Page images
PDF
EPUB

m

vent avoir la forme d'un râteau de jardin, avoir un dos soFide et pesant, et cinq dents larges de oTM054, et assez pointues pour percer facilement la terre et y tracer des sillons creux de o 054. Si l'un de ces outils est muni de dents séparées de om 216, l'autre de o324 et le troisième de o378, ils serviront à tracer des rayons pour les différentes sortes de graines, et les rayons ainsi faits dispenseront de tendre un cordeau pour chaque rang, lorsque l'on devra planter des choux, des laituos. des poireaux, etc. Le cordeau étant aligné au bord de la plate-bande, la machine, traînée bien droit le long du cordeau, fera cinq rayons à la fois. Si cette première opération a donné des rayons bien droits, on obtiendra facilement que les suivans le soient aussi, en laissant le cinquième rayon ouvert pour recevoir et guider la dent extérieure de l'outil, et ainsi de proche en proche, jusqu'à ce que tout le terrain soit rayonné.

Les jardiniers emploient différens moyens pour couvrir les graines; les uns se servent de la houe, les autres du râteau ou de la herse; quelques-uns retirent une partie de la terre à côté de la plate-bande, et après avoir semé les graines, ils rejettent uniformément cette terre sur la platebande dès que l'ensemencement est fait. Dans certains cas particuliers ils se servent d'un crible ou tamis; dans d'autres cas, d'un rouleau. Il est nécessaire de rouler et de marcher les graines dans les temps secs; mais il faut bien s'en garder quand la terre est humide.

Rien ne protège mieux les jeunes récoltes de navets, shoux et autres petites plantes contre les dégâts des insectes, que les soins qu'on prend de les bien rouler ; car en rendant parfaitement unie la surface de la terre, on les prive des abris qu'ils trouveraient sous les mottes et les tits tas de terre. Ce procédé sera bien plus efficace que celui de tremper les graines dans diverses préparations, ou

pe

de les saupoudrer avec différens ingrédiens; mais comme le rouleau ne peut être employé qu'avant ou au moment de mettre la semence en terre, et qu'on ne peut pas y avoir recours si le sol est humide, il est nécessaire que le jardinier ait toujours à sa disposition, pour le temps sec, un tonneau contenant une infusion composée de rebuts de tabac, chaux, suie, fumier de vache, feuilles de sureau, etc. En plaçant ces ingrédiens (ou toutes autres préparations pernicieuses pour les insectes, sans être nuisibles aux plantes) dans un tonneau que l'on tient rempli d'eau, et en arrosant modérément avec cette infusion les planches de jeunes plants quand le temps est sec, on s'assurera, presque dans tous les cas, des produits abondans.

Si l'on est quelquefois obligé de semer les graines par un temps sec, on recommande de les tremper dans une eau mêlée de soufre. Ce procédé, joint à un arrosement soigneux, accélérera la germination et favorisera le développement de la graine.

Si l'on est dans le cas de transplanter quelques plants par un temps de sécheresse, il faut toujours que l'opération soit faite sur labour frais au moment même où la terre vient d'être retournée, et l'on aura soin de tremper les racines dans une bouillie faite avec un riche compost, avant de mettre les plants en terre.

J'ai recommandé dans plusieurs circonstances de semer les graines dans des rayons espacés deo 216 à 0 324, au lieu de les semer à la volée, parce qu'il est alors bien plus facile de détruire les mauvaises herbes avec une petite houe. Cette opération, bien exécutée, contribue grandement au développement et à la beauté des plants.

SOULANGE-BODIN.

(LE CULTIVATEUR, mars 1840, 12e. Année, 3e. cahier,. Vol. XVI).

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Le châtaignier, dans l'état actuel de sa culture, occupe environ un trentième de la superficie de la Corse. Dans les parties de notre territoire où il peut prospérer, il déploie un luxe admirable de végétation, et donne des produits tels que certainement sa culture aurait envahi toute l'île, si le sol lui était plus généralement convenable. Mais le châtaignier aime une terre franche et fraîche; ce qui fait qu'on ne peut guère le cultiver avec avantage que dans six ou sept cantons. Mais il y est d'une fécondité telle que cet espace, pourtant bien circonscrit, fournit la nourriture, pendant six mois de l'année, à plus de cinquante mille personnes, et en outre alimente une exportation de six à huit mille hectolitres sur le continent, lorsqu'elle est permise.

On a attribué aux châtaigniers la fainéantise des Corses et les vices qui en sont la conséquence. On est allé jusqu'à proposer sérieusement de mettre à exécution le projet conçu par les Génois, lors de leur domination, de détruire cet arbre.

On comprend que les Génois, pouvant quelquefois nous vaincre, mais non nous soumettre, aient pu concevoir un expédient aussi désastreux. Pour affaiblir son ennemi tout moyen paraît bon mais on conçoit difficilement que des personnes, d'ailleurs bien intentionnées, aient pu admettre un avis si absurde pour remédier à un mal qui tient à des causes bien différentes de celles dont il est ici question.

Il faut combattre le moral par le moral et ne pas cher. cher la source des maux où elle n'est pas; au reste, l'ar

gument le plus victorieux en faveur du châtaignier, c'est que la castagniccia, ou pays des châtaignes, renferme, à étendue égale, une population au moins double de celle des autres cantons, et que c'est là qu'on remarque les premiers germes de l'industrie et de la civilisation.

Le châtaignier atteint en Corse de vingt à vingt-cinq mètres d'élévation. S'il est placé dans un terrain favorable, et que les arbres soient assez isolés, ses branches horizontales prenant un libre essor, lui donnent une force de végétation remarquable, et il n'est pas rare, dans ce cas, d'en voir dont le tronc de huit à neuf mètres de tour.

Les neuf dixièmes des châtaigniers sont greffés. Les variétés sont nombreuses, j'en connais plus de quinze; mais les plus répandues et les plus estimées sont le Gentile et le Tejo. La première est la plus productive; elle ne se plaît pas dans les vallons, ni généralement dans les lieux où la rosée est abondante, attendu qu'elle lui fait perdre ses feuilles en septembre, et altère l'enveloppe épineuse où le fruit est contenu. La seconde est un peu moins productive, mais elle se conserve verdoyante, en quelque situation qu'elle se trouve.

Le marron produit par l'espèce Gentile est d'une grosseur médiocre. Il a la peau luisante et la chair compacte; bien souvent la même enveloppe contient deux marrons réunis. Le fruit produit par l'arbre Tejo, est plus gros, la peau plus rude, moins pesant et de meilleur goût. Selon les localités et l'état des arbres, on a adopté les greffes qui leur convenaient; ainsi le Tonato, Chiusa, Campanese conviennent spécialement pour greffer les vieux arbres bâtards qui se refusent à recevoir les greffes plus franches.

Je dirai un mot sur une variété dite même dans le pays marrone, dont le fruit est d'une grosseur remarquable,

sucré, très-délicat, facile à éplucher, ayant la peau fine et luisante. Sa fleur ressemble entièrement à celle des châtaignes sauvages; mais avec cette différence que l'arbre reste petit, donne peu et vieillit trop vite. Cette espèce est menacée de se perdre, à raison du peu de produit qu'elle donne, et parce qu'elle ne convient pas pour la charpente. Il est à regretter cependant que la classe aisée n'en ménage pas un certain nombre de sujets, afin de conserver une variété dont le fruit, comme je viens de le dire, est trèsagréable.

La greffe a notablement augmenté la production des marrons et amélioré leur qualité; mais elle a fait perdre à l'arbre un peu de membrure, de solidité, et a diminué sa longévité. En général, on ne fait au châtaignier aucun la... bour; cependant si on lui en donne, on en remarque les bons effets dès la première année.

Dès que le fruit commence à tomber, les habitans de la campagne ne craignent plus de manquer de nourriture pour leur famille et leurs bestiaux.

Sec et réduit en farine, ils en font des galettes fermentées, dont ils se nourrissent pendant toute la semaine; cela n'a cependant lieu que dans les pays où cette récolte est la principale production; dans les autres cantons, les bergers et journaliers italiens surtout, en composent ce qu'ils nomment la polenta, et en font deux repas par jour. Cette polenta est une sorte de bouillie ferme, qui se mange avec la viande rôtie, ou avec du fromage.

Ce qui prouve que cette farine est très-nutritive, c'est que les Italiens qui viennent passer l'hiver en Corse, et qui s'en nourrissent presque exclusivement, soutiennent parfaitement la fatigue, et rentrent chez eux mieux portans qu'à leur départ.

« PreviousContinue »