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toutes ces nuances de qualités, dont chacune a son prix : on peut, dès-lors, calculer quel avantage aurait le propriétaire éclairé, qui parviendrait à produire la plus forte proportion possible de 1r qualité; lors même qu'il vendrait en suint, le prix de ses toisons ne pourrait être comparativement que très-élevé; et s'il pouvait, soit par ses propres soins, soit par l'intermédiaire du lavoir à façon, ne vendre qu'après triage et lavage, il serait alors assuré de recueillir tout le fruit de ses efforts.

Avant de terminer ces considérations générales, le jury central croit utile de faire connaître à MM. les propriétaires de troupeaux admis au concours, les principes qui l'ont guidé dans l'équitable appréciation du mérite comparatif de leurs produits. On a vu que plusieurs systèmes différens partagent l'opinion des éleveurs, quant à la marche la plus profitable à suivre sous le point de vue purement agricole : les uns pensent qu'il y a plus de bénéfice à ne produire que les qualités intermédiaires, dont l'emploi est plus général, et sont partisans des gros animaux à lourdes toisons; d'autres préfèrent les races de plus petite taille, et, tout en recherchant la quantité, s'attachent plus particulièrement à la qualité.... Ce sont là surtout des questions de localités et de convenances individuelles; les calculs, à cet égard, peuvent être aussi basés sur des circonstances d'actualité, ou sur des vues d'avenir plus ou moins éloigné. Quoi qu'il en soit, le jury central ne prétend point trancher ces questions d'une manière absolue; il laisse aux lumières de chacun le soin de modifier dans la pratique les principes généraux qu'il a indiqués. Se plaçant au point de vue du gouvernement, qui doit surtout encourager l'amélioration dans un but d'avenir, pour ménager au pays en général les moyens de lutter avec avantage contre la concurrence des

produits étrangers, et dans l'intérêt de la masse des consommateurs, dont il doit sans cesse travailler à augmenter le bien-être, le jury central ne saurait récompenser dans les efforts du producteur, que ce qui contribue au progrès réel et durable de l'industrie en général, et non ce qui n'est basé que sur des calculs de bénéfices actuels et individuels. Ainsi, le propriétaire qui obtient à la fois la qualité supérieure et la quantité, a, sans nul doute, résolu le problême, et mérité la plus haute récompense; mais celui qui ne vise qu'à la quantité, en laissant à d'autres la tâche du perfectionnement de la qualité, ne peut avoir droit aux mêmes éloges.

La question de la qualité est d'ailleurs la seule que le jury puisse décider en connaissance de cause, parce que rien ne s'oppose à ce qu'il apprécie le degré de finesse, de douceur, d'élasticité et d'égalité d'une toison; mais, pour ce qui concerne la quantité de laine produite et l'économie relative de la production, la difficulté serait énorme. On doit, il est vrai, faire entrer le tassé dans les élémens de la qualité, bien qu'il ne soit pas, à vrai dire, une propriété de la laine, bien qu'il n'offre seulement qu'un indice de quantité, bien que son appréciation n'entre pour rien dans l'examen du brin en lui-même, et ne puisse donner lieu à aucune des expériences comparatives auxquelles ce brin peut être soumis; bien, enfin, qu'il perde son importance au triage, au lavage et à la fabrication; malgré tout cela, il faut sans doute en tenir compte, et le jury doit certainement, à qualité égale, donner la préférence à la mèche la plus fournie; mais, pour arriver à estimer comparativement la quantité de laine produite par tel ou tel éleveur et son prix de revient, il faut autre chose que l'appréciation du tassé, et l'on ne pourrait, sans risquer de tomber dans les

plus graves erreurs, comparer toison à toison. La quantité de laine fournie par une toison est en raison directe de la taille et du poids de l'animal, et, par conséquent, de sa consommation; c'est donc cette consommation relative qui doit être la mesure de la véritable quantité de laine produite. Pour asseoir un jugement équitable, il faudrait donc pouvoir comparer la quantité de laine produite par tel poids d'animal, au moyen de telle quantité de nourriture, à la quantité de laine produite par le même poids d'animal et au moyen de la même consommation, soit que ce même poids d'animal fût représenté par un plus grand nombre de plus petits individus, soit qu'il le fût par un plus petit nombre de plus gros individus.

On conçoit, en effet, que pour faire un quintal de laine, il suffise, par exemple, de 15 toisons d'environ 3 k. 426, tandis qu'il en faudrait 25 de 1 k. 958; mais ce n'est toujours qu'un quintal de laine, et si les 25 petites toisons n'ont pas coûté à produire plus que les 15 grosses, c'est-àdire si les 15 grosses bêtes ont consommé autant que les 25 autres, et si, en outre, ces mêmes 15 grosses bêtes, prises en masse, n'ont pas pesé davantage que les 25 petites également réunies, et n'ont donné ni plus de chair, ni plus de suif, ni plus de fumier, il ne reste plus qu'à comparer le produit en argent des 25 petites toisons à celui des 15 grosses toisons, c'est-à-dire du quintal de laine provenant des 1TM", au quintal de laine provenant des 2me; en d'autres termes, si un quintal d'animal de petite race produit la même quantité de laine qu'un quintal d'animal de grosse race, sans consommer davantage, mais qu'il ait fallu, le 1 cas, deux bétes pour faire ce quintal d'animal, tandis qu'il aura suffi d'une seule dans le 2o. cas, il faudra, pour être juste, comparer 2 toisons à une seule. C'est ici que la

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qualité peut reprendre tout son avantage, et que le rendement en argent peut être tout au profit de la petite taille, qui, au premier coup-d'œil, pouvait paraître inférieure en produit.

Il reste donc bien démontré, que le jury s'exposerait à de graves erreurs et manquerait le but essentiel qu'il doit se proposer dans l'intérêt de l'amélioration, s'il se livrait à d'autres appréciations que celles du mérite comparatif des échantillons soumis à son examen, sous le rapport seulement des qualités les plus désirables dans la vue d'une belle et bonne fabrication.

Il n'en restera pas moins vrai, que chaque propriétaire doit prendre conseil des circonstances de localité et des conditions de culture dans lesquelles il se trouve placé. On sait, par exemple, qu'il est beaucoup de localités en France où l'on s'efforcerait en vain d'élever la taille des animaux et de produire de lourdes toisons; eh bien, il est tout naturel que dans ces localités on préfère les mérinos de petite taille, qui sont en général les plus fins en laine. Dans d'autres contrées, comme dans un rayon de 40 à 50 lieues autour de la capitale, la nourriture est plus abondante et les animaux tendent conséquemment à prendre un grand développement : là, on comprend que les éleveurs soient, même malgré eux, portés à entretenir plutôt les grandes que les petites races; et si l'on ajoute à cette tendance l'influence du mode de perception du droit d'octroi, par tête et non au poids, à la porte d'un grand foyer de consommation, on ne devra pas s'étonner de la faveur dont jouit, dans cette partie de la France, le système des grandes races à lourdes toisons. Mais, on le répète, le jury central ne prétend en aucune façon se prononcer entre ces différens systèmes, et il se borne à apprécier, dans les échantillons qui lui sont

soumis, le degré comparatif de perfectionnement qu'offre la matière première considérée en elle-même.

F. GIROD (de l'Ain), Rapporteur.

(LE CULTIVATEUR, août 1840, 120. Année, 8e. cahier, Volume XVI.)

INSTRUCTION ÉLÉMENTAIRE POUR LES ÉLEVEURS DE CHEVAUX.

A La nature semble s'être complu à former le cheval : force et courage, élégance et grâce, elle lui a tout donné, et, par ses belles qualités, cet animal est devenu l'ami, le serviteur et le compagnon de l'homme.

Il y a jouissances et profit pour tous les cultivateurs qui

s'adonnent à l'élève des chevaux.

La gentillesse enfantine du poulain, ses caresses familières, ses jeux et ses mouvemens gracieux lui assurent l'attachement des personnes qui l'entourent. Dès qu'il avance en âge, le développement de ses formes fait pressentir un produit de vente avantageux; ou, s'il reste attaché à la ferme qui l'a vu naître, les services qu'il rend par les travaux qu'on lui fait exécuter, dédommagent amplement l'éleveur qui lui a prodigué ses soins.

Ce sont ces considérations qui m'engagent à publier l'instruction élémentaire ci-après, dans l'espoir qu'elle ne sera pas sans utilité pour les habitans des campagnes.

Étalons.

Les étalons destinés à l'amélioration des chevaux doivent avoir une bonne conformation, des allures franches et libres, une santé parfaite, la taille proportionnée à celle des jumens qu'ils doivent saillir, l'âge de 4 ans au moins, et

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