- armes offensives, le pilum ou javelot et l'épée core des attaques de la cavalerie. L'infanterie courte. Les hastaires avaient ordinairement deux grecque comprenait les psilites qui, armés à la javelots. Le pilum des tertiaires, plus long que légère et ne faisant usage que du javelot, de celui des hastaires, ressemblait à une demil'arc et de la fronde, étaient chargés d'engager pique. le combat et de poursuivre les fuyards; les oplites ou troupes pesamment armées, qui soutenaient le combat, véritable corps de bataille des armées et partie principale de la phalange (voy.): ceux-ci étaient armés de longues piques ou sarisses et de l'épée, et ils portaient, pour se garantir des coups de l'adversaire, le casque, la cuirasse, le bouclier ovale et des bottines garnies de fer; les peltastes, sorte d'infanterie mixte, moins lourde que les oplites, et qui tirait son nom d'un petit bouclier rond nommé pelta: ils marchaient en seconde ligne, après les oplites; ils devaient, pendant le combat, se porter | sur les ailes de l'ennemi et manœuvrer pour le tourner; ils ne portaient point de cuirasse; leur pique était moins longue que celle des oplites. La phalange grecque, dont le choc était si redoutable et la résistance presque invincible, formait un tout compacte qui se fractionnait très-gements que l'on fit subir à la légion, mais difficilement, ne se mouvait que lentement et ne pouvait agir qu'en plaine.

Les Romains donnèrent à leur infanterie une plus grande mobilité; elle se prêtait mieux aux mouvements de la tactique et surmontait facilement les obstacles du terrain. C'est avec leur infanterie que les Romains conquirent le monde

connu.

Tite-Live, livre VI, nous a laissé une description exacte de la manière de combattre de l'infanterie romaine, et l'on sait que la légion était dans une position critique quand l'affaire en | était aux tertiaires, expression devenue proverbiale.

Marius changea l'organisation de la légion (voy.): aux manipules isolés il substitua les cohortes, formées chacune de trois manipules, une de chaque ordre; il plaça en première ligne dix cohortes espacées entre elles, et dix cohortes en seconde ligne; il supprima la troisième ligne. Nous ne rappellerons pas ici tous les chan

nous ferons remarquer avec Montesquieu, que l'infanterie des légions levées en Europe valait mieux que celle des légions venant de l'Asie.

Les nations barbares qui envahirent l'empire romain n'avaient nulle notion de tactique ni d'organisation régulière; elles vainquirent par l'emploi des masses composées presque entièrement de combattants à pied ; la force de leur armée résidait dans l'infanterie : omne robur in pedite, dit Tacite, en parlant des peuples de la Germanie.

L'invasion des Barbares et l'établissement du système féodal fit perdre à l'infanterie son im

La phalange grecque présentait un front plein et hérissé de piques; l'infanterie de la légion romaine, au contraire, était rangée sur trois lignes espacées entre elles, et dans chaque ligne il y avait autant de vides que de pleins, et le plein d'une ligne couvrait le vide de celle qui précédait. Par cette disposition, si, dans un en-portance : la chevalerie et la gendarmerie bargagement, la première ligne était refoulée, elle passait dans les intervalles de la deuxième, et se ralliait derrière celle-ci; s'il fallait présenter à l'ennemi un front continu, les dernières lignes se portaient en avant et remplissaient les intervalles de la première. Les Romains mettaient en première ligne les hastaires par manipules ou carrés de 100 à 120 hommes, en seconde ligne les princes rangés comme les hastaires, et en troisième ligne ou en réserve, les tertiaires par manipules de 60 hommes seulement. Ces trois classes de soldats formaient donc l'infanterie de ligne ou de bataille des Romains; tous portaient pour

[ocr errors]

|

[ocr errors]

dées de fer devinrent la force principale des armées; l'infanterie composée de serfs et de manants (de là peut-être son nom, suivant l'étymologie indiquée en tête de cet article) ne joua plus qu'un rôle secondaire dans les batailles et on ne lui donnait que les noms les plus avilissants. Brantôme traite les gens de pied de marauds, bellistres, mal armez, mal complescionnez, fainéants, pilleurs et mangeurs de peuples : c'est qu'à cette époque l'infanterie se composait de bandes appelées cotereaux (voy.), tard-venus, bandits, soudoyers, malandrins, routiers, brabançons, aventuriers, chape

rons, etc., tous gens déterminés, se battant | brigades; le corps d'armée de plusieurs divibien, mais qui, en temps de paix, étaient pour | sions; et, par cette formation, une masse de 20 le pays un véritable fléau. Du Guesclin rendit un à 30,000 hommes d'infanterie obéit à l'impulsion service signalé à la France en rassemblant ces d'un seul chef avec la même précision qu'un babandes et en les conduisant en Espagne contre taillon, parce que les bataillons sont à la diviPierre le Cruel. Voy. COMPAGNIES (grandes). sion et au corps d'armée ce que les compagnies ou les pelotons sont au bataillon.

Charles VII entreprit le premier de mettre un peu d'ordre parmi ses troupes à pied ; il institua et prit à sa solde les compagnies d'archers (voy. ce mot et surtout FRANC-ARCHER), premier noyau régulier de l'infanterie française. Louis XI organisa les archers en bandes; François Ier, à l'instar des Romains, forma des légions, nommées régiments sous Charles IX. Mais déjà l'infanterie suisse était remarquable par sa formation en gros bataillons fraisés de piques et résistant aux attaques de la cavalerie, et lansquenets allemands (Landsknechte, valets des terres, ou peut-être Lanzenknechte, valets armés de lances), organisés par l'empereur Maximilien, passaient pour une bonne infanterie.

[ocr errors][merged small]

Depuis la reconstitution des armées, on a prétendu avoir, à l'instar des anciens, une infan| terie de ligne ou de bataille et une infanterie légère ou d'escarmouche; mais cette distinction introduite dans toutes les armées modernes est L'abolition du système féodal, la création des | plus nominale que réelle : des différences dans armées permanentes et l'adoption des armes à la coupe et la couleur de l'uniforme ne donnent feu contribuèrent à donner une nouvelle phy-point, quand l'armement est le même, une consionomie aux forces militaires modernes; l'institution et une manière d'être différentes ; cela fanterie, organisée en régiments de ligne et en est tellement vrai, qu'en campagne le service bataillons de chasseurs ou d'infanterie légère, des deux infanteries est identiquement le même. redevint l'âme des armées. Henri IV, Louis XIV, les grands capitaines de son siècle et Frédéric II montrèrent tout le parti que l'on pouvait tirer de cette infanterie si méprisée dans le moyen âge. Les guerres de la révolution et de l'empire vinrent jeter un nouvel éclat sur l'infanterie, et l'on peut dire d'elle maintenant qu'elle est véritablement la première de toutes les armes, la base et la force réelle des armées. Voy. ce mot et BATAILLE.

[ocr errors]
[ocr errors]

L'on fait dans ce moment, en France, par la création de bataillons de chasseurs armés de carabines à percussion et exercés au tir, de nouveaux essais pour tâcher d'avoir réellement une infanterie légère.

Quelques mots sur l'armement en général de l'infanterie des temps modernes. Les archers de Charles VII portaient la salade, espèce de casque sans crête, la jaque composée de vingt à trente vieilles toiles fortement battues et renfermées entre deux cuirs de cerf; ils étaient armés de l'épée, de l'arbalète ou de l'arc. Les bandes de Louis XI étaient composées de piquiers et d'arquebusiers; dans les légions de François Ier, il y avait un quart d'arquebusiers, un quart d'arbalétriers, et moitié de piquiers. La lourde arquebuse ne tarda pas à être remplacée par le mousquet plus portatif; et au commencement du règne de Louis XIV un bataillon se composait de mousquetaires et de piquiers dans le rapport de 2 à 1. Vers 1680, les compagnies de grenadiers (coy.) furent armées de fusils à silex et de baïonnettes à manches de bois que l'on enfonçait dans le canon du fusil lorsqu'on voulait aborder l'ennemi (voy. FUSIL et BATONLa réunion de deux à quatre bataillons sous NETTE). L'invention de la baïonnette à douille un même chef forme le régiment; la brigade se fit disparaître les piquiers des rangs de l'infancompose de deux régiments; la division de deux | terie, ils s'y étaient maintenus jusqu'au com

L'infanterie, dans sa formation actuelle, a pour unité de force ou de bataille le bataillon (voy.), composé en France de huit compagnies. La compagnie se fractionne en deux sections, la section en deux pelotons, le peloton en deux escouades. Le bataillon par ses sous-divisions acquiert une flexibilité et une mobilité qui permettent de le manier en toutes circonstances avec la plus grande facilité : rien de plus aisé que de passer en quelques instants de l'ordre en bataille à l'ordre en colonne, et vice versâ; de former le carré; de faire face dans toutes les directions, aussi bien déployé qu'en colonne ou serré en masse; en un mot, en tactique, un bataillon n'est qu'une unité, qu'un individu (si l'on peut s'exprimer ainsi).

mencement du XVIIIe siècle. Depuis cette époque, l'infanterie n'a plus eu pour armes défensives et offensives que le fusil à silex armé de | sa baïonnette. Les compagnies d'élite seules ont continué à porter le sabre avec lequel elles montaient à l'assaut, avant que l'on connût la baïonnette; aujourd'hui le sabre ou briquet de l'infanterie ne peut plus être considéré comme une arme, c'est un instrument, un outil à couper le bois, ou, suivant l'expression si vraie du soldat, un coupe-chou.

L'on s'occupe partout actuellement de substituer au fusil à silex le fusil à percussion, arme plus parfaite et d'un tir plus assuré. Ce changement entraînera de graves conséquences; les batailles deviendront plus meurtrières en exigeant de nouvelles combinaisons de tactique pour parer à de plus grands dangers. HAILlot. INFÉODATION. Voy. FÉODALITÉ.

INFERNALE (PIERRE), nitrate d'argent. Nom absurde donné par l'alchimie à des cylindres de quatre à cinq millimètres d'épaisseur, formés de nitrate d'argent que l'on a fait fondre à une douce chaleur, puis que l'on a coulés dans un moule appelé vulgairement lingotière. Ce nitrate d'argent paraît tellement avide d'humidité qu'il absorbe sur-le-champ celle contenue dans les organes sur lesquels on l'applique. Le desséchement occasionne une escarre qui désorganise complétement les chairs baveuses, sorties accidentellement de leurs limites naturelles et les fait disparaitre. C'est vraisemblablement à cette action caustique que l'on doit attribuer la désignation antique du nitrate d'argent. DR..Z.

INFEROBRANCHES. Nom proposé par Cuvier, pour une classe de mollusques gastéropodes, qui comprend les genres phyllidie et diphyllidie. INFILTRATION. Ce mot, dont la racine est facile à reconnaître (voy. FILTRE), désigne le passage, le plus souvent anormal, d'un liquide à travers des pores plus ou moins perméables. C'est ainsi qu'on dit que les eaux se sont infiltrées dans une cave, etc. En médecine, cette dénomination s'applique à l'issue des liquides à travers les parois de leurs vaisseaux, soit que leur densité ait diminué, soit que le tissu propre des conduits ait perdu de sa consistance. C'est en général dans le tissu cellulaire que s'infiltrent les liquides, et cela s'explique par la communication de toutes les aréoles entre elles. Aussi lorsque du sang, de la sérosité, du pus, de l'urine, s'épanchent dans une portion de cette trame des corps vivants, on les voit bientôt s'infiltrer de proche en proche et se montrer à des distances souvent très-considérables du point de départ.

|

L'infiltration de la sérosité constitue l'œdème ou l'anasarque (voy.); celle du sang, du pus, du lait, de l'urine, de la bile, etc., qui ont lieu souvent, sont d'autant plus sérieuses que le liquide sorti des voies naturelles jouit de propriétés plus irritantes. D'ordinaire, l'absorption s'empare, dans un délai plus ou moins court, du liquide infiltré, lorsque sa quantité ou sa qualité ne sont pas un obstacle. Dans ce dernier cas, un mouvement de décomposition qui s'y développe suscite bientôt une inflammation et une suppuration éliminatoires, dont les conséquences ne sont pas toujours favorables.

Le traitement des infiltrations consiste dans les moyens propres à en provoquer l'absorption toutes les fois qu'elle peut avoir lieu sans inconvénient, et, dans le cas contraire, à ouvrir par l'instrument tranchant une voie facile aux liquides, dont la stagnation prolongée deviendrait une cause de désordre dans l'économie. RATIER.

INFINI. (Philosophie.) L'infini est ce qui n'a point de borne (finis) et n'en saurait avoir. L'infini n'est pas un fait. Il n'est rien dans le domaine de la sensation et de l'empirisme qui nous le puisse révéler. De toutes parts, au contraire, le fini (ce qui est limité) nous entoure, et nos sens ne nous attestent rien qui n'en porte les caractères. Les faits sur lesquels l'induction se repose étant tous dans la sphère du fini, il nous est impossible d'en déduire légitimement la notion de l'infini.

Ce ne sont ni l'espace ni l'étendue qui pourront nous en rendre raison. Nous pouvons bien, il est vrai, ajouter un objet étendu à un autre, répéter cette opération de manière à nous représenter une série sans terme; toutefois nous n'ar¬ riverons point à l'infini, mais seulement à l'indéfini, qui en diffère essentiellement. En effet, l'indéfini commence; car une série, quoiqu'on la suppose sans terme, a toujours son point de départ; l'infini ne commence pas. L'indéfini se circonscrit dans le phénomène; l'infini se place en dehors. La notion de l'étendue ne peut donc pas engendrer la notion de l'infini, qui ne peut pas non plus nous être fournie par la notion de l'espace; car l'espace, c'est l'infini introduit dans l'étendue. On peut multiplier l'étendue à volonté, mais on n'en constituera pas plus l'espace, que l'on ne pourra en constituer l'infini. Les notions d'espace et d'étendue étant toujours essentiellement différentes, on ne peut les conclure l'une de l'autre. Quoique la notion de l'infini puisse se conclure de la notion de l'espace, celle-ci présuppose la notion de l'infini; elle l'implique nécessairement. Il serait même plus

conséquent de conclure l'espace de l'infini, que l'infini de l'espace; mais, en dernière analyse, induire l'infini de l'espace, c'est induire l'infini de l'infini : c'est une pétition de principes; c'est ne rien prouver.

[merged small][ocr errors]

L'école moderne s'est partagée entre deux systèmes, le matérialisme et le spiritualisme, doctrines dont elle a puisé les principes dans celles de ses devanciers. En tête des matérialistes parut dans le dernier siècle le célèbre Hobbes. Le philosophe anglais consacra sa profonde dialectique à soutenir qu'il existe une substance unique, infinie, tout à fait matérielle et intelligente que la pensée et le mouvement sont inséparables de la matière, que Dieu est le tout, et le tout Dieu; en dernière analyse, qu'un Dieu matière, ou le monde Dieu, est le grand tout infini. La doctrine spiritualiste reconnaît que la matière n'est composée que d'éléments propres à construire les mondes; que la pensée, la puis

Puisque tout ce qui nous entoure est fini, l'idée de l'infini ne peut avoir sa cause première dans la perception de nos sens. A quelle source l'homme l'a-t-il donc puisée? N'est-ce qu'une forme de notre manière de sentir, ou est-ce une idée positive et innée? Prise en dehors de la sphère du monde matériel, inséparable de notre conception même, l'idée de l'infini est un fait primitif ou une loi de la pensée humaine. C'est grâce à l'infinité de son principe intelligent, que l'homme a pu puiser dans sa conscience la pensée de l'infini. L'infini se révèle à l'humanité par la raison qui est la faculté, non de l'aperce-sance organisatrice ne sont les attributs que voir, mais d'en concevoir l'existence nécessaire. Il y a nécessairement un principe de toutes choses, une cause première qui a créé la matière élémentaire de tous les corps, qui a donné la vie et le mouvement à tout ce qui vit et se meut; principe nécessairement un, sans limites, sans commencement et sans fin. Ce principe, c'est l'infini. Ainsi a pensé l'humanité entière. Mais ce concert de la pensée humaine, de la raison, a été bientôt interrompu, quand on a voulu pénétrer dans l'essence de cette cause première. L'orgueil philosophique, qui avait décidé cette recherche, s'irrita contre les obstacles imprévus qui se présentèrent à sa rencontre.

|

d'un être infini, libre, indépendant, agissant par sa propre volonté, remplissant l'espace et le temps, non pas comme les corps, mais comme une essence immatérielle. L'être ainsi défini, c'est Dieu de ce principe intelligent, la matière inerte, passive de sa nature, reçoit l'organisation, la pensée et l'activité. LE ROY DE CH.

INFINI. (Mathém.) C'est une considération indispensable en mathématiques, pour parvenir à généraliser et comparer les quantités. Les équations et les inéquations supposent donc la définition préalable de l'infini ; par conséquent c'est faire un cercle vicieux, c'est prendre l'effet pour la cause que d'employer les valeurs particulières données par les solutions de certaines équations pour faire concevoir l'idée de l'infini, idée élémentaire qui existe par elle-même comme zéro et l'unité, et dont voici la définition mathématique : L'infini est l'expression adoptée pour désigner la limite vers laquelle une quantité tend à arriver par augmenta

Sans tenir compte de l'impossibilité de renfermer dans les limites de la pensée ce qui ne peut avoir de bornes, on voulut n'écouter que la raison, et au nom de la raison on soutint les opinions les plus extravagantes et les plus contradictoires. Pour nous en convaincre, ne citons, parmi les écoles de l'antiquité, que l'écoletions successives; cette limite qui se conçoit ionienne. L'infini n'est qu'un mélange de toutes sans qu'on puisse l'assigner a été représentée choses, où tous les éléments sont confondus, et en mathématiques par le signe ∞, DUB... la création ne s'est opérée que par la séparation INFINITÉSIMAL. (Mathématiques,) Le caldes contraires et la réunion des homogènes. | cul infinitésimal n'est autre chose que le calTantôt l'infini est un être actif, intelligent, tan- cul différentiel et le calcul intégral traités par tôt c'est un principe matériel; c'est une unité la méthode des accroissements infiniment petits, immortelle, quoiqu'il existe plusieurs dieux et non par la méthode des limites, ou par toute dont quelques-uns naissent et meurent. Enfin autre méthode. La quantité infinitésimale, pour expliquer ces définitions contradictoires, c'est une quantité infiniment petite; il y a pluAnaximandre avoue n'avoir choisi ce principe sieurs ordres de quantités infiniment petites, de toutes choses, que pour ne pas laisser sans comme on distingue aussi plusieurs ordres de explication la naissance de toutes choses. quantité infiniment grandes ou infinies. Enfin on ne doit pas confondre une quantité infinie avec une quantité indéfinie. Ne confondons pas indéfini avec infini: une ligne indéfinie est celle que

D'autres philosophes de l'antiquité, dont la doctrine est plus positive, ont défini l'infini la matière elle-même, par la raison que si l'infini

« PreviousContinue »