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l'Eglife. C'eft de toutes les voies la meilleure & la 15 à préférer, pour remplir le but commun de fourager le pays, fans rifquer l'indépendance du Royaume. Je laiffe donc à l'ordre Equeftre & à la Nobleffe, s'ils veulent choifir comme Membres de ce Comité, quatre, trois ou deux Propriétaires fonciers de chaque Gouvernement, fuivant la proportion des biens nobles dans chacun, où les voix peuvent être comptées d'après l'étendue des poffeffions.

Stockholm, au Château-Royal, le 23 avril 1789.

plaires.

Signé, GUSTAVE. Cette réponse du Roi fut imprimée et distribuée au nombre de dix mille exemplaires. Le Clergé, la Bourgeoisie et les Paysans confirmerent unanimement leurs résolutions; mais la Noblesse demeura inflexible, elle traita même le Vice-Maréchal de la Diète avec une dureté contraire à la décence. Cependant la saison s'avançoit, les opérations de guerre ne poùvoient souffrir de retard. Pour mettre fin aux lenteurs et à l'obstination de la Noblesse, le Roi se rendit, le 27, sans suite et sans gardes, à l'Assemblée de cet Ordre. Cette démarche de Sa Majesté, imprévue et décisive, fut soutenue d'un discours ferme, énergique et touchant. Le langage et la présence du Chef de l'Etat en imposèrent, et l'Ordre accéda à l'arrêté déja consenti des trois autres Chambres. Le Roi revint au Palais aux applaudissemens redoublés de la multitude, et le même jour le Baron d'Ugglas, Hérault du royaume, pre

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clama la clôture de la Diète pour le len demain. Effectivement, le 28, cette semblée fut dissoute à la suite d'un sermon prononcé par l'Evêque Gadolin. - Les Comtes de Fersen et de Horn et le Baron de Geer, arrêtés le 20 février dernier, ont obtenu leur liberté le 30 avril. Les autres Membres de la Noblesse sont encore détenus à Frédéricshof. L'instruction du procès des Officiers de l'armée Finnoise se poursuit sans, interruption.

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Le Roi partit le 3 pour Gothenbourg.' Le Duc de Sudermanie prendra le commandement de l'armée en Finlande, et Amiral Comte de Wrangel, celui de l'escadre de Carlscrone.

ALLEMAGNE.

De Hambourg, le 12 mai.

Le but des négociations actives qui tendoient à détacher le Danemarck des intérêts de la Russie dans la guerre présente, et de le ramener au rôle de spectateur, est maintenant rempli. Un Courrier expédié, le 3, de Copenhague à Pétersbourg, a dû y porter la nouvelle de cette résolution du Gouvernement Danois. Malgré tout ce que les Gazettes publioient de contraire, malgrée détail des armemens de terre et de mer à Copenhague, et qu'on disoit

prêts à agir, nous avons persisté à tenir nos Lecteurs en garde contre les assertions des Papiers publics. L'évènement vient de justifier notre prudence. La réponse définitive du Cabinet Danois a été portée à Berlin, par le Chasseur Bock, qui avant-hier a traversé notre ville.

On jugera parfaitement des motifs sur lesquels les Cours de Londres et de Berlin, ont fondé leurs instances auprès de celle de Danemarck, pour la déterminer à une parfaite neutralité sur mer et sur terre, par la déclaration, en forme épistolaire, que M. Elliot, Ministre Britannique, remit, le 23 avril, au premier Ministre Danois Comte de Bernstorff.

« J'acquiefce au défir qu'a manifefté V. E. de recevoir par écrit le fommaire des représentations que j'ai eu l'honneur de lui faire verbalement fuivant les ordres de ma Cour. »

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« V E. voudra bien fe rappeler qu'à l'inftant où le Roi de Danemarck a joint une partie de fes forces de terre & de mer, e, qualité d'auxiliaires, à celles de la Ruffie, S. M. D. a demandé l'intervention de S. M. B. pour rétablir la bonne intelligence entre la Ruffie & la Suède. »

«C'eft avec le plus vif chagrin que je me vois obligé de rappeler au fouvenir de V. E. que l'Impératrice de Ruffie a jugé à propos de refufer la médiation du Roi & de fes Alliés, & que ce refus a été l'unique caufe de la continuation des hoftilités, puifque S. M. le Roi de Suède a accepté, de la manière la plus franche & la plus amicale, la médiation qui lui a été offerte par trois Puiffances, animées du défir d'épargner le

fang humain, & de maintenir l'équilibre dans le Nord:

« V. E. a été témoin des mefures vigoureufes que le Roi & fes Allés ont mis en ufage pour prouver d'une manière incontestable qu'ils prenoient le plus grand intérêt au falut de la Suède; elle a vu que ces Puiffances fe font mutuellement efforcées d'obtenir une ceffation d'hoftilités de la part des forces navales & des troupes de terre de S. M.S. employées dans la dernière campagne, & que. ces efforts ont été fuivis des plus falutaires effets. »

« Le Roi mon maître voit avec peine que, depuis cette époque, les offres réitérées de médiation & de fervices qui ont été faites par lui & fes Alliés, n'ont pas produit l'effet qui en étoit attendu, & que l'Impératrice perfifte à ne pas le rétabliffement de

médiation

pour

agréer ce le Nord, & à l'Orient de l'Eu

paix, dans

rope. »

«La Ruffie refufant donc toute efpèce de médiation, & ce refus étant l'unique caufe de la continuation de la guerre, S. M. Britannique & fes Alliés croient devoir repréfenter fortement à la Cour de Danemarck, qu'elle ne leur paroît aucu#ement engagée par les claufes d'un traité purement défenfif, & que même, dans la circonftance actuelle, la jonction des troupes Danoifes, par terre ou parmer, à celles de la Ruffie, mettroit le Danemarck dans le cas d'être regardé comme une des Puiffances belligérantes, & ne pourrcit que juftifier la demande que feroit le Roi de Suède d'un fecours prompt & efficace de S. M. B. & de fes Alliés, dont S. M. S. a accepté pleinement & formellement la médiation. »

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D'après la fincérité des intentions que j'ai toujours remarquée en faveur d'une Cour qui eft l'alliée & l'amie de la Grande-Bretagne, je dois vous

affurer, Monfieur, que ni l'Angleterre, nifes alliés, ne peuvent renoncer au fyftême qu'ils on adopté, & dont l'unique objet eft de maintenir l'équilibre dans le Nord; équilibre qui n'intéreffe pas moins le Danemarck que toutes les Puiffances maritimes & commerçantes. »

« Je ne doute pas que V. E. ne preffente le peu d'avantages que l'Impératrice retireroit du traité conclu entre Elle & votre Cour, que que favorable qu'en fûr l'interprétation, fi elle donnoit lieu à une coalition vigoureufe des trois Puiffances, par terre & par mer, en faveur de la Suède ; & je fuis perfuadé que la cour de Copenhague a des vues trop fages & des intentions trop modérées pour s'expofer, elle & la Ruffie, à voir tourner contre elles les armes de Puiffances qui ne défirent que la paix, & qui cherchent à la fixer fur les fondemens les plus folides, & à la rendre avantageufe à toutes les parties intéreffées. »

a En conféquence, je dois vous folliciter express fément, Monfieur, de la part du Roi & de fes alliés, 'd'engager la cour de Danemarck à ne pas permettre que fes troupes, par terre ou par mer, agilent

contre la Suède d'une manière offenfive, en fe · prévalant d'un traité qui n'eft que défenfif; d'obferver au contraire une neutralité parfaite dans toutes les provinces & fur toutes les mers qui font fous la domination de S. M. D. »

»Soyez affuré, Monfieur, qu'auffitôt que la Cour de Danemarck aura pris une réfolution fi conforme aux défirs des Puiflances qui font fes véritables amies, le Roi mon maître fera infiniment flatté de voir S. M. D. concourir avec lui à l'établis fement d une paix générale. J'ofe ajouter que V. E. connoît depuis trop long-temsles véritables intérêrs de la Ruffie & le fyftême politique de la GrandeBretagne, pour ne pas être convaincue que l'Impératrice de Ruffie ne peut choisir de médiation plus

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