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s'était laissée entraîner à quitter l'assemblée avant la fin de la session, par une mauvaise interprétatation des intentions. royales. Si plusieurs projets de loi importants n'avaient pas été discutés, il fallait l'attribuer à cette conduite illégale des députés. En conséquence, le roi ordonnait la dissolution de l'assemblée des états de Holstein pour cette année, et témoignait sa satisfaction aux députés restés fidèles.

Il en fut de même de la session des états de Slesvig, qui durent se dissoudre trois mois après, trente-quatre membres ayant quitté l'assemblée, qui se composait de quarante.

Il ne restait plus de recours possible qu'à la diète germanique.

Sa décision ne se fit pas attendre. La diète exprimait l'espoir qu'en statuant d'une manière définitive sur les questions dont la lettre patente du 8 juillet faisait mention, Sa Majesté respecterait les droits de tous, et particulièrement les droits de la Confédération, les droits légitimes des agnats et ceux de la représentation légale du pays.

Tout en se réservant, comme organe de la Confédération, de faire valoir, le cas échéant, sa compétence constitutionnelle, la diète déclarait: 1° Qu'elle ne pouvait voir, dans les états du Holstein, les représentants légaux de cet État fédéral près d'elle; que leur mission devait se borner à défendre leurs droits constitationnels, et que la plainte de ces états, au sujet de changements apportés d'une manière illégale à leur constitution, n'était pas fondée. D'un autre côté, la diète estimait que l'ordre transmis par Sa Majesté au commissaire royal près des états, de ne plus recevoir de pétitions ni de réclanfations ayant trait à la question de succession, ne se trouvait point d'accord avec le sens littéral de la loi du 28 mai 1831.

2o La diète se plaisait à rendre justice aux sentiments de patriotisme qui, à cette occasion, s'étaient manifestés dans l'Allemagne; mais elle déplorait les accusations haineuses et les provocations qui avaient éclaté. Elle exprimait la confiance que les

gouvernements fédérés s'appliqueraient à mettre un terme à ces agitations passionnées.

M. Pechlin, envoyé de Dannemark, fit ses réserves sur la résolution de la diète. En se référant à la déclaration de sa cour, et sans voter sur la question de la constitution, l'envoyé ne croyait devoir faire de réserve que dans le cas où le passage dans lequel la diète disait avoir la confiance que le roi de Dannemark, en statuant d'une manière définitive sur les questions mentionnées dans la lettre patente, respecterait certains droits, que ce passage serait interprété de manière à concerner le duché de Slesvig; ou encore, dans le cas où l'on attribuerait aux droits de la représentation nationale, qui seraient respectés, une autre portée que celle de ses droits constitutionnels, droits que la diète avait eus en vue, en parlant antérieurement de l'intention de Sa Majesté de maintenir en entier le droit de pétition des états.

Ainsi la diète germanique s'était déclarée compétente : tout en ménageant les intérêts et en respectant les droits, elle protestait en faveur de la nationalité et de l'intégrité de l'Allemagne. Elle faisait plus : elle s'associait aux sentiments patriotiques qu'avait soulevés la lettre patente. Mais elle s'abstenait avec une louable prudence de trancher la question au fond.

Le divorce du prince royal de Dannemark vint apporter un élément nouveau dans la question de succession au trône (1). Le 15 octobre, fut publiée la circulaire suivante :

Conformément à la prière et à la demande faites par S. A. R. la princesse royale de Dannemark, née duchesse de Mecklembourg-Strelitz, et fondées sur

(1) Cette question de succession a pris cette année une importance assez réelle pour que la généalogie suivante, pnbliée par les journaux allemands, trouve ici sa place.

Le roi actuel du Dannemark et duc de Slesvig-Holstein - Lauenbourg est Chrétien VIII, né le 18 septembre 1786, successeur de son père, Frédéric VI. Le seul enfant du roi, de son premier mariage, est le prince royal Frédéric-Charles-Chrétien, né le 6 octobre 1808, marié, 1o avec la princesse Wilhelmine-Marie, fille du roi défunt Frédéric VI, divorcé eu septembre 1837; 2o avec la princesse Caroline de Mecklembourg-Strelitz.

ce que cette princesse, depuis plusieurs années, a été continuellement malade, et qu'actuellement sa santé se trouve tout à fait délabrée, et attendu que

Si le prince royal meurt sans héritier, le frère du roi, prince FrédéricFerdinand, montera sur le trône. Il a épousé une fille du feu roi Frédéric VI; il n'a pas d'enfants. Si le prince royal et le prince Frédéric mouraient sans enfants, la ligne masculine se trouverait éteinte, et la couronne passerait, d'après la loi royale de 1665, à la sœur aînée du roi, princesse Julienne, née le 18 février 1788, veuve du prince Guillaume de Hesse-Philippsthal, et après sa mort, car elle n'a pas d'enfants, à sa sœur puinée, la princesse Charlotte, femme du landgrave Guillaume de Hesse-Cassel, fils d'un frère consanguin de l'électeur de Hesse, et héritier du trône de Hesse-Cassel si le prince électoral meurt sans héritier légitime. Le prince Frédéric de Hesse est fils du landgrave Guillaume; il est veuf de la grande-duchesse Alexandra. La lettre patente prétend que la succession dans les duchés reviendrait à la sœur du roi. Il n'y a d'exception que pour certaines parties du duché de Holstein, mais le roi promet de faire tous ses efforts pour écarter les difficultés. Les habitants de Slesvig-Holstein, au contraire, prétendent que lorsque Chrétien ler, de la famille d'Oldenbourg et roi de Dannemark, fut élu duc et comte de Slesvig et de Holstein et de Stormann, en 1460, il ne fut pas élu comme roi de Dannemark; et que, d'après ce traité conclu, les états peuvent choisir parmi ses enfants, sinon parmi ses héritiers légitimes; et, de plus, ces pays devront toujours rester unis. (Vund das se bluien cwich tosamende.)

Plus tard, le droit de primogéniture a été substitué au droit d'élection dans la descendance masculine de Chrétien 1er. Or, le premier héritier de cette descendance masculine est le duc Chrétien-Charles-Frédéric-Auguste de Slesvig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg. Chrétien III, roi de Dannemark, avait trois fils: c'est de l'aîné, Frédéric II, roi de Dannemark, qu'est sortie la famille royale actuelle de Dannemark. Jean, le cadet, est le chef de la maison de Holstein-Sonderbourg, et son premier héritier mâle est le duc Charles, de la ligne de Slesvig-Holstein - Sonderbourg-Augustenbourg, lieutenant général des armées danoises. Ce dernier a deux fils de son mariage avec Louise, comtesse d'Aneskiold-Samsoë, les princes Frédéric et Christian; un frère, le prince Frédéric, qui a un fils. Son frère consanguin, le prince Emile, a laissé deux fils. La branche cadette de la maison de Holstein-Sonderbourg, qui vient après celle d'Augustenbourg, est la branche ducale de Slesvig-Holstein-Sonderbourg-Glucksbourg; elle compte un grand nombre de princes. Le chef, duc Charles, avait brigué la main de la reine Victoria, et depuis 1838, il a épousé la princesse Wilhelmine, première femme divorcée du prince royal de Dannemark. Après les deux lignes de HolsteinSonderbourg, vient la ligne de Holstein-Gottorp.

Le chef de cette ligne est le prince Adolphe de Dannemark, frère du roi Chrétien III, descendu de la branche aînée de cette ligne, du duc Frédéric IV, Charles-Pierre Ulrick, fils du duc Charles-Frédéric et d'Anne, fille de

S. A. R. le prince royal, quoique bien malgré lui, a fini par se rendre à cette prière;

«S. M. le roi, avec le regret le plus cordial, a, le 30 septembre dernier, entièrement annulé et dissous le mariage contracté, le 10 juin 1841, entre S. A. R. le prince royal Frédéric-Charles-Chrétien et S. A. la duchesse Caroline-Charlotte-Marianne de Mecklembourg-Strelitz. »

Une réforme sociale de la plus haute portée fut entreprise par le roi de Dannemark, vers la fin du mois de juillet. Depuis quelques années, beaucoup de nobles avaient concédé à leurs paysans, à titre héréditaire, pour une somme d'argent con. venue, la terre qu'ils cultivaient à titre de simples fermiers à vie et susceptibles de dépossession. Le gouvernement fit plus; il donna lui-même aux paysans de la couronne toutes facilités pour passer de l'état de fermiers à celui de propriétaires. Désormais, les fermes disponibles seraient vendues aux enchères et seraient héréditaires dans la famille des acquéreurs. A la mort de tout paysan, la ferme revenant de droit à la couronne serait également vendue, et ses héritiers pourraient acheter aux deux tiers seulement de la valeur constatée par l'enchère. Si leurs moyens ne leur permettaient point de succéder à ce prix, ils obtiendraient, comme dédommagement, le tiers du prix d'adjudication.

Les nobles suivraient sans doute ce louable exemple donné par la couronne, et ainsi disparaîtraient sans secousses les dernières traces du servage.

Pierre ler de Russie. Il arriva sous le titre de Pierre III au trône de la Russie. Son fils, l'empereur Paul Ier, père du czar régnant, abandonna sa part de Holstein-Gottorp au roi Chrétien VII de Dannemark, moyennant la cession d'Oldenbourg et Delmenhorst (16 novembre 1773), et donna ces pays à la ligne cadette épiscopale de Lübeck de la maison Holstein et Gottorp, la famille actuellement régnante d'Oldenbourg. La seconde branche de la famille de Gottorp, descendue de Frédéric IV, frère de Chrétien-Auguste, se divise en deux branches: le fils aîné du duc, Adolphe-Frédéric ci-dessus nommé, devint roi de Suède en 1751, et le bisaïeul du prince Gustave Wasa et de la grande-duchesse de Bade; le cadet, Georges-Louis, de la ligne épiscopale de Lübeck, est le grand frère du duc d'Oldenbourg régnant.

CHAPITRE V.

RUSSIE. Réforme de la législation criminelle. - Nouveau code pénal. Réglement des rapports de l'Église russe-grecque dans la province de Livonie. Mouvement du commerce extérieur Traité conclu avec la France. Traité avec la Porte. Suite de la guerre du Caucase. - Expédition de Kabardie. Mesures prises par le général Woronzoff. Mariage de la grande-duchesse Oiga.

POLOGNE. Cracovie.

Précédents diplomatiques de la suppression, Insurrection de Gallicie. Mouvement dans la Posnanie prusienne. Gouvernement provisoire à Cracovie. - Manifeste. — Prise de possession de la ville par les Autrichiens. Leur retraite. Défaite des insurgés. - Prise de Podgorcze. — Retraite des insurgés. — Capitulation de Cracovie. Entrée des troupes alliées. Protestation de la France et de l'Angleterre contre l'occupation. - Premières conférences entre la Prusse, l'Autriche et la Russie. - Incorporation de Cracovie à l'Autriche. — Protestations nouvelles. Guerre sociale en Gallicie. Concessions faites aux paysans. Abolition des corvées.

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RUSSIE.

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La réforme de la législation criminelle entreprise depuis si longtemps en Russie fut enfin achevée cette année. Le 13 mai, un nouveau code pénal fut mis en vigueur dans l'empire. Depuis la promulgation, à la date du 29 janvier 1649, du plus ancien code russe (oulogénie du czar Alexis, père de Pierre le Grand), les tentatives de Pierre le Grand, de Catherine II, Alexandre Ier, pour mettre la législation en rapport avec les changements introduits dans le pays, étaient restées infructueuses. Le premier soin de l'empereur Nicolas, en montant sur le trône, avait été de créer une commission législative, sous le nom de grande section de la chancellerie impériale et sous la présidence de M. Speranski. Cette commission avait réuni toutes les lois, ordonnances et actes publics promulgués depuis 1649 et en avait formé une collection qui servit à rédiger des

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