Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

ne décrit rien qu'il n'ait vu par lui même : fous tous ces rapports, il intéreffe également l'Adminiftration des Mines & du Commerce, & des Eaux & Forêts (1).

L'Ouvrage dont nous rendons compte ici, traite de la Haute & Baffe- Alface; ce qui comprend les Vofges, dans lesquelles fe trouvent les Vallées de Giromagny, de Mafevaux, de Saint-Amarin, de Thann de Sultzmatt, de Munster, de Ribauviller, de la Petite Lièvre, fameufe par les vaftes Minières de Sainte-Marie-aux- Mines, le Val de Viller, celui d'Orbeis, le Comté du Ban de la Roche, la Vallée de Schirmeck, & celle du Klingenthal ou Vallée des Lames, ainfi nommée d'une Manufacture d'armes blanches, qui s'y trouve placée; le Jægerthal ou Vallée du Chaffeur, & le Val de Niederbronn. L'Auteur fort quelquefois de ces Vallées pour vifiter les objets qui les avoifinent c'cft ainfi que dans la HauteAlface il décrit les Etabliffemens relatifs à fon Ouvrage, qui fe voient dans les environs de Berfort, Altkirch, & le Comté de Ferrette. En parlant de la Bafle-Alface, il traite des batteries de cuivre de Strasbourg, des Manufactures de porcelaine & de garence de Haguenau ; enfin de la cueillette de l'or que charrie le Rhin dans fes fables.

(1) Cet Ouvrage paroît fous l'autorité du Gou

vernement,

*

L'exactitude avec laquelle on a indiqué dans cet Ouvrage le giffement des lieux (1), mer le Lecteur à portée de fuivre l'Auteur dans fes courfes intéreffantes. En décrivant les Vosges, il entre dans des détails curieux fur la nature de ces montagnes, les roches qui les conftituent, leur état actuel, tant relativement à leurs produits dans les trois règnes, qu'à l'induftrie de leurs Habitans.

Pour donner une idée de la manière dont M. le Baron de Dietrich fait donner de la couleur & de la vie à des objets qui femblent par eux-mêmes froids & inanimés nous citerens ici un morceau pris au hafard dans fon Difcours introductoire. — » L'Habitant des Vofges, dit-il, travaille » par goût aux Mines: il porte le vête» ment du Mineur Allemand. Comme cet » habillement eft inconnu dans le refte du

رو

[ocr errors]

وو

Royaume, & qu'il feroit utile qu'il y fût adopté, je ne crains pas d'être trop mi»nutieux en parlant de fes avantages. Ce » qui tient à la confervation des hommes, eft toujours important, & le devient en"core plus lorfqu'il s'agit d'un travail qui » les expofe à des dangers continuels. Sufet à fe heurter avec violence contre les

(1) On trouve par-tout en marge le N°. des Cartes de l'Académie, où font placés les objets. que l'Auteur décrit, & les diftances des lieux indiquées par le nombre de toises, d'après l'échelle de ces Cartes..

[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]

par

❤traverses d'étançonnage, ou contre les rochers faillans des voûtes furbaiffées » le Mineur des Vofges porte un bonnet » de feutre épais, rond & élevé, qui pré» ferve fa tête. Contraint d'appuyer fon ≫ dos contre les parois des routes fouter»raines qu'il fe fraie, il le garantit de l'humidité continuelle du rocher par un fort tablier de cuir qui pend fur fes » reins. Obligé de fe gliffer par des paffages étroits, un chapeau & un habit long lui feroient à charge; il porte une jaquette légère, ferrée fur les hanches la courroie du tablier. Enfin, occupé des moyens d'avoir fes mains libres pour " monter & defcendre fans ceffe des échelles, il fubftitue à la chandelle une lampe "à tige mobile, garnie d'un crochet que »le pouce feul foutient, & qui, dans les » travaux, peut s'accrocher par-tout aux moindres inégalités du rocher. Si, tra» vaillant dans des foffes où les eaux font » abondantes, ces précautions font infuffifantes; s'il eft affecté de douleurs rhu"matifmales; fi quelque partie de fon corps perd le mouvement, il eft promp"tement rétabli par l'ufage des fources falutaires qui fourdent de toute part des Vofges. Les Etabliffemens de bains dans → ces montagnes, font auffi célèbres que nombreux ".

[ocr errors]

46

[ocr errors]

"

Plus loin, en comparant les fommets des Volges à ceux des Alpes & des Pyrénées,

رو

رو

رو

رو

دو

l'Auteur s'exprime ainfi :- Au faîte des Alpes & des Pyrénées, l'immenfité eft à » vos pieds. L'homme, auffi peu fait pour »la mefurer de fes regards, que pour l'em braffer de fa penfée, fe fent moins ém de plaifir, que frappé d'étonnement ; & fi, fatigué du fpectacle vague des plaine fans limites, il fe tourne vers le dédal » des entaflemens gigantefques qui l'env "ronnent, fans doute il découvre d grands effets; mais des pans de rocher fufpendus, des blocs énormes détachés » des étangs glacés, des marais, des tour bes, le froid le plus piquant, des brume qui s'accumulent & menacent de l'er velopper, des torrens qui fe précipiten » le plus profond filence, la Nature mor " enfin, tout lui imprime la trifteffe » l'effroi : ifolé dans l'Univers, il se hâ » de fuir des rocs fourcilleux qu'il r gravis qu'au péril de fa vie, il oubl »fes fatigues & court retrouver des hor

رو

[ocr errors]

دو

دو

رو

رو

» mes".

دو

[ocr errors]

--

[ocr errors]

On y trouve auffi des idées poétiques philofophiques heureusement alliées, tel que celles-ci: » Au centre des forêts voient de nombreux châteaux forts, d perfés dans toute l'étendue des Vofge déplorables monumens des guerres fé dales, ils fervent au moins à rendre p "pittorefques les fites qu'on découvre » haut de ces montagnes. Quelques » de ces châteaux, plus vaftes, confer

رو

[ocr errors]

K

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

pour la défenfe des frontières, font en» tretenus par le Roi, occupés par des garnifons nombreufes, ou feulement gardés par quelques Invalides. Ces enceintes, ces foilés, ces ponts levis for» ment au tableau que je trace, une ombre d'autant plus forte, que ces triftes de» meures renferment des prifonniers d'E»tat, & qu'on ne peut écarter de foi cette » idée douloureufe, que l'homme feal » porte des chaînes jufqu'au faire des montagnes, ce dernier able de la liberté ". Mais l'objet effentiel de l'Auteur paroît avoir été par tout l'utilité. A l'Article dans lequel il décrit les tireries de Morvillars il indique des moyens pour perfectionner la fabrication du fil de fer, & rend compte d'une machine ingénieufe qui fubftitue pour les premières opérations, aux tenailles dont l'ufage eft fujet à beaucoup d'inconvéniens, des cylindres dont l'action, outre qu'elle facilite l'étirement du fer & rend fa qualité meilleure, épargne encore les déchets, la main d'œuvre & les combuftibles. Nous renvoyons à l'Ouvrage même pour les détails de cette machine utile. On lit encore avec un intérêt plus puiffant l'Hiftoire des Mines de Ste Marie & de Giromagny, comprifes dans la même Partie. On voit avec étonnement l'immenfité de ces fouilles fouterraines, d'où l'on extrait, depuis des temps déjà fort recnlés, l'argent, la mine de plomb, l'antimoine,

« PreviousContinue »