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fils dont les qualités éminentes avaient mérité sa tendresse, fit saisir Abdallah, qui, amené au palais de Medina-Azhara, y fut étouffé; mais il empoisonna par là le reste de sa vie. La gloire et la magnificence dont il était entouré allégeaient peu le poids des chagrins du calife; toutefois sa force d'âme ne se trahit jamais, et dans maintes occasions on eût pu croire que son cœur n'était remué que par ce qui touchait aux intérêts de sa puissance. C'est ainsi qu'à l'occasion de l'ambassade qu'il reçut la même année de l'empereur d'Orient Constantin Porphyrogénète, il s'entoura, dans son palais de Medina-Azhara, d'une pompe capable d'éblouir les envoyés grecs, et de faire envier à leur maître la splendeur d'un trône que couvrait pourtant le deuil le plus profond. La paix dont jouit Cordoue pendant les dernières années d'Abdérahman ne fut guère troublée qué par une courte révolution qui eut lieu en Afrique : le succès inopiné d'une expédition qu'avait envoyée le soudan d'Égypte pour en faire la conquête, enleva un moment Fez et les principaux forts de la côte africaine à la domination du calife d'Espague. Celui-ci retrouva aussitôt toute son énergie; il n'avait pas seulement à reconquérir l'État d'Almagreb sur les Egyptiens, mais encore à faire face, du côté de la Catalogne, aux chrétiens, pour qui la nouvelle de son désastre à Fez était devenue le signal d'une nouvelle attaque; enfin des secours lui étaient demandés par un prince malheureux, jadis son hôte, le roi de Léon, Sanche le Gros, qu'il aida effectivement à reconquérir son trône. Peu de mois suffirent à Abdérahman pour faire disparaître jusqu'aux traces de l'invasion. Ce prince avait atteint la 72° année de son âge, lorsqu'il s'éteignit doucement le 2 de ramazan 530 de l'hégire (961 de J. C.), après un règne de 49 ans qui sans contredit forme l'époque la plus brillante de la domination des Mores en Espague. Protecteur des sciences, des lettres et des arts, il n'était lui-même étranger à aucune branche du savoir, et il se fut fait un nom glorieux dans une de ces carrières s'il n'eût été appelé au trône. On est frappé, en lisant l'histoire de son règne, des traits de ressemblance qu'offre ce prince avec notre Louis XIV; et certes il ne mérite pas moins que lui le surnom de grand. ᎠᎬ ᏟᎻᎪᎷᎡᎾᏴᎬᎡᎢ . ABDÈRE ET ABDÉRITES. Cette ville jadis puissante, située sur la côte de la Thrace et sur la rive orientale du Nessus, passait pour avoir été fondée par Hercule, qui l'aurait nommée ainsi en l'honneur d'Abdérus, l'un de ses compagnons les plus chéris. Ville libre après les

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guerres médiques, elle tomba plus tard au pouvoir des Macédoniens, et ne recouvra son indépendance républicaine que sous les Romains qui venaient de la piller. Il en est fait mention encore dans Ammien Marcellin, et l'on ignore à quelle époque elle fut détruite. Quoiqu'elle se glorifiât d'être la patrie de Démocrite et de Protagoras, elle avait cependant chez les anciens une fort mauvaise renommée; on la regardait comme le siége habituel de l'ignorance et de la sottise, et son nom devint ainsi proverbial (Mart. X, 25). C'est cette tradition qui a fourni à Lafontaine sa fable de Démocrite et les Abdéritains, et à Wieland l'une de ses plus charmantes compositions satiriques. On possède encore un grand nombre de monnaies de cette ville antique. J. H. SCHNITZLER.

ABDIAS, ou, pour lui restituer son vrai nom, OBADIA, le quatrième des douze petits prophètes, vivait sous le règne d'Ézéchias, 626 ans avant Jésus-Christ. On n'a de lui qu'un seul chapitre, où il prédit la ruine des Iduméens qui devaient faire la guerre aux Israélites. On l'a mal à propos confondu avec un autre Abdias, intendant de la maison du roi Achab, et qui sauva cent prophètes de la fureur de Jésabel. M. BERR.

Il existe aussi sous le nom d'Abdias une Vie des Apôtres, dont l'auteur se donne pour un contemporain de J. C. et des apôtres, lesquels l'auraient nommé évêque de Babylone. Cet écrit, évidemment supposé et d'une date peut-être très-récente, a passé, dit-on, de l'hébreu dans la langue grecque, et a été traduit ensuite en latin par Jules Africain. C'est en cette langue que nous le possédons. Voyez Sixt. Senens. Bibliotheca sancta, lib. II; et Baronii Annales eccies., ad annum 44. J. H. SCHNITzler.

ABDICATION, renonciation au pouvoir et particulièrement à l'autorité souveraine. L'abdication est volontaire ou forcée. Celle-ci est la plus fréquente dans les gouvernements absolus. L'histoire des empereurs romains, des sultans turcs et des czars de Russie, abonde en événements de ce genre. L'harmonie et l'action régulière des pouvoirs rendent ces abdications très-rares dans les États libres.

Dans les beaux temps de la république romaine, on vit souvent les dictateurs abdiquer leurs fonctions aussitôt que leur mission était remplie. Le sanguinaire Sylla, en imitant leur exemple, ajouta une dernière insulte aux maux que subit le peuple romain dont il avait été le bourreau. Dioclétien, empereur romain, renonça, quatre siècles après, au plus puissant trône du monde, et se fit distinguer dans la con

des rois de Sidon en Phénicie, était réduit à une telle pauvreté que, pour subsister, il cultivait lui-même un jardin dans la ville où ses aïeux avaient régné. Lorsque Alexandre, roi de Macédoine, eut pris la ville de Sidon, il l'éleva sur un trône que ses vertus ne pouvaient qu'honorer. ABDOMEN. Sous ce nom, on a désigné chez

dition privée comme il avait su se faire aimer sous la pourpre. Cette abdication volontaire du trône est la première dont l'histoire fasse mention; parmi les autres, on cite celles de la reine Christine de Suède en 1654, des rois d'Espagne Charles-Quint et Philippe V en 1556 et en 1724, du duc de Savoie Amédée Ier en 1440, des rois de Sardaigne Victor-Amédée II en 1730, et Vic-l'homme la dernière des trois grandes cavités, tor-Emmanuel V en 1821. L'abdication de Char- celle qui fait suite au thorax et qui renferme les les X, en 1830, fut de sa part un acte involon- organes digestifs, leurs annexes, les organes taire qui ne changea en rien l'ordre de choses urinaires et génitaux. Tant que l'on examine nouvellement établi. Celle du roi des Pays-Bas les mammifères, la grande analogie de formes Guillaume Ier, qui eut lieu en 1841, fut motivée qui règne entre eux et l'homme rend parfaitepar le désir qu'avait ce souverain d'épouser la ment exacte cette dénomination, et ces animaux comtesse Henriette d'Outremont. De tous les nous offrent une cavité renfermant les mêmes souverains qui ont abdiqué, il en est peu qui organes et ayant tous les rapports de l'abdomen n'aient pas ensuite regretté le pouvoir et cher- humain. Cette dénomination se trouve encore ché à le ressaisir. Le jour anniversaire de l'ab- applicable aux oiseaux qui nous offrent un diadication de Charles-Quint, son fils Philippe II phragme, imparfait, il est vrai, et permettant disait : « Il y a un an qu'il a abdiqué, et un an aux poumons d'étendre des prolongements ou « qu'il a commencé à s'en repentir. » Le trône poches aériennes jusqu'au milieu des organes de Suède fut aussi regretté par Christine, qui digestifs, mais qui, chez plusieurs, isole trèsnoua diverses intrigues pour y remonter. Le bien l'abdomen et le thorax. - Si, dans le prinroi de Sardaigne Victor-Amédée II voulut re- cipe de leur formation, les mammifères et les prendre sa couronne; son fils Charles-Emma- oiseaux se sont trouvés dans des circonstances nuel III lui fit expier cette tentative dans une d'activité qui ont entraîné une grande rapidité prison. Louis, roi d'Espagne, après l'abdication de fonctions et surtout de circulation et de resde Philippe V, étant mort sans héritier, Philippe piration, d'où est résulté le développement, au reprit et garda le pouvoir suprême. Dioclétien❘ maximum, d'un plan charnu, capable d'appeler et le dernier roi de Sardaigne, Victor-Emma-puissamment l'air dans l'intérieur de leurs pounuel V, sont à peu près les seuls qui se soient montrés sincères et persévérants dans leur abnégation. On connaît le mot de Dioclétien à Salone : « J'ai passé soixante-sept ans sur la terre, et j'en ai vécu sept. » Il ne comptait que les années dont il avait joui paisiblement dans sa retraite. Victor - Emmanuel avait mieux aimé descendre du trône que d'accepter une constitution dont il était mécontent. Sollicité par son frère Charles -Félix d'y remonter, après le renversement de cette constitution, il a préféré le calme de la vie privée.

Nous n'avons pas compté parmi les abdications volontaires celles de Charles IV, roi d'Espagne, en 1807 et en 1808. Ce prince faible ne fit que céder tour à tour à l'ascendant de son fils Ferdinand VII et de Napoléon.

Quand la renonciation au pouvoir suprême est imposée au titulaire, le mot d'abdication ne sert qu'à voiler à demi l'emploi de la force, ou qu'à décorer de quelque honneur le joug humiliant de la nécessité. C'est ainsi qu'on l'applique à Gustave IV, roi de Suède (1809), et à Napoléon (1814). AUBERT DE VITRY. ABDOLONYME OU ABDALONYME, descendant

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mons; alors aussi les organes thorachiques se sont trouvés isolés des viscères abdominaux, et la cavité de ces derniers a été parfaitement circonscrite et déterminée : mais dans les reptiles et les poissons, pour ne pas sortir de la classe des vertébrés, la disposition des organes a changé avec la différence des conditions d'existence. Chez les premiers, une seule et même cavité renferme les organes respiratoires, circulatoires, digestifs et générateurs. Chez les poissons, il existe bien une grande cavité qui renferme les mêmes organes que l'abdomen du mammifère : mais peut-on lui assigner la même dénomination, puisque les mêmes éléments ne concourent pas à la former, puisque, dans le fait, elle représente et le thorax et l'abdomen des mammifères, le cœur de ces animaux s'étant glissé jusque sous la tête et n'étant renfermé dans aucune cavité qu'on puisse comparer à celle de la poitrine? Si, des animaux vertébrés on passe aux invertébrés, on n'y rencontre nulle trace de cavité à qui le nom d'abdomen ou de thorax puisse convenir, en tant que ce sont des contenants formés des mêmes matériaux et renfermant les mêmes viscères. Chez eux, les orga

nes de la circulation, de la respiration, de la digestion et de la génération n'occupent plus de cavités distinctes; et ce ne sera ni dans les mollusques, ni dans les vers, ni dans les annélides, etc., qu'on pourra faire ces applications de thorax et d'abdomen, telles qu'elles sont reçues en anatomie humaine.

avaient été éloignés par l'action des abduc-
teurs.
F. RATIER.
ABDUL HAMID, 27e empereur ottoman, frère
et successeur de Mustapha III, était né le 20 mai
1725, et avait passé 44 ans enfermé au vieux sé-
rail lorsqu'on vint le saluer empereur (21 jan-
vier 1774). Cinquième et dernier fils d'Ach-
met III, Abdul Hamid n'avait point prévu son
élévation. Aussi n'apporta-t-il sur le trône que
des qualités plus propres à embellir un règne
paisible qu'à relever sur le penchant de sa ruine
un État ébranlé par de longs désastres. Le peu-
ple avait conçu une grande estime pour le sul-
tan, en raison de sa conduite paternelle envers
le jeune Sélim son neveu. Songeant à mettre un
terme aux humiliations de la Porte, Abdul Ha-
mid fit rassembler sur les hauteurs de la Bulga-
rie et au bord du Danube une armée de 400,000
hommes, dont le commandement fut confié au
grand vizir Moussom - Oglou, qui, dans la der-
nière campagne, s'était illustré par quelques
avantages remportés sur Roumantsof. Battues
au premier choc, les milices ottomanes se lais-
sèront couper de toutes parts. Le principal corps
d'armée, cerné dans son camp, à Chumla, se
mutina, et cette révolte contraignit Abdul Ha-
mid de souscrire au traité de Koutchouk-Kaï-
nardji (21 juillet 1774), qui affranchit les Tatars
de Krimée et prépara leur réunion à l'empire de
Catherine. La paix si chèrement payée ne fut
pourtant qu'illusoire; le cabinet de Pétersbourg
continuait sourdement son système d'empiéte-

On voit donc que ce mot abdomen ne peut être une dénomination générale, sans comprendre des cavités de forme ou de structure différentes, et sans renfermer, surtout, des organes de toute espèce. Cette dénomination ne peut convenir qu'aux deux premiers embranchements de l'arbre zoologique, et tout au plus s'étendre aux poissons; elle serait inexacte pour le reste des animaux aussi, l'appliquant seulement aux premiers, nous dirons que chez l'homme l'abdomen est placé au-devant des corps vertébraux. Borné en haut par le diaphragme, en bas par le bassin, il est formé en devant et sur les côtés par une partie des côtes et par les muscles ab- | dominaux qui sont au nombre de dix. Chez les autres animaux, la direction différente de la colonne épinière fait varier la position de l'abdomen. Chez tous, une membrane séreuse, nommée péritoine, le tapisse et se replie sur les organes digestifs et générateurs, tandis qu'elle n'enveloppe qu'une partie de la vessie et passe❘ simplement au-devant des reins; elle forme en outre de vastes replis flottants dans l'intérieur de l'abdomen, et que l'on a nommés épiploon. Pour faciliter l'étude des organes que renferme l'abdomen, on divise cette cavité en neuf ré-ments. Abdul Hamid ne pouvait opposer aucun gions trois supérieures, trois moyennes et trois inférieures. Des trois premières, celle du milieu se nomme épigastre, les deux autres hypocondres; parmi les trois moyennes, celle du milieu a reçu le nom d'ombilic, et les deux latérales, celui de flancs. On a nommé hypogastre celle qui se trouve au-dessus du pubis, et régions des iles celles où se trouvent les deux os de ce nom. Selon les espèces d'animaux et leurs divers états, l'abdomen est sujet à un grand nombre de variations. Sa capacité est bien plus grande chez ceux qui se nourrissent de végétaux que chez ceux qui font de la chair leur nourriture habituelle; il augmente considérablement pendant la grossesse, et, en un mot, suit, comme tout contenant, le volume des organes qu'il ren

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moyen de répression aux violations faites à la foi jurée par son ennemi. La nouvelle ville de Kherson s'élevait sur les bords du Dniester; son port devait contenir les flottes russes construites sur la mer Noire. Ces apprêts d'envahissement de la part de Catherine, qui associait l'Autriche à ses desseins, excitèrent heureusement l'inquiétude des puissances maritimes. La Prusse s'entremit pour porter le divan à recommencer la guerre. Des succès obtenus par Hassan pacha contre les beys d'Égypte, enfin réduits à la soumission, avaient relevé le courage des Ottomans. Abdul Hamid, confiant dans les promesses de la Prusse, et comptant surtout sur l'habileté d'Hassan pacha, ordonna le blocus de l'embouchure du Dniester. La campagne de 1788 s'ouvrit par la bataille de Kinburn, dont l'avantage, chèrement payé, demeura à Souvorof. Dans le même temps les Impériaux, alliés des Russes, franchissaient la Moldavie. Une brusque attaque des Turcs, sous la conduite du grand vizir Ioussouf, contraignit Joseph II à se replier

sur Larsgorh, et son vainqueur réduisit en cendres le bannat de Temesvar. Mais la journée d'Otchakof (6 décembre 1788) qui termina cette campagne, rétablit les affaires des alliés et coûta la vie à 25,000 Turcs. Ce fut le dernier événement du règne d'Abdul Hamid, qui ne put en supporter la nouvelle. Ce prince mourut le 7 avril de l'année suivante, et eut pour successeur son neveu Sélim III. DE CHAMROBERT. ABÉCÉDAIRE, petit livre destiné à enseigner à lire, et renfermant, avec le tracé des lettres sous toutes les différentes formes admises par l'usage, la division des mots par syllabes et des exercices au moyen desquels on facilite et rend possible la lecture des mots, en analysant ceux-ci et en en faisant envisager séparément tous les éléments. Pour les rendre agréables aux enfants, on a beaucoup varié et enjolivé les abécédaires; le plus souvent ils sont ornés de gravures destinées surtout à rendre plus sensibles le son et la valeur de chaque lettre, par les noms des objets représentés dans les figures. Le nom de ces livres est tiré, comme il est facile de le reconnaître, des trois, ou si l'on veut, des quatre premières lettres de l'alphabet; mais le mot abécédaire, en tant que formé des trois premières lettres, ne s'applique pas à toutes les langues comme au français : en hébreu, en grec, en russe et dans d'autres langues le c n'est pas la 3e lettre, non au moins avec cette valeur, et même en allemand il est un emprunt étranger à la langue qui rend le même son par la lettre z prononcé comine ts. V. ALPHABET et LECTURE (méthodes de). J. H. SCHNITzler.

ABEILLES. Les abeilles sont des insectes ailés, de la longueur de 6 à 8 lignes, ayant le corps velu et d'un brun fauve, six pattes et quatre ailes membraneuses. Elles sont pourvues d'un aiguillon pour leur défense; d'une trompe avec laquelle elles recueillent le miel, et de deux estomacs, qui, outre les fonctions qu'ils remplissent chez tous les animaux, leur servent encore à la préparation de la cire et du miel.

Ces insectes, si remarquables par leur instinct industrieux, leur amour de l'ordre et du travail, ont été de bonne heure réduits par l'homme à l'état de domesticité. En Pologne, en Russie et dans beaucoup d'autres pays on les trouve encore à l'état sauvage. Ces abeilles habitent le creux des arbres; elles sont plus velues, plus grosses et plus noires. Elles font un miel qui est souvent désagréable au goût d'ailleurs elles se conduisent et se gouvernent de la même manière que les abeilles domestiques. Nous ne

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con

nous occuperons que de ces dernières. Les abeilles vivent en société nombreuse sous un gouvernement qui présente l'image de nos monarchies. Ces réunions, connues sous le nom d'essaim, se composent d'environ 20,000 ouvrières ou mulets (sans sexe), de 1,600 bourbons ou abeilles mâles, et d'une femelle que l'on nomme reine ou reine-abeille. Les ouvrières sont les plus petites; elles forment la nation, construisent les cellules d'une manière régulière et symétrique, recueillent la cire et le miel, et nourrissent le couvain. Les cellules sont faites de cire, et servent en partie server le miel, et en partie à élever le couvain. Une seule ruche renferme ordinairement 50,000 alvéoles. Les abeilles composent le miel avec la substance sucrée qu'elles trouvent dans le calice des fleurs. Elles avalent cette matière, la convertissent, dans un de leurs estomacs, en véritable miel, et la déposent alors dans les alvéoles. On a cru longtemps que la poussière séminale des fleurs, que les abeilles recueillent au moyen de leurs pattes de derrière qui sont creuses, était la matière de la cire. Les observations les plus récentes ont fait voir que cette poussière servait à faire l'espèce de bouillie dont on nourrit les larves, et que la cire n'était autre chose que la matière sucrée, altérée par la digestion dans un second estomac, et expulsée soit par les anneaux, soit même par la bouche des insectes.

Les bourdons sont plus grands que les ouvrières, mais ils n'ont point d'aiguillon; il paraît que leur destination est seulement de féconder la reine. Lorsque cette opération est achevée, ils sont tués par les ouvrières. La reine est l'âme de l'essaim, on n'en souffre jamais deux dans la même ruche. S'il en nait plusieurs dans un couvain, ou elles forment avec leurs partisans de nouveaux essaims, ou elles sont mises à mort par celle qui éclôt la première. Car c'est le premier soin d'une reineabeille qui vient d'éclore d'aller aux cellules royales, et de tuer les larves qui pourraient devenir ses rivales. Quand deux reines sont sorties en même temps de l'alvéole, elles se livrent un combat à outrance. Les ouvrières y assistent, en faisant un cercle autour d'elles; et quand la plus faible veut chercher son salut dans la fuite, elles l'obligent à revenir au combat, dans lequel l'un des deux adversaires doit nécessairement trouver la mort.

Il se forme tous les ans, régulièrement, un nouvel essaim; mais s'il s'en formait deux ou trois, cela ne serait pas avantageux, puisque

les essaims deviendraient alors trop faibles. La reine est plus grande que les autres abeilles; sa destination est de propager l'espèce. Elle pond dans chaque cellule un œuf, qui, lorsqu'il est éclos, est soigné par les ouvrières. Toutes les abeilles montrent un grand attachement pour elle; et tout l'essaim se disperse ou meurt quand elle périt par quelque accident.

Si une ouvrière étrangère veut pénétrer dans une ruche, elle est à l'instant mise à mort par celles qui font la garde.

L'œuf déposé dans les cellules y éclôt par la seule chaleur de la ruche. Un petit ver blanc en sort, qui est nourri avec l'espèce de gelée dont il a été parlé plus haut. Il file une coque soyeuse, dans laquelle il subit la transformation en chrysalide, puis enfin, parvenu à l'état d'abeille, il perce sa prison et commence son existence sociale.

Les abeilles sont sujettes à diverses maladies, et surtout à une espèce de dyssenterie qui les fait promptement périr, et qui cause de grands dommages aux propriétaires de ruches. V. pour plus de détails les articles ALVEOLES, CIRE, ESSAIM, MIEL, RUCHE.

La piqûre des abeilles est fort douloureuse en raison du tempérament des personnes piquées, et fait naître sur la peau des boutons qui occasionnent une cuisson brûlante. Lors qu'elles sont multipliées, ou qu'elles atteignent des parties délicates, elles peuvent amener la | fièvre, les convulsions et la mort même. On calme les souffrances qu'elles produisent, en extrayant l'aiguillon qui demeure souvent dans la plaie, et en faisant des onctions huileuCONV. LEX. MOD.

ses.

ABEL, second fils d'Adam et d'Ève et frère jumeau de Cain. Celui-ci était agriculteur; Abel menait la vie pastorale; tous les deux firent hommage de leurs offrandes au Dieu créateur du ciel et de la terre: Caïn offrit les prémices de ses fruits; Abel, les premiers nés de son troupeau. Dieu donna à connaître que le sacrifice d'Abel lui était agréable, mais il rejela celui de Caïn. Celui-ci, dévoré de jalousie, tua son frère au milieu des champs. Ainsi s'accomplit le premier meurtre qui souilla la terre. Beaucoup de Pères de l'Église ont cru qu'Abel était mort sans avoir été marié. Cette opinion a donné lieu à une secte qui prit naissance en Afrique sous Arcadius et Honorius, et qui s'appelait la secte des Abélites ou Abélonites (voy. ce mot); ils n'admettaient pas le mariage. L'Église cite souvent le sacrifice d'Abel, comme le modèle d'un sacrifice saint, pur,

agréable à Dieu. Le Christ donne à Abel le nom de juste.

Dans le dernier siècle, il se forma à Greifs walden une société secrète sous le nom d'Ordre. d'Abel, et dont le but était moral, La douceur et la piété du fils d'Adam étaient présentées comme modèle à ceux qui faisaient partie de cette association. CONV. LEX. MOD.

ABEL (NICOLAS-HENRI), né le 25 août 1802 à Frindoë, en Norwège, dans le bailliage de Christiansand, et mort le 6 avril 1829 à FrolandsVare, avait dans une si courte existence montré un talent extraordinaire pour les mathématiques, et s'était placé au rang des hommes les plus distingués dans cette science. Dans ses premières études, il montra peu de goût et d'activité; mais à l'âge de seize ans, lorsqu'il commença l'étude des mathématiques, il s'y livra avec une ardeur et un succès qui attirèrent sur lui l'attention et les secours de son gouvernement, secours que le peu d'aisance de sa famille lui rendait nécessaires. Il apprit avec rapidité tout ce que ses maîtres lui enseignèrent, et fut bientôt en état de marcher seul. Ce fut alors qu'il composa plusieurs mémoires sur différentes parties de la science à laquelle il s'était voué. Malgré son talent extraordinaire, Abel ne fut pas aussi généralement apprécié qu'il méritait de l'être. Pendant un voyage qu'il fit à Paris pour perfectionner son instruction et présenter à l'académie des sciences le résultat de ses travaux, il éprouva des peines et des privations qui altérèrent profondément sa santé. Il expirait au moment où justice lui était rendue par tous les savants de l'Europe; et la lettre qui lui annonçait une existence honorable n'arriva que plusieurs jours après sa mort. Le jeune Abel unissait au savoir les qualités qui font l'homme estimable. La noblesse de son caractère, son amabilité et sa modestie lui avaient fait des amis de tous ceux qui le connurent, et c'était à leurs démarches et à leur influence qu'il dut le succès dont la mort vint l'empêcher de jouir. Les mathématiciens les plus célèbres s'accordent à considérer Abel comme un de ces hommes d'une capacité rare que la nature produit à peine une fois par siècle, et dont la carrière, si elle eût été plus longue, aurait fait époque dans la science. Ses principaux travaux sont : Mémoire sur l'impossibilité de résoudre les équations de degrés supérieurs au quatrième; Becherches sur les fonctions elliptiques; Mémoire sur quelques propriétés générales d'une certaine espèce de fonctions transcendantes. On en trouve quelques autres dans le Journal de

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