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vêchés, Évêchés, Abbayes, Prieurés, Doyennés, Chapîtres, Églises, Chapelleries, Commanderies, Hôtels-Dieu, Hôpitaux, Maladreries, Aumôneries, Colléges, Fabriques, Monastères, Congrégations et autres Commu» nautés ecclésiastiques et de tous les autres bénéfices, payants et non payants décimes » de notre Royaume, pays, terres et seigneu»ries de notre obéissance, sans aucune excep>> ter.......

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Ceci nous apprend les différentes dénominations sous lesquelles étaient compris les biens ecclésiastiques.

Les Religieux réguliers ou séculiers, légitimes propriétaires de ces biens, remplissaient donc exactement les charges qui les grevaient; souvent même ils les provoquaient: ils les excédaient quand éclata la Révolution de 89.

Désireux de mettre fin à l'agitation qui troublait les provinces, le roi Louis XVI avait convoqué les États généraux de son royaume, attendant avec confiance de la réunion de ces Etats la régénération du bonheur public et l'affermissement de la puissance de l'Empire Fran

çais (1). Déjà, pour venir en aide aux finances épuisées, il avait donné lui-même l'exemple des sacrifices personnels, en réduisant sa dépense et celle de sa famille à ce point, que son ministre des finances ayant cru devoir lui présenter quelques observations respectueuses sur ces économies excessives Ah! répondit Louis XVI, que sont ces dépenses pour le bonheur!

Et comme le ministre insistait, Le Roi, ajouta ce généreux monarque, ne se refuse point aux sacrifices qui pourront assurer le bonheur public: nos enfants penseront de même, s'ils sont sages; et s'ils ne l'étaient pas, le Roi aurait rempli un devoir en leur imposant quelque gêne (2).

C'est dans cet esprit que la convocation eut lieu. Les États généraux devaient comprendre les députés des trois ordres, c'est-à-dire du clergé, de la noblesse et du tiers état; ce dernier parlait déjà au nom du peuple dont il se disait le représentant, comme résumant en lui le vœu des communes. Le nombre total des

(1) Arrêt du conseil d'État du Roi, du 5 octobre 1788. (2) Rapport au Roi par le Ministre des Finances, 12 décembre 1788.

députés devait être de 1,000, ainsi répartis :

200 députés pour l'ordre du clergé, 300 députés pour l'ordre de la noblesse,

et 500 députés pour le tiers état ou les

Total 1,000.

communes.

Fixer ainsi pour les communes seules un nombre de députés égal à la somme de ceux des deux autres ordres, c'était assurer aux premiers une prépondérance dont les résultats ne se firent pas longtemps attendre.

Avant même que les trois ordres fussent régulièrement constitués, un dissentiment s'éleva entre eux le clergé et la noblesse voulurent que chaque ordre vérifiât les pouvoirs de ses députés; mais les députés du tiers état voulurent que cette vérification eût lieu en commun: de là cette fameuse délibération du 6 mai 1789, par laquelle les députés des communes déclarent « qu'ils ont arrêté d'attendre pendant quelques jours les ordres privilégiés, et de >> leur laisser ainsi le temps de réfléchir sur » l'inconséquence d'une séparation provisoire

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» d'autant plus révoltante que tous les ordres » ont un intérêt égal à la vérification des pou» voirs des députés de chacun d'eux. »

En présence de ce regrettable conflit, le clergé tenta de rapprocher les partis en discord et de ramener la paix et la concorde dans le sein de cette masse irritée : il proposa de nommer des commissaires pour régler le différend, mais son offre fut repoussée : l'Assemblée des communes poursuivit son œuvre révolutionnaire, et le 10 juin elle présenta au Roi une adresse dans laquelle résonnent à chaque phrase les grands mots démagogiques de sainteté des devoirs, d'impatience à les remplir, de serment de se dévouer à l'importante mission dont elle est chargée, et autres lieux communs, triste prologue des drames populaires.

Sept jours après cette fatale adresse, l'Assemblée déclare que l'œuvre de la restauration nationale doit être commencée et suivie sans interruption, et que la dénomination d'Assemblée Nationale est la seule qui lui convienne.

La révolution était accomplie, la nation était substituée au Roi, elle avait recouvré l'exercice du pouvoir; l'Assemblée le déclare en

termes exprès quel bien va résulter pour la France, pour la France catholique surtout, de cette superbe déclaration?

Ceci se passait le 17 juin 1789, et moins d'un mois après, le 14 juillet, l'Assemblée Nationale tenait séance à Versailles; il était cinq heures du soir, quand un gentilhomme, M. le vicomte de Noailles, se présente; il arrive tout poudreux de Paris; il apprend à l'Assemblée qu'il a vu le peuple en armes et dirigé par les gardes françaises et les Suisses; que l'hôtel des Invalides a été forcé, que les canons et les fusils qui s'y trouvaient ont été pillés; que les familles nobles sont forcées de se renfermer dans leurs demeures; que la Bastille a été enlevée; que M. de Launay, son gouverneur, a été conduit à la Grève, massacré, décapité, et que sa tête est promenée dans les rues au bout d'une pique.

La nation avait recouvré l'exercice du pouvoir! Etl'Assemblée consternée d'envoyer aussitôt une députation au Roi pour l'aviser de ces tristes nouvelles.

14 juillet 1789! la prise de la Bastille ! Ce jour-là, sous prétexte que le matin même un

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