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De plus, le vin de pays
Chez vous et un vin exquis:
Trente mets couvrent la table;
Du château, la Dame aimable
Sait animer l'entretien,

Hé bien ! &c.

DE la Seine cependant,
La Naïade vous attend,
Et fur la rive élégante

Etale aux yeux qu'elle enchante

Le bon goût Parifien,

Hé bien ! &c.

POUR Votre cœur, pour vos vers,
Vous aurez des prix divers;
Thémire vous eft fidelle;
Accourez donc auprès d'elle;
Ce fera le vrai moyen,
Hé bien! hé bien !

De penfer que tout est bien.
Qui pense à fes maux fe tourmente,
Et les augmente, (bis.)

(Par M. Knapen, de pluf. Acad, & Sociétés Li téraires.)

HISTOIRE

DE PAULINE,

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LA femme d'un Gentilhomme Flamand, fort ennuyée de fon mari, fe rendit un jour fecrètement à Lille, convertit fon ar gent & fes bijoux en dentelles, arrêta une plice dins la diligence, & partit pour Paris, fous le faux nom de Madame Vindrek, Arrivée à Paris, elle alla defcendre dans un Hôtel garni de la rue de Richelieu, où elle prit un appartement pour elle, & pour fa petite fille enfant de quatre ans, qu'on nommoit Pauline,

Dans les premiers momens de fon féjour à Paris, Madame Vindrek · s'occupa à fe défaire de fes dentelles, Cette vente fuie, elle voulut vifiter les Edifices, les Promenades, les Spectacles, & les principaux Monumens qui embelliffent li Capitale. Mais une jeune femme ne pouvoit pas courir feule dans Paris ; aufli Madame Vindrek confentit à fe laiffer accompagner par le Chevalier de Vaudray, Officier de vailfeau, qui occupoit un appartement dans le même Hotel qu'elle, & qui, par ce moyen, avoit fait fa connoillance.

Madame Vindrek étoit jolie : le Chevalier étoit aimable. Ils alloient fans celle fe promener ensemble; & ils fe promenèrent fi bien, qu'un beau jour ils ne revinrent pas. On ctut d'abord dans l'Hôtel qu'ils 'étoient allés voir quelqu'une des magnifiques maifons de campagne qui font aux environs de Paris, & qu'ils s'en retourné roient le lendemain; mais on se trompoit: ils ne reparurent plus.

Cependant la petite Pauline étoit demeurée dans l'Hôtel garni, où elle demandoit fans ceffe fa maman. Les Gens de la maifon, déjà attachés à cette enfant aimable, & attendris par fes pleurs, en avoient les plus tendres foins; mais ils ne pouvoient ni réuffir à la confoler, ni la rendre à fes parens, puifqu'ils ne favoient pas plus qu'elle, d'où elle fortoit, & quel nom portoit la famille. Ils découvrirent feulement, après beaucoup de recherches, que ce n'étoit pas celui de Vindrek.

Dans ce temps-là, une Dame de Rouen vint loger dans le même Hôtel. Elle vit Panline, que fon malheur & fa gentilleffe lui rendirent bientôt chère, & elle défica de l'emmener avec elle, pour l'élever comme fa fille. Les Maîtres de l'Hôtel y confentirent d'autant plus facilement, qu'ils fa voient que la Dime étoit très-riche, & que, malgré leur amitié pour Pauline, cette enfant, en reftant dans leur maifon, devenoir

un fardeau pour eux. Pauline retrouva done une feconde mère.

Cette mère, nommée Madame de Ferlang, avoit reçu beaucoup d'avantages de la Nature & de la fortune; mais elle n'en étoit pas plus heurcufe. Spirituelle, belle, sensible, riche, elle n'avoit jamais pu captiver fon volage époux, qui, vivant dans le libertinage à Paris, laiffoit fa femme exi lée dans une de fes Terres auprès de Rouen. Bien plus encore, il lui avoit ôté fon fils, le feul enfant qu'il eût eu d'elle, & il le faifoit élever loin de cette tendre mère. Aufli Madame de Ferlang, qui trouva Pauline digne d'intéreffer fon ame aimante, s'attacha beaucoup à cette jeune perfonne, & prit tous les foins imaginables de fon éducation. Aucun Maître ne lui fut épargné. Tous les talens, qui fervent fi bien à développer les dons de l'ame & les graces du corps, devinrent fon partage. Elle croiffoit chaque jour en efprit en beauté.

Quoique M. de Ferlang für fixé à Paris, il venoit de temps en temps faire un tour à Rouen. L'époque du payement de fes Fermiers étoit celle où on ne manquoit guère de le voir arriver. La première fois qu'il vit Pauline, il en parut affez méconrent, n'envifageant d'abord en elle qu'un forcrcît de dépenfe pour la femme, Enfuite il s'accoutuma à l'orpheline, & enfin elle ne tarda pas beaucoup à être caufe que fes voyages devinrent plus fréquens,

Alors Madame de Ferlang, qui croyoit que fon mari le rapprochoit d'elle par un retour de fageffe, & qui voyoit avec la plus douce fatisfaction qu'il fembloit partager le tendre intérêt qu'elle prenoit à fa pupille, lui propofa de la faire épouser à, fon fils, qui achevoit les exercices à Paris. Mais Madame de Ferlang s'étoit flattée d'une vaine espérance. Son mari avoit conçu d'autres projets. Les cœurs vicieux ne revien nent pas fi facilement à la vertu.

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Toutefois M. de Ferlang difimula. II parut même très charmé de l'intention det La femme. Il ne lui oppofa que foiblement l'ignorance de l'état & du nom de la famille de Pauline, en lui laillant entrevoir que cet obftacle n'étoit pas fuffifant pour empêcher que fon fils époufat une jeune perfonne fi intereffante. Peu de jours après, il repartir pour Paris.

Pauline n'ignoroit peint l'entretien dont elle avoit été l'objet. Madame de Ferlang, qui la regardoit non feulement comme fa fille, mais comme fa meilleure amie, lur avoit tout confié; & cette fille fenfible & reconnoiffante, fans fonger précisément aux avantages qui réfulteroient pour elle d'un pareil mariage, envifageoit pourtant comme un bonheur l'exécution du plan qui devoit la rapprocher encore plus d'une femme à qui elle étoit déjà fi attachée. Mais. tandis qu'elles fe repaiffoient l'une & l'autre de cette douce cfpérance, un évènement

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