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de consulter les oracles; le même penchant à interroger le sort pour percer l'avenir, et à chercher la guérison des maladies par des charmes. Ils ont la même nourriture et la même manière de préparer les alimens; ils ont les mêmes heures de repas. Leurs jeux publics et tous leurs amusemens sont de même genre on trouve dans tous les deux les mêmes formes et la même manière pour l'exécution des feux d'artifice, les mêmes instrumens de musique, les mêmes jeux de hasard, les combats de coqs et de cailles. Comme en Chine, les lois ni la coutume ne fixent jamais le nombre de femmes ou de concubines qu'un homme peut avoir; la première en date a de même la primauté sur les autres: elle est à la tête de tout ce qui concerne la maison. Les formes sont les mêmes pour les mariages et les divorces. Voilà les conformités principales. Voici maintenant en quoi les deux peuples different.

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Quoiqu'on retrouve dans la langue de la Cochinchine les principes de la Langue chinoise, elle s'en écarte tellement dans l'usage, que quoique les caractères d'écritures soient précisément les mêmes, les deux peuples ne s'entendent pas ou ne s'entendent presque pas lorsqu'ils parlent.

A la différence de l'habillement des Chinois, celui des Cochinchinois est extrêmement raccourci : ils ne portent point, comme ceux-là, ni souliers épais, ni grosses bottes de satin, ni jupes d'étoffe ouvrée; mais ils sont toujours nu-jambes et ordinairement nupieds. Ils n'ont point la tête rasée comme l'ont les Chinois, au moins depuis la conquête de la Chine par les

Tarlares.

Dans quelques-unes des provinces de la Chine, les femmes sont condamnées au travail pénible du labourage.

Dans la Cochinchine on croit le sexe le plus faible, né pour les occupations qui exigent non la force du corps, mais Findustrie la plus persévérante. Les Cochinchinoises ajoutent aux soins du gouvernement intérieur de leurs maisons, tous ceux des détails du com

merce. Ce sont elles qui président à la construction et à la réparation de leurs murailles de terre, elles dirigent les manufactures de vaisselles de terre cuite; elles conduisent les barques sur les rivières et portent les marchandises aux marchés; elles écossent et épluchent les cotons; elles en font du fil, le tissent, le teignent de différentes couleurs et en font des habits pour elles et pour leurs familles. Au labourage et à la construction des vaisseaux et des barques près, dont les hommes seuls s'occupent, ils joignent deux autres genres de travaux, la pêche et la recherche des nids d'hirondelles et des biches de mer, ce sont les femmes qui sont chargées de tout le reste.

Quoiqu'ainsi, qu'en Chine, le systême de morale soit fondé, dans la Cochinchine, sur les préceptes de Confucius, cependant ils n'y sont pas fort respectés. En Chine, ces préceptes sont exposés avec affectation, en lettres d'or, dans toutes les maisons, dans les rnes et dans les lieux publics: ici on les voit rarement et l'on n'en parle jamais. Quand ils sont récités, c'est dans la langue originale que les Cochinchinois n'entendent pas; et il leur serait fort difficile de les traduire. La conduite du peuple, en général, dans la Cochinchine, ne paraît pas plus soumise aux principes de la religion qu'à ceux de la morale. Les Cochinchinois sont, comme les Français, toujours gais et parlant sans cesse; les Chinois toujours graves et affectant de penser. Les premiers sont d'un caractère ouvert et familier; les autres sont serrés et réservés. Un Chinois regarderait comme une bassesse de confier une affaire importante à une femme les Cochinchinois regardent les femmes comme les plus propres aux affaires; elles sont, d'ailleurs, aussi libres et aussi gaies que les hommes; bien loin que les Cochinchinoises soient privées, comme en Chine, de la liberté ou de l'entier usage de leurs membres, elles en jouissent dans la plus grande extension. Par une contradiction singulière, en même temps que les Cochinchinois ont une grande confiance

III. CLASSE. Voyages.

dans leurs femmes, pour la conduite des affaires, ils n'attachent aucun prix à leur chasteté et à leur honneur, parce qu'ils les regardent comme des êtres dégradés dans l'opinion publique et inférieurs par la nature aux hommes. De là naît chez elles le sentiment intime de leur peu d'importance, sentiment que partagent avec elles leurs maris. Aussi ne pourrait-on trouver dans aucune partie du monde, plus qu'aux environs de Turon, des femmes dissolues et des hommes commodes. Ces observations ne sont pas bornées au commun du peuple, elles s'appliquent, tout au moins, aux premiers rangs de la société.

Il n'y a rien de prévenant dans le caractère ni dans l'extérieur des Cochinchinois; leurs femmes ne doivent pas avoir de prétentions à la beauté. Toutefois ce qui leur manque de charmes réels, est compensé par un air de vivacité et de gaîté, tout l'opposé de la sévère et triste figure des recluses Chinoises. On chercherait en vain, dans la Cochinchine, un maintien agréable qui appartient autant à l'éducation et au sentiment, que la délicatesse des traits et la fraîcheur du teint tiennent à l'aisance de la vie et aux soins qu'on prend pour ne point exposer la figure à l'ardeur du soleil et aux intempéries de

l'air.

Quoique la ville de Turon ait été autrefois la principale place de commerce, entre la Cochinchine, la Chine et le Japon, on n'y retrouve aucune trace qui indique une ancienne opulence. Les plus belles maisons n'ont jamais qu'un étage: elles sont en bois et en briques séchées au soleil; les murailles de cette ville, et de toutes les autres, sont construites avec des matériaux légers et très-imparfaits, et disparaissent, bientôt, sous une rapide et forte végétation d'arbustes.

Le pays abonde en toutes sortes d'animaux, excepté en moutons; peu de gros bétail, beaucoup de cochons, de chevaux, et une grande quantité de canards et de poulets. Les Cochinchinois mangent du chien comme à la

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Chine; et les grenouilles font partie de leur nourriture ordinaire. La mer offre autant de ressources que la terre à ces peuples et à tous ceux qui avoisinent les côtes. Outre un grand nombre de poissons qui lui fournissent d'excellens alimens, la plupart des espèces de vers qui appartiennent au genre des mollusques et les plantes marines, qu'on appelle fucus saccharinus et chinchou. font partie de leur nourriture. Ils recueillent aussi beaucoup de petites plantes charnues et succulentes qui se trouvent ordinairement dans les marais salans et sabloneux. Ils les font bouillir en soupe ou en étuvée avec le riz, qui, au fait, est pour eux la base de leur nour riture. Ils ont l'art de tirer de ce grain une espèce de vermicelle d'une transparence parfaite.

Les Cochinchinois peuvent à-peuprès compter sur deux abondantes récoltes de riz; l'une en avril, l'autre en octobre. Toutes les parties du pays produisent des fruits en abondance, outre d'excellentes ignames et une grande quantité de patates. Il ne paraît pas que leurs petits troupeaux leur fournissent beaucoup de lait, mais ils n'en font guères usage, pas même pour la nourriture de leurs petits enfans: ces innocentes créatures sont très-nombreuses à Turon, et semblent y jouir d'une excellente santé, jusqu'à l'âge de sept à huit ans, ils vont absolument nus. Il paraît qu'on les nourrit, surtout de riz, de cannes de sucre et de melons aquatiques.

M. Barrow vit dans ce pays plusieurs plantations de cannes de sucre et de tabac. Le suc des premières après avoir été en partie rafiné, est mis en gâteaux et envoyé à la Chine. Il ressemble, par la couleur, l'épaisseur et la porosité aux rayons de miel. Le tabac est consommé dans le pays, car tout le monde, sans distinction d'âge ni de sexe, a l'habitude de fumer.

L'aspect du pays ne présente que de faibles traces d'agriculture; les arts et les manufactures y languissent; les habitations n'ont que des meubles d'une construction grossière. Cependant les

nattes sont tressées très-ingénieuse ment en différentes couleurs. La vais selle de cuivre fondu égale en qualité celle de la Chine, mais la poterie de terre est très-inférieuré. La plupart des poignées d'épée des officiers sont d'argent, et les ouvrages en filigrane

valent ceux de Chine.

Au reste, on ne remarque chez les Cochinchinois, comme ehez tous les peuples de l'orient, aucune amélioration progressive dans l'état des arts. Il faut, néanmoins, excepter l'architec

ture navale, où ils excellent singulière ment, quoiqu'ils y soient peu favorisés par la qualité et la grandeur des bois. Leurs galiotes de plaisance sont d'une beauté remarquable. La solidité de la construction, la richesse des ornemens en sont également remarquables; pour les navires marchands, les propriétaires considèrent beaucoup moins la vitesse de la marche du navire que la sûreté des marchandises qu'on y dépose. C'est que ces bâtimens ne devant jamais être employés comme vaisseaux de guerre, une vitesse extraordinaire pour la poursuite ou la fuite, n'est pas une qualité bien essentielle.

A la suite de cet essai sur les mœurs, le caractère et la situation des naturels de Turon, M. Barrow a placé un aperçu des avantages que peuvent procurer les relations de commerce avec la Cochinchine.

Le traducteur a enrichi aussi cette partie du voyage de M. Barrow, de trois additions.

La première, est un mémoire sur la fertilité naturelle de la Cochinchine, et sur quelques-unes de ses productions précieuses.

La seconde, est un voyage des Hollandais au royaume de Laos.

La troisième, est une note, sur le Bohon-upar, communiquée par M. Des champs.

Itinéraire de l'Italie. Sixième édition, faite sur la cinquième édition de Florence, soigneusement revue, corrigée et consi

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Dans cet ouvrage, avec les sources où toutes les dispositions du code ont été puisées, on trouve établies les différences des nouvelles lois avec les an

ciennes ; le rapport des articles du code entr'eux: on y transcrit, à la suite da chaque article, soit la loi romaine, d'où il a été traduit, soit l'article de coutume, d'ordonnance ou de loi précédente, soit le texte des auteurs où il a été copié ou dont il a été extrait, soit le motif particulier qui l'a fait adopter. On y voit la concordance du code de procédure avec le code civil: on y rap. porte les arrêtés du gouvernement, les décisions du conseil d'état et du ministre de la justice pour l'exécution des divers articles, avec des définitions des mots textuels, des observations propres à résoudre les difficultés que l'exécution de tels ou tels articles pourraient faire naî teurs. Le tout est suivi d'une table de ma tre; et des décisions corrélatives des autières très-étendue, en forme de dic tionnaire.

III. CLASSE. Instruction, Education.

Jurisprudence du Code civil, où Recueil des arrêts rendus par les Cours d'appel et par celle de cassation, depuis la promulgation du Code; ouvrage dans lequel on trouve, sur chaque matière traitée, la conférence du droit romain, de l'ancien et du nouveau droit français, des explications claires et succinctes dans tous les cas où la matière les rend nécessaires, l'indication des différences et des points de contact du Code, avec les lois qui l'ont précédé publié depuis le 1. vendémiaire an XII (24 septembre 1806) par

MM. Bavoux et Loiseau. 2o.

édition. Chez M. Bavoux jeune, rue de Savoie, no. 18, 20 fr. pour l'année, Icoo pages, 11 fr. pour six mois, 500 pages, franc de port.

Code ou nouveau Traité des Inté

rets, mis en rapport avec les
lois et la jurisprudence ancienne
et nouvelle,
sur les liquidations
et les partages, les comptes de
tutèle, les ordres et contribu-
tions de deniers, les rentes, le
commerce, le papier-monnoie,
etc...... in-8° Chez l'Auteur,
rue des Grands Augustins,
n°. 5; Arthus Bertrand. 3 fr.-
3 fr. 50 c.

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pour l'instruction et la suite des actions à intenter en justice, ou pour l'exécution des jugemens des tribunaux et des actes de jurisdiction volontaire, susceptibles d'exécution sans intervention du juge; le tout absolument conforme aux dispositions de ces Codes, pour tous les cas distincts et séparés où ces actes doivent avoir lieu; suivi d'une table alphabétique des matières : par A. G. d'Aubenton, ex-juge, etc. I très-fort vol. in-8°. de 670 pag. Buisson. 8 fr. 10 fr.

Nouveau style et Manuel des Huissiers, contenant des instructions et des formules pour les divers actes de leur ministère, tant au civil qu'au criminel; par l'auteur du Manuel alphabétique des maires, de leurs adjoints et des commissaires de police. 5. édition refondue d'après les dispositions du Code civil et judiciaire. Vol. in-12. Garnery. 3 fr.

50 C.

3 fr.

INSTRUCTION, ÉDUCATION.

Les Délassemens de l'Enfance, par Pierre Blanchard. (Voyez pour l'adresse et le prix notre précédent cahier.).

Nous revenons sur cet ouvrage pour

indiquer l'intention qu'a eue l'auteur en publiant les premiers volumes, et en donnant une suite.

Formulaire général des Actes
ministériels, extra-judiciaires
et de procédure, impérieusement y
commandés, par les Codes civil
et de procédure, aux juges de
paix et à leurs greffiers, aux
arbitres, aux avoués, huissiers
et à tous autres fonctionnaires,

« On a coutume (c'est l'auteur lui

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même qui parle) de mettre entre les mains des enfans des historiettes qui les amusent, et leur font, sans doute, aimer la lecture, mais qui ne leur apprennent rien. Nous essayons, dans les

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Délassemens de l'enfance, de remplacer ces lectures stériles par des lectures tout aussi amusantes, et qui, au moins, contribuent à l'instruction. « C'est dans l'histoire, dans les relations des voyageurs que nous allons chercher les aventures que nous ra«< contons; et les merveilles dont nous parlons sont celles de la nature. Nous joignons, à ces sujets intéressans, quelques anecdotes d'une excellente moralité; et nous entremêlons le tout de contes moraux, (car nous ne prétendons pas proscrire ce genre agréable) de fables en vers et d'autres petites poésies. Les volumes qui paraissent peuvent faire juger si nous atteindrons le but que nous nous sommes proposé; et les autres ou vrages que nous avons déjà publiés pour l'éducation, doivent, nous osons le croire, nous attirer pour • celui-ci quelque confiance de la part des parens et instituteurs m.

RELIGION ET ECONOMIE

POLITIQUE.

Manuel chrétien des Etudians, à l'usage des lycées et de toutes les écoles de l'Empire français: ouvrage utile à tous les fidèles, Edition augmentée du tableau des trois principales vertus chrétiennes, par Ives Bastion, aumônier du Lycée impérial. I vol. in-12. Leclère.

Collection des Discours, Procèsverbaux et Décisions du grand Sanhedrin, convoqué à Paris par ordre de S. M. l'Empereur et Roi, publiée par M. D. Tama. Première, seconde et troisième livraison, gr. in-8°. Chez l'Editeur; et Treuttel et Würtz. 10 fr. 12 fr. la souscription.

Le grand Sanhedrin reconnaît et déelare que la polygamie, permise parla loi

de Moïse, n'est qu'une simple faculté, que les docteurs l'ont subordonnée à la condition d'avoir une fortune suffisante pour subvenir aux besoins de plus d'une épouse. Que dès les premiers temps de notre dispersion, les Israëlites, répandus dans l'occident, pénétrés de la nécessité de mettre leurs usages en harmonie avec les lois civiles, des états dans lesquels ils s'étaient établis, avaient généralement renoncé à la polygamie, comme à une pratique non conforme aux mœurs des nations. Que ce fut aussi pour rendre hommage à ce principe de conformité, en matière civile, que le synode convoqué à Worms, en l'an 4790 de notre ère, et présidé par le rabbin Guerson, avait prononcé anathême contre tout Israëlite de leur pays qui épouserait plus d'une femme. Que cet usage s'est entièrement perdu en France, en Italie et dans presque tous les états du continent européen, où il est extrêmement rare de trouver un Israëlite qui ose enfreindre, à cet égard, les lois des nations contre la polygamie.

En conséquence, le grand Sanhédrin pesant dans sa sagesse, combien il importe de maintenir l'usage adopté par les Israëlites, répandus dans l'Europe, et pour confirmer en tant que de besoin, ladite décision du synode de Worms, statue et ordonne, comme précepte de

religion.

Qu'il est défendu à tous les Israëlites de tous les états où la polygamie est défendue par les lois civiles, et en particulier à ceux de l'empire de France et du royaume d'Italie, d'épouser une seconde femme du vivant de la première, à moins qu'un divorce, avec celle-ci, prononcé conformément au code civil et suivi du divorce religieux, ne l'ait affranchi des liens du mariage.

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Dans la séance du 19 février, les points suivans ont été délibérés et arrêtés sur la répudiation:

Le grand Sanhedrin ayant considéré combien il importe aujourd'hui d'établir des rapports d'harmonie entre les usages des Hébreux relativement au mariage; et le code civil de l'empire de

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