Page images
PDF
EPUB

traction, une affociation au moins à fes peines & à fes inquiétudes, qui allège le fardeau dont il eft oppreffé, lorfqu'il fe voit dans la dure obligation de lutter contre des circonftances fouvent invincibles, & de répondre néanmoins à l'attente de tous ceux qui confidèrent les foins dans l'adminiftration com. me une fauve-garde indéfinie.

[ocr errors]

VIII. Le tirage de la milice, cette loterie de malheurs qui a lieu toutes les années, fixera sûrement votre attention. Il faut que l'Etat ait des défenfeurs, il faut qu'il foit sûr d'en trouver dans le temps où le royaume eft en danger; mais fr des facrifices d'argent, fupportés par l'univerfalité des habitans de la France, pouvoient obvier aux inconvéniens des enrolemens forcés, ou en tempérer du moins les févères effets, vous dirigerez sûrement votre attention vers la recherche d'un point de conciliation fi défirable. Le peuple des campagnes vous a remis fes intérêts l'humanité feule yous eût engagés à les prendre fous votre garde, & le tendre père de Tous fes fujets, le protecteur le plus fenfible des malheufeux, votre augufte Monarque vous invite particulièrement à rechercher, à 1 Lui indiquer toutes les difpofitions qui peuvent adoucir le fort de la claffe la plus inforfunée & la plus délaiffée des citoyens de l'Etat. Déjà par les ordres exprès du Roi, le département de la guerre s'eft occupé de l'im portant objet d'adminiftration dont on vient de vous parler. Sa Majefté vous fera communiquer les obfervations & les idées qui ont éré recueillies, & Elle verra avec fatisfaction que vous puiffiez concourir par vos lumières à l'adoption d'un plan raifonnable & propre à concilier les vues de fageffe & de bonté dont Sa Majefté eft confamment animée.

IX. C'eft à l'honneur du Roi, c'eften fouvenir, c'eft en hommage pur & fenfible de fes bien faits, que nous vous rappellerons les maux de la corvée, puifque les chemins dans prefque tout le royaume font aujourd'hui entretenus & conftruits à prix d'argent. Vous aimerez fans doute, Meffieurs, à confacrer l'abolition d'un afferviffement qui a fait verder tant de larmes, Vous ne voyez plus fur les routes des hommes diftraits par force de leurs occupations journa lières pour venir, fans falaires & fans récompenfe, frayer & préparer les chemins qui facilitent le transport du commerce, le débit des moiffons du propriétaire & la communication des richeffes. Le travail qui doit fervir à tous, eft maintenant payé par tous dans une exacte proportion des différentes facultés. Il n'eft pas douteux qu'en raifon de cette règle, tel homme de peine à qui l'on demandoit gratuitement char que année fept ou huit jours de fon temps, fe trouve affranchi de cette dure obligation pour une contribution pécuniaire qui représente à pei ne la dixième partie de fon ancien facrifice. Vous êtes encore à temps, Meffieurs, d'être affociés pour une part aux difpofitions bienfaifantes de Sa Majefté, puifque vous pouvez l'aider à déaruire les dernières traces de la corvée dans une grande province où elle eft confervée ; vous réunirez vos vœux au défir dėja manifefté par Sa Majefté pour délivrer le peuple Breton d'un joug auquel il eft encore affujéti; & fi ces deux mots effrayans, la taille & la corvée, font rayés pour toujours des regiftres de l'adminif tration des finances & du code François, cette feule délibération fuffiroit pour fignaler honorablement les Etats-généraux de 1789.

Un jour viendra peut-être, Meffieurs, où yous étendrez plus loin votre intérêt; un jour

viendra peut-être, ou dociant à vos délibérations les Députés des colonies, vous jeterez un regard de compaffion fur cem lheureux peuple dont on a fait tranquillement un barbare objet de trafic; fur ces hommes femblables à nous par la penfée, & fur-tout par la trifte faculté de fouffrir; fur ces l m nes cependant que, fans pitié pour leurs douloureufes plaintes, nous accumulons, nous entafons au fond d'un vaiffeau, pour aller enfuite à pleines voiles les préfenter aux chaînes qui les attendent.

Quel peuple auroit plus de droits que les Fran çois à adoucir un efclavage confidéré comme néceffaire, en faifant tuccéder aux maux inféparables de la traite d'Afrique, aux maux qui dévaftcnt deux mondes, ces foins féconds & profpères qui multiplieroient dans les colonies même les hommes destinés à nous féconder dans nos uiles travaux ! Déja une Nation difinguée a donné le fignal d'une compaffion éclairée ; déja l'humanité eft défendue au nom même de l'intérêt perfonnel & des calculs politiques, & cette fuperbe caufe ne tardera pas à paroître devant le tribunal de toutes les Nations. Ah! combien de fortes de fatisfactions, combien d'efpèces de gloire font réfervées à cette feite d'Etats-généraux qui vont reprendre naiffance au milieu d'un fiècle éclairé! Malheur, malheur & honte à la nation Françoife fi elle mécon noifoit le prix d'une telle pofition, fi elle ne cherchoit pas à s'en montrer digne, & fi une telle ambition étoit trop forte pour elle !

II. CLASSE. Améliorations qui peuvent être remises à l'administration particulière de chaque province.

Celle d'entre vos délibérations, Mellients, qui eft la plus preffante, celle dont l'utilité aura

le plus d'influence ur Favenir, concernera Fetablidement des Etats-provinci ux. Ces Etats bien conflitués s'acquitteront de tout la partie du bien public qui ne doit pas être foumife à des principes uniformes, & il feroit fuperflu, Meffieurs, de fixer youre attention fur la grande diverfité de chofes bonnes & utiles qui peuvent être faites dans chaque province, par le feul concours d zèle & des lumières de leur admi niftration particulière..

On l'a déjà dit, la converfion des aides & de tous les droits locaux dans d'autres moins one reux & d'une perception moins difpendicufe, ou la fimple modification de ces mêmes droits, font des difpofitions qui appartiennent à l'admi niftration de chaque province, puifque ces char gemens peuvent être exécutés dans un lieu & rejetés dans un autre, fans qu'il en résulte aucun inconvénient.

Cn doit ranger encore dans la même claffe la jufte & fage répartition des impofitions territoriales & perfonnelles; la diftribution éclairée des foulagemens dûs à la misère d'une paroiffe ou à la détreffe d'un contribuable; l'entretien économe des chemins & la confection des noùvelles roues; la bonne difpenfation des travaux qui affurent

la boce da peuple dans les

faifins malheureufes ou dans les temps de calamité; les encouragemens que peut exiger un nouveau gente d'induft:ie, de commerce ou de culture; enfia tant d'autres détails dont la connoiffance eft aujourd'hui univerfellement répandue. Ce n'eft pas tout cependant, car fi les Eats provinciaux acquièrent des droits à la confiance publique, Sa Majefté leur déléguera plufieurs foins dont fes Miniflres & celui de la finance en particulier ont été chargés jufqu'à .préfent. On peut mettre dans ce nombre la a mj

[graphic]
« PreviousContinue »