DE FRANCE, DÉDIÉ AU ROI,
DAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES)
Le Journal Politique des principaux évènemens de toutes les Cours; les Pièces Fugitives nouvelles en vers & en profe; l' Annonce & l'Analyse des Ouvrages nouveaux ; les Inventions & Décon- vertes dans les Sciences & les Arts; les Spec- tacles; les Causes célèbres ; les Académies de Paris & des Provinces ; la Notice des Édits. Arrêts; les Avis particuliers, &c. &c.
A PARIS,
Au Bureau du Mercure, Hôtel de Thou rue des Poitevins, No. 18.
Avec Approbation, & Privilége du Roi
Du mois d'Avril 1789.
PIECES IÈCES FUGITIVES. La Science.
L'Argument irrésistible.
L'Entrevue
3 Des Etats Généraux.
49 Collection,
97 Petit Dictionnaire.
99 Variétés, 31, 79, 128, 1730
Charades, Enigmes & Logog. Concert Spirituel.
Académ. Roy, de Musiq. 126
Comédie Italienne. 86, 184.
Nouvelles Obfervations, Lolote & Fanfan.
A Paris, de l'Imprimerie de MOUTARD, rue des Mathurins, Hôtel de Cluni.
TRADUCTION
D'UN Fragment tiré du Ier. Chant du Poëme fur les Jardins, par le P. RAPIN, où l'Auteur décrit avec feu la métamor- phofe fubite & brillante de la Nature, à la renaissance du mois de MAI.
SI ce beau mois, fertile en prodiges heureux, Est respecté d'Atlas & des vents pluvieux, Vois du sein créateur de ton fol qui fermente.. S'échapper de tes fleurs la moisson abondante. C'est le moment où Flore étale tous ses dons, Remplit cette corbeille & ces rians feftons
Voyez déjà briller dans la plaine fleurie Le Genêt transplanté des champs de l'Ibérie 3 Ces fleurs orner le front de l'humble Romarin; Ces berceaux de Lilas, ces bouquets de Jasmin, La plante qui du Nil embellit le rivage, La Pivoine cherchant la fraîcheur & l'ombrage; De fon casque guerrier, l'Aconit orgueilleux L'Acanthe, hér ssé d'épines & de nœuds; Le Citise paré de ses fleurs jaunissantes; Le Liset déployant ses couleurs pâlissantes. Lente dans ses travaux, la Nature jadis Fit, dit-on, cette fleur en ébauchant le Lis. Tout fermente, tout naît: déjà s'offre à la vue La Sauge s'élevant à côté de la Rue, Et cette fleur qu'Homère a chantée en ses vers; Mille autres étalant leurs panaches divers. C'est le moment heureux, le règne des prestiges; La terre avec orgueil montre tous ses prodiges: Des nappes de verdure embrassent l'Univers; Mille parfums exquis s'élèvent dans les airs; Les citoyens ailés, qui peuplent les bocages, Les animent du bruit de leurs tendres ramages. Tels la Fable nous peint dans ses tableaux flattés, D'Armide & de Vénus les jardins enchantés. Voyez-vous ces coursiers bondir dans les campagnes, Les chevreuils suspendus au sommet des montagnes, Les cieux étincelans d'un feu brillant & pur, Ces ruisseaux transparens roulant des flots d'azur. Dieux! que ne suis-je assis aux rives de la Seine, Ou du fleuve brillant qui baigne la Touraine!
Salut! ô ma Patrie ! au charme de tes bords, Qui pourroit préférer les antiques trésors, Les superbes côteaux dont Naple eft couronnée, Et le Tibre couvert d'une ombre fortunée? Qu'un magique pinceau rassemble à mes regards Les monumens pompeux du faste des Céfars; Qu'une Reine, autrefois l'idole de l'Afie, D'un art audacieux employant la magie, Place fur des remparts, aux yeux de l'Univers Des jardins étonnés de fleurir dans les airs; Qu'un dragon vomissant de sa bouche enflammée De longs & noirs torrens d'une épaisse fumée, Défende des vergers ornés de pommes d'or, Qu'on nous vante l'Olympe & l'Elysée encor Paris fait oublier ces prodiges antiques. Contemplez nos palais, nos jardins magnifiques; Des fleuves inconnus roulant fur les fillons Où Cérès prodiguoit les trésors des moissons; L'Art qui change, en créant des merveilles foudaines, Nos vallons en côteaux, & nos côteaux en plaines; Ces vergers d'ananas, ces forêts d'orangers, Etonnés d'enrichir des climats étrangers, Qu'opposer à ces bords que le Printemps couronne, Toujours chargés des dons de Flore & de Pomone? A ce Saint-Cloud magique, à ce superbe lieu, Tout fier d'être paré du nom de Richelieu; A ces murs que la Seine arrose de son onde, Renfermant dans leur sein les richefses du Monde? J'admire, Saint-Germain, tes monts religieux, Où le cœur fent, l'œil voit la présence des Dieux
« PreviousContinue » |