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DOCUMENTS HISTORIQUES. (Étranger. Part. offic.) 297

jourd'hui que nos troupes font la guerre dans un pays étranger, l'état de choses que je signale a nui d'une manière grave au service public.

Une bonne organisation de l'armée, composée de réguliers et de volontaires pendant la guerre contre le Mexique, exigerait, à ce que l'on pense, la nomination d'un officier général qui prendrait le commandement de toutes nos troupes en campagne.

La guerre une fois terminée, les services de cet officier général ne seraient plus utiles, et l'on pourrait s'en passer au moment où l'on réduirait l'armée à l'effectif déterminé pour le pied de paix.

Je recommande donc l'adoption d'une loi ayant pour objet de nommer l'officier général en question pour la durée de la guerre seulement.

Je recommande respectueusement au congrès de prendre une prompte décision sur les points soumis à ses délibérations, attendu que les objets dont il s'agit se lient d'une manière essentielle à la poursuite active et efficace de la guerre, et qu'il serait utile de profiter de la saison actuelle, qui est favorable aux opérations militaires dans le pays ennemi.

James K. POLK.

MESSAGE pour réclamer le vote de
fonds nécessaires à la guerre
du Mexique.

Au sénat et à la chambre des repré

sentants.

J'appelle votre attention sur la convenance qu'il y aurait de voter des fonds pour faire face aux dépenses qu'il peut être nécessaire de faire, afin d'arriver à terminer toutes nos difficultés avec la république mexicaine. De même que, dans le principe, je désirais éviter la guerre actuelle avec le Mexique, de même je désire maintenant y mettre fin par une paix juste et honorable pour les deux pays. Il est probable que le principal obstacle à vaincre pour arriver à cette fin désirable sera le règlement des frontières entre les deux républiques, règlement qui doit satisfaire les deux nations, et être tel que, dans la suite, ni l'une ni l'autre ne le regrette. Dans le règlement de cette frontière, nous devons

accorder au Mexique des équivalents
pour les concessions qu'il pourra nous
faire. Dans les circonstances actuelles,
́et attendu les autres questions com-
pliquées qui devront être résolues par
la voie des négociations avec le Mexi-
que, je crois indispensable que le
pouvoir exécutif ait à sa disposition
des fonds pour être avancés, si besoin
est, au gouvernement du Mexique,
immédiatement après la ratification
d'un traité. Il pourrait être désagréa-
ble au gouvernement mexicain d'avoir
à attendre, pour toucher une partie
de la somme dont le payement pour-
rait être stipulé par ce traité, que ledit
traité soit ratifié par notre sénat, et
que les fonds nécessaires soient volės
par le congrès.

La nécessité d'attendre le payement
de la somme pourrait faire échouer
les négociations. Au reste, il ne s'agit
pas ici d'une dépense secrète : il sera
rendu compte de l'emploi de ces fonds
comme de toutes les autres dépenses.
Il existe déjà dans notre histoire deux
précédents analogues sur lesquels j'ap-
pelle votre attention; ils ont eu lieu
sous l'administration de M. Jefferson.
Le 20 février 1803, un acte fut adopté
qui mettait à la disposition du prési-
dent des Etats-Unis deux millions de
dollars, pour faire face à toutes les
dépenses extraordinaires auxquelles
aurait pu donner lieu l'état de nos
rapports avec les puissances étran-
geres, à la charge de rendre compte
de leur emploi au congrès aussitôt
que possible. Un acte de la même

nature et dans les mêmes conditions a été adopté le 13 février 1806.

Dans aucun de ces cas, l'argent ne fut tiré immédiatement du trésor, et j'espère qu'il en sera de même aujourd'hui, quoiqu'il puisse être indispensable de faire cette dépense. En conséquence, je recommande l'adoption d'une loi en vertu de laquelle deux millions de dollars seront inis à la disposition du pouvoir exécutif pour l'objet indiqué; afin de prévenir toutes fausses interprétations, il est de mon devoir de déclarer que, si je désire terminer le plus promptement possible la guerre existante, cette guerre continuera à être poussée avec la plus grande vigueur, jusqu'à ce qu'un traité de paix soit signé par les parties James POLK. et ratifié par la république mexicaine.

MESSAGE annuel du président, adressé à la chambre des représentants, à l'ouverture de la 2o session du 29o congrès.

Washington, 8 décembre 1846.

Concitoyens du sénat et de la chambre des représentants, au moment où Vous allez reprendre vos travaux pour le service du peuple, c'est pour moi une occasion de vous féliciter de ce qu'à aucune époque, dans notre histoire, les éléments de prospérité nationale n'ont été aussi développés qu'aujourd'hui. Depuis votre dernière session, aucun fléau n'est venu s'abattre sur notre pays, et la santé publique a, grâce à Dieu, continué de s'améliorer: l'abondance est venue gratifier les fatigues de l'agriculture, et le travail dans toutes ses branches a reçu une digne récompense, tandis que l'éducation, la science et les arts concouraient aussi à accroître rapidement les causes du bien-être social. Les progrès de notre pays dans sa carrière de grandeur, non-seulement par la vaste extension de nos limites territoriales et l'accroissement rapide de notre population, mais aussi par l'augmentation de nos ressources, de notre puissance et du bien-être du peuple, sont sans exemple dans l'histoire des nations, comme la sagesse, la force et la bonté de nos libres institutions deviennent plus évidentes à mesure qu'elles fonctionnent chaque jour vient encore ajouter aux motifs que nous avions déjà d'être satisfaits de notre constitution, et donner un nouvel excitant à notre patriotisme.

Nous devons avant tout nous montrer sincèrement pénétrés d'une pieuse reconnaissance envers le dispensateur de tous les biens, pour les bénédictions sans nombre dont il a comblé notre pays bien-aimé. C'est aussi un sujet de haute satisfaction pour nous que de voir les relations des Etats-Unis avec les autres puissances conserver, à une seule exception près, le caractère le plus amical. Sincèrement attaché à la politique de la paix, qui a été depuis longtemps acceptée par votre gouvernementet a toujours guidé ses conseils, j'ai fait tous mes efforts pour cultiver et entretenir des relations d'amitié et

de commerce avec toutes les puissances étrangères. L'esprit, aussi bien que les habitudes du peuple américain, sont favorables au maintien d'un accord si désirable. Mais, en donnant une adhésion pleine et entière à cette sage politique, j'ai dû aussi, et avec un égal soin, me préoccuper de sauvegarder nos intérêts nationaux de toute atteinte, de tout sacrifice, et notre _honneur national de tout reproche. Ce sont là des intérêts qu'il fallait maintenir à tout prix, qui n'admettent ni délai, ni négligence, et doivent être scrupuleusement et constamment gardés. Pour les conserver purs et intacts, il est quelquefois impossible d'éviter une collision, un conflit, avec les puissances étrangères. Telle a été cependant la fidélité aux lois de la justice qui a guidé notre conduite dans nos relations extérieures, que, tout en travaillant à accroître rapidement notre puissance et notre prospérité, nous n'avons donné à aucune nation de justes causes de plaintes contre nous, et, depuis trente ans, avons continué à jouir des bienfaits d'une paix féconde. Jamais nous ne nous départirons volontairement d'une politique aussi sainte aux yeux de l'humanité, et aussi salutaire dans ses effets sur notre système politique. La guerre qui existe entre nous et le Mexique n'a été ni désirée ni provoquée par les Etats-Unis. Au contraire, nous avons employé, pour l'éviter, tous les moyens compatibles avec l'bonneur national. Après avoir enduré pendant nombre d'années les torts constamment aggravés et les injustices incessantes du Mexique, nous nous sommes vus sans provocations, en butte à l'injuste agression de cette puissance; contrairement aux stipulations solennelles des traités et à la justice reconnue par toutes les nations civilisées, nous avons été forcés à la guerre. Bien longtemps avant la marche de notre armée sur la rive gauche de Rio-Grande, nous avions de nombreux et graves motifs de guerre contre le Mexique, et si les Etats-Unis en étaient venus de plein gré à une pareille extrémité, nous n'aurions eu qu'à faire un appel au monde civilisé pour nous justifier entièrement de notre initiative. Cependant je crois utile ici d'entrer dans quelques détails sur les injures nombreuses que nous avons

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reçues du Mexique et sur les faits qui ont amené la guerre.

Cette énumération est d'autant plus nécessaire que l'origine et le véritable caractère de cette guerre ont été mal interprétés. On a représenté cette guerre comme injuste et inutile, comme constituant de notre part un acte d'agression contre un ennemi faible et outragé par nous. Ces vues erronées ont été répandues non-seulement chez nous, mais encore au Mexique et dans le monde entier. C'est une source de joie et de fierté nationale que la grande masse du peuple américain n'ait jeté aucun obstacle dans les voies du gouvernement, pour l'empêcher de poursuivre la guerre avec succès, mais se soit montrée éminemment patriote et disposée à tous les sacrifices pour venger l'honneur et assurer les intérêts de notre pays. La promptitude, l'empressement avec lequel nos volontaires sont accourus sur les champs de bataille à l'appel du pays prouve non-seulement leur patriotisme, mais la conscience qu'ils ont de la justice de notre cause. Les offenses que nous avons souffertes du Mexique presque sans interruption depuis que cet Etat est devenu indépendant, la patience avec laquelle nous les avons supportées, sont sans exemple dans l'histoire des nations civilisées modernes. C'est cette magnanimité, que le gouvernement de Mexico a confondue avec la faiblesse, qui l'a encouragé à continuer ses insultes; et il y a lieu de croire que, si les actes agressifs qu'il s'est permis eussent été vigoureusement réprimés dés l'abord, la guerre actuelle eût pu être évitée.

Le Mexique avait à peine conquis son indépendance, que nous fumes les premiers à le reconnaître, lorsque cette république débuta dans le système d'injustice et de spoliation qu'elle n'a jamais abandonné depuis; nos compatriotes, engagés dans un commerce licite, furent emprisonnés, leurs navires saisis, et notre pavillon, insulté dans les ports mexicains. Fallait-il de l'argent à l'administration mexicaine. aussitôt on saisissait sans rime ni raison, on confisquait nos vaisseaux marchands et leurs cargaisons; et si, pour en venir là, il était nécessaire d'emprisonner les armateurs, les capitaines, les équi

pages, on ne s'arrêtait pas pour si peu.

Les gouvernements se succédèrent rapidement au Mexique, sans qu'il y eût de changements dans le système de déprédation. Le gouvernement des EtatsUnis fit réclamations sur réclamations en faveur de ses nationaux et de leurs intérêts lésés. Mais on ne répondit à ces remontrances que par de nouveaux outrages. Les promesses de réparations les plus solennelles faites par le Mexique furent ajournées ou éludées. Les archives du département d'Etat contiennent les preuves positives d'un grand nombre d'attentats contre les propriétés ou les personnes de nos concitoyens au Mexique et d'une foule d'insultes à notre pavillon. On eut cependant le droit d'espérer voir un terme à toutes ces insultes, à tous ces actes de spoliation, par suite du traité de commerce et de navigation du 5 avril 1831, conclu entre les deux républiques; mais cet espoir fut déçu; nos concitoyens outrages, spoliés, notre pavillon insulté par le Mexique avant cette époque, continuèrent à l'être depuis. En moins de sept années après la conclusion de ce traité, nos griefs étaient devenus si insupportables, que, de l'avis du président Jackson, il fallait y mettre un terme. Dans son message au Congrès, en février 1837, il les soumit à l'appréciation de ce corps, et déclara que le temps écoulé depuis ces offenses, l'inutilité des demandes en réparation, et le caractère arbitraire de plusieurs de ces offenses contre les biens et la personne de nos concitoyens, contre nos ofâciers et notre pavillon, indépendamment des récentes insultes du dernier ministre extraordinaire du Mexique, justifieraient aux yeux du monde une déclaration de guerre immédiate. Mais mon honorable prédécesseur ajoutait qu'il ne fallait recourir qu'à la dernière extrémité à ce moyen de coercition.

Toutefois, concluait-il, je vous engage à passer un acie autorisant des représailles et l'emploi des forces navales des Etats-Unis contre le Mexique, pour les appuyer, dans le cas où le Mexique n'accorderait pas une satisfaction amicale. Les comités des deux chambres du Congrès appuyèrent ces vues, et proposèrent d'adresser une nouvelle demande de réparation avant d'ouvrir les hostilités. Le comité des affaires étrangères de la Chambre

des représentants s'exprima de même; ainsi, à cette époque, il y avait unanimité dans le Congrès sur cette question, et cependant, tel a été notre désir de maintenir la paix avec le Mexique, que les griefs dont on se plaignait alors, non-seulement restèrent sans réparation, mais encore furent aggravés sans cesse. Peu après, un envoyé spécial fut chargé de demander au Mexique une satisfaction définitive, c'était le 20 juillet; le 29, le gouvernement mexicain répondait qu'il ne désirait pas retarder l'arrangement final et équitable des différends entre les deux gouvernements, et que la république mexicaine se conformerait aux plus saines doctrines du droit international. Ces assurances ne furent suivies d'aucun effet: aussi le président Van Buren, dans son message du 5 décembre 1837, reproduisait-il le langage du président Jackson. De là de nouvelles négociations, toujours de nouvelles promesses du Mexique, mais dans le but d'une temporisation indéfinie; ces négociations donnerent naissance à la convention du 11 avril 1839, pour le règlement des réclamations adressées au Mexique par les citoyens des Etats-Unis. La commission mixte créée par cette convention pour décider du mérite des réclamations présentées, ne fut organisée qu'au mois d'août 1810; et aux termes de la convention, ses opérations devaient être terminées dans un délai de dix huit mois. Les commissaires mexicains perdirent quatre mois en discussions préliminaires sur des exceptions ou des fins de non-recevoir qu'ils souleverent, et ce ne fut qu'en décembre 1840 que la commission put commencer l'examen des réclamations de nos compatriotes à la charge du Mexique. Pour décider sur des affaires aussi nombreuses et aussi compliquées, il ne restait que quatorze mois, en février 1842. Le terme fixé à l'existence de la commission expira, et un grand nombre de réclamations n'avaient pu être examinées, faute de temps. Les créances qui furent reconnues par la commission ou par l'arbitre chargé de décider en cas de partage entre les commissaires des deux nations, montaient à 2,026,139 dollars 68 cents. D'autres créances pour 928,627 dollars 88 cents étaient en instance devant l'arbitre, après

avoir été validées par les commissaires américains; mais l'arbitre refusa de se prononcer à l'égard de ces sommes, déclarant que ses pouvoirs cessaient avec ceux de la commission; enfin, une troisième catégorie de créances s'élevant en totalité à 3,336,837 dollars 5 cents avaient été soumises à la commission, qui n'eut pas le temps de les examiner avant de se séparer.

Quant à la première somme de 2,026,139 dollars 68 cents, qui avait été dûment allouée aux réclamants, elle était devenue une dette liquide, reconnue, incontestable, du Mexique, qui était tenu de la payer aux termes de la convention dont il a été parlé plus haut. Pour cette somme, le Mexique demanda un délai que les EtatsUnis, dans un esprit de sympathie et de tolérance pour une république sœur, accordèrent encore, et une nouvelle convention fut conclue entre les deux Etats le 30 janvier 1843, et il fut stipulé que les intérêts seuls des sommes allouées par la commission nommée en vertu de la convention précédente du 11 avril 1839, seraient payés aux ayants droit le 30 avril 1813, et que le principal de ces sommes et les intérêts à courir depuis le 30 avril 1843, seraient payés dans l'espace de cinq années et au moyen de dividendes égaux de trois mois en trois mois. Bien que ce nouvel arrangement fut intervenu à la demande même du Mexique, et par égard pour ses embarras financiers, les ayants droit n'ont encore reçu que les intérêts échus le 30 avril 1843, et trois des vingt dividendes stipulés. Le Mexique, malgré les engagements les plus solennels, a refusé tout autre payement, et les dividendes d'avril et de juillet 1844 ont été soldés aux intéressés par les Etats-Unis eux-mêmes, qui, à l'heure qu'il est, n'ont pas encore recouvré le montant de cette avance. Mais ce n'est pas encore tout; par considération pour les intéressés dont les créances n'avaient pu être examinées par la commission mixte instituée par la convention de 1839, il fut expressément stipulé për l'art. 6 de celle du 30 janvier 1843, qu'une nouvelle convention interviendrait pour régler toutes les rẻclamations réciproques des deux pays, que cette commission n'avait pu trancher.

C'est d'après cette clause qu'une troisième convention fut conclue et signée à Mexico le 20 novembre 1843, par les plénipotentiaires des deux gouvernements, dans le but de fixer et liquider ces réclamations. En janvier 1844, cette convention fut ratifiée par le sénat des Etats-Unis, qui se borna à y ajouter deux amendements, dont le caractère rationnel était d'une évidence incontestable. Ces amendements ayant été soumis au gouvernement de Mexico, il eut de nouveau recours aux moyens dilatoires, à la politique évasive qui a caractérisé toutes ses relations avec nous, et il n'a pas même encore décidé s'il accédait ou non à ces amendements. Le Mexique a donc violé impérativement la foi des traités en refusant de mettre à exécution l'art. 6 de la convention de janvier 1843.

Tel est le précis des griefs que nous avons soufferts patiemment de la part du Mexique pendant une longue suite d'années. Loin de nous donner les justes satisfactions que nous lui demandions, cette république n'a fait qu'aggraver ses torts en ajoutant chaque jour quelque nouveau grief aux anciens, de manière à combler la mesure.

Pendant que, sous la garantie d'un traité d'amitié, de commerce et de navigation, nos compatriotes se livraient à un trafic parfaitement légal dans les ports du Mexique, un grand nombre d'entre eux ont eu à souffrir les mémes insultes que si nous eussions été en guerre ouverte avec cette république. Le traité n'a servi qu'à les attirer dans les ports mexicains, afin qu'il fût plus facile de les maltraiter et de les dépouiller si ces actes eussent eu lieu en pleine mer, il y a longtemps qu'ils auraient provoqué la guerre entre les deux nations. Longtemps avant l'explosion des dernières hostilités, nous avions d'amples motifs pour faire la guerre au Mexique, mais nous nous abstinmes encore d'en venir à cette extrémité jusqu'au moment où le Mexique se fit l'agresseur en envahissant notre territoire les armes à la main et en versant le sang de nos compatriotes.

Tels sont, je le répète, les griefs des Etats-Unis contre le Mexique, griefs très-antérieurs à l'annexion du Texas à l'Union américaine. Cette annexion ne constitue pas d'ailleurs une

offense pour le Mexique. Le Texas était indépendant, cela résulte clairement de l'historique de sa révolution. Le Texas a conquis son indépendance à la mémorable bataille de San-Jacinto, et après cette bataille, SantaAnna reconnut solennellement, dans un traité conclu avec les autorités texiennes, en mai 1836, la pleine, entière et parfaite indépendance de la république du Texas. Depuis le jour de la bataille de San-Jacinto, le Mexique n'a jamais eu le pouvoir de reconquérir le Texas.

Libre au Mexique de considérer encore à l'heure qu'il est le Texas comme une province rebelle; mais le monde entier est forcé d'être d'un autre avis. Depuis six ou sept ans, le pied d'un ennemi n'a pas foulé le territoire du Texas, la souveraineté de cet Etat a été reconnue par les principales puissances, et il est certain que, même depuis 1837, le Texas a porté tous les signes caractéristiques d'un Etat indépendant aussi bien que le Mexique lui-même. Cette dernière république n'a-t-elle pas été reconnue par les Etats-Unis et par les autres puissauces, bien longtemps avant que l'Espagne, dont elle avait été colonie, ait voulu la reconnaître comme indépendante? Le Mexique, aux yeux du monde, n'en était toutefois pas moins indépendant, parce que l'Espagne prétendait le réduire à l'état de colonie. Alors même que l'Espagne eût persisté jusqu'à présent à soutenir que le Mexique n'était qu'une de ses colonies révoltée contre elle, cette prétention n'eût pu changer un iota à l'existence indépendante du Mexique. Eh bien, le Texas, au moment de son annexion aux Etats-Unis, était, avec le Mexique, dans les mêmes rapports que le Mexique lui-même avec l'Espapagne, avec cette différence importante toutefois que le Mexique, avant que l'annexion du Texas aux EtatsUnis fût consommée, avait reconnu lui-même l'indépendance du Texas; il est vrai que, dans l'acte dressé pour cette reconnaissance, le Mexique inséra une condition qu'il n'avait ni le droit ni le pouvoir d'imposer, à savoir: que le Texas ne s'annexerait à aucune autre puissance; mais cette restriction ne peut infirmer, en aucune façon, le fait positif, formel, de la reconnaissance.

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