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pour ses brébis. Plus de dix mille pasteurs, cent-quarente-six évêques à leur tête, s'offrant à la mort pour la foi et le salut de leurs frères, ont fait voir jusqu'à quel point il fallait en croire à nos ennemis.

Ce n'étoit pas assez d'avoir donné de grands exemples à l'assemblée nationale; trop peu encore, d'avoir conquis son estime, au défaut de ses applaudissemens. Les pasteurs devoient à leurs troupeaux, la vérité; ils la devoient toute entière: jamais cette dette auguste ne fut mieux acquittée.

T'andis que l'on faisoit circuler avec profusion, dans la capitale et dans les provinces, des écrits payés par l'or des intrigants, soutenus par l'autorité de la force armée, adoptés, traduits en tout sens par l'ignorance, et l'intérêt, les évêques instruisoient les peuples, les éclairoient sur les droits de la puissance spirituelle, sur les pièges tendus à leur bonne foi, sur les vrais principes de la constitution catholique. Déjà la tribune avoit rétenti des plus éloquentes apologies; le presbytère fit aussi entendre sa voix; Laurent prêt à mourir à côté de Sixte, ne pouvoit garder le silence alors que Sixte avoit parlé; Israel tout entier

étoit venu se ranger autour de l'arche menacée; plus d'un jeune Athanase (1) à peine initié dans les mystères saints, essaya comme David, ses armes par des triomphes; les Hilaire, les Cyrille, les Athanase, parurent avoir ranimé leur poussière sacrée pour venir au milieu de nous, rappeller leurs antiques combats, et offrir à. l'admiration de l'Europe étonnée, le concours des plus héroiques vertus, et des plus sublimes talens. De tous les côtés du sanctuaire, s'échappoient des traits de lumière capables de dissiper toutes les ténebres, si, à force d'outrages envers les miséricordes divine's, nous ne fussions arrivés à ces jours mauvais, (2) prédits dès longtemps, où le mystère d'iniquité doit s'opérer et couvrir la face de la terre, où du puits de l'abymedoivent s'exhaler d'épaisses vapeurs qui enivreront les nations répandues aux quatre coins du monde, jusqu'à Gog et

(1) On se rappelle que S. Athanase n'étant encore que diacre, assista au cóncile de Nicée, et fit connoître dèslors tout ce que l'Arianisme auroit à cranidre de son éloquence et de ses vertus.

(2) Thess. 11. 7.

Magog.

Magog. ( 1 ) ( Les lecteurs instruits saisiront sans peine la prophétie ).

Voilà la collection que nous offrons au public; collection à laquelle nous ne doutions pas qu'on ne dût attacher le plus grand intérêt, soit qu'on l'envisageât dans son importance et son étendue, soit que l'on considérât la célébrité des personnages que. la constitution civile du clergé avoit jettès dans l'arène, les intrigues dont elle alloit être le nœud, les violentes explosions qu'elle devoit produire; d'un côté, ( pour parler comme Morus et Fischer ), l'assemblée nationale de France, de l'autre, l'église catholique, c'est-à-dire la grande assemblée nationale du monde chretien,

SECONDE PARTIE.

Le monument que nous élevons au clergé de France, étoit donc le seul qui pût lui convenir, puisqu'il est son histoire.

Quoiqu'il en soit du mérite d'impartialité que les historiens ont soin de porter si haut, il est bien difficile. que les opinions et les vrais sentimens ne percent par quel

(1) Apoc. 20. 2. 7.

qu'endroit. Cependant, comme il est de convention rigoureuse pour les écrivains de ce genre, de ne point entrer en matière, sans annoncer qu'ils vont planer audessus de tous les partis, sans en adopter aucun, il résulte de leurs infidélités, qu'on est en droit de suspecter toute sorte de récits humains, ceux là sur-tout, qui nous attachent profondément; alors que selon l'expression d'un philosophe tant vanté, l'auteur les a écrits avec son ame, plutôt qu'avec sa plume. Et nous aussi sacrifierons nous à cette vaine coutume? Ah! notre cause est trop belle pour nous permettre de ne pas procla mer jusques sur les toits, qu'il est un parti auquel nous nous faisons gloire de rester attachés; quand on tient à l'église, c'està-dire à la colonne, à l'inébranlable fondement de la vérité, (1) comme parle S. Paul, il est bon que tout le monde le sache. Il n'y a point là de politique humaine qui put nous commander le silence, pas même au milieu des dangers que l'on court à être

connu.

C'est dans le même esprit que nous n'a

(1) Tim. 3. 13.

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vons point fait un secret de notre nom. On ne lit pas dans la vie de St. Hilaire, que cet ardent apologiste de la foi de Nicée contre les décrets de la souveraineté impériale, ait déguisé ses défenses et son nom sous des voiles timides; et je vois celui de S. Paul en tête de chacune de ses épitres. Au défaut de tout autre rapport avec ces illustres confesseurs du nom chrétien, osons du moins avoir celui-ci.

Mais après tous ces aveux, point de surprise à craindre de notre part; ici ce sont toutes pièces originales d'un procès, dont l'Europe connoit tous les détails. Ici les faits se déduiront, se développeront d'eux-mêmes, en attendant que nous puissions les réunir en un seul corps d'ouvrage, sous le titre d'histoire de la moderne constitution ecclé siastique. Ici le pour et le contre fidèlement inséré dans les mêmes tableaux, exposera sous l'œil du lecteur, les attaques et les défenses, laissant ainsi à sa curiosité l'intérêt des comparaisons et le mérite des juge

mens.

par

Ce recueil devoit naturellement s'ouvrir la collection des décrets, comme pierre angulaire du nouvel édifice. Ce n'est pas à

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