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phus que de savoir quel sera le nom de l'Antechrist. L'anonyme a trouvé qu'il s'appeleroit Mahomet.

La septième époque est celle de la destruction du monde et du jugement universel.

Nous ne pouvons dissimuler qu'il y a dans cette explication bien de l'obscurité, de l'embarras, des contradictions, de l'arbitraire. On eût peut-être moins remarqué ces défauts si l'auteur n'avoit eu le tort de prendre ses conjectures pour des preuves, et ses rapprochemens pour des faits. Cependant, au milieu de ses méprises, il mérite notre estime et nos éloges par les sentimens de religion dont il paroît animé, par son respect pour l'Ecriture, par son zèle à l'étudier, par son attachement à l'Eglise et au saint Siége, et par les grandes vérités qu'il présente de temps en temps aux incrédules et aux pécheurs. On peut blâmer l'interprète; on doit louer le chrétie: pieux et fidèle. Le frontispice porte que l'ouvrage est à sa cinquième édition; c'est beaucoup.

NOUVELLES ECCLESIASTIQUES.

-Aujourd'hui, 12 février, il sera célébré à midi, dans l'église de Saint-Etienne du Mont, une messe du Saint-Esprit pour attirer les bénédictions du ciel sur les travaux du bureau de charité. M. l'abbé Carron, un des membres du bureau, prononcera un discours. Mme. la comtesse de Montmorency, Mile, Ferrand, Mme, la marquise de Torcy et Mme. Cochin feront la quête.

Le mépris de la religion et. l'oubli des devoirs qu'elle nous impose, mènent tous les jours aux derniers excès. Un homme, revêtu autrefois d'un caractère honorable, avoit, pendant la révolution, renoncé à son état, et par une de ces métamorphoses dont le scandale toit réservé à notre siècle,

avoit pris la place de caissier d'un théâtre de la capitale. Poursuivi sans doute par ses remords, il a mis fin à ses jours, et s'est jeté par la fenêtre d'un troisième étage. Cette fin tragique paroît encore plus effrayante après une telle vie, et est encore plus déplorable dans un tel homme.

M. Joseph-Christian de Hohenlohe-Bartenstein, né à Bartenstein, le 6 novembre 1740, coadjuteur de Breslaw, et évêque de Léros en 1789, évêque de Breslaw en titre en 1794, est mort à Johannisberg, le 21 janvier dernier.

HYERES. M. l'abbé Coudounel, ancien chanoine de notre collégiale, vient de mourir, à l'âge de 76 ans, au milieu des fonctions du ministère dont il s'acquittoit avec un zèle rare. Par suite de ce zèle, il avoit pris la place de vicaire dans notre église, qu'il avoit réparée jusqu'à trois fois depuis le commencement de la révolution. Pendant la persécution, il s'étoit caché, et trouva toujours le moyen d'assister les maJades et d'administrer les sacremens. Il courut alors beaucoup de dangers, auxquels il échappa comme par miracle. Sa carrière a été une suite continuelle de bonnes œuvres, qui l'avoient rendu cher et vénérable à tous les habitans. Il se sentit incommodé la surveille de Noël, et voulut néanmoins remplir ses fonctions comme à l'ordinaire pendant les fêtes. Une maladie violente le saisit, et l'a enlevé en peu de jours, Ses obsèques, qui ont eu lieu le 3 janvier, ont été marquées par la douleur et les regrets unanimes, qui n'étoient tempérées que par l'espérance que cet homme juste aura reçu la récompense de sa piété, de sa charité et de ses travaux.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le dimanche 9 février, S. M. a reçu, avant la messe, les Princes et Princesses de sa familie, ses ministres et les officiers de sa maison.

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Le même jour, au dîner, Mme. la duchesse de Berry s'est trouvée indisposée. S. A. R. a quitté la table, et est retournée à l'Elysée-Bourbon. Elle est mieux aujourd'hui.

S. M., qui ne néglige aucune occasion de protéger les lettres et d'en recueillir les plus précieux monumens, a destiné, sur les fonds de la liste civile, une somme de 20,000 fr. pour l'acquisition des objets précieux de la bibliothèque de

M. de Maccarthy qui manqueroient à la Bibliothèque du Roi, La vente de la bibliothèque de M. de Maccarthy est commencée depuis plusieurs jours, à l'hôtel Bullion.

-M. le baron de Talleyrand, préfet du Loiret, passe à la préfecture de Vaucluse. M. de Saint-Chamans, préfet de Vaucluse, passe à la préfecture de la Haute-Garonne. M. de Germiny, préfet du Lot, est nommé préfet de l'Oise, en remplacement de M. Maxime de Choiseul d'Aillecourt, qui est appelé à la préfecture du Loiret, et M. de Chamisot, sous-préfet de Sainte-Ménéhould, est fait préfet du Lot.

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-Le prix du blé a baissé dans les Pays-Bas et dans plusieurs parties du nord de la France.

La cour royale de Paris a prononcé son arrêt dans l'affaire des traites négociées, à la fin de juin 1815, en faveur de Buonaparte. Elle a reconnu qu'il y avoit eu dol et fraude dans l'opération, et l'examen des registres de la liste civile, depuis le 21 juin jusqu'au 8 juillet, a présenté une foule de faux, d'altérations, de falsifications, et même l'intercallation de plusieurs feuillets. En conséquence les lettres de change seront payées au profit de la liste civile. La cour a donné acte au procureur-général de ses réserves pour poursuivre les auteurs et complices du plan de spoliation suivi à la même époque pour les valeurs appartenans au trésor de la couronne.

Les élèves en droit ont donné 2,395 fr. pour les pauvres du 12. arrondissement. Les marchands de charbon de bois ont déposé 500 fr. pour être répartis entre les bureaux de charité de la capitale.

La cour d'assises de ont-de-Marsan vient de juger quelques individus qui, l'automne dernier, tramèrent un complot, faisoient des enrôlemens, répandoient de fausses nouvelles, et invoquoient le nom de l'usurpateur. Ils avoient fixé l'époque de l'exécution du complot, lorsqu'ils furent arrêtés. Ils devoient entrer en armes à Mont-de-Marsan et à SaintSéver, s'emparer des caisses, mettre des contributions sur les riches, et proclamer une autorité odieuse. Ils avoient des complices en plusieurs lieux. Les débats ont prouvé le crime. En conséquence, deux des accusés, Pierre Bagnères et Jean Lafargue, ont été condamnés à mort. Neuf autres ont été condamnés à plusieurs années d'emprisonnement et à l'amende. Trois ont été acquittés.

Le roi d'Espagne étant allé visiter dernièrement une des prisons de Madrid, s'informa avec bonté des besoins des prisonniers. Ayant aperçu les instrumens de torture autrefois en usage, il ordonna de les jeler au feu. La même mesure a été prise pour toutes les prisons de la capitale. Un tel acte ne peut qu'accroître encore l'attachement et la reconnoissance des malheureux pour S. M.

Le roi de Wurtemberg a levé les anciennes ordonnances sur la censure des livres et la police des journaux.

· L'incendie de la ville du Port-Louis à l'Ile de France est une des plus grandes calamités de ce genre qui soient arrivées depuis long-temps. Le feu prit par l'imprudence d'une négresse. En un moment l'appartement fut en feu. Il eût fallu couper les communications avec les maisons voisines; mais le désordre et la frayeur devinrent générales, et au milieu da tumulte les noirs se mirent à piller. Le quartier marchand a été la proie des flammes. D'immenses magasins, des bouti ques richement fournies ont été consumés. On estime la perte à 7 millions de piastres. Beaucoup de familles sont ruinées, et la colonie est dans un état de désolation et de misère dont elle se ressentira long-temps.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 8 février, la chambre a continué la discussion sur le projet de loi relatif à la liberté individuelle. Trois nouveaux opinans ont été entendus, le premier et le troisième en faveur du projet, qui a été combattu par le second. Le ministre de la police générale a réfuté les objections. La discussion s'est ouverte sur les amendemens. L'un a été retiré par son auteur sur les explications données par le ministre, -les autres ont été écartés par la question préalable. La chambre a voté au scrutin sur l'adoption définitive du projet, qui á réuni 116 suffrages sur 159 membres présens.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 7 février, M. Dudon, un des commissaires du Ror, a encore pris la parole. Il a répondu à quelques-uns des faits avancés par M. de Villèle, et est entré dans des détails de finances sur les opérations du ministre, sur l'arriéré, sur l'emprunt, sur la dotation de la caisse d'amortissement, sur

la valeur des bois. Quant aux suppressions proposées, il dit que les ministres d'Etat reçoivent un traitement de 12,000 fr., qu'ils ne peuvent cumuler avec aucun autre: plusieurs ont offert d'y renoncer; mais on a pensé que cette ressource pour voit être nécessaire à d'anciens serviteurs qui ont rempli dignement de grandes paces. Quant aux conseillers d'Etat, comment leur refuser un foible salaire, lorsque le maire d'une ville du second ordre reçoit 6000, fr. (Ici les yeux se sont tournés sur M. de Villele, maire de Toulouse, qui a paru fort étonné). Faut-il diminuer les tribunaux et ces préfectures qu'on appelle Pachalics? On renverseroit par-là toute l'administration, on romproit toutes les habitudes, on entraveroit la justice et la marche des affaires. En parlant des dépenses du clergé, on a oublié que le traitement des évêques a été fixé à 15,000 fr. par le Concordat (1); mais les curés de village et les succursalistes sont plus favorablement traités que les anciens curés à portion congrue. (Murmures). Ajourner le paiement des pnsions, ce seroit violer la Charte, qui a garanti le paiement de da dette publique. On parle de réduire tous les traitemens qui excèdent 40,000 fr., excepté les ministres et les ambassadeurs, il est très-peu de fonction naires qui reçoivent au-delà de cette somme. M. le commissaire termine par quelques réflexions sur les réformes incon sidérées, et sur le peu d'économie qu'elles produiroient.

M. Cornet d'Incourt rappelle que, dans la discussion du budget de 1816, on avoit sollicité des réformes et des économies, et c'est dans l'espérance qu'elles seroient faites, qu'on avoit voté les fonds demandés pour le service. Cependant nous avons vu distribuer libéralement des grâces et des pensions, et créer des places nouvelles et des emplois, sans fonctions. L'opinant se joint à la commission pour demander la suppression du doublement des patentes; mais il demande roit que l'on s'occupât, le plus promptement possible, de la meilleure répartition de la contribution foncière, sans compter sur le cadastre, qui ne sera pas achevé avant trente ans. La France apprendra avec surprise que des réfugiés espagnols, portugais, égyptiens soient à notre charge pour une somme de deux millions. Quel service nous ont-ils rendu?

(1) Le Concordat de 1801, ou plutôt les articles organiques, qui ne sont pas tout-à-fait la même chose, fixèrent le traitement des archevêques à 15,000 fr., et celui des évêques à 10,000 fr.

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