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moyen de tirer tout le parti possible des jachères, soit en les remplaçant presque en totalité par le colza, soit en les faisant concourir avec les pommes de terre. Il serait même rationel de combiner souvent ces deux genres de production, en semant le colza dans les bas-fonds, et en destinant les hauteurs ou les endroits médiocres des mêmes champs aux pommes de terre.

Ainsi se naturaliserait avec avantage, au sein des plaines d'une qualité supérieure, la culture de cette dernière plante, culture que M. de Villèle père avait vainement indiquée aux paysans du Lauragais, il y a déjà 40 ans, et à laquelle la routine a toujours fait obstacle.

Il est temps cependant aujourd'hui d'augmenter nos ressources productrices, alors que les besoins d'une population tous les jours plus considérable nous pressent de tous côtés. L'introduction du colza dans le système triennal, l'adoption de la pomme de terre comme préparation à la récolte en blé dans les terres légères, donnent ce moyen. ANACHARSIS COMBE.

(LE CULTIVATEUR, février 1840, 12o. Année, 2o. cahier, Volume XVI.)

DES LABOURS

Et de la nécessité de supprimer les Jachères, Par M. HOTTON. (1)

Les agronomes ne sont pas encore bien fixés relativement à l'effet produit sur le sol par les labours. D'après l'o

(1) Brochure in-8°. Paris, chez BOUCHARD-HUZARD, rue de l'Epcron, n°. 7. Prix : 1 fr.

pinion la plus répandue, l'atmosphère fournit à la terre des principes fécondans : l'action vivifiante du soleil sur un terrain devenu perméable par la culture, rend solubles les matières végétales et animales qu'il contient, ce qui produit un amendement réel. Aussi, dans ce système, les labours doivent être assez multipliés, non-seulement pour détruire les racines et le germe des plantes adventices, mais encore pour ouvrir le sol aux influences bienfaisantes de l'atmosphère.

M. Hotton, dans l'ouvrage que nous annonçons, déveHoppe une opinion différente. La longue pratique de l'auteur doit donner quelque poids à ses observations. Nous ne nous prononcerons cependant pas sur une question aussi importante avant que des expériences comparatives, souvent répétées, nous aient apporté de nouvelles lumières. Nous nous bornerons à quelques citations, en renvoyant les lecteurs à l'ouvrage lui-même, où ils trouveront au reste le résumé le plus complet et le plus succinct de toutes les théories publiées sur les labours.

« Est-il vrai, dit M. Hotton, que les labours qui se pratiquent dans les terrains soumis aux jachères d'été, sont ceux qui améliorent plus particulièrement les terres? Nous soutenons le contraire..... Si les labours tendent puissamment à rendre solubles les différentes substances contenues dans le sol pour concourir ainsi à la nutrition des végétaux, il ne faut pratiquer le labourage qu'à l'instant même des semailles, parce que sans cette précaution, les substances développées par l'action des labours s'échappent du sol immédiatement après que le labourage est opéré. Les labours faits dans les jachères d'été sont nuisibles puisqu'ils ne servent qu'à épuiser le sol et non à l'améliorer. »

« Le repos accordé au sol, dit Davy dans son livre inti» tulé Elémens de chimie agricole, ne le bonifie en aucune > façon. Le soleil qui darde sur la surface nue du sol, tend » à en dégager toutes les substances gazeuses et fluides vo> latiles. La chaleur rend la fermentation plus active, et ́» c'est à l'époque où il n'y a point de végétaux pour les ab» sorber que les principes de la nutrition sont plutôt élabo» rés. On ne peut citer un seul cas où il y ait avantage à > laisser dormir les terres pendant un an; cette méthode » n'est profitable que lorsqu'il s'agit de détruire les mau›› vaises herbes et de purifier un fonds infecté. »

« Nous allons plus loin que M. Davy, puisque nous reconnaissons au labourage la propriété d'augmenter encore la puissance des causes d'épuisement du sol; car s'il est admis que les labours mettent immédiatement la terre en action, cette action est continue dans les jachères qui reçoivent cinq ou six façons à la charrue dans une année.

« Au reste, comment pourrait-on contester encore que les labours mettent les terres en action, quand il est reconnu généralement que les binages favorisent beaucoup le développement des végétaux. »

Après avoir cité un grand nombre de faits qui constatent qu'on peut obtenir de bonnes récoltes avec un seul labour, M. Hotton ajoute :

• Lorsque j'habitais la Belgique, j'eus plusieurs fois occasion de remarquer des faits que je n'avais pu m'expliquer d'abord. Des cultivateurs qui étaient considérés à juste titre par leurs connaissances et les soins qu'ils apportaient à leur culture, n'obtenaient que de faibles produits. quand d'autres, moins soigneux, avaient sur le même sol de belles et abondantes récoltes. Mais le fait qui m'étonna le plus est celui que je vais rapporter ici.

» M. Cordier, habile cultivateur, avait préparé avec beaucoup de soin et d'attention un champ pour y ensemencer du lin. Trois façons préparatoires avaient été données par les temps les plus favorables. A côté était un autre champ que cultivait le sieur Brassart, pour y ensemencer également du lin. Là aucun labour d'hivernage ni de printemps n'avait été pratiqué. On avait donné un seul labour la veille de l'ensemencement. Les deux champs, quant au fumage et à la qualité du sol, étaient parfaitement identiques. Les semailles avaient été exécutées le même jour sur les deux champs, la même semence y avait été aussi employée; mais les résultats ont été bien différens. Le sieur Brassart a eu une récolte de toute beauté. M. Cordier n'ayant rien obtenu fit labourer son champ. Personne n'a compris ce phénomène, et j'ai été long-temps avant de me l'expliquer.

» Concluons donc de tous ces faits, et d'un grand nombre d'autres que l'on pourrait rapporter, que les labours épuisent considérablement le sol, et que par conséquent il faut s'abstenir de labourer dans d'autres circonstances que celles de l'extirpation de mauvaises herbes ; et de l'ensemencement des terres. Répétons enfin avec Olivier de Serres :

» IL VAUT MIEUX SAISON QUE LABOURAISON. »
(Revue Agricole, 20e. Livraison, avril 1840.)

CULTURE DE LA COURGE,

Comme Fourrage comparé à d'autres.

La Courge est un fruit originaire de l'Afrique, et qui n'est cultivé, depuis un temps immémorial, qu'en petit

dans plusieurs localités de la France. Elle offre cependant une grande ressource pour la nouriture hivernale des troupeaux; elle nourrit très-bien les vaches laitières ou celles qui sont pleines, les bœufs de travail ou ceux à l'engrais, ainsi que les moutons. Je ne connais pas exactement sa valeur nutritive, comparativement à la betterave, à la pomme de terre et aux turneps ou navets, je sais seulement qu'elle contient beaucoup d'eau de végétation, mais que d'un autre côté elle a moins de ligneux, et qu'elle renferme par conséquent plus de matières digestives.

Cultivée avec soin et surtout aujourd'hui fumée par le procédé Jauffret qui permet de raisonner les engrais, sa production peut devenir énorme. On peut arriver sans peine à récolter sur un hectare de terre bien préparée, plus d'un million de kilog., à raison de 212 kilog. par deux mètres carrés de terrain, ce qui n'est pas extraordinaire, puisqu'un seul fruit peut peser 50 kilog. Les frais de culture ne sont pas aussi dispendieux qu'on pourrait le croire d'abord. En voici un aperçu, sauf les qualités de terre et le prix variable de la main-d'œuvre, selon la localité.

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Pour un produit d'un million soixante mille kilog. qui doivent nourrir 72 vaches ou bœufs pendant six mois, en faisant consommer par jour à chaque animal un poids de 90 kilog., ce qui ferait une consommation pour les 72 bêtes pendant les six mois, d'un total de 1,051,200 kilog.; reste encore pour déchets, perte, pourriture, etc., 8,800 kilo

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