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En vertu d'un traité spécial conclu entre le gouvernement anglais et Gholab-Singh, ce dernier était constitué maharajah (grand roi) des pays montagneux et de leurs dépendances situés à l'est de l'Indus et à l'ouest de la rivière Ravi, y compris Chumba, mais non Lahoul. Cette cession était faite à GholabSingh et à ses héritiers, à diverses conditions, dont voici les principales: 1o il payerait 75 lacs de roupies; 2o il ne pourrait reculer les limites de son royaume sans l'assentiment du gouvernement anglais; 3° il se soumettrait à sa décision pour toutes les disputes qui pourraient surgir entre lui et ses voisins; 4o il s'engageait, pour lui-même et ses héritiers, à joindre son armée aux troupes britanniques, toutes les fois qu'elles seraient employées dans ses États ou dans les pays limitrophes ; 5o il s'obligeait à ne prendre aucun Européen à son service sans avoir obtenu l'autorisation du gouvernement anglais; 6 le maharajah Gholab-Singh, pour reconnaître la suzeraineté du gouvernement anglais, lui présenterait tous les ans un cheval, douze chèvres du Thibet de la meilleure race, et trois paires de chales de cachemire.

CHINE.

Les difficultés survenus entre les Anglais et l'empereur de Chine à propos de la libre entrée de la ville de Canton furent heureusement aplanies. Canton resterait définitivement ouvert aux étrangers, et, moyennant cette condition, les Anglais se disposaient à évacuer Chusan, dont ils ne voulaient pas se départir sans avoir obtenu satisfaction à cet égard.

L'extrait suivant de la proclamation de sir Davis, gouverneur de Hong-Kong, rendait compte de cet importante négociation :

L'empereur de la Chine a donné sa signature autographe au traité conclu par le plénipotentiaire de Sa Majesté et le ministre chinois, et qui n'a plus ainsi qu'à être soumis à l'approbation de la reine. Entre autres stipulations, le droit naguère coutesté d'entrer dans la ville de Canton est concédé et cou

firmé de la propre main de l'empereur. Seulement, il est convenu que l'exercice de ce droit sera ajourné jusqu'à ce que la population de Canton se trouve mieux sous le controle du gouvernement local. Cette proclamation a pour objet de faire savoir que l'ile de Chusan sera immédiatement remise aux autorités chinoises déléguées à cet effet, et que les forces de Sa Majesté aban donneront ce poste dans le plus bref délai possible. Dieu sauve la reine!

J.-P. DAVIS.

Donné à Victoria sur Hong-Kong, ce 18 mai 1846, par S. Exc. A.-R. Johnston.»

CHAPITRE XIII.

ÉTATS-UNIS et MEXIQUE.

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AMERIQUE.

Différend relatif à l'Orégon avec la GrandeBretagne. Proposition de dénonciation du traité de 1827. — Vote du sénat. - Vote de la chambre des représentants.

Annexion du Texas.

Dispositions

conciliatrices. · Déclaration de guerre contre le Mexique. Commencement des hostilités.- Fausses manœuvres du général Taylor. Bataille de Resaca de la Palma.- Négociations pour la paix. — Demande de subsides par le président de l'Union. — Révolution au Mexique. Rappel de Santa-Anna. Son élection à la présidence. — Réponse dilatoire aux propositions de paix. - Refus de la médiation anglaise. Attitude hostile de Santa-Anna. Continuation de la guerre. — Prise de Santa-Fé. Annexion du Nouveau-Mexique. Concentration des Mexicains à San-Luis de Potosi. Physionomie de la guerre. Nouveau tarif.— Conclusion du différend relatif à l'Orégon.— Message annuel. BRÉSIL. - Ouverture de la session. Discours impérial.

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République ARGENTINE. - Mission de M. Hood. - Négociations nouvelles. PARAGUAY. Réformes libérales.- Traité avec Corrientes.

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République de l'ÉQUATEUR. — Traité de paix avec la Nouvelle-Grenade.

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CHILI. Ouverture de la session. - Message présidentiel. - Traité de commerce avec la Nouvelle-Grenade.

HAITI.

Chute de Pierrot. Avénement à la présidence de Riché. Solution d'un différend avec la France.

ÉTATS-UNIS ET MEXIQUE.

La question la plus importante de toutes celles que l'Union avait à résoudre, c'était, sans contredit, celle de l'Orégon. L'issue pacifique du différend avec l'Angleterre était à désirer pour les deux pays, et cependant, en Amérique, un parti puissant poussait aux extrémités les plus dangereuses. Ainsi, dans les deux chambres, le sénateur Atchison et le représentant Douglas proposaient l'établissement de postes militaires et la con

cession de terres dans l'Orégon, c'est-à-dire l'exercice des droits de souveraineté et la dénonciation du traité. L'examen de ces propositions fut ajourné, grâce aux efforts de M. Calhoun. M. Packenham, de son côté, représenta énergiquement que l'esprit de ces bills violait directement le traité qui existe entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, et que son gouvernement verrait dans leur application une mesure essentiellement-hostile. Pourtant, la chambre des représentants ne s'en prononça pas moins, le 9 février, pour la dénonciation de la convention de 1827; mais la gravité de ce vote fut atténuée par un article additionnel déclarant qu'en prenant ce parti la chambre n'entendait porter aucune atteinte à la faculté qu'avaient les deux gouvernements de rouvrir ou de poursuivre des négociations, dans le but de parvenir à un arrangement amiable. Ce vote eut lieu à la majorité de 163 voix contre 54. La résolution proposée par le comité des affaires étrangères ne renfermait pas cette réserve, et la rédaction en était même assez offensive. Elle se réduisait à dire que le président aurait à dénoncer immédiatement ( forthwith) la convention de 1827, afin que l'occupation simultanée du territoire de l'Orégon par les deux puissances cessât dans le délai convenu d'un an.

Mais si la rédaction nouvelle qui avait prévalu semblait annoncer au premier abord, dans la chambre la plus populaire des deux, des dispositions pacifiques, l'attitude de l'administration était bien différente, à en juger du moins par le style des dépèches échangées avec le ministre anglais à Washington. Ces dépêches furent communiquées, le 6 février, au congrès.

Le 27 décembre 1845, le ministre anglais proposait au cabinet de Washington de soumettre le débat à l'arbitrage de quelque État également en bons rapports avec les deux parties. Il recommandait cet expédient comme éminemment propre à amener une prompte solution que de part et d'autre on devait désirer. Le 3 janvier, le secrétaire d'État, M. Buchanan, répondit que le président ne pouvait accepter l'arbitrage. Il se fondait sur ce que, dans la pensée du cabinet de Londres, l'ar

bitre choisi aurait à partager le territoire en litige entre les deux nations: ce qui supposait que l'Angleterre aurait droit à une portion quelconque de ce territoire. Or, par une note du 30 août 1845, le président avait formulé de la manière la plus solennelle (in the most solemn form) le droit des États-Unis à la totalité de l'Orégon. Le 16 janvier, nouvelle dépêche de M. Packenham. Le ministre anglais, s'appuyant sur les termes mêmes de la dépêche de M. Buchanan, qui avait repoussé l'arbitrage en tant qu'il aurait pour effet d'opérer le partage de l'Orégon entre les deux puissances, au lieu de se borner à apprécier les droits que l'une ou l'autre aurait à le posséder dans son entier, proposait de donner à l'arbitrage ce nouvel objet; avec cette clause que si l'arbitre choisi jugeait que ni l'une ni l'autre des parties n'avait droit à la totalité de l'Orégon, il le partagerait de manière à en distribuer à chacune une portion en rapport avec les droits qu'elle pourrait avoir. Il ajoutait, pour mettre le gouvernement américain plus à l'aise, que si le mode usuel d'arbitrage, consistant à choisir parmi les les souverains ou les États amis, n'offrait pas toute satisfaction au cabinet de Washington, il serait aisé de procéder autrement, de s'en rapporter, par exemple, à une commission mixte de simples particuliers, d'hommes éminents dans le droit et la politique.

Le 4 février, M. Buchanan répondait que, même dans ces nouveaux termes, le président se refusait à accepter l'arbitrage, parce que, dans le nouveau système de M. Packenham, la question du droit que l'Angleterre a à une partie quelconque du ter ritoire en litige se trouvait subsidiairement résolue par l'affirmative, ce qui rendait la proposition inacceptable; que le président, au surplus, avait déjà fait connaître son opinion, d'après laquelle un arbitrage, au lieu de lever les difficultés existantes, ne serait bon qu'à en susciter de nouvelles. Cette déclaration était suivie d'arguments destinés à prouver combien l'Orégon a d'importance pour les États-Unis et combien il en a peu pour l'Angleterre. La conclusion de la dépêche

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