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LEBLANC (Louis-François-Jean), vice-aniral, président de la section de la guerre et de la marine, né en 1786, était capitaine de vaisseau en 1830. Il fut, quelque temps après la Révolution de juillet, nommé commandeur de la Légion d'honneur et contre-amiral. Placé à la tête de la préfecture maritime du 4o arrondissement, dont le chef-lieu est à Rochefort, il reçut la croix de grand officier de la Légion d'honneur, le 50 janvier 1844. Il n'avait fait partie jusqu'ici d'aucune de nos assemblées politiques, mais, s'il apporte dans l'exercice de ses nouvelles fonctions le même zèle et la même aptitude que dans sa carrière précédente, il sera bientôt en état de diriger avec habileté les débats et les discussions de la section qu'il préside.

BONJEAN (Louis-Bernard), ancien ministre, président de la section de l'intérieur, de l'instruction publique et des cultes, né à Valence (Drôme) en 1808, est le fils d'un menuisier de cette ville. On peut le citer comme le véritable artisan de sa fortune. Livré dès sa jeunesse aux études sérieuses, il se fit inscrire au tableau des avocats de Paris en 1830, et passa ses examens de docteur. Il donnait des répétitions de droit en attendant que l'occasion se présentât de concourir pour une chaire de professeur à la Faculté; mais il échoua plusieurs fois dans ces luttes difficiles, et, de guerre lasse, il acheta, en 1838, une charge d'avocat aux conseils du roi à la cour de cassation. Il se fit remarquer dans sa compagnie par beaucoup de zèle, d'ardeur au

travail et par un profond savoir. Il était, dit-on, trèsversé dans la connaissance du droit romain; mais cette branche de la science lui offrait peu d'avantages pour sa nouvelle carrière. L'estime qu'on avait de ses lumières faisait attendre avec impatience une Histoire diplomatique, dont il préparait les matériaux et dont l'on annonçait la prochaine mise en vente. La Révolution de février l'arracha à ses travaux de cabinet pour le jeter au milieu de la tourmente politique. Représentant de la Drôme à l'Assemblée constituante, il fut un des membres les plus ardents de la réunion de la rue de Poitiers, et se dessina d'une manière bien caractéristique par le discours qu'il prononça, le 29 mai, pour appeler l'attention de ses collègues sur les actes et la circulaire de M. Carnot, ministre de l'instruction publique. Ses tendances réactionnaires, comme on les appelait alors, étaient une funeste recommandation aux yeux des électeurs socialistes de la Drôme. Il échoua au scrutin du suffrage universel, au mois de mai 1848. Lorsque le conseil d'État fut réorganisé, au mois de janvier 1852, M. Delangle avait été d'abord désigné pour la présidence de la section de l'intérieur. Mais M. Dupin, procureur général à la cour de cassation, ayant donné sa démission à l'occasion du décret relatif aux biens de la maison d'Orléans, M. Delangle fut appelé à le remplacer, et M. Bonjean, conseiller d'État, passa à la présidence qui devenait vacante.

ALLARD (Jean-Baptiste-Pierre), conseiller d'État,

né en 1798, est membre du comité du génie et ancien maître des requêtes en service extraordinaire. En 1815, il faisait partie des élèves de l'École polytechnique licenciés pour avoir défendu Paris contre l'invasion étrangère. Dix ans après, il n'en était pas moins capitaine du génie, aide de camp du maréchal Valaze, et il concourut, en cette qualité, à l'expédition d'Alger en 1830. Il occupa ses loisirs de la paix à composer quelques écrits sur divers points de l'art militaire, et, en 1837, il fut élu député par ses compatriotes de l'arrondissement de Parthenay (Deux-Sèvres), qui l'avaient déjà nommé membre du conseil général. Il s'assit à la Chambre sur les bancs du centre gauche, et fit une opposition modérée. Ce qui le rapprocha du pouvoir et lui mérita des faveurs, ce fut l'ardeur avec laquelle il défendit le projet de loi sur les fortifications de Paris. On lui donna les épaulettes de chef de bataillon en 4840, celles de lieutenant-colonel en 1844, puis de colonel en 1847. Enfin, il a été nommé général de brigade par le prince président de la République. C'est un des officiers les plus laborieux et les plus instruits de son arme. On lui doit d'excellents rapports à l'ancienne Chambre sur les questions qui intéressent l'armée et la marine. Le dévouement servile qu'il professa pour la royauté de Juillet a fait place à un patriotisme moins restreint et moins fatal même au pouvoir.

BARBAROUX (Charles Oger), conseiller d'Etat, né

à Marseille en 1792, est le fils du célèbre girondin de ce nom. Après la mort tragique de son père, il fut élevé sous les yeux d'un oncle qui lui inspira dès sa plus tendre jeunesse des idées fort libérales. Après avoir exercé la profession d'avocat à Nimes, il est venu, en 1820, se fixer à Paris, où il se fit plus connaître comme écrivain que comme légiste. A l'époque de la Révolution de juillet, c'était un des publicistes attachés à la rédaction du Temps. Par ses relations avec les hommes qui arrivèrent alors au pouvoir, M. Barbaroux obtint la charge de procureur général à l'île Bourbon, fonctions qu'il exerçait encore en février 1848. Il désirait depuis longtemps se rapprocher de sa mère patrie: on le nomma procureur général de la République à Alger. Les colonies ayant été dotées par le gouvernement provisoire du droit d'être représentées, les électeurs de l'ile Bourbon, alors appelée île de la Réunion, lui confièrent un de leurs deux mandats législatifs, par souvenir et reconnaissance de sa bonne administration. C'est un homme de bien, plein d'instruction et de simplicité de mœurs; mais, quant à la renommée d'orateur de mérite, est-ce modestie? est-ce défaut d'occasion? l'on était encore à en atten

dre les premières preuves, lorsque l'Assemblée a été dissoute. Au conseil d'État, il recouvrera peut-être la parole.

BARROT (Ferdinand), conseiller d'État, ancien ministre, est né en 1805. C'est le plus jeune de la dy

nastie des Barrot, et le fils d'un ancien député de la Lozère à la première Assemb'ée constituante, à la Convention, au Conseil des cinq cents et au Corps législatif. Il resta jusqu'à la Révolution de juillet sans autre apanage que le titre d'avocat. Odilon Barrot, qui était son aîné de quinze ans et qui lui servait de père, étant arrivé au pouvoir en 1830, fit donner à son cadet la charge de substitut du procureur du roi près le tribunal de première instance de la Seine. Il rentra au barreau en 1836, plaida dans le procès de Barbès pour l'accusé Longue', et fut nommé avocat du Trésor public. En 1842, Ferdinand Barrot fut nommé député par les électeurs de Loches, et il marcha constamment près du drapeau de son frère Odilon. Il sut cependant faire marcher de front une sorte de libéralisme et l'acceptation des faveurs du pouvoir, qui le ménageait toujours en vue de sa parenté. Tout en votant avec l'opposition dynastique, il restait avocat du Trésor public, et il recevait dans l'Algérie des concessions de terrain importantes qui en firent un de nos plus riches propriétaires, et qui lui donnèrent assez d'influence pour se faire nommer représentant de notre colonie d'Afrique à la Constituante. Flottant, irrésolu, il vota d'abord avec les membres de l'Assemblée de nuance la plus pâle. Lorsque l'étoile du prince président de la République commença à briller sur l'horizon, il se rapprocha avec son frère de cette planche de salut que le ciel offrait à la France. Il y avait six mois cependant que M. Odilon Barrot était à la tête du

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