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134.

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Philippe IV autorise les maîtres batteurs de Namur et de Bouvignes à ériger à Namur et dans deux ou trois autres lieux aux environs, six moulins à eau où ils pourront exécuter toutes sortes d'ouvrages de cuivre, sauf les chaudrons à bras tels qu'on les fabrique à Bouvignes '.

25 janvier 1643.

PHILIPPES, par la grâce de Dieu, ...comte... de Namur ..., à tous ceulx qui ces présentes lettres d'octroy verront, salut. Receu avons l'humble supplication des maistres et généralité du mestier des batteurs et fondeurs de pottis", tant de noz villes de Namur que de Bouvignes, contenant que nous, considérans combien qu'il emporte au lustre et bien de noz estat et l'augmentation de noz domaines que les arts, inventions et fabricques utilles y aillent fleurissantes par dessus celles des estrangers et provinces voisines, aurions tâché par divers moyens d'y conserver les dicts batteurs et fondeurs de pottis et ouvraiges en dépendans, tantost par concession de plusieurs priviléges, aultre fois par commination de grosses paines et amendes décrétées contre ceulx qui séduysoient hors du pays semblables maistres et ouvriers travaillans ès dictes batteries, afin que les ungz intimidéz par la calenge et les

1 ' Imprimé dans GALLIOT, VI, 197. Le texte, parfois inexact, donné par cet auteur offre quelques différences avec celui qui m'a été envoyé de Lille, et qui n'est pas non plus exempt de fautes. C'est ce dernier que je suis ici, tout en le corrigeant au moyen du texte de GALLIOT.

Pottis; voy. No 128.

La copie de Lille porte commutation.

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aultres alléchéz du goust des dicts priviléges, se tiendroient en leurs résidences et accroisteroient ainsy le gros des dicts mestiers cy-devant sy peupléz qu'on y at trouvé, de 1 juste compte, plus de cincq cens personnes occupées; mais d'aultant que les ouvraiges de la dicte batterie se fabricquoient à force de bras et que la dureté du métail les rendoit fort lente, pesant et tardif, l'ingénie et érection de quelques moulins à l'eaue 2, survenue en quelques villes estrangères, at tellement reculé la vogue et cours que les dicts ouvraiges avoient du passé, et fil à fil et par succession de temps ils ont estéz enthièrement ruynéz, voires en telle sorte qu'il n'y en reste quasy point aulcuns vestiges, non sans grandissime et irréparable intérest des dicts mestiers en général, des maistres et ouvriers en particulier et de la chose publicque et bien publicque en tous endroictz, d'aultant que les dictes fabricques et manifactures estans ruynées en nos dictes villes de Namur et Bouvignes, elle at prins des degréz si haultz és dictes villes étrangères, que le commerce des denrées en provenantes y affleue en préjudice et exclusions de noz provinces de pardeçà, traînant quant et

De, omis dans la copie de Lille.

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On lit dans un avis des députés des deux premiers membres des États de Namur, en date du 20 février 1740, que les Bouvignois devaient leurs priviléges « à la manufacture des cuivres qui estoit établie à Bouvignes dans le temps qu'elle a souffert des désastres anciens; mais depuis que » l'on a trouvé le moien de battre les cuivres par le moulin d'eau au lieu » des bras, cette manufacture a esté transférée à Huesden et à Stolbergh, » et n'est rentrée dans cette province que vers l'an 1670 et la plus parte en » la ville de Namur, où elle pourroit fleurir et augmenter si elle n'estoit

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» agitée par des nouveaux droits que les voisins s'avisent de lever sur les calmines du Limbourg, en passant par la Meuse, sans aucun titre ni » droit." Conseil des finances, No 1220, aux arch. gén. du Royaume. Voy. GALLIOT, VI, 217 à 247.

* Affleue, la copie de Lille porte at levé.

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soy l'espuisement des meilleures espèces de monnoyes, l'appauvrissement du peuple qui professoit la dicte manufacture, le dommaige du publicq, par la diminution et extinction des grands trafficqz de touttes sortes de denrées que les marchans batteurs privilégéz entretenans les dictes batteries faisoient abonder par les eschanges des ouvraiges et commerce de cuivre, contre aultres marchandises à pris raisonnables, comme aussy la diminution de noz régaux; pour à quoy obvier, les suppliantz, zéleux de nostre service, désirans advancer le bien publicq, nous ont très volontairement offert de réparer et restablir les dictes fabricques et manifactures en nos dictes villes et comté de Namur, très propre à cet effect à cause de plusieurs bons ruisseaux et la quantité qu'il y at de charbons de terre, bois, terres grasses communément appellées derles et aultres matières nécessaires, ensamble pour deux puissantes rivières qu'il y at, très duisables à la traicte et distribution des ouvraiges et denrées à procéder du restablissement de ceste fabricque, qui causerat que, l'ayant au pays, leur pris en serat plus modéré que par la voye des dictes villes estrangères; et comme, pour ce faire, ilz ont besoing d'ériger des molins à eaues, ilz nous ont supplié très humblement qu'à cest effect leur vouldrions accorder noz lettres pattentes d'octroy et de permission, affin de pouvoir ériger les dicts. molins partoutte nostre ville et comté de Namur, pour par ce moyen dresser les dicts ouvraiges, fil de laitton,

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Quant et soy, avec lui; foy, dans la copie de Lille.

2 Faisoient; GALLIOT et la copie de Lille portent faisant.

La copie de Lille porte et très propre.

Par et non pour comme dans la copie de Lille.

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platine, tasches et générallement touttes aultres fabricques et manifactures de cuivre, le tout, parmy continuation de leurs dicts previléges; SCAVOIR FAISONS que nous, les choses sus dictes considérées, eu l'advis tant de noz chers et féaulx Simon Gosée', conseiller et receveur général de Namur, que de messire Charles Hovines, conseiller et maistre ordinaire aux requestes de nostre conseil privé et commis aux causes fiscales d'icelluy, et en après de noz très chiers et féaulx les chef, trésorier général et commis de noz domaines et finances, pour ces causes et aultres à ce nous mouvans, inclinans favorablement à la supplication et requeste des dicts maistres et généralité du mestier des batteurs et fondeurs de pottis tant de nos dictes villes de Namur que de Bouvignes, et désirans augmenter et extendre le commerce de noz bons subjectz, et enrichir tant qu'il est possible noz pays de touttes sortes de fabricques et manifactures utiles, avons aus dicts suppliants, par la délibération de nostre très chier et féal cousin Don François de Mello, marquis de Tor de Layuna, comte d'Assumar, de nostre conseil d'Estat, lieutenant gouverneur et capitaine général de noz Pays-Bas et de Bourgoigne, etc., octroyé, permis et accordé, octroyons, permectons et accordons de grâce espéciale par ces présentes qu'ilz puissent et pourront, à l'exclusion de tous aultres, ériger et faire construire à l'effect requis en nostre ville de Namur et deux ou trois lieux aux environs, six moulins à eaue, pour battre du

1 Le texte de Lille porte Cristophère. Il n'y a pas eu de receveur général de Namur de ce nom. Simon de Gosée, qui succéda à Adam Dodrimont, remplit cette charge du 1er juillet 1600 au dernier juin 1647. Il eut pour successeur Vincent de Harscamp. GACHARD, Invent. des arch. de la Belgique, II, 49 et 50.

[1643] cuivre, et ce pour le temps et terme de vingt ans prochainement venans, à commencer à avoir cours dès le jour que les suppliantz auront commencé à travailler ès dictes batteries, et à charge de payer annuellement à nostre prouffict, és mains de nostre receveur général de Namur, présent ou aultre advenir, pour recognoissance de chascun des dicts moullins, la somme de quarante livres du pris de quarante groz nostre monnoye de Flandres la livre, et en oultre pour le coup d'eaue de chascun des dicts moulins, encoires aultres dix livres du dict pris; à condition que les impétrans de ce présent octroy seront obligé de prendre les calmines qu'ilz auront de besoing pour leurs ouvraiges, de nostre montagne de Limbourg, à pris raisonnable, lequel ilz payeront en trois terme sur le pied et aux conditions du contract de ceulx d'Aix, auquel effect les dicts impétrans auront à s'obliger par ensamble et chascun d'eulx in solidum, comme aussy pour le payement des dictes calmines, au contentement de nostre receveur général de Limbourg; à la suycte de quoy, leur accordons faculté et privilége de faire battre et fabricquer ès dicts moullins et batteries généralement toutes sortes d'ouvraiges de cuivre, si comme fillet de laitton, plattines, tasches, etc., saulf et seul exceptéz les chauldrons à bras telz et semblables que ceulx de nostre ville de Bouvignes, affin d'en ce regard ne leur apporter aucun préjudice; si seront aussy tenuz et obligéz les dicts impétrans de mettre en exécution l'effect de ce présent octroy endéans l'an de l'impétration, à paine de deschoir de la grâce d'icelluy; et affin de faciliter la dicte exécution et de bénéficier et sublever les impétrans tant que faire se 1 Oultre ce, dans la copie de Lille.

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