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été pendant plusieurs siècles ravagé par les Tar- | pour traiter de la paix. Pendant les négociations, tares, il est devenu presque désert. BOUILLET. la guerre continua avec des résultats divers; KHOSROU, mot persan qu'Hérodote a écrit, | mais enfin, après plusieurs années de dissenen le grécisant, Cyrus, et Zonare, Chosroès; il | sions, on parvint à s'entendre, et Justinien signifie soleil, selon Ctésias. C'est le nom de plu- | signa, l'an 562, le traité le plus honteux. sieurs souverains de la Perse. Un article spécial ayant été consacré aux Khosrou ou Cyrus (voy.) | de l'ancienne monarchie, nous n'avons plus à nous occuper ici que des Khosrou ou Chosroès qui ont occupé le trône depuis le rétablissement de l'empire des Perses.

Khosrou profita de la tranquillité dont il jouissait du côté des frontières romaines pour soumettre le littoral de l'Arabie et chasser les Éthiopiens de l'Yémen, tandis que Justin II, successeur de Justinien, faisait, de son côté, tous ses préparatifs, dans la prévision de la rupture de la paix. Ce fut à son instigation que les Turcs envahirent la Perse, donnant ainsi le signal du renouvellement des hostilités. La guerre éclata en 571. Les Persans essuyèrent d'abord une défaite complète; mais ils prirent bientôt leur revanche. Tandis que Bahram, le plus fameux de ses généraux, pénétrait en Arménie, et la remettait sous le joug, Khosrou lui-même envahit l'empire, prit un grand nombre de villes, désola plusieurs provinces et conclut, en 574, moyennant un présent de 45,000 pièces d'or, une trève d'une année. Quand ce temps fut expiré, il rentra en Mésopotamie; mais la promesse d'un tribut annuel le décida à accorder une nouvelle trêve de trois ans, qu'il rompit cependant bientôt. Battu en 577, dans les plaines de Mélitène, par Justinien, général de l'empereur Tibère II, il fut obligé de prendre honteusement la fuite. Khosrou mourut dans un âge avancé, l'an 579, laissant la réputation d'un prince ferme et éclairé, zélé protecteur de l'agriculture et grand ami des sciences. C'est, dit-on, sous son règne qu'on a inventé le jeu des échecs (voy.). Il eut pour successeur son fils Hormisdas IV, qui fut détrôné l'an 590, et à la place duquel fut proclamé roi Khosrou II, fils de ce dernier.

Le plus célèbre est KHOSROU Ier, surnommé Nouchirvan ou Anouchirvân, c'est-à-dire âme généreuse, 21e roi de Perse, de la race des Sassanides (voy. ce nom). Tandis que les écrivains chrétiens nous le peignent comme un prince fier, dur, cruel, imprudent, mais courageux, les Orientaux le représentent comme doué de tous les talents et de toutes les vertus. Son père, Kobad ou Cabades, l'ayant choisi pour son successeur, au préjudice de ses deux fils aînés, il en résulta des troubles qui forcèrent Khosrou à prêter l'oreille aux propositions de paix de Justinien. Un traité fut conclu, en 533, deux ans après son avénement au trône; les Romains s'engagèrent à lui payer 11,000 livres d'or et à lui rendre toutes leurs conquêtes dans l'Arménie persane. Tranquille du côté de l'empire, Khosrou, après avoir rétabli la discipline dans ses armées, l'ordre dans ses finances et la paix dans ses provinces, tourna ses armes contre l'Inde et s'empara du Kaboul, ainsi que de plusieurs autres États de l'Asie centrale. Sa puissance était arrivée au plus haut point de splendeur, lorsque les instances de Vitigès, roi des Ostrogoths, et des Arméniens occidentaux le décidèrent à rompre la paix qu'il avait signée avec Justinien. L'an 540, il entra sur le territoire de l'empire romain, dévasta la Mésopotamie et la Syrie, et brûla Antioche, qui avait répondu par des insultes à ses sommations. L'empereur fut encore obligé de s'humilier et d'acheter la retraite de l'armée persane. L'année suivante, Khosrou envahit la Colchide, avec l'intention de se créer une marine dans la mer Noire, et, sans se laisser détourner de son projet par l'infructueuse diversion de Bélisaire (voy.), il en chassa les Romains. Moins heureux en 542, il fut forcé d'abandonner la Syrie, qu'il avait envahie. Bientôt après, les Lazes, menacés d'être transportés dans l'intérieur de la Perse, passèrent de nouveau du côté des Romains, et les aidèrent à reconquérir la Colchide. Ces revers, joints à la révolte de son fils Nouchizad, décidèrent Khosrou à envoyer une ambassade à Constantinople | Martin.

KHOSROU II, surnommé Parwiz ou Abzwiz, c'est-à-dire le Généreux, ne resta pas longtemps tranquille possesseur d'une couronne qu'on l'accusait, quoique sans raison, d'avoir ensanglantée par le meurtre de son père. L'approche du satrape Bahram, à la tête de l'armée révoltée, l'obligea à fuir de Clésiphon et à chercher, à travers toutes sortes de périls, un asile sur le territoire romain. L'empereur Maurice l'accueillit avec bonté et le replaça sur son trône, service que Khosrou voulut payer de la restitution de toutes les conquêtes faites sur l'empire par Bahram. La paix, cimentée par la reconnaissance, régna donc entre les deux États jusqu'à la révolution horrible qui plaça le roi

Voir l'article de la Biographie universelle, rédigé par Saint

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trouva d'autre moyen de s'en débarrasser que de le faire assassiner, l'an 232. Son petit-fils, KHOSROU II, rentra en Arménie l'an 286 et fut rétabli sur le trone en 316, par l'empereur Constantin. Il fallait une main puissante pour tenir les rênes d'un État déchiré par la guerre civile et sans cesse menacé par l'étranger. Malheureusement, ce prince n'avait ni courage ni talent, et il ne songeait qu'à ses plaisirs, tandis que l'ennemi ravageait ses provinces. Tovine (Arminia), qui devint depuis la capitale de l'Arménie, lui doit sa naissance. Il mourut en 325, après un règne de 9 ans. Alors l'Arménie subit diverses révolutions jusqu'au partage de 387. Ce fut KHOSROU III qui la réunit de nouveau sous ses lois. Quelques actes d'autorité qui semblaient annoncer le dessein de se rendre indépendant ayant mécontenté le roi de Perse, il fut pris et enfermé dans une forteresse, d'où, au bout de 20 ans, il lui fut permis de sortir pour remonter sur son trône. Mais il mourut moins d'un an après son retour dans ses États, et les Persans mirent fin à la dynastie des Arsacides.

Phocas sur le trône de Constantinople. Khosrou | le vainqueur de l'empereur Valérien, qui ne jura de venger son bienfaiteur, qu'il appelait toujours du nom de père. Une armée formidable envahit l'empire, ravagea l'Arménie, la Cappadoce et la Paphlagonie, et défit les Romains en plusieurs rencontres. Héraclius, successeur de Phocas, demanda vainement la paix, en offrant de payer un tribut annuel. Pour toute réponse, Khosrou envoya dans la Palestine une armée plus considérable encore que les précédentes. Jérusalem fut prise, les églises furent brûlées, les vases sacrés enlevés, les clercs massacrés et tous les chrétiens faits prisonniers vendus aux juifs. L'année suivante, les Persans entrèrent en Égypte, s'emparèrent d'Alexandrie et parcoururent en vainqueurs la Cyrénaïque, tandis qu'un autre corps assiégeait Chalcédoine. Dans cette position désespérée, Héraclius conçut le hardi projet de porter le théâtre de la guerre dans la Perse même, et plusieurs victoires justifièrent son audace. Une campagne d'hiver délivra l'Arménie. Béraclius entra dans l'Atropatène (Adzerbaïdjan) et fit, de 622 à 627, plusieurs campagnes glorieuses contre les Persans. Ses éclatants succès forcèrent Khosrou à s'enfuir dans la Susiane, mais sans abattre son indomptable courage. Ce fut en vain qu'Héraclius, qui marcha sur sa capitale Ctésiphon et remporta une victoire signalée sur les bords du Zab, lui offrit la paix; Khosrou la rejeta avec mépris, et il se disposait à tenter de nouveau la fortune avec une armée composée d'esclaves, d'eunuques et de valets, lorsque la révolte de son fils ainé Kobad KHOUZISTAN. Susiane et pays voisins, proChirouieh (le Siroès des Grecs), qu'il avait dés- vince de la Perse occidentale, entre le Kourhérité en faveur de son cadet Merdan-Schab, vint distan au N., l'Irak-Adjémi au N. E., le Fars à lui arracher la couronne et le jeter dans une l'E., le golfe Persique au S., l'eyalet de Bagdad prison, où il fut massacré, après avoir vu égor- à l'O., s'étend entre 30o et 34° lat. N. et entre ger ses 18 fils sous ses yeux, en 628. Khosrou 44o et 48o long. E.: 400 kil. sur 310; 900,000 était un prince orgueilleux que le goût de la habitants (Kourdes et Loures). Chef-lieu, Choumagnificence entraîna dans des dépenses énor- ster. Villes principales: Dizfoul, Khorremabad. mes, et, par suite, dans des exactions qui prépa- Le Khouzistan se compose de trois régions prinrèrent sa fin tragique. Quelques historiens pré- cipales: le Khouzistan propre (l'ancienne Sutendent qu'il était très-versé dans la philosophiesiane), le Louristan (Elymaïde), et le territoire et qu'il connaissait parfaitement les ouvrages d'Ahouaz (pays des Uxiens). C'était jadis la prod'Aristote. vince la plus riche et la plus peuplée de la Perse; aujourd'hui elle est presque déserte. BOUILLET.

A côté de ces puissants souverains de la dynastie des Sassanides, c'est à peine si l'histoire daigne s'occuper des Khosrou Arsacides, qui ont certainement joué un rôle moins brillant. Un d'entre eux cependant ne fut pas sans mérite: nous voulons parler de KHOSROU Ier, roi d'Arménie, qui monta sur le trône l'an 198. Il devait posséder des talents militaires pour résister pendant 30 ans à toutes les attaques d'Ardeschir ou Artaxercès et de son fils Chahpour ou Sapor Ier,

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Deux sultans de la dynastie des Gaznévides ont aussi porté le nom de Khosrou. Ce furent : KHOSROU-SCHAH, mort en 1160, prince juste et de mœurs exemplaires; et KHOSROU-MELIK, Son fils, 17e et dernier sultan de la dynastie des Sebektekinides. Fait prisonnier par une odieuse trahison, il fut enfermé dans une forteresse et mis à mort, après un règne de 26 ans. E. HAAG.

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On ne connaît pas la première origine de Kief. Vers la fin du IXe siècle, elle remplaça Novgorod, comme capitale des Varèghes (voy.), et le pays d'alentour fut appelé Russie (voy. ce nom). Le christianisme y jeta bientôt ses premières racines. Un évêché y fut fondé en 1035. A cette époque, Kief était une ville très-florissante; mais des fléaux de toute espèce ne tardèrent pas à la ravager. Au XIIe siècle, un incendie la réduisit en cendres, et la guerre civile y porta la désolation. Depuis, la ville de Vladimir, enrichie de ses dépouilles, finit même par lui enlever l'honneur d'être la capitale de l'empire. En 1204, Kief fut prise d'assaut par les Poloftses et saccagée. Elle commençait à peine à se relever de ses ruines, lorsque le 6 décembre 1240, elle tomba au pouvoir des Mongols. Puis les Lithuaniens succédèrent à ces derniers; mais jusqu'en 1741, année où ils y établirent un voïvode de leur nation, elle fut gouvernée par ses princes particuliers. En 1569, elle devint le chef-lieu d'un palatinat polonais; en 1667, elle fut cédée aux czars de Russie par le traité d'Androussof (voy.); et par celui de Íavorof, en 1686, cette cession devint définitive. Voir l'ouvrage cité, p. 449-454. E. HAAG.

Kief se divise en trois quartiers séparés : le | en 1838, 259 étudiants et 63 professeurs ou emvieux Kief ou la ville haute, au nord; le Pet- ployés; mais en 1839, des motifs politiques ont chersk ou la citadelle, au sud ; et le Podol ou la fait suspendre les cours de cette université. Voir, ville basse, qui s'étend dans la plaine, entre les pour la description plus détaillée de la ville, deux hauteurs occupées par la ville haute et par | Schnitzler, La Russie, la Pologne et la Finla citadelle. Ces trois quartiers sont chacun en- | lande, p. 454-458. tourés d'un rempart, au delà duquel sont les faubourgs. Un quatrième quartier, appelé la ville de Saint-Vladimir, y a été ajouté par Catherine II. La principale curiosité que l'on remarque dans la ville haute, c'est la cathédrale de Sainte-Sophie dont la construction remonte à l'an 1037, et qui fut inaugurée par Théopempt, le premier métropolitain russe. Cette église, construite en briques et surmontée d'une seule coupole, est l'objet d'une profonde vénération de la part des Russes. Dans le quartier de la citadelle, on visite le fameux monastère appelé Kiévo-Pétcherskaïa lavra, le plus ancien et le plus riche de toute la Russie. Ce couvent, dont la fondation date de l'an 1055, occupe, avec les églises et les bâtiments qui en dépendent, un terrain de 550 sagènes ( de plus de 6 pieds) de circonférence. Son trésor (riznitsa) est fameux. Ce fut dans une de ses celJules que Nestor (voy.) écrivit sa chronique. On y voit encore les deux vastes souterrains qui servaient de retraite aux premiers anachorètes établis en cet endroit. Les nombreux corps de ces saints, parfaitement conservés, sont exposés à la dévotion des fidèles et des pèlerins que ces reliques attirent en foule à Kief. Parmi les monuments que l'on remarque dans la ville basse, nous citerons la Bourse et l'Académie ecclésias- | tique. La Bourse, ou la Maison des Contrats, est un vaste bâtiment, orné d'un péristyle, qui s'é- | lève au milieu d'une grande place. L'Académie est établie dans un bel édifice contigu au couvent dit Bratskii. Fondée en 1588, cette école ne s'est élevée au rang d'académie qu'en 1652, par les soins de l'archevêque orthodoxe de Kief, Pierre Mohila. Sa bibliothèque, qui était trèsriche, a été en grande partie détruite par un incendie; mais une nouvelle bibliothèque s'est formée depuis. On trouve à Kief environ trente églises (sans compter celles des couvents), dont 1 catholique et 1 luthérienne; neuf couvents; une maison d'enfants trouvés; plusieurs hospices, un gymnase. La ville se compose de 5,728 maisons, la plupart en bois; sa population est de plus de 26,000 àmes. Ses rues sont tortueuses et étroites. En novembre 1833, l'empereur Ni-Cao-Tsoung-Chan-Hoang-Ti. C'est à ce monarcolas y fonda une université séculière en remplacement de celle de Vilna, et lui donna le nom d'université de Saint-Vladimir. On y comptait,

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KIEL, Chilonium, ville murée du royaume de Danemark, chef-lieu du Holstein, sur la mer Baltique, par 7° 48' long. E., 54° 10′ lat. N.; 10,200 habitants. Port très fréquenté. Université fondée en 1665 par le duc Christian-Albert, bibliothèque, observatoire, cabinet d'histoire naturelle, etc. Chapeaux, amidon, tabac, raffinerie de sucre, chantiers de construction. Commerce considérable. Foire dite Change de Kiel, qui se tient annuellement les trois jours de la fète des Rois. Le 14 janvier 1814 fut conclu à Kiel entre la Suède et le Danemark un traité par lequel le Danemark, jusqu'alors allié de Napoléon, entra dans la coalition formée contre la France. BOUILLET.

KIEN-LONG ou plutôt KHIAN-LOUNG, empereur de la Chine, mort le 7 février 1799, à l'àge de 87 ans passés. Le nom sous lequel il sera inscrit dans les fastes historiques de l'empire est

que, qui cultivait les lettres, que Voltaire adressa, comme il l'avait fait à Boileau et comme il le fit depuis à Horace, une de ses plus philosophiques

épîtres. Quatrième empereur de la dynastie des
Tatars-Mandchous (dynastie Tai-Tsing), Kien-
Long succéda à son père Chi-Soung (plus connu
sous le nom de Young-Tching. En 1735, il monta
sur le plus grand trône de l'univers; il l'occupa
glorieusement et longtemps. Comme son con-
temporain Frédéric le Grand, il avait été tenu
loin des affaires, et, pour occuper les loisirs pro-
longés d'un esprit actif, il s'était livré à la cul-
ture des lettres. Ce prince ne tarda pas non plus
à se montrer digne de la couronne qu'il recevait
à 26 ans, en signalant son avénement par des
actes de clémence : il rendit la liberté, et même
leurs dignités, aux princes de la famille de
Khang-Hi (le Camhi des missionnaires), que la
politique de Chi-Soung avait cru devoir tenir en
prison. Ce fut par suite de son désir de concorde
et de paix, et pour prévenir les troubles san-
glants qui avaient jadis déchiré le Japon, qu'il fit
poursuivre par les tribunaux, mais sans cruauté,
les jésuites missionnaires, tolérés précédemment
à cause des lumières qu'ils apportaient, mais de-
venus fort suspects d'ambition, et dont la pro-
pagande mettait la division dans les familles, en
même temps qu'elle avait pour objet de détruire
la religion de l'État.
Une guerre, qu'en 1755
lui suscitèrent les Olets, d'abord assez fâcheuse,
puis couronnée par le succès, mit au pouvoir de
Kien-Long de vastes contrées, qu'il rendit tri-
butaires de la Chine. Ce fut au général chinois
Tchao-Hoei qu'il fut redevable de la victoire il
s'en montra reconnaissant, et combla de toute
sorte de témoignages de haute estime cet illustre
capitaine, auquel il décerna, en avril 1760, les
honneurs solennels d'un véritable triomphe.
On sait que les empereurs chinois, jaloux d'en-
courager l'agriculture en l'honorant, tracent eux- |
mêmes des sillons à la charrue dans une céré-
monie publique ce fut en 1767 que l'empereur
la célébra avec le plus d'éclat. Sans doute, quel-
ques guerres et plusieurs événements dignes de
mémoire eurent lieu vers cette époque; mais,
comme on n'écrit l'histoire des monarques chi- |
nois qu'assez longtemps après leur mort, nous
ne connaissons que ce qui, de loin en loin, et
plus ou moins imparfaitement, a été recueilli
par les Européens. Toutefois, on sait qu'en 1768
Kien-Long fit la guerre aux peuples d'Awa.
Deux ans après, la gloire et la douceur du règne
de ce prince déterminèrent plusieurs populations
voisines de ses États à solliciter le bonheur d'en
faire partie cette pacifique conquête lui valut
80,000 familles d'Olets, de Pourouts et de Tour-
gôts, qui vinrent, la plupart lasses de la domi-
nation moscovite, obtenir l'avantage de faire

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partie de l'empire. Ce qui est moins honorable
pour la mémoire de Kien-Long, c'est la défaite,
terminée par de nombreux supplices, des Miao-
Tseu, qui, hommes, femmes et enfants, firent la
plus héroïque et la plus malheureuse résistance,
obstinés qu'ils étaient à conserver une indépen-
dance que semblaient si bien protéger les pré-
cipices, les montagnes, la pauvreté et la plus
énergique résolution. Il fallut céder et périr.
C'est une tache pour la vie de Kien-Long, qui
ne l'effaça pas assurément par le poëme Mand-
chou qu'il composa à cette occasion contre «< ces
rebelles brigands que, par un favorable succès,
ses armées avaient rapidement exterminés. »>
Des chagrins, qu'en Europe ont eût attribués à
la vengeance du ciel, furent en quelque sorte la
punition de la cruauté du monarque : il perdit
en 1777 sa mère presque nonagénaire, son fils
aîné âgé de 40 ans, et Chou-Hede, ministre chef
de ses conseils, tous trois chers à son cœur, et
qu'il regretta vivement. - Plus tard, en 1780,
on le soupçonna d'avoir fait périr par le poison
le second des lamas du Tibet, qu'il avait appelé
à Ji-Ho dans la Tâtarie chinoise. Après un
règne de 60 années, aussi long par conséquent .
que celui de son aïeul Khang-Hi, il termina (le
8 février 1796) par l'abdication une carrière pu-
blique honorée par de grandes actions, presque
toutes recommandables par des travaux d'utilité
générale, tels que le règlement du cours du
fleuve Jaune, si redoutable dans ses ravages, et
par la publication de plusieurs ouvrages tant
historiques que littéraires, parmi lesquels le plus
connu en Europe est le poëme intitulé: Éloge
de la ville de Moukden. Les productions du
monarque chinois ne composent pas moins de
24 volumes, sans compter une foule de vastes
compilations, dont il dirigeait l'édition, devant
produire 300 tomes environ. - Kien-Long sur-
vécut à son abdication trois années, qui ne furent
pas sans utilité, ni pour son fils, ni pour l'em-
pire chinois. Quoique inférieur en hautes quali-
tés à Khang-Hi, ce prince fut toutefois remar-
quable par son esprit élevé, sa générosité, son
activité infatigable, sa fermeté et sa droiture. Il
mérita ces vers qu'on lit en tête du premier vol.
in-fol. des Mémoires sur les Chinois:

-

Occupé sans relâche à tous les soins divers
D'un gouvernement qu'on admire,
Le plus grand potentat qui soit dans l'univers
Est le meilleur lettré qui soit dans son empire.

Kien-Long eut pour successeur son fils KiaKin, qui mourut en 1820, après un règne de 24 ans. Au mois de septembre de la même année,

le trône fut occupé par Tao-Kouang, aujourd'hui régnant, qui est âgé de 56 ans, et qui, en mandchou, a pour titre honorifique des années de son règne, Doroï-Eldenghe, c'est-à-dire éclat de la raison. Le titre de Kien-Long, dans la même langue, n'était ni moins significatif, ni moins brillant : c'était Abkaï Wekhiyekhe, que l'on traduit par protection céleste. Ainsi, on peut croire que si Dieu protége la France, il ne protégeait pas moins les Chinois, du moins sous le règne de Kien-Long.

M. L. DU BOIS.

près de Dublin en Irlande. Elle y est associée au triphane, avec lequel elle a quelque analogie d'aspect. DR..Z.

KIND (JEAN-FRÉDÉRIC), un des meilleurs conteurs allemands, est né à Leipzig, le 4 mars 1768. Son père, Jean-Chrétien Kind, est connu dans le monde savant pour avoir traduit, le premier, en langue allemande, les Vies de Plutarque. Le jeune Kind étudia le droit dans sa ville natale et, après avoir terminé ses études, en 1792, il se rendit à Dresde, où il exerça l'état d'avocat; mais, en 1814, il renonça au barreau, pour se consacrer exclusivement à la littérature. Déjà, en 1793, il avait publié ses opuscules juvėniles, sous le titre de Rêveries de Lenardo (2 vol.); en 1800, il commença à se créer une réputation par ses vers et ses contes, et en 1815, le duc de Saxe-Gotha lui conféra le titre de conseiller.

Sans être d'une haute portée, le talent de M. Kind est incontestable. Il amuse, il intéresse comme narrateur, parce qu'il peint le monde naïvement et avec de vives couleurs; il se fait aimer par sa bonhomie. Ses vers sont purs et faciles. En 1801, parut sa nouvelle intitulée Carlo; en 1802, il publia ses Tableaux drama

KILMAINE (CH. Jos.), général au service de la république française, né en 1754 à Dublin, d'une famille noble, quitta de bonne heure sa patrie, suivit en Amérique les généraux Byron et la Fayette; et, de retour en France après le traité de 1785, il se trouvait capitaine dans le régiment de Lauzun-hussards au commencement de la révolution. Son attachement aux nouvelles opinions politiques lui valut un avancement rapide employé comme général de brigade aux armées des Ardennes et du Nord, il se distingua à la bataille de Jemmapes, puis passa dans la Vendée; et après y avoir donné de nouvelles preuves de bravoure et de zèle, qui toutefois ne le mirent point à l'abri de quelques persécutions, il servit à l'armée d'Italie sous Bonaparte. Lorstiques; de 1802 à 1804, Natalie, en 3 vol.; en du projet d'une invasion de l'Irlande, il fut mandé à Paris pour en concerter le plan, et on le nomma général en chef de l'armée d'Angle- | terre. L'expédition projetée n'eut pas lieu, et Kilmaine, qui avait ensuite occupé alternati- | vement un commandement dans l'intérieur, puis dans l'armée d'Helvétie, où il fut remplacé par Masséna, mourut à Paris en 1799. ENC. MOD. KILO. (Mathématiques.) Ce mot dérive de zidiov, mille. Il sert à designer mille unités d'une mesure quelconque. Dans le système métrique français, kilo sert à composer le nom des mesures formées de la réunion de mille unités d'une mesure plus petite. Ainsi kilogramme signifie | mille grammes; kilomètres, mille mètres, etc. On dit souvent par abréviation kilo pour kilogramme.

DUB...

KILLINITE OU KILLÉNITE. Substance minérale d'un vert pâle, mêlé de brun ou de jaune, ayant un éclat vitreux, une structure lamelleuse, donnant par le clivage un prisme quadrangulaire d'environ 135. Elle est fusible au chalumeau. Sa pesanteur spécifique est 2,70. Elle est composée, d'après le docteur Barker: de silice, 52,49; alumine, 24,50; potasse, 5,00; oxyde de fer, 2,49; oxyde de manganèse, 0,75; eau, 5,00; chaux et magnésie, 0,50. On la trouve dans des veines de granit qui traversent le micaschiste, à Killiney,

1805, Le château d'Aklam, poëme dramatique, Makaria Atalante et Cassandre: ce dernier roman est fait en commun avec Auguste Lafontaine; en 1805, La vie et l'amour de Ryno et de sa sœur Minona (2 vol.). Nous citerons ensuite une série de recueils de contes, nouvelles, etc., publiés sous divers titres, tels que : Les Mauves (qui parurent à Züllichau, 1805); les Tulipes (Leipzig, 1806-1810, 7 vol.); Koswitha (1811-1813, 4 vol.); la suite de Roswitha, sous le titre de Fleurs de tilleul (1814-1819, 4 vol.); La harpe (1814-1819, 8 vol.); La Muse (1821-1822, 8 vol.); Contes et petits romans (1820, 5 vol.). Les poésies lyriques de M. Kind ont été réunies en 5 vol. (Leipzig, 1808; 2e éd., 1817). De 1815 jusqu'en 1830. M. Kind a été l'éditeur de l'Almanach des Muses de Becker (Taschenbuch zum geselligen Vergnügen); depuis 1807, il était un des collaborateurs de ce joli recueil d'étrennes.

Parmi les ouvrages dramatiques de M. Kind nous citerons: Guillaume le Conquérant; Les serments; La vie champêtre de Van Dyk. Cette dernière pièce était composée dans le but d'amener sous les yeux du spectateur des tableaux mimiques, alors à la mode. Viennent ensuite : Le festin de Grenade (représenté à Dresde et à Vienne avec un grand succès, en 1818); le Vi

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