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grammes qui n'ont pas été consommés, et que je considère comme nuls ou plutôt comme augmentant les engrais par leur combinaison au moyen de la lessive Jauffret.

Le coût de cette production, comparé à celui de toute espèce de plantes ou racines, doit évidemment avoir un avantage sur elles. Ainsi, la betterave qui fournit le plus de poids sur une étendue de terre donnée, est bien loin d'atteindre ce chiffre, en supposant qu'un mètre carré produise neuf racines du poids chacune de deux kilog., ce qui ferait par mètre 18 kilog., et par hectare 180,000 kilog., ce qui est une production abondante; admettons que la betterave soit de moitié plus nutritive que la courge, au lieu de donner à chaque animal 90 kilog., par jour, on ne lui en donnerait que 45 kilog., ce qui ferait, pour la nourriture de 72 bêtes pendant six mois, un total de 540,000, produit de 3 hectares qui auront coûté plus de culture chacun que celui en courge, car la betterave demande plus de soins et de travail pendant sa végétation, et plus de main-d'œuvre pour la récolte.

Il y aurait donc un avantage immense pour l'agriculteur dont le terrain est d'une irrigation facile ou situé dans le nord, à cultiver en grand cette plante comme plante fourragère, puisqu'il peut, avec bien moins de terre, de travail et de dépenses de toute nature, obtenir une production beaucoup plus forte. La courge ne cause pas d'effet malfaisant sur l'animal qui la consomme. J'ai eu occasion de remarquer que lorsque les vaches laitières étaient nourries avec de la courge, le lait, au bout de quelques jours, devenait plus abondant, produisait plus de crême et de beurre et d'une qualité supérieure. Aussitôt que je remplaçais la courge par une autre racine (la carotte exceptée), le lait de mes vaches diminuait, d'où j'ai conclu que la courge produit

un aliment sain et nutritif, et qu'elle mérite d'être beaucoup plus cultivée qu'elle ne l'est généralement. On sait, du reste, qu'elle contient beaucoup de sucre, puisqu'on assure qu'en Allemagne on commence à en extraire des sir rops cristallisables, et c'est ce qui expliquerait en partie la qualité sucrée de mon lait de vaches nourries avec cette racine.

Un avantage qui résulterait aussi de la culture de la courge, c'est que les graines sont précieuses pour la volaille, et qu'on les conserve pour l'hiver, époque où les volailles ne trouvent pas leur nourriture dans les champs.

Nous ne possédons pas en Europe de plante qui produise un fourrage aussi abondant. Dans les Indes, il existe une racine appelée igname, qui lui serait rivale et dont nous parlerons plus bas.

Manière de cultiver la Courge.

Elle se plante au printemps, plus tôt dans le midi, plus tard dans le nord. Le mois d'avril est le plus favorable en général, car avant ce mois, on a les gelées du printemps à redouter, après, on a à craindre les chaleurs de l'été.

A tous les deux mètres carrés on creuse une petite fosse de dix-huit pouces en tous sens, on la remplit de fumier frais, dont nous indiquerons plus bas la composition. Ceux qui ne connaissent pas la méthode Jauffret et qui veulent rester en arrière du progrès, emploieront en général le fùmier de cheval un peu fermenté; celui de vache pourrait y suppléer, mais celui de cheval est préférable.

La fosse étant garnie de fumier qu'on mêle avec un peu de terre, on presse fortement du pied et on le couvre d'une couche de deux ou trois pouces de terre meuble, sur laquelle on met trois graines au moins, dans la crainte

qu'une des graines n'ait le germe attaqué, ou qu'un insecte ne le dévore, ou que la gelée fasse périr le premier plant.

Une seule graine suffit pour produire 500 et quelquefois 1,000 kilog. de courges, si la culture, si la nature du fumier et des irrigations à volonté, ou si les pluies venues en temps utile s'accordent pour favoriser sa germination et les phases de sa végétation.

Pour que la germination s'opère mieux, on a d'avance fait macérer pendant cinq ou six heures dans une bonne lessive Jauffret à base de suie, les graines qu'on veut ensemencer. On agit de même pour les melons de toute espèce qui lèvent bien plutôt à l'aide de ce bain préparatoire.

Un autre avantage qui résulte de la culture de la courge, c'est que le feuillage est considérable, et qu'il produit un excellent fumier, combiné avec la lessive Jauffret. Employé comme engrais vert et sur place, il produit aussi de trèsbons effets sur céréales et autres grains, mais il n'a pas de durée; la matière étant aqueuse, la décomposition est trop rapide.

L'engrais Jauffret, pour la courge, doit être fait avec une lessive contenant beaucoup de sels et alcalis, pour que la sève ne s'engorge pas, d'autant que la courge prend beaucoup d'azote dans l'air, au moyen de ses larges feuilles. Il faut aussi que cet engrais soit plus humecté que celui destiné à d'autres plantes et plus décomposé que celui des tiné aux céréales d'automne, attendu que la courge ne passe que six mois en terre.

Il devient évident, que si avec des engrais ordinaires de bestiaux on est parvenu à retirer jusqu'à 1,000 kilog. d'une graine de courge, il est impossible de ne pas reconnaître qu'on peut obtenir encore de bien plus étonnans résultats en préparant à cette plante, des engrais Jauffret, c'est-à

dire, des engrais aussi riches, aussi bien appropriés qu'on le veut.

De l'Igname.

L'igname de l'Inde est une racine qui acquiert une grosseur prodigieuse. Le moindre de son poids est de 3 à 4 kilo, et son maximum est indéfini, il est souvent de 15, 25 et 30 kilo et au-delà, selon la terre dans laquelle elle végète. Cultivée dans nos climats, elle pourrait venir en aide à la pomme de terre; elle contient de la fécule et est fort nourrissante, et d'après ce qu'assurent plusieurs personnes dignes de foi, elle serait plus nutritive que la pomme de terre. L'igname pourrait être cultivée avec avantage en France, au midi et au nord, car l'essentiel pour elle, c'est de lui offrir une terre humide et sablonneuse et de la chaleur. La chaleur même de nos départemens du nord lui serait suffisante, d'autant qu'à laide d'un engrais Jauffret, chaud et vigoureux, il serait possible de faciliter sa prospérité végétale sous ce rapport.

Si la France peut conquérir cette racine, ce sera un grand bien, et l'igname du département du nord sera d'une qualité supérieure et contiendra plus de sucs nutritifs que celle cultivée dans le midi. Ceci est un fait à remarquer; les plantes qui produisent leur fruit hors de terre, ont dans le midi plus de qualités, mais celles qui le produisent dans la terre, sont d'une qualité supérieure dans le nord.

Il est à souhaiter que l'igname ait le même sort que la pomme de terre, et que quelque nouveau Parmentier se présente. Il y aura à examiner par des expériences positives, d'abord, si sa culture est possible en France, et ensuite, si ces produits seront aussi énormes que dans les

Indes. Si l'épreuve est favorable, on verrait enfin le pauvre assouvir sa faim, puisque avec une seule racine par jour une famille pourrait vivre dans la mauvaise saison, en attendant la bonne.

NOZAHIC.

(L'Assureur DES RÉCOLTES, mai 1840, 1re Année, 20. cahier, 1er Volume.)

SYSTÈME DE LABOURAGE,

Appliqué à l'écoulement des Eaux.

Un fait qui n'est pas contesté, c'est le dommage qu'occasione dans les terrains en plaine le séjour des eaux pluviales.

Leur écoulement a toujours excité la sollicitude des agriculteurs.

Le travail ordinaire de la charrue, de l'extrémité d'un champ jusqu'à l'autre, opéré uniformément pendant plusieurs années, a pour résultat infaillible de le creuser dans le milieu et d'en exhausser les bords, où chaque temps d'arrêt du laboureur dépose la terre attachée à l'araire.

On a cherché à obvier à cet inconvénient en opérant un défoncement sur les bordures, et en transportant les terres qui en proviennent dans le milieu du champ, afin de l'exhausser et de donner une pente aux eaux pluviales.

Cette opération était bonne, mais elle était dispendieuse, et son effet était limité à un temps plus ou moins long.

D'ailleurs on ne pouvait jamais donner assez d'élévation au milieu d'un vaste champ, pour que les eaux pussent s'écouler avec une rapidité telle que le sol n'en absorbât

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