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eessivement le 23 avril et les jours suivans, annoncèrent ici les plus fàcheuses nouvelles de la santé de l'Empereur. Les spectacles furent suspendus, les prières de 40 heures ordonnées, ainsi que des messes solennelles dans tout le Brabant; et l'alarme ne se ralentit qu'à l'instant où LL. AA. RR. nos Gouverneurs, eurent fait publier les bulletins que nous allons rapporter, comme étant la relation du péril imminent où s'est trouvé le Souverain.

« Sa Majefté s'étoit promenée à Laugarten, le 13; à fon retour, Elle fe plaign't de vives douleurs hémorrhoidales; pendant la nuit Elle cracha beaucoup de farg. Le Médecin, appelé d'abord, n'en parut point inquiet, & engagea feulement S. M. à refter au lit la journée du 14, ce qu'Elle fit en continuant de travailler comme de cou

tume. "

« Le 15, en prenant fon chocolat, S. M. cracha encore plus de fang, ce qui inquiéta les Médecins, une fréquente répétition de ces crachemens pouvant devenir mortelle. S. M. fit pendant cette journée tous les arrangemens que fon état pouvoit rendre néceffaires, & fe confefa -même au foir, quoiqu'Elle n'eût plus craché de fang, & qu'Elle n'eût point du tout de fièvre. »

«La nuit du 15 au 16 fut affez bonne; il n'avoit plus paru de fang, point de fièvre, la refpiration étoit plus libre, & les palpitations de cœur dont S. M. fe plaignoit depuis fon retour de l'armée, mais furtout dans ces derniers temps avoient ceffé, néanmoins Elle voulut être adminiftrée en public, ainfi qu'Elle l'avoit annoncé la veille après ce grand acte, Elle témoigna la

p'us parfaite tranquillité d'ame, dina de bon. appétit, eut an bon fommeil dans l'après-diée, & expédi un courrier à fon auguft frère le GrandDuc, fans cependant l'appeler à Vienne. »

«La nuit du 16 au 17 fut parfaite : l'Em- ` pereur n'eut besoin de rien depuis dix heures du foir jufqu'à fept heures du matin.

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"Toute la journée du 17 fut très bonne auffi, & l'état de S. M. eft fi confidérablement amé-, lioré, que le ciel femble nous l'avoir décidemment rendu. Le ravail n'eft plus interrompu, & S. M. expédie les aff ires comme à l'ordinaire. »

« Les Médecins n'ayant trouvé aucun autre danger aux crachemens, qu'ils attribuent abfolument aux hémorrhoïdes, que celui qui pourroit résulter de leur fréquente répétition; & S. M. n'en ayant p'us eu depuis le 15 au matin, ju ́qu'au 20, il est à espérer que dès-à-préfent Elle a échappé au danger qui la menaçoit. »

« Les nouvelles de la nuit du 17 au 18, & celles de la journée du 18, font des plus fat sfafantes; S. M. a dormi neuf heures, & tout va auffi bien que poffib'e, de forte qu'on peut fe flatter que S. M. entre en pleine convalefcence. »

Les nouvelles du 30 continuent à être favorables: voici les derniers bulletins publiés.

Bulletin du 28. La journée du 18 a continué à être bonne; les symptômes fâcheux disparoissent successivement; le sommeil a été plus interrompu que celui de la nuit précédente; S. M. n'en est pas affoiblie, et se porte assez bien.

Du 29. Les nouvelles d'aujourd'hui sont encore plus consolantes. S. M. tousse moins, et avec moins de violence; les

crachemens sont presque de couleur naturelle; le pouls est parfaitement bon, il n'y a plus de palpitation de cœur et nulle douleur à la poitrine, comme S. M. en ressentoit jusqu'ici. Toutes les dispositions sont des meilleures pour une guérison parfaite, moyennant un peu de tranquillité.

Paragraphes extraits des Papiers Anglois & autres.

La demande que les Polonois avoient faite aux Ruffes, de ne pas faire entrer leurs troupes fur le territoire de la République, & de ne pas former de magafins dans l'Ukraine, ayant été communiquée au Prince Potemkin, à Pétersbourg, on lui demanda quelle raifon pouvoit engager la République à faire un pareil refus; il répondit : « Entre notre armée & le Palatinat de Kiow, fe trouve P'Ukraine Polonoife; c'eft un pont qu'il faut garnir de 50,000 hommes, pour nous en aflurer le paffage, & tenir la route que nous avons réfelu de prendre. » ( Gazete des Pays-Bas.)

(N.B. Nous ne garantiffons la vérité ni l'exaftitude de ces Paragraphes extraits des Papiers étrangers.)

GAZETTE ABRÉGÉE DES TRIBUNAUX.

REQUÊTES DE L'HOTEL DU ROI AU SOUVE RAIN. Procès entre l. fieu la Planche, Commis aux Ecritures dans les Bureaux de la Recette des Tailles d'Angoulême, & la demo felle Baue fon époufe : Contre le fieur Marot, l'un des Receveurs des Tailles de ladite ville, le fieur Marot

fils, le fieur Cantin, Caiffier, & autres accufes & accufateurs.-En préfence de M. LE PROCUREURGÉNÉRAL.

Cette affaire extraordinaire, qui, pendant onze années qu'elle a subsisté, a été portée devant les premiers Tribunaux de la Nation, vient enfin d'être terminée.

Quoiqu'elle foit généralement connue, nous croyons devoir en donner une idée fuccinte pour l'intelligence du jugement que nous allons rapporter.

Le fieur la Planche étoit depuis plufieurs an nées Commis aux Ecritures chez le fieur Marot: le fieur Cantin étoit Caiffier du fieur Marot, & le fieur Marot fils réfidoit ordinairement à Paris. Au mois d'acût 1778, toutes ces personnes fe trouvoient réunies à Angoulême.

On prétend qu'à cette époque le Geur Cantin dit au fieur Marot qu'il y avoit du vide dans fa caiffe, & qu'il étoit volé que le 17 août, on fit venir des Juges de l'Election, en robe, chez le fieur Marot, où on avoit attiré la Planche, à caufe de fes occupations ordinaires, & fous prétexte de lui dicter des lettres preflées : que la Planche parut devant ces Juges: qu'on l'accufa c'être l'auteur du vol, & qu'il en fit la dénégation; enfuite qu'on le fit entrer dans un cabinet féparé, où on retint quelque temps: qu'on vint enfuite dire aux Juges qu'on n'avoit p'us befoin de leur miniftere; qu'ils s'en allèrent, parce que, dirent-ils, on ne leur rendoit aucune plainte, & on ne leur adminiftroit aucune preuve de délir.

Depuis ce moment, on prétend que le fieur la Planche refta chez le feur aiarot, à la garde d'un Huiffier & de deux Records, jufqu'au 19 août inclufiven ent, c'est d're pendant trois jours & deux nuits, & que, pendant le même temps,

la ferme du fieur la Planche étoit également gardée à vue, dans fa maison, par des Huiffiers & des Records.

Le temps de la détention de la Planche fut employé par les fieurs Marot, à des examens de regifties & de caiffe: on accufa le fieur la Planche d'avoir volé les deniers, & d'avoir voulu en cacher le vol par des falfifications faites fur les regiftres, & pratiquées fucceffivement depuis 21 mois on fit monter ces vols d'abord à 15000 !., puis à 25000 liv., enfin à 40830 liv.

:

On fit enfuite foufcrire à la Planche une tranfaction & différens actes d'abandon de tout ce qu'il poffédoit. A la même époque, on fit auffi foufcrite par le Marquis de Châteauneuf pour 107501. d'effets néceffaires au complément de la fomme prétendue velée; on s'empara des meubles de la Planche, de fes habits, de ceux de fa femme, & on les renvoya dépouillés de tout.

Le ficur la Planche vint à Paris fe confulter, & retourna à Angoulême, où il rendit plainte, le 14 novembre 1778, pardevant la Sénéchauffée, en crime de chartre-privée, fpoliation & calomnie, contre les feurs Marot père & fil, le fieur Cantin, Caiffier, & tous ceux qui les avoient aidés dans leur opération; oa informa, on lança des décrets.

Le 6 décembre fuivant, le fieur Marot rendit p'a'nte contre le fieur La Planche en vol de deniers de caiffe & de falfification de registres devant les Officiers de l'Election d'Angoulême.

Ces deux plaintes fe trouvant adreffées à deux Tribunaux différens, il s'éleva un conflit de Jurifdiction, fur lequel en renvoya les Parties devant l'Election d'Angoulême: on y inftruifit le procès; le ministère public donna des conclufions en faveur de la Planche, & cependant le Tribunal le condamna au banniffement.

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