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temps de Châh Alem II; elles portaient ainsi, avec le nom du dernier empereur mongol, des millésimes antérieurs de près d'un siècle à leur fabrication.

Le comte de Gobineau a constaté la circulation, à Mascate, de monnaies de provenances très diverses, persanes, par exemple, et même françaises. Dans l'antiquité, comme on l'a vu plus haut, c'était la monnaie romaine qui avait cours.

Les douanes étaient affermées à Mascate, et mises en adjudication. Leur revenu est faible d'ailleurs, il ne dépassait pas 500.000 francs au moment où M. D. de Rivoire a visité la ville (1).

Nous n'avons malheureusement pas de chiffres récents sur les transactions de Mascate. D'après Gratton Geary (2), il se serait élevé, pour l'année 1878, à 35.000.000 de francs 7.500.000 pour les importations, 27.500.000 pour les exportations.

Après avoir été la plus puissante de l'océan Indien, la marine militaire de Mascate est réduite à fort peu de chose, le sultan ayant vendu tous ses navires de quelque importance pour ne garder que des chaloupes armées ; ses troupes de terre, ramassis bizarre de représentants des diverses races de l'Asie et de l'Afrique, mal organisées, étaient encore plus mal armées.

(1) Obock, Mascate, Bouchire, Bassorah, p. 91.

(2) Through Asiatic Turkey, cité par Reclus, t. IX, Asie antérieure, p. 894.

Les revenus du sultan étaient évalués à 600.000 francs, dont 150.000 formaient la pension allouée par le gouvernement britannique (1).

La population totale du sultanat, en 1907, était évaluée à 400.000 âmes, dont 30.000 pour Mascate; elle était alors en décroissance, malgré l'immigration. Reclus donne, pour tout l'Oman, les chiffres suivants, qui ne concordent pas avec cette évaluation (2) :

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Les Arabes sont généralement connus pour descendre d'Abraham ; mais leur filiation est matière à dis

cussion.

La théorie des généalogistes arabes, quelque peu

(1) Voir ci-après, IIIe partie, l'origine de cette allocation qui donne à l'Angleterre une quasi-suzeraineté sur le sultanat.

(2) Reclus, Nouvelle géographie universelle, t. IX, Asie antérieure, p. 924.

(3) Dont 30.000 pour la capitale et 10.000 pour Matrah.

différente de la version couramment admise par les auteurs européens, proclame l'existence de trois couches successives :

1o Les Arabes disparus, Al-Baïda ;

2o Les Arabes proprement dits, Al-Arba ; 3o Les Arabes arabisés, Al-Mostaraba (1).

Le premier de ces termes ne pourrait s'appliquer, d'après la théorie en question, qu'aux populations primitives de l'Arabie, populations légendaires, disparues depuis des siècles, telles les tribus de Ad et de Thamoûd, anéanties parce qu'elles n'avaient pas voulu accueillir les prophètes qui leur avaient été envoyés, et qui habitaient, la première dans le désert d'Al-Ahkâf, la seconde, à Al-Hidjr, où elle était venue s'établir après avoir quitté le Yémen; de Djadîs et de Tasm également originaires du Yémen, et fixées entre la Mecque et Médine, et, enfin, de Imlîk ou Amalek (2). Par ces derniers, on entendait l'antique nation des Amalécites.

Les Arabes proprement dits, «< Al-Arba », seraient les descendants de Kahtân. Ces tribus ont vécu dans le Yémen; on les appelle pour cela même « Yémé

(1) De là vient le terme « Mozarabe », d'usage courant dans l'Espagne musulmane, et que le français lui-même connaît.

(2) Voir pour plus de détails et pour la division des couches d'après les orientalistes d'Europe. - Cl. Huart, Histoire des Arabes, t. I, p. 40; Encyclopédie de l'Islam, t. I, p. 377-78.

Après le grand événement de l'histoire des Arabes, la rupture de la digue de Marib (1), les grandes branches de ces tribus s'éparpillèrent dans les pays voisins les Azd s'en furent coloniser l'Omân et le Bahreïn, les Ghassân se dirigèrent vers Damas, << Cham », les Djorhom à la Mecque, enfin Aus et Khazradj allèrent à Yathreb ou Médine.

Les Arabes arabisés, « Al-Mostaraba », d'après cette théorie toujours, sont ceux qui descendent d'Ismaël, fils d'Abraham. On compte parmi eux notamment les Arabes du Nadjd et du Hidjaz, Rabîa et Modar; ce dernier comprenant parmi ses subdivisions la célèbre tribu de Koraïch dont sortit Mahomet, le grand prophète arabe.

La légende fait des Adites les premiers habitants de l'Omân; elle rapporte qu'ils furent engloutis dans le désert d'Al-Ahkâf, qui en est voisin, et où leur roi Chaddad aurait construit le palais d'Irem. Bien que, dans cette légende, il soit difficile de discerner, çà et là, quelques faits, sinon réels, du moins possibles,

nous la résumerons ici.

Ad, fondateur de la tribu, aurait vécu 1200 ans, selon les uns; 300 seulement, selon les autres, et engendré 4000 enfants mâles. Chadid lui succéda, puis Chaddad; sous le règne de ce dernier, les Adites for

(1) Cf. Huart et l'Encyclopédie de l'Islam.

maient 1000 tribus comprenant, chacune, plusieurs milliers d'hommes. Grand conquérant, Chaddâd se rendit maître de l'Irak, et s'avança, toujours victorieux, jusque dans l'Inde. Il aurait aussi lui ou l'un de ses contemporains portant le même nom envahi le Maghreb, atteint l'océan Atlantique, et dominé sur les Egyptiens, qui restèrent pendant deux siècles les sujets des Adites, mais finirent par les chasser, grâce au concours des nègres.

L'invasion de la Babylonie ou Chaldée, depuis l'Irâk, par les Arabes, la conquête de l'Egypte par les Hycsos, ont peut-être donné naissance à ces récits fabuleux. Les Adites, dans la légende, étaient des êtres d'une taille gigantesque et d'une force surhumaine, analogues aux Cyclopes de la mythologie grecque, et les Arabes leur attribuent facilement les mines dont l'aspect leur en impose. Ils étaient idolâtres, et un verset du Coran (1) semble indiquer que leur culte était influencé par le Sabéisme, ou adoration des as

tres.

Chaddad, ayant entendu vanter les délices du paradis terrestre, voulut avoir quelque chose d'égal, et fit construire le palais d'Irem, palais somptueux entouré d'un magnifique jardin. Dieu le punit en le faisant périr d'une manière miraculeuse, et en détrui

(1) XXVI, 127.

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