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Quand l'assemblée nationale, ordonnant une nouvelle formation des paroisses, semble mettre en oubli les procédures canoniques, sans lesquelles les paroisses ne doivent pas être réunies ou divisées, elle exige cependant l'avis des évêques, le concert avec eux, selon les besoins des peuples, la dignité du culte et les difficultés locales. La division, l'érection, la suppression des évéchés et des métropoles, n'est pas moins importante pour les besoins des peuples et la dignité du culte, que la formation des paroisses.

On exige le concours des évêques, pour l'établissement et la suppression d'une cure ou d'une succursale.

Comment peut-on exclure le concours de l'église, pour l'établissement et la suppression d'une métropole ou d'un diocèse?

Il s'agit de savoir si des évêques ne peuvent pas exercer dans des diocèses que l'église leur a confiés, une jurisdiction purement spirituelle, selon les loix de l'église, que l'église n'a point révoquées ?

Il s'agit de savoir si des évêques peuvent exercer une jurisdiction purement spirituelle, qu'ils ne peuvent tenir que de l'église, dans des diocèses qu'elle ne leur a point confiés, contre ses loix qu'elle n'a point révoquées ?

On suppose que la jurisdiction des évê

Coll. eccl. Tome I.

L

ques est universelle, et que chaque évêque peut l'exercer par-tout où la puissance civile appelle et provoque son ministère.

11 paroit que les apôtres, en fondant les églises dans les cités, ont eux-mêmes donné des bornes à l'exercice de la jurisdiction de leurs successeurs (1). On retrouve, dans le second siècle, les limites des premiers diocèses auxquels ils ont donné des évéques. Nous connoissons l'étendue et les limites des anciennes églises apostoliques (2).

(1) Sic autem prædicavi evangelium hoc, non ubi nominatus estChristus, ne super alienum fundamentum ædificarem. B. Paul, epist. ad Rom. cap. 15, verset

20.

Tito dilecto filio secundum communem fidem.... Hujus rei gratia reliqui te Creta, ut ea quæ desunt corrigas, et constituas per civitates presbiteros, sicut et ego disposui tibi, B. Pauli epist. ad Titum, cap. 1, verset 4 et 5.

(2) Apostoli ecclesias apud, unamquamque civitatem condiderunt, à quibus traducem fidei et semina doctrinæ, cæteræ exindè ecclesiæ mutuata sunt et quotidiè mutuantur ut Ecclesiæ fiant; ac per hoc et ipse apostolice deputantur, ut soboles apostolicarum ecclesiarum. .. Age jam, qui

voles curiositatem meliùs exercere in negotio salutis tuæ, percurre ecclesias apostolicas apud quas ipsæ adhuc cathedræ apostolorum suis locis præsident, apud quas ipsæ authenticæ litteræ eorum recitantur sonantes vocem et repræsentantes faciem uniuscujusque.

Proximè est tibi Achaïa ? habes Corinthum. Si non longè à Macedonia, habes Philippos, habes Thessalonicenses. Si potes in Asiam tendere, habes Ephesum. Si autem Italiæ adjaces, habes Romam undè nobis quoque auctoritas præsto est. Tertullianus, lib. de prescriptionibus, cap. 20 et 36.

Les premiers conciles ont marqué les divisions et maintenu le territoire des anciennes églises (1). Les empereurs ont reconnu la distinction des métropoles et des diocèses, fixée par les canons (2). On retrouve, dans le quatrième siècle, le nombre et les dépendances des différentes provinces ecclésiastiques (3). L'église, en donnant sa jurisdiction, en a toujours déterminé l'exercice, selon l'étendue et la population des lieux. Il n'y auroit point de subordination et d'autorité dans un gouvernement, si l'on ne connoissoit pas ceux qui doivent ordonner et ceux qui doivent obéir. Comment

(1) Antiqua consuetudo servetur per AEgyptum Lybiam, et Pentapolim; ita ut Alexandrinus episcopus horum omnium habeat potestatem, quia et urbis Romæ episcopo parilis mos est. Similiter autem et apud Antiochiam cæterasque provincias sua privilegia serventur ecclesiis. Conc. Nicæn. I. Can. 6.

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Episcopi quæ extra dioecesin sunt, ad ecclesias quæ extra terminos eorum sunt, non accedant, neque confundant et permisceant ecclesias, sed secundùm regulas constitutas, etc. Conc. Constantinop.

I. can. 2.

Dicat re

(2) Gloriosissimi judices dixerunt. verendissimus episcopus Photius, quas ecclesias, quæ sub se metropolitano episcopo essent, abstulit reverendissimus episcopus Eustathius. . . Photius episcopus Tyri dixit; Cepit, Biblon, Botryn, Tripolim, Orthosiadem, Arcas, Anteradon; ac precor ut benignitas vestra jubeat eas sedi Tyri restitui. Conc. Calced. Act. 4.

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(3) Conc. Nicæn. 1. can. 6 Conc. Calcedon. Act. 4 ut suprà.

pourroit-on distinguer les citoyens de chaque empire, et les justiciables de chaque tribunal, sans la séparation territoriale des ressorts et des états? L'église a pris soin de désigner à chaque fidèle les juges, les témoins et les évangélistes de sa foi. Elle les distingue par une institution canonique qui donne à chaque diocèse, à chaque paroisse son évêque et son pasteur. L'église a proscrit dans tous les temps les entreprises d'un évêque dans un diocèse étranger (1). L'église a long-temps contesté le

(1) Ut nullus episcoporum, in paroccia alterius, ordinationes presbyterorum aut diaconorum faciat exceptis patriarcha et archiepiscopo, in locis quæ sub potestate eorum sunt; nec quidquam disponat in aliena paroecià, sine licentia proprii episcopi. Conc. Nicæn. I. cap. 38.

Episcopum non debere in alienam irruere civitatem quæ illi probatur non esse subjecta, neque in regionem quae ad ejus curam miniinè dignoscitur pertinere ad aliquid ordinandum; neque presbyteros neque diaconos constituere ad alios episcopos pertinentes, nisi fortè cum consilio et voluntate propriæ regionis episcopi. Quod si quispiam horum aliquid audere voluerit, irrita quidem erit hujusmodi ordinatio, et is qui malè usurpaverit, à synodo arguatur; nam si ordinare non potuerit, nullatenus alterius parochianum judicare præsumat. Conc. Antiochen. I. can. 22.

Ne parochias cujuslibet episcopi alterius civitatis episcopus, canonum temerator, invadat, et vesanæ cupiditatis facibus inflammatus, suisque admodùm non contentus, rapiat aliena. Capitul. Carol. Magn, Baluz, tom. 1, pag. 1114.

titre des évêques, dont une mission spéciale n'avoit point déterminé la jurisdiction (1), L'église ne reconnoissoit pas une jurisdiction épiscopale sans limites, quand elle ne vouloit pas reconnoitre des évêques sans

territoire.

Quand la jurisdiction d'un évêque seroit universelle, ce ne seroit pas une raison pour la faire cesser dans les lieux auxquels l'église en détermine l'application.

Nulli episcopo liceat, cujusvis privilegii prætextu pontificalia in alterius dioecesi exercere nisi de ordinarii loci expressâ licentiâ et in personas eidem ordinario subjectas. Si secùs factum fuerit episcopus ab exercitio pontificalium, et sic ordinati ab executione ordinum, sint ipso jure suspensi. Conc. Trident. sess. 6, de reformat cap. 5.

(1) Nam episcopi non erant qui nec ad quandam civitatis episcopalem sedem titulati erant...... Episcopi namque non fuerunt, qui nec ad aliquam episcopalem cathedram ordinati fuerint, et ideò ex his nihil agere potuerunt.,. . Quæ omnia summis pontificibus, id est, cathedralibus episcopis, debentur Conc. Aquis gran, an. 803, can. 4, 5, 6. Capitul. Carol,-Magn. l. 7. c. 424.

Episcopus namque, nisi certam parochiam et populum cui superintendat, habeat, constitui secundùm deum non potest, quia nec in sæcularibus nomen vel officium pastoris habere valet, qui gregem quem pascat non habet. S. Anselm. lib. 3, epist.

147.

Status episcopalis, licèt esse possit in aliquo sine plebe et sine usu vel exercitio, hoc fieri non convenit, quia vanum et monstruosum in eeclesià videreur, quoniam frustrà est potestas, cui non subest operatio. Gerson. tom. 1, pag, 190.

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