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BIOGRAPHIE

DES

MEMBRES DU SÉNAT.

BONAPARTE ( Jérôme-Napoléon ), prince de Montfort, ex-roi de Westphalie, gouverneur de l'hôtel des Invalides, maréchal de France et président du Sénat, le plus jeune, et aujourd'hui le seul survivant des quatre frères de l'Empereur, est né à Ajaccio le 15 décembre 1784. Si son âge ne lui permit pas de prendre part aux premiers événements de 1789, il n'en ressentit pas moins les secousses politiques, et, au sortir de l'enfance, il eut à partager tour à tour les proscriptions et l'élévation de sa famille. Malheurs et prospérité, ce devait être l'histoire de sa vie.

Au nombre des proscrits contraints de fuir devant la haine de Paoli, Jérôme Bonaparte, âgé de neuf ans,

passa de Corse sur le continent, et vint à Marseille avec sa mère. Il entra, en 1796, au college de Juilly, où il resta jusqu'après la journée du 18 brumaire ( 9 novembre 1799). Il débuta alors dans la carrière militaire, et suivit, en qualité de sous-lieutenant, son beaufrère le général Leclerc, à Saint-Domingue, d'où il revint bientôt chargé de dépêches importantes. Sa mission remplie, le jeune officier se rembarqua sur l'Épervier, pour la Martinique, et il établit une croisière devant l'île de Tabago. Notre marine, trop inférieure en nombre et privée de ressources financières, ne put disputer longtemps l'empire des mers. Jérôme Bonaparte se retira à New-York, où il épousa, le 27 décembre 1803, miss Paterson, fille d'un négociant de Baltimore. De retour en France, l'année suivante, il fut chargé de nouvelles missions pour Alger et pour la Martinique. Napoléon ayant réservé toutes ses forces et ses ressources pour la guerre continentale, son jeune frère prit du service sur terre, et commanda un corps de Bavarois et de Wurtembergeois pendant la campagne de Silésie. Après le traité de Tilsitt, le prince Jérôme épousa, le 22 août 1807, la fille du roi de Wurtemberg, dont il est veuf depuis le 28 novembre 1836. Roi de Westphalie de 1807 à 1814, il se laissait souvent emporter par la fougue de son caractère violent et bizarre. Son imprudence à la journée de Smolensk, en 1812, lui attira la disgrâce de l'Empereur, qui le relégua à Cassel. Pendant la première Restauration, il habita Venise, d'où il revint à l'époque des Cent-Jours.

Après le désastre de Waterloo, il reçut du roi de Wurtemberg le château d'Elvangen, pour sa résidence ; mais il fit de fréquents séjours à Florence.

Il rentra en France après la Révolution de 1848, avec son fils Napoléon Bonaparte, qui fut élu représentant à l'Assemblée constituante. Un des premiers actes de son neveu, élu président de la République, fut de le nommer gouverneur de l'hôtel des Invalides et maréchal de France. Un décret du 28 janvier 1852 lui̟ a confié la présidence du Sénat. Ce prince est de petite taille, et, malgré son âge, il a l'air vif et animé d'un jeune hommie.

BONALD (Louis-Jacques-Maurice de), cardinal, archevêque de Lyon, né à Milhaud, en Rouergue, le 30 octobre 1787, était le troisième fils du vicomte de Bnald, qui se fit une haute réputation par ses écrits philosophiques. Il appartenait, par son père, à une famille d'ancienne noblesse. Sa mère, Elisabeth Guibal de Combescure, était une proche parente du chevalier d'Assas. Lorsque le vicomte de Bonald fut obligé d'émigrer, Maurice, encore enfant, resta en France avec sa sœur (aujourd'hui madame de Serres ), sous la tutelle maternelle. A l'époque du 18 fructidor, il fut placé dans un pensionnat de la ville de Lyon, d'où il vint au séminaire de Saint-Sulpice. Ce qui le distingua surtout pendant le cours de ses brillantes études, ce fut une rare sagacité, un jugement parfait et les faciles résultats d'un travail difficile, On remarquait

aussi sa vive et intelligente piété; il édifiait et se faisait aimer.

Après avoir reçu les ordres sacrés, il devint secrétaire de M. de Pressigny, archevêque de Besançon, et le suivit à Rome dans la mission que ce prélat reçut de Louis XVIII, pour la conclusion d'un concordat avec le saint-siége. En 1817, M. de Latil, évêque de Chartres, lui donna des lettres de grand vicaire et le titre d'archidiacre. Ses conférences, pendant le carême de 1822, lui firent une réputation méritée de prédicateur. L'année suivante, il fut appelé à l'évêché du Puy, nouvellement restauré, et il ne tarda pas à se révéler du fond de son obscur diocèse. En 1825, à propos du procès du Constitutionnel et du Courrier français, la Cour royale ayant dénoncé, dans un arrêt, tout le clergé comme ennemi des libertés gallicanes, M. de Bonald signa un des premiers la lettre de protestation des évêques. Une ordonnance royale du 4 décembre 1839 le nomma archevêque de Lyon et primat des Gaules, en remplacement du cardinal Fesch. M. de Pins, administrateur du diocèse depuis 1814, se retira aux Chartreux de Lyon. M. de Bonald, qui, jusque-là, n'avait jamais paru dans les salons du roi Louis-Philippe, s'y montra alors quelquefois. Pour prix de sa condescendance, il fut nommé cardinal- prêtre en mars 1841, et reçut le titre de la Très-Sainte Trinité au Mont-Pincius. Dans la lutte du clergé contre l'Université, il défendit avec ardeur la religion, et condamna le Manuel du droit ecclésiastique, de M. Dupin, dans un mande

ment du 21 novembre 1844. Cet écrit, vrai chef-d'œuvre d'esprit, de science et de logique, est le dernier acte de sa vie politique. Depuis huit ans, il se consacre avec zèle et sollicitude à l'administration de son diocèse.

DUPONT (Jacques-Marie-Antoine-Célestin), cardinal-archevêque de Bourges, naquit le 2 février 1792, à Iglesias, ville épiscopale du comté de Nice. C'était le fils unique de Benoît Dupont, commissaire de marine de première classe, d'une famille, française d'origine, mais établie en Sardaigne depuis 1738. Ayant terminé ses études classiques avec succès, en Italie, dans un collége tenu par les pères doctrinaires, il fut reçu membre de l'Académie des Arcades, et composa des poésies latines et italiennes. Sa vocation l'entraînait vers la carrière ecclésiastique: il entra au séminaire de Nice, fut ordonné prêtre en 1814, et devint secrétaire du cardinal de la Fare, archevêque de Sens, qui le nomma chanoine de sa métropole en 1821, et vicaire général un an plus tard. M. Dupont, ayant accompagné le cardinal à Rome pour le conclave où fut élu Lécn XII, obtint du saint-père, sur les instances du roi Louis XVIII, le titre d'évêque de Samosate. Il vint prêcher à la cour de France en 1828 et 1829, et il était désigné pour prêcher l'Avent, lorsque Charles X l'appela à l'évêché de Saint-Dié, le 9 mai 1830. Dans son nouveau siége, ses travaux, ses veilles et la nature du climat altérèrent'sa santé, et il fut atteint d'une cécité presque complète. Le 1er mai 1839, il reçut sa nomi

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