ce fera dans l'efpoir d'un jufte falaire & de bonne volonté. Le fucre, dit-on, fera moins beau: eh bien! on le raffinera en Europe.

Un Ecrivain, rempli d'efprit & d'hon-. nêteté, mais Propriétaire d'une grande habitation, prétend que les Nègres font trèsheureux fur les grandes habitations, & il voudroit qu'on érigeâts ces biens en fiefs, & qu'on fit porter, principalement fur les petits Habitans des Colonies, les Réglemens de Police que l'humanité réclame en faveur des Nègres. Il n'en eft pourtant pas moins vrai que les Efclaves. des Habitans peu riches font traités avec plus de douceur, parce que leurs Maîtres les furveillent eux-mêmes; au lieu que dans les grandes habitations, ils reftent prefque toujours livrés à des Economes, à des Piqueurs endurcis, qui mettent une forte. de vanité à fe montrer cruels. Ceft fur les grandes habitations qu'on voit les ateliers couverts de chaînes, de carcans, de fourches, de mafques de fer, & qu'on entend. fans ceffe des coups de fouet retentiffans, & les gémiffemens plaintifs des infortunés qu'on déchire.

Il y a du danger, dit-on encore, à fufpendre la Traite des Nègres, à abolir leur efclavage, pour la première Nation qui l'entreprendra. Cela pourroit être vrai, fi une Nation l'entreprenoit feule. Mais on follicite vivement en Angleterre cette abo

lition; on la demande également en-France; & fi ces deux Nations fe réuniffoient pour. propofer un traité fi généreux aux, autres Peuples qui envoient des navires en Guinée, il n'eft pas douteux qu'il ne fût bientôt. accepté. L'Antiquité vit un Roi vainqueur. des Carthaginois, exiger qu'ils n'immolç. roient plus de victimes humaines fur les Au tels de leurs Dieux; auffi le nom de Gelon ne peut être prononcé qu'avec admiration, avec attendrillement.

Nous fommes bien fâchés que les bornes de ce Journal ne nous permettent pas de donner plus d'étendue à ces réflexions, que neus nous propofons de développer ailleurs.. Nous fommes bien fâchés fur-tout de ne pouvoir pas citer les morceaux qui nous ont paru les plus intéreffans dans 10uvrage de M. Froffard; mais ils font en trop grand nombre pour entrer dans un Extrait; & nous terminerons celui ci par un paflage du fenfible Sterne, qui répond d'une nmnière touchante & originale aux partifans de l'Esclavage.

Déguife-toi çomme tu voudras, 8 Efclavage tu n'en offriras pas moins une » coupe amère. En vain des milions de. "mortels ont-ils goûté de ta liqueur, » elle n'a rien perdu de fon déboire. -. "Douce & bienfaifante Déelle, que touri le monde adore en public & en fecret, LIBERTÉ tes faveurs font feules délicieufes, & elles le ferout jufqu'à ce que

» la Nature fe dégrade ou périffe. Aucun fophifme ne parviendra à rernir ta róbe » de neige aucune operation chimique » à convertir en fe ton fceptre d'or. Le Berger auquel tu fouris, eft plus heureux en mangeant la croûte de pain noir, "ghe le Defpote dont tu redoutes la pré» fence (1)",

"

(Cet Article eft de M.....)

Louis XIV, fa, Cour, & le Régent; par M. ANQUETIL, Chanoine Régulier de la Congrégation de France, PrieurCuré de Château-Renaud, Correfpondant de l'Académie Royale des Inferiptions & Belles-Lettres, & Membre de l'Affemblée Provinciale de l'Orléanois. 4 Volumes in-12. Prix, 10 liv. br., & 12 liv. rel. A Paris, chez Montard, Impr-Libr. de ·la REINE, rue des Matharins, Hôtel de Cluni.

L'ACCUEIL fait par le Public à l'Esprit de la Ligue, à l'Intrigue du Cabinet, & à la Vie du Maréchal de Villars, Ouvrages

(1) Voyage Sentimental.

du

du même Auteur, eft d'un favorable augure pour celui-ci. » Ce n'eft pas, comme

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le dit M. Anquetil dans fa Préface, ce » n'eft pas le Monarque dans fes Armées, dans les Confeils, dans fon Adminiftration; c'est Louis XIV dans fa vie » privée, avec fa famille, fes Miniftres ,& fes Courtifans; c'est fa Cour, c'està-dire, le portrait, les aventures, les » mœurs des hommes & des femmes qui l'approchèrent... ; c'eft enfin le » Régent, modelé fur le Roi fon oncle, " & circonfcrit dans les mêmes limites ". Louis XIV a jufqu'à préfent été jugé fi diversement, non feulement comme Monarque, mais encore comme homme, qu'on fera, fans doute, bien aise de voir comment il eft préfenté fur-tout fous ce dernier afpect. Il paroît que l'Auteur a tâché de ne rien omettre de ce qui peut aider à fixer les idées fur ce Prince trop célébré & trop critiqué; & les Anecdotes des Courtilans contribueront à faire reffortir le portrait du Maître, & à faire faifir les nuances qui échapperoient fur cet enfemble.

T®. 20. 16 Mai i789.

F

ETRENNES Financières, ou Recueil des matières les plus importantes en Finance, Banque, Commerce, 1789; première Année; in-8. de 300 pages. Prix, 3 l. 12 f. br., & 4 liv. 16 f. avec le Portrait de M. Necker, gravé par M. de SaintAubin, & parfaitement reffemblant. A Paris, chez l'Auteur, rue des Vieux Auguftins, No. 26; & chez les Libraires qui vendent les Nouveautés.

CET Ouvrage, imprimé avec foin en caractères de Didot, n'a rien de la futilité de fon titre d'Etrennes, pas même le Calendrier. C'eft un Recueil dont le but eft d'initier dans le Code financier, les perfonnes qui n'auront que des notions vagues, & à qui ces fortes de connoiffances deviennent néceffaires depuis que, dans les Cercles de la meilleure compagnie, les converfations roulent principalement fur le déficit, & fur les grands objets d'Adininiftration qui doivent occuper les prochains Etats Généraux.

Le premier Chapitre, qui traite du Confeil Royal des Finances & du Commerce, en fait connoître les fonctions, l'origine & les changemens depuis Sully, en 1607,