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jour où Dieu nous tirant du corps, notre maison de terre, « ce qui est mortel en nous sera absorbé par la vie1 ».

Avec une érudition à la fois très étendue et très discrète, avec une sage critique, vous racontez seize années de cette existence pleine de prodiges et de si rudes labeurs. Mais le plus vif intérêt de votre récit, la trame invisible qui en fait l'unité et l'harmonie, c'est que le cœur de l'apôtre s'y révèle, à chaque page, et qu'il éclate, tout rayonnant d'amour, de ces admirables lettres que Paul a trempées de ses larmes, et dont les cris pénétrants nous émeuvent après tant de siècles. Qui donc plus que lui a aimé les âmes? Est-ce assez dire qu'il ressentait pour elles un amour de mère? Il en a les délicatesses, les vives sollicitudes, les angoisses déchirantes; il en parle le langage tendre et passionné; il éprouve toutes les indignations, tous les soulèvements du cœur des mères, à la vue des séducteurs qui menacent l'âme de leurs fils. Il chérit sans mesure ses engendrés à la vie divine, rêvant de tout donner, de se donner par surcroît, et d'être anathème pour leur salut.

Et Notre-Seigneur, a-t-il jamais été aimé autant que par lui? Il défie la terre, l'enfer, le ciel même de le séparer de Jésus-Christ. Sur toutes les voies de son apostolat il crie: « C'est la charité de Jésus-Christ

1 II Cor., V, 1, 4.

qui me presse.» « Caritas Christi urget nos! » Que d'autres paroles d'une puissance étrange échappées à cet« ignorant dans l'art de bien dire! » Que d'actes héroïques accomplis par cette âme si ardente à aimer! Actes et paroles, vous avez tout recueilli, et vous avez su mettre en relief leur austère beauté.

C'est donc en vain que des sceptiques, historiens, philosophes, poètes, par l'éclat d'une fausse science ou par un style enchanteur, troublent la sérénité de la foi dans l'âme de leurs contemporains. Longtemps après que les œuvres de ces malfaiteurs intellectuels seront tombées dans l'oubli, on admirera les lettres du grand apôtre, et le nom de Jésus-Christ qu'on y trouve presque à chaque ligne sera prononcé avec amour. Non seulement Rome, comme le disait Bossuet, mais l'humanité sera toujours plus fière d'une des épîtres de son saint Paul, que de toutes les pages des plus beaux génies, des plus brillants écrivains.

Croyez, mon cher Abbé, à toute mon estime et affection en N.-S.

+ LÉON, cardinal THOMAS,

Archevêque de Rouen.

APPROBATION

DE LA SEPTIÈME ÉDITION DE SAINT PAUL,
SES MISSIONS.

Nous bénissons et approuvons cette septième édition des Missions de saint Paul.

+ FRÉDÉRIC,

Archevêque de Rouen.

Rouen, le 30 octobre 1901.

PRÉFACE.

Cor Christi cor Pauli erat.

S. JEAN CHRYSOSTOME

Hom. XXXII, in Ep. ad Rom., 3.

Nous avons recueilli dans notre précédent volume ce que l'on connaît des premières années du christianisme (de l'an 30 à 45). L'Église s'y est montrée à nous naissant, se développant sous la main des apôtres, de Pierre surtout, leur chef et leur guide. Mais le bref récit des Actes, et les traditions, rares ou incertaines sur ces origines, ne nous ont fourni qu'une peinture indécise en bien des points. L'âge suivant (de 45 à 62) se présente dans un jour autrement vif. La narration de saint Luc, à partir du XIII chapitre des Actes, cesse d'être le mémorial de Pierre pour devenir celui de Paul; le premier s'efface du récit inspiré pour laisser la haute main à son frère d'apostolat dans la lutte contre le judaïsme.

Les péripéties de ce combat formant presque exclusivement le sujet du présent ouvrage, S. Paul y paraîtra seul, dominant, dirigeant l'œuvre dont il

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