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<< Veuillez, monsieur le Président, faire agréer à l'Assemblée nationale ma démission, mes regrets de ne point encore participer à ses travaux, et mes vœux ardents pour le bonheur de la République.

«

Agréez, monsieur le Président, mes sentiments de haute estime.

« LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE.>>

De nouvelles élections se préparent, le nom de Napoléon est dans toutes les bouches; le général Piat écrit au Prince pour lui demander s'il accepte la candidature, Louis-Napoléon lui répond :

« Général,

« Vous me demandez si j'accepterais le mandat de représentant du peuple, dans le cas où je serais réélu; je vous réponds oui, sans hésiter.

« Aujourd'hui qu'il a été démontré sans réplique que mon élection dans quatre départements

(non compris la Corse) n'a pas été le résultat d'une intrigue, et que je suis resté étranger à toute manifestation, à toute manoeuvre politique, je croirais manquer à mon devoir, si je ne répondais pas à l'appel de mes concitoyens.

<< Mon nom ne peut plus être un prétexte de désordres. Il me tarde donc de rentrer en France et de m'asseoir au milieu des représentants du peuple qui veulent organiser la République sur des bases ' larges et solides. Pour rendre le retour des gouvernements passés impossible, il n'y a qu'un moyen, c'est de faire mieux qu'eux; car, vous le savez, Général, on ne détruit réellement que ce qu'on remplace.

« Recevez, Général, la nouvelle assurance de mes sentiments d'estime et d'amitié.

« LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE. >>

Trois cent mille suffrages proclament, pour la troisième fois, Louis-Napoléon représentant du peuple. Le Prince se rend à Paris et vient prendre sa place à l'Assemblée nationale, le 26 septembre 1848.

Son admission cette fois est prononcée sans protestation. Louis-Napoléon demande la parole et dit:

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« Il ne m'est pas permis de garder le silence, après les calomnies dont j'ai été l'objet.

« J'ai besoin d'exprimer ici hautement, et dès le premier jour où il m'est permis de siéger parmi vous, les vrais sentiments qui m'animent et qui m'ont toujours animé.

«

Après trente-trois années de proscription et d'exil, je retrouve enfin ma patrie et tous mes droits de citoyen!

<< La République m'a fait ce bonheur; que la République reçoive mon serment de reconnaissance, mon serment de dévouement, et que les généreux compatriotes qui m'ont porté dans cette enceinte soient certains que je m'efforcerai de justifier leurs suffrages en travaillant avec vous au maintien de la tranquillité, ce premier besoin du pays, et au développement des institutions démocratiques que le peuple a droit de réclamer.

«

Longtemps je n'ai pu consacrer à la France que les méditations de l'exil et de la captivité. Aujourd'hui la carrière où vous marchez m'est ouverte :

recevez-moi dans vos rangs, mes chers collègues, avec le même sentiment d'affectueuse confiance que j'y apporte.

<«< Ma conduite, toujours inspirée par le devoir, toujours animée par le respect de la loi, ma conduite prouvera, à l'encontre des passions qui ont essayé de me noircir pour me proscrire encore, que nul ici plus que moi n'est résolu à se dévouer à la défense de l'ordre et à l'affermissement de la République. »

Ces paroles, favorablement accueillies par l'Assemblée, ramènent à Louis-Napoléon la plupart de ceuxlà même qu'on avait un moment rendus ses adversaires.

L'Assemblée nationale, quelques jours après, vote, à l'UNANIMITÉ DES SUFFRAGES, le décret suivant, dernière condamnation du projet de décret présenté le 12 juin.

« L'ARTICLE 6 DE LA LOI DU 8 AVRIL 1832, RELATIVE AU BANNISSEMENT DE LA FAMILLE BONAPARTE, EST ABROGÉ1. >>

Louis-Napoléon, néanmoins, fut encore attaqué dans le sein de l'Assemblée nationale le 25 octobre.

Le Prince répondit le lendemain à ces nouvelles attaques.

1. Voir le Moniteur du 13 octobre 1848.

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« L'incident regrettable, qui s'est élevé hier à mon sujet, ne me permet pas de me taire. Je déplore profondément d'être obligé de parler encore de moi, car il me répugne de voir porter sans cesse devant l'Assemblée des questions personnelles, alors que nous n'avons pas un moment à perdre pour nous occuper des graves intérêts de la patrie.

« Je ne parlerai point de mes sentiments ni de mes opinions; je les ai déjà manifestés devant vous, et jamais personne n'a pu encore douter de ma parole.

<< Quant à ma conduite parlementaire, de même que je ne me permettrai jamais de demander à aucun de mes collègues compte de celle qu'il croira devoir tenir, de même je ne reconnais à aucun d'eux le droit de m'interpeller sur la mienne; ce compte, je ne le dois qu'à mes commettants.

<«< De quoi m'accuse-t-on? d'accepter, des sentiments populaires, une candidature que je n'ai pas réclamée?

« Eh bien! oui, je l'accepte, cette candidature qui m'honore. Je l'accepte, parce que trois élec

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