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Ille. CLASSE. Voyages.

des lumières fort étendues. Celles qu'y ajoute M. Barrow ont encore quelque mérite; mais les bornes de ce journal ne nous permettant pas de nous y arrêter, non plus qu'à la courte notice qu'il donne de la principale île du CapVerd, nous passons de suite à la relation d'un voyage chez les Bouthouanas, qui est véritablement d'un grand inté

rêt.

M. Barrow n'est que le rédacteur de cette relation; M. Sommerville, chirurgien en chef du Cap de Bonne-Espérance, et M. Treutter, membre de la cour de justice de cette colonie, furent les chefs de l'expédition dont le but était de trouver à acheter du bétail pour remplacer celui qu'une épizootie venait d'enlever à la colonie. Le résul tat de cette expédition fut la découverte d'un canton de l'Afrique occupé par les Boushouanas, peuplade tout-à-fait inconnue jusqu'alors, et sur laquelle la relation donne des lumières précieuses. C'est M. Treutter qui en a rédigé en hollandais le journal, dont M. Barrow a beaucoup abrégé les détails, en y insérant quelques remarques qu'il devait à ses propres observations : en voici le très rapide extrait.

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méridionales de la rivière d'Orange. Sur la rive opposée, paraissait un village très considérable, peuplé d'une race particulière de Hottentots, qu'on nomme Koras, dont les huttes étaient assez bien construites, et qui, comme les Caffres, sont un peuple pasteur. Parmi eux s'était établi le missionnaire Kicherer avec deux coopérateurs. Il fit l'accueil le plus affable aux commissaires, et leur confessa que ses tentatives pour éclairer et civiliser particulièrement les Bosjemans, qui se trouvaient mêlés avec les Koras, avaient été jusqu'alors infructueuses. Ce fut là qu'ils eurent le bonheur de rencontrer un Boushovanas de naissance et un paysan hollandais banni de la colonie pour crime de faux, qui s'offrirent à leur servir de guides. Sous leur direction, ils parvinrent aux confins du pays des Boushouanas: ils y députèrent un de leurs guides, qui revint avec quatre hommes de cette nation. Le lendemain ils furent suivis de quatre autres, dont l'un était le frère du roi, et un autre, l'un des principaux chefs.

Les deux chefs de l'expédition, revêtus du titre de commissaires, et leur suite, après avoir dépassé, de ce côté, les limites de la colonie, entrèrent dans une plaine déserte, qu'on appelle le Karrow; à la troisième journée de leur marche dans cette plaine, ils trouvèrent les ruines d'un grand bâtiment en terre entouré de huttes démolies. On leur apprit que c'étaient les restes d'un établissement qu'avaient voulu former Kicherer et Edouard, principaux missionnaires de l'évangile, chargés d'envoyer de là des missions dans l'intérieur et dans les parties orientales de l'Afrique. En pressant leur marche, ils rencontrèrent à plusieurs reprises, et dans l'état le plus misérable, quelques individus de cette peuplade, que les colons appèlent Bosjemans, et ils leur don nèrent quelques secours. En s'avançant toujours, ils parvinrent dans une conrée d'un aspect riant : c'était lès rives

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En poursuivant leur marche les commissaires trouvèrent des députés du roi qui leur déclarèrent que leur arrivée était attendue avec la plus vive impatience. Parvenus à l'une des sources qui sont assez multipliées dans cette contrée et qui contribuent à embellir une campagne déja riante par elle-même : instruits qu'ils n'étaient plus qu'à une journée de marche de la résidence du roi, les commissaires firent arrêter dans cet endroit leur escorte et leurs chariots, et accompagnés d'un interprète, ils continuèrent leur route à cheval, après avoir garni leurs havresacs des présens destinés au roi. Vers le milieu du jour, ils entrèrent dans une ville spacieuse, composée de huttes qui n'étaient point disposées par rues, mais entourées chacune d'une palissade. Le roi, homme vénérable, qui avait rassemblé les anciens du peuple pour les recevoir, les accueillit amicalement et même avec une noble aisance; il examina les présens avec une attention

toute particulière, en demandant l'usage de chaque objet, et il invita les commissaires à se rendre à son habitation, où il les présenta à ses deux femmes et à ses deux enfans.

On conçoit qu'un peuple qui n'avait jamais vu d'européens, dut témoigner une extrême curiosité; elle était prinpalement remarquable chez les femmes: cette curiosité néanmoins ne dégénéra jamais en un empressement importun, elle se porta surtout sur les cheveux des commissaires qu'elles s'imaginaient être la queue de quelqu'animal, collée sur la tête.

La ville de Litakow, c'est le nom que la relation donne à cet amas irrégulier de huttes dont on a parlé, est partagée en deux parties par une rivière assez considérable. Les commissaires estimèrent que le nombre des maisons pouvait s'élever de deux à trois mille, et celui des habitans de dix à quinze mille. La relation décrit la forme de ces maisons, dont on prend une idée plus juste encore sur le dessin qu'en a tracé M. Daniel, qui acompagnait les commissaires en qualité de secrétaire et de dessinateur, et auquel on doit tous les autres dessins qui composent l'atlas.

soins les troupeaux forment l'une de leurs plus grandes ressources; mais ils n'en consomment la chair qu'avec une très-grande économie. Ils paraissent peu délicats dans les choix des viandes dont ils se nourrissent. Non-seulement les gazelles, les buffles, les quachas, les rhinocéros auxquels ils tendent des pièges avec beaucoup d'adresse, leur servent d'alimens; mais ils mangent volontiers les loups, les hyènes, les fourmilliers, le léopard, le chat-tigre, le camélopardalis, et plusieurs oiseaux tels que l'autruche, le butor, la grue, etc... Avec le lait qu'ils retirent de leurs vaches et qu'ils mangent caillé ; la chair de ces divers animaux, seroient encore insuffisante pour une population considérable répandue dans la ville de Litakow et dans plusieurs gros villages. Les Boushouanas ont donc eu recours à la culture de plusieurs semences, dont la principale est le Holcus surgum, qu'ils font communément bouillir dans du lait. Ce peuple est arrivé de lui-même à un degré de civilisation qui le rend sensible à quelques commodités de la vie et aux charmes de certain luxe; cette disposition se déclare par les ha billemens d'hiver qui, formés de peaux, sont doux, moëlleux et chauds; par l'attention à se garantir de l'ardeur du soleil, au moyen d'une espèce de parasol fait avee des plumes d'autruche; par une sorte de recherche dans la cuisine, soit dans la manière de préparer les grains, soit dans celle de rôtir les viandes; et enfin par les différentes préparations qu'on donne au tabac dont on fait un grand usage.

L'intelligence des Bouthouanas se fait remarquer dans la construction de ces maisons dont chacune est bâtie sur une aire élevée de manière que l'eau peut s'écouler par la porte; la partie exté rieure du bâtiment n'est point couverte : c'est là que se fait la cuisine, de sorte que l'intérieur de l'habitation n'éprouve point l'incommodité de la fumée et de la suie. Pour se préserver de l'ardeur du soleil, on a généralement construit toutes les maisons sous les branches des grands mimosa, dont on conserve avec un soin presque religieux jusqu'au moindre rameau, quoiqu'on soit obligé d'aller chercher fort loin les combustibles.

Entourés de toutes parts de déserts habités par quelques sauvages seulement, sans communication avec aucun peuple civilisé, les Bouthouanas trouvent dans leur propre pays des moyens de subsistance proportionnés à leurs be

Ce sont les femmes qui sont chargées de la culture de la terre et des récoltes. Les hommes s'occupent de la chasse et de la préparation des fourrures et des cuirs pour l'habillement et la chaussure; ils se sont réservé aussi exclusivement le soin des troupeaux et de la laiterie.

Les Bouthouanas paraissent être une tribu de la même race que les Caffres qui habitent sur les côtes. Sans être d'aussi beaux hommes qu'eux, sans avoir au même degré leurs qualités phy

siques,

III. CLASSE. Voyages.

sique, ils les ont beaucoup devancés dans les arts sociaux, dans les usages qui amènent la civilisation; tous ne sont point noirs comme les Caffres orientaux; quelques-uns sont couleur de bronze, d'autres d'un brun approchant de celui des Hottentots. Leurs cheveux sont plus longs et ont plus de tendance à devenir droits; quelques femmes même les peignent et se les rattachent sur le front. Leurs maisons diffèrent de celles des autres peuplades de l'Afrique méridionale. La couverture, disposée en forme de tente, semblerait assigner à ce peuple une origine arabe ; leur vie pastorale, leur nourriture, composée principalement de laitage, l'hospitalité qu'ils pratiquent, l'usage où ils sont de circoncire les enfans mâles, généralement enfin leur manière d'être, toutes ces circonstances viendraient encore à l'appui de ce que M. Barrow ne donne cependant que pour une conjecture.

Le système sur lequel repose le gouvernement, chez les Boushouanas, parait être entièrement patriarcal; ce sont exclusivement les anciens de la nation qui forment le conseil du roi; ils l'instruisent des voeux du peuple; c'est d'après leurs avis qu'il fait des règlemens nouveaux, ou qu'il corrige les anciens. Aussi est-il l'idole de ses sujets qui lui ont déféré le droit de se choisir un successeur. Ce sont ces mêmes anciens qui jugent les différends inévitables dans une société nombreuse; mais ces différends sont rares au moyen de la bonne et presque perpétuelle harmonie qui règne chez ce bon peuple. Les commissaires eurent l'occasion de s'en convaincre en plusieurs circonstances, mais particulièrement surtout en assistant à un mariage où ils virent régner une joie décente et une parfaite union. Il paraît que les Boushouanas n'ont aucune forme proprement dite de culte religieux, mais que, comme tant d'autres peuplades, ils ont une idée confuse d'un bon et d'un mauvais génie, et qu'ils invoquent plus volontiers le dernier que l'autre. La circoncision établie chez eux, comme on l'a vu, paraît plutôt l'être en vertu d'un anJournal général, 1807. N°. 1.

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cien usage, que comme une pratique religieuse.

Les commissaires s'étaient déterminés à avancer vers le nord pour y vérifier la résidence d'une autre tribu des naturels de cette partie de l'Afrique qu'on appelle les Barrolous, dont on leur avait donné une connaissance vague. Le roi des Boushouanas, sans qu'on ait pu bien nettement démêler ses motifs s'efforça de les en détourner, en leur dépeignant ce peuple comme étant d'un caractère méfiant et même féroce. Les commissaires, ajoutant foi à ces insinuations, renoncèrent à leur projet, et ne tardèrent pas à en avoir un profond regret. Car après avoir quitté le pays des Boushouanas qui, à leur départ, leur prodiguèrent mille témoignages d'attachement, jusqu'à les engager de leur faire l'année suivante une seconde visite, ils apprirent d'un Hottentot, qui avait pénétré chez les Barrolous, que cette tribu formait un peuple nombreux, riche et affable. Il ajouta que dans le pays qu'occupait cette nation, il y avait plusieurs villes dont la principale était si grande, qu'il fallait un jour de marche pour la traverser ; que leurs maisons, de la même forme que celles des Boushouanas, étaient infiniment mieux bâties leurs champs et leurs jardins mieux cultivés; que campagne était couverte d'arbres et de buissons; que les rivières et les sources étaient très - multipliées, et le sol des plus fertiles; que les Barrolous, fort industrieux, étaient très-habiles dans la sculpture en bois et en ivoire; qu'ils avaient même des fourneaux pour fondre le fer et le cuivre; enfin que ce peuple n'était éloigné de Litakow que de dix journées communes de marche. Mais ces informations, dit M. Barrow, arrivèrent trop tard; et le pays des Barrolous est encore aujourd'hui une terre vierge pour le voyageur européen qui serait curieux de pousser plus loin ses découvertes dans l'Afrique méridionale. Le surplus de la relation roule sur le retour des commissaires dans la colonie : il renferme quelques détails curieux qu'il faut lire dans l'ouvrage

C

la

18 III. CLASSE. Jurisprudence, Procédure civile, etc.

même, ainsi que deux mémoires intéressans du traducteur; l'un sur les éta blissemens à former dans le voisinage des Boushouanas; l'autre, sur l'existence de la licorne.

JURISPRUDENCE,

PROCÉDURE CIVILE,

ADMINISTRATION.

Novum juris compendium, in quo praecipue servatur ordo codicis gallici, abimperatore Neapoleone primo promulgati, auct. M. J. B. Delaporte. (En français): Nouvel Abrégé du Droit, dans lequel on suit, autant qu'il est possible, l'ordre du Code français publié par Napoléon 1: par M. J. B. Delaporte, ancien avocat de Paris, auteur des Pandectes françaises; avec la traduction française par C. A C...., ancien jurisconsulte. To. me I. in-8°. Chez J. A. Com maille, rue Bailleul-Saint-Honoré, no. 5.

Traité sur les conflits d'attribution, ou Recueil des lois, arrêtés et décrets concernant l'organisation et les attributions du conseil d'Etat, et la compétence des autorités administratives et judiciaires, depuis 1789 jusqu'en 1806, 1 vol. vol in-12. Rondoneau, 1 fr. 50 c. 2 fr.

Dictionnaire raisonné et par or dre alphabétique des matières du Code civil, par N. F. Verdier, ancien notaire à Rouen, 1 vol. in-12. Firmin Didot. 3 f 4 fr.

Nouveau traité de procédure civile, contenant une instruction sur la manière de procéder devant les justices de paix. T. III, même adresse que dessus. 5 fr. 50 c. 7

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Sommaire du Code de procédure civile, par ordre alphabétique, sans disjonction des articles de chaque titre, avec rapprochement des matières, et rappel des dispositions du Code civil, d'où elles dérivent, ou qui s'y attachent. Broch. in-8°. Renaudière. 2 fr.- 2 fr. 50 c.

uvres de Pothier, tome 7., contenant traité des constitu tions de rente, traité du bail à rente, suivi de l'introduction au titre 19 de la coutume d'Orléans, sur les exécutions de rente. Nouvelle édition, avec l'extrait des lois rendues depuis 1791, et les arrêts les plus notables sur cette partie de la jus risprudence mise en rapport avec fils, ancien avocat au parlele Code civit; par M. Hutteau ment, de Paris, 1 vol. in-8°. Letellier. 5.7 fr.

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Elémens de législation naturelle, l'école de droit centrale du Pandestinés à l'usage des élèves de théon; par M. Perreau, inspecteur-général des écoles de droit etc..Seconde édition, 1 v. in-8°. Belin. 5 fr.7 fr.

Essai sur la justice universelle, ou les sources de droit, extrait du traité sur la dignité et les accroissemens des sciences, par François Bacon. Traduct, nou

III. CLASSE. Instruction.

Economie politique. 19

velle, avec le texte latin en re- Manuel pratique et nouveau Code gard. in-8. Firmin Didot.

Lois et actes du gouvernement depuis le mois d'août 1789 jusqu'en prairial an 11, à l'Imprimerie Royale. Les quatre premiers volumes se délivrent an bureau de l'envoi des lois, rue de la Vrillière, no. 3, à ceux qui souscrivent en même temps pour la seconde livraison, à raison de 5 fr. le volume, et pour une table alphabétique et raisonnée des lois d'intérêt général, depuis 1789 jusqu'en 1807, pour 400 pages.

Ce recueil formera 8 vol. in-8°. qui, au moyen du retranchement des actes transitoires, ou relatifs aux individus et aux localités, remplaceront l'édition du Louvre, en 18 vol. in-4°. et serviront de commencement nécessaire au bulletin.

Collection de divisions nouvelles, par Denisart. Huitième édition, mise dans un nouvel ordre, et augmentéé par MM. Camus et Bayard, continuée par M. Calange, ancien jurisconsulte. 20 vol. in-4., dont douze seulement paraissent, Lamy, Prix des 12 volumes, avec quittance du 3., 234 fr.

Le Praticien français en deux parties, dont l'une donne l'esprit et la théorie du Code de procédure avec les formules, et la seconde en présente l'application et la jurisprudence; par les rédacteurs de la jurisprudence du Code civil. 4 ́v. in-8•. Bavoux jeune, rue de Savoie, 24 fr. 30 fr.

des Huissiers, par M. Lepage. 2 vol. in-12. Hacquart. 3 f. 50 c. 4 fr. 50 c.

Etat actuel de la législation sur l'administration des troupes, par P. N. Quillet. Tome III. Magimel. 5 fr.6 fr.

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